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Dopage : la série noire continue

Illia Yefimchyk, le culturiste biélorusse de 36 ans est décédé le 11 septembre 2024 victime d'une crise cardiaque survenue cinq jours plus tôt. Les performances de « Golem » sont impressionnantes : 272 kilos au développé couché - 317 kilos au soulevé de terre - 317 kilos au squat. Le bodybuilder qui pesait 195 kg absorbait 16 000 calories/jour ! comptait plus de 300 000 abonnés sur Instagram. L'année précédente, presque jour pour jour, enregistrait la mort du britannique Neil Currey âgé de 34 ans, qui avait terminé à la 16° place à Mr. Olympia en 2022. Quelques mois plus tôt, le bodybuilder brésilien Antonio Souza était décédé à l'âge de 26 ans d'une crise cardiaque après sa participation à l'Open Navega.

Le culturisme cumule plus d'une vingtaine de victimes sur quelques années. Selon Lee Haney, détenteur de huit titres Mr. Olympia «  la quête de physiques toujours plus « secs » entraîne des problèmes de santé graves, notamment des insuffisances rénales et des crises cardiaques ». Arnold Schwarzenegger (Mr Muscle) a reconnu en 2005 avoir utilisé des stéroïdes anabolisants prescrits par des médecins. Les hommes ont utilisé des plantes capables de décupler leur force et leur résistance depuis l’Antiquité, mais le dopage apparait dans les années vingt avec les progrès de la chimie moderne qui permet la synthèse des molécules de substances actives contenues dans des plantes. Lors des Jeux de Paris, 1928, El Ouafi remporte le marathon en 2 h 32 mm. Un journaliste sportif écrit « les juges avaient dû l'arrêter pour l'empêcher de faire un second marathon ». Aux Olympiades de 1932 à Los Angeles, les nageurs japonais battent tous les records dans toutes les épreuves ! La substance utilisée ressemblait à de la « dynamite », un mélange de strychnine et de nitroglycérine !

Le décret loi du 1 juin 1965 réprimant l’usage des stimulants à l'occasion des compétitions sportives précise les substances interdites, à savoir : les stimulants, les bêta-bloquants, les narcotiques, les anabolisants, les stéroïdes, les hormones, les diurétiques. Le détournement de produits pharmaceutiques à des fins non médicales dans différents milieux sportifs a pour but : de permettre au sportif de satisfaire : public, entraineurs, sponsors et l’État (propagande) - contribuer à remporter la prime mise en jeu - ne pas ressentir la douleur - améliorer l’adresse et le jugement - effacer la fatigue et améliorer les capacités de récupération - acquérir de la masse musculaire.

Le dopage moins réprimé que la drogue et l'absence d'une harmonisation des lois a contribué à en répandre la pratique à travers toute la partie Nord de l'hémisphère. Parmi les produits les plus souvent impliqués on retrouve le : pimobolan, masteron, théramex, fonzylane, modofinil (pilule anti-sommeil utilisée pendant la guerre du golfe), winstrol, proviron. Le dopage sportif concerne aussi bien les hommes que les animaux et certains sportifs absorbent des produits vétérinaires plus faciles d'acquisition.

Les amphétamines font partie des stimulants et agissent principalement sur le système nerveux central. Cette substance découverte en 1912 a pour effet d'entraîner une suppression du sentiment de fatigue physique, de s’opposer au sommeil et de supprimer la faim. C'est un produit de synthèse, ce qui signifie qu’il est totalement inconnu dans la nature et qu’il ne peut être produit qu’en laboratoire. Ces stimulants qui permettent à l’organisme de dépasser les limites de celui-ci peut entrainer des décès par épuisement sans apparition de signes précurseurs de fatigue. Si la prise n’est pas renouvelée son effet ne dure que quelques heures. Au-delà de quelques jours l’euphorie s'estompe avec l'apparition d'abattement et de problèmes psychologiques. Pour remédier à ce sinistre tableau, sportifs et vedettes tombent dans le cycle amphétamines et hypnotiques avec toutes les conséquences qui découlent de cette association qui n’est jamais sans risques ; décès de Tom Simpson dans le tour de France 1967, Elvis Presley, Michael Jakson.

Les anabolisants (hormones mâles favorisant l’assimilation des protéines) prescrits par les médecins pour : maigreur, ostéoporose, état dépressif puis utilisés dès les années 1964. Les anabolisants stéroïdes entraînent une augmentation de la masse musculaire mais entraînent aussi : fragilisation des tendons et ligaments des articulations, voix rauque, acné, visage gonflé, perte de cheveux, taches pourpres, agressivité, haleine désagréable et masculinisation des sportives. Si les stéroïdes anabolisants, dérivés synthétiques de la testostérone, boostent l'activité sexuelle, cela finit par la stérilité. D'autre part, des plaques d’athérome se déposent sur la paroi interne des artères, perturbant la circulation sanguine, d’où artérite et infarctus. Les valves deviennent défectueuses et doivent souvent être opérées (Arnold Schwarzenegger 1997). Des culturistes ont dû se faire amputer d’un ou des deux membres inférieurs par suite de surconsommation d’anabolisants.

Le dopage à l'insuline de synthèse « inhibe la sécrétion de l'insuline endogène augmentant la mise en réserve du glycogène dans les muscles. Un surdosage d'insuline de synthèse se manifeste par des palpitations, une agitation et des tremblements. Une forte chute de la glycémie avec un apport d'énergie insuffisant au niveau du système nerveux peut entraîner de graves lésions cérébrales, voire s'avérer mortelles ». L'insuline est souvent consommée avec un cocktail stéroïde « anabolisants et hormones de croissance qui stimulent le développement de la masse musculaire, alors que l'insuline en empêche la perte. L'hormone de croissance (somatotropine) réduit la captation du glucose par les cellules musculaires, action compensée par l'insuline ».

Les sportifs qui ne peuvent se procurer : amphétamines, anabolisants, stéroïdes, etc., se tournent vers des stimulants de substitution : les amaigrissants à base de phénmétrazine - diéthylpropion - les coupes faim : fringanor, maxiton, keptagon et/ou les stimulants mineurs : caféine, nicotine, quinine. Aucun produit n'est anodin. Le 16 août 2017 Meegan Hefford, 26 ans est morte à la suite d'une surdose de compléments alimentaires hyperprotéinés. La substance dégradée dans l'organisme libère de l'azote et circule dans le sang sous forme d'ammoniac qui est ensuite transformé en urée avant d'être éliminé dans les urines. L'accumulation d'ammoniac dans le sang aurait causé le décés après avoir atteint le cerveau.

Des coaches ou sportifs à la recherche de produits particuliers ou substances très réglementées en France (érythropoïetine E.P.O), achètent le médicament à l'étranger. Les principaux pays producteurs sont : Pologne - Tchèquie - Hongrie - Bulgarie ; pays souvent impliqués dans la transformation en produit final : Suisse, Espagne, Pays-Bas. La consommation incontrôlée de ces produits est extrêmement dangereuse pour le sportif et le risque accru par des produits dopants contrefaits à l'origine indéterminée ! Les saisies ne représenteraient que 10 % du trafic.

Cinq athlètes ont été épinglés lors des J.O de Paris : un judoka irakien positif à des anabolisants - une boxeuse nigériane positive à un diurétique - un judoka afghan positif à un stéroïde - une perchiste grecque disqualifiée pour un « résultat d’analyse anormal » - une volleyeuse dominicaine positive au furosémide a été priée de quitter le village avant la compétition. Les gendarmes de l'Office Central de Lutte contre les Atteintes à l'Environnement et à la Santé Publique ont procédé à une perquisition visant Amar Benida, l'entraîneur algérien de Djamel Sedjati médaille de bronze sur 800 mètres, pour des soupçons de dopage.

Ces quelques cas sont peu comparés aux 6 000 échantillons prélevés par l’International Testing Agency (autorité antidopage indépendante). « De gros progrès ont été réalisés depuis Tokyo en matière de fiabilité et de sécurité numériques du processus antidopage » Benjamin Cohen directeur général de l’ITA. Les prélèvements sont conservés pendant dix ans. Soixante-treize cas de dopage avaient été identifiés à posteriori des Jeux de Londres.

L'ITA a plusieurs moyens pour déceler le dopage : les prises de sang, les analyses d'urines, et le « dried blood test ». Une goutte de sang prélevée sur le bout d'un doigt et déposée sur une bandelette de papier absorbant comme pour le contrôle de la glycémie qui est analysée ensuite par un laboratoire. Ce test rapide moins intrusif qu'une prise de sang permet de tester un plus grand nombre d'athlètes en un temps plus court et pour un coût moindre.

Le cas de la boxeuse algérienne Imane Khelif accusée d'être transgenre par une adversaire a causé un dilemme aux organisateurs des JO 2024 à propos des tests de genre et dosage de la testostérone rappelant les cas de la sud-africaine Caster Semenya et la taïwanaise Lin Yu-ting déclarées aptes à participer aux jeux par le Comité international olympique en 2023. Imane Khelif, médaille d'argent au championnat du monde 2022 et médaille d'or au championnat d'Afrique 2022 avait été disqualifiée par l'International Boxing Association lors du championnat du monde de 2023. Une correction, une précision, une remarque ? 

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9 réactions à cet article    


  • Samy Levrai Samy Levrai 3 octobre 10:06

    Il faut bannir la Russie !


    • Drougeok Drougeok 3 octobre 12:07

      @Samy Levrai T’as raison, vaut mieux les Américains ! Au moins eux sont capables de gagner 7 fois le Tour de France et de souiller comme jamais cette belle épreuve ! De toute façon, Vous êtes faits pour vous entendre : tricheurs, souilleurs et saboteurs.


    • placide21 3 octobre 15:26

      @Samy Levrai
      Comme vous êtes drôle......


    • Samy Levrai Samy Levrai 3 octobre 16:05

      @placide21
      juste moderne, la réponse à tous les maux est : bannir ou blâmer la Russie.


    • Gasty Gasty 4 octobre 08:28

      @Samy Levrai

      Et c’est pour qu’on ne veut plus de leur hégémonie y compris pour les JO, ils essaient de rafler toutes les médailles d’or de l’UE et des états unis.


    • ZenZoe ZenZoe 3 octobre 11:26

      Toujours aussi intéressant de lire l’auteur et ses articles fouillés.

      Sur le sujet : c’est bien triste de constater que l’espèce humaine, seule entre toutes, peut s’acharner à zigouiller à mort cette machine magnifique qui leur est donnée, leur corps, pour une gloriole ephémère. Alors que tant de personnes atteintes de maladies et autres handicaps invalidants donneraient tout pour pouvoir fonctionner normalement, sans esbroufe, juste normalement...


      • Fergus Fergus 3 octobre 13:35

        Bonjour, ZenZoe

        Excellent commentaire.


      • ZenZoe ZenZoe 3 octobre 13:39

        @Fergus
        Merci !
         smiley


      • Fergus Fergus 3 octobre 13:34

        Bonjour, Gérard

        Intéressant article. Cela dit, difficile de s’apitoyer sur le sort de ces bodybuilders qui prennent durant des années, voire des décennies s’ils ne sont pas morts avant, des saloperies en tous genres, de douteux compléments alimentaires hyper-protéinés à des produits dopants plus ou moins évolutifs selon les périodes.

        Pour ce qui est d’Imane Khelif et autres athlètes présentant le même profil, il n’y a pas lieu  sauf exception  d’y voir autre chose qu’un état naturel. J’ai consacré récemment, si cela vous intéresse, un article à cette boxeuse :

        Imane Khelif et Lin Yu-Ting, ou l’épineux débat sur l’hyperandrogénie dans le sport.

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