Donald Trump et la guerre froide 2.0 : une perspective glaçante
Que vous ayez l’âge d’avoir vécu la course à l’armement nucléaire entre les Etats-Unis et l’Union Soviétique durant les années 1980, ou que ce pic de la guerre froide vous évoque simplement un cours d’histoire moderne, nul ne pourrait décemment souhaiter le retour de cette période. Ou, plus exactement … nul autre que Donald Trump, ce qui a de quoi provoquer quelques sueurs froides, et ce d’autant plus que Vladimir Poutine n’est pas non plus réputé pour son pacifisme à tout crin.
Menace – illogique – via talkshow et Twitter !
Aux Etats-Unis, le “Morning Joe” est l’un des talk-shows matinaux les plus populaires, et c’est lors d’un épisode récent que Mika Brzezinski a fait savoir que Donald Trump lui aurait confié la chose suivante : « S’il doit y avoir une course à l’armement, eh bien, qu’il en soit ainsi ! Nous surpasserons tous nos opposants, et nous serons encore là, même lorsqu’ils auront disparu. »
En parallèle, et fidèle à son habitude pour le moins discutable d’utiliser des « tweets » afin d’annoncer ses choix politiques, le président-élu a fait savoir qu’il souhaitait que les Etats-Unis « renforcent significativement leurs capacités nucléaires, jusqu’au jour où le reste du monde deviendra raisonnable vis-à-vis de ce type d’armes. »
Certes, Jason Miller, directeur de la communication de Trump, a aussitôt souligné que ce tweet visait en réalité à « souligné le besoin d’améliorer et de moderniser cet élément essentiel de dissuasion, afin de maintenir la paix au travers de la puissance nucléaire. » Néanmoins, il est possible de s’interroger sur la pertinence de risquer une nouvelle course à l’armement atomique face à la Russie et à la Chine, alors même que la menace la plus imminente – et de loin – reste les groupes terroristes tels que l’Etat Islamique. Or, quand bien même Daesch parviendrait à se procurer une arme nucléaire, quelle cible les Etats-Unis pourrait-il viser pour riposter ? Cela va tout simplement à l’encontre de la logique militaire la plus basique.
L’ironie – et les leçons à retenir – de l’Histoire.
Par ailleurs, et de façon quelque peu ironique, Mika Brzezinski a déjà été concernée, dès son plus jeune âge, par la menace nucléaire. Son père, Zbigniew Brzezinski, était en effet le conseiller à la sécurité nationale du Président Carter, et c’est lui qui a reçu, le 9 novembre 1979, l’un des appels téléphoniques les plus terrifiants de l’Histoire. En effet, des militaires du NORAD l’ont informé, ce jour-là, que l’Union Soviétique venait de lancer plus de 2 000 missiles nucléaires en direction des Etats-Unis, et qu’ils mettaient les Minutemen américains en stand-by dans l’attente de l’ordre de riposte du Président.
Fort heureusement, il ne s’agissait que d’un bug informatique, digne d’un scénario hollywoodien de fin de monde. Un instant, Zbigniew Brzezinski avait envisagé de réveiller sa femme et sa fille (Mika), mais il avait finalement décidé de les laisser dormir, se disant qu’il était préférable qu’elles meurent dans leur sommeil.
Au final, une chose est sûre : lorsque le supposé leader du monde libre envoie des tweets menaçants, et qu’en face, les dirigeants de la Fédération de Russie et de la République de Chine militent pour un réarmement conventionnel et nucléaire de grande ampleur … c’est un facteur majeur d’instabilité géopolitique.
Espérons simplement que la doctrine MAD de destruction mutuelle assurée continuera de rendre à jamais folle – et donc irréaliste – la simple hypothèse de l’emploi de l’arme nucléaire. Dans le cas contraire, souvenons-nous des propos d’Albert Einstein : « je ne sais pas avec quelles armes sera menée la Troisième Guerre Mondiale, mais je sais lesquelles serviront pour la Quatrième : des pierres et des bâtons ».
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