Drogue : deux affiches pour les jeunes UDC suisses
Les cendres d’Amy Winehouse sont encore chaudes dans l’incinérateur et déjà sa mort est récupérée pour refroidir les ardeurs des consommateurs de drogues. En Suisse les jeunes UDC valaisans produisent en effet une affiche qui fait polémique. Je leur en propose deux autres pour élargir le débat.
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Sur l'affiche des jeunes UDC on peut y lire : « Une voix sans issue ». Et plus bas : « Non à la dépénalisation des drogues. (Cliquer sur les images pour les agrandir)
Fort bien. Passons vite sur cette image qui ne saurait représenter la chanteuse sur l’ensemble de sa courte carrière. Amy Winehouse, ce n’était pas que cela. Et je suis sûr que l’on peut prendre un instantané moche de n’importe qui.
Passons aussi sur le fait que les jeunesses des partis servent en général de tremplin aux ambitions personnelles de leurs présidents. Je n’ai en effet pas encore vu de section des jeunes où les membres parlent en leur propre nom. Il y a toujours une sorte de gourou qui parle pour eux. Peut-être que ces jeunes-là sont un peu nunuches et qu’ils faut les éduquer. Eduquons, éduquons.
Admettons que l’intention soit sincère : veiller au bien-être de la population. L’interdiction des drogues va-t-elle dans ce sens ? Certainement pas. On le sait depuis des années : la prohibition coûte cher et est inefficace. Elle favorise la mise sur le marché de produits incontrôlés et enrichit les mafias. On sait donc que les partis qui prônent la continuité de la prohibition font perdre d’importantes sources de revenus à l’Etat et favorisent objectivement le marché noir et le développement d’activités criminelles.
De plus ils ne semblent pas gênés par la contradiction de leur position : l’alcool est en vente libre et continue à faire ses dégâts en toute légalité, avec l’assentiment des autorités qui offrent des verrées à leurs électeurs lors des campagnes électorales ou de la fête nationale.
Et les coûts ? Pour la Suisse les drogues illégales ont coûté en 2000 1,4 milliards de francs en frais directs (Etude réalisée par Claude Jeanrenaud en 2006 à la demande de la Confédération) et 4,1 milliards en incluant tous les coûts sociaux globaux. Sur ce montant, 146 millions vont aux traitement médicaux, 40 millions aux soins du Sida chez les toxicomanes, et 1,225 milliards à la politique de la drogue, dont presque 800 millions pour la répression. Ces chiffres sont la démonstration de l’échec de la politique actuelle et de cette répression qui coûte si cher pour quasiment rien : à peine quelques kilos de cannabis saisis de temps en temps pour rassurer la population. Ajoutons que selon ce rapport, les drogues hors alcool tuaient environ 340 personnes en 2000 en Suisse.
En ce qui concerne l’alcool, le coût social en Suisse est de 6,5 milliards de francs et plus de 2‘000 morts par année. Le coût social du tabac est de plus de 10 milliards de francs.
Même si l’alcool fait partie de la culture européenne de longue date, une politique de refus de la drogue ne devrait-elle pas l’inclure ? Interdire le fendant valaisan serait un coup d’éclat formidable pour le parti qui osera le proposer !
Condamner les drogues illégales ne mange pas de pain et ne demande aucun courage politique. C’est prendre les gens pour des irresponsables tout en caressant les électeurs dans le sens du poil. Libéraliser les drogues, comme c’est déjà le cas pour la drogue alcool, et donner à l’Etat la gestion du commerce et les revenus (grâce auxquels une meilleure prévention serait faite), serait un plus pour la santé publique, une promesse de moins de criminalité, et un véritable libéralisme politique. Continuer à refuser la dépénalisation c'est continuer à jeter l'argent public par les fenêtres et laisser des jeunes aux mains des trafiquants.
Il est quand même paradoxal que la gauche, qui soutient la dépénalisation du cannabis, soit libérale et que la droite ne le soit pas !
En attendant, je propose aux jeunes UDC et à son président Grégory Logean deux affiches parodiques pour contribuer à leur campagne contre les drogues. La première représente le président de cette section valaisanne qui déconseille la consommation d’alcool : « Un verre et c’est l’engrenage ». On sait pertinemment que TOUS les alcooliques ont commencé par boire un verre. La deuxième reprend un slogan déjà connu avec une image adaptée aux routes de Suisse, de France et de Navarre juste après l’heure de l’apéro ou au sortir de boîte au petit matin.
Cette deuxième affiche est librement inspirée de deux accidents récents en France sur l’A7 et l’A9. Le 24 juillet une jeune femme de 24 ans prend l’autoroute à contresens à 6 heures du matin, à la hauteur de Lançon-de-Provence. Son alcoolémie est de 2,3gr. Au bout de 200 mètres, collision de face. Bilan : elle meurt, et dans la voiture en face trois adultes meurent, les parents et l’oncle de deux enfants - qui eux sont blessés. Pour 200 mètres bourrée sur l’autoroute, 2 enfants orphelins.
Sur l’A9 le 30 juillet, près de Béziers, une camionnette roule à contresens. Bilan : 4 morts et deux enfants très gravement blessés. Alcoolémie du conducteur : 2,73 gr.
J’aurais pu prendre d’autres exemples du quotidien : l’alcool en donne en abondance dans tous les domaines.
J’imagine qu’en tant que politicien responsable, Grégory Logean va maintenant faire campagne pour l’interdiction de l’alcool. Avec un clip sur une musique d’Amy Winehouse, par exemple ?
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