DSK condamné... par le Huffington Post !
J'aime beaucoup le Huffington Post, taxé par le Tea Party de journal "gauchiste" (ce qui le situe donc au centre !). Enfin, surtout depuis le 20 octobre dernier, à vrai dire... et en version d'origine (*).. En effet, ce jour-là, le magazine mère de celui que dirige en France Anne Sinclair depuis ce matin même, avait sorti des limbes un excellent article que je vous propose de remettre en mémoire. Un article sur la vie américaine, ou plutôt sur les changements de société survenus aux USA ces dernières années. Un pays où tout change en effet et où les lois et les instutitions doivent régulièrement être mises à niveau pour être en accord avec un mode de vie qui a évolué. Cet article, en effet, parlait du changement d'état d'esprit du FBI, par exemple, sur un phénomène de société dont l'acception qu'il en avait datait du temps d'Edgar Hoover, et qui ne semble plus acceptable de nos jours (**). Là-dessus, tout le monde était d'accord, sauf le FBI, jusqu' à cette véritable volte face de dernière minute en octobre dernier. Ce phénomène de société à redéfinir, c'est tout simplement la notion de viol au sein même du FBI, qui n'avait pas changé depuis des lustres. Que le Huffington Post en ait parlé doit sonner étrangement ce matin aux oreilles de la directrice de l'édition française. Car selon cette nouvelle définition, son propre mari rentre bel et bien... dans la nouvelle catégorie !
Le problème auquel étaient confrontés les policiers américains du FBI était en effet celui de la définition du viol, qui n'avait pas beaucoup changé depuis 1929 .. Comme le notait le Huffington Post, jusqu'ici en effet, "un viol était obligatoirement la connaissance charnelle d'une femme de force et contre sa volonté". Une définition "archaìque" selon le journal même. Car, comme le notait le journal dont Anne Sinclair est désormais la patronne française, "cette définition est plus étroite que celle utilisée par les services de police de nombreux travers le pays, et les défenseurs des droits des femmes disent qu'elle conduit à la sous-dénombrement des milliers d'agressions sexuelles chaque année". Le journal se montrait très précis sur ce changement fondamental de définition : "la nouvelle définition éliminait l'exigence que les agressions sexuelles soient « forcées », et supprimait la restriction que l'attaque soit envers une femme et incluait le viol et le viol sans introduction du pénis par un tiers".
La définition recommandée est ainsi libellée dit désormais que : "La pénétration, peu importe de quelle manière, même légère, du vagin ou l'anus avec toute partie du corps ou un objet, ou la pénétration orale par un organe sexuel d'une autre personne" est désormais considérée comme viol. Autrement dit une fellation sous la contrainte en était un, désormais. A l'origine de ce changement important, soulignait le journal, il y a Carol Tracy, qui est directeur exécutif du "Projet de loi sur les femmes", c'est elle qui a poussé le FBI à changer sa définition datant des dernières décennies. Le journal relatant son action ainsi : "le 20 septembre 2001, Tracy a écrit une lettre au directeur du FBI Robert Mueller en faisant valoir que la définition actuelle "sous-estime gravement l'incidence réelle d'agression sexuelle aux Etats-Unis aujourd'hui, confond et entrave l'application des lois, et décourage les victimes de dénoncer les crimes graves. Je pense que bien que ce changement était attendu depuis longtemps, le fait qu'il soit très soigneusement encadré par l'application des lois locales et nationales est vraiment important", a déclaré Tracy dans l'entrevue avec The Huffington Post. A noter que le fameux Robert Mueller, lui, n'a jamais changé de poste depuis le 5 juillet 2001. Son mandat devait expirer le 4 septembre 2011, mais Obama lui a demandé de rester deux ans de plus. C'est lui qui pendant des années à émis un avis de recherches sur Ben Laden où celui-ci n'était pas nommé comme responsable des attentats du 11 septembre...
Plusieurs mouvements féministes s'étaient joints à cette action de sensibilisation. "Le Feminist Majority Foundation a également été la tête de la campagne, un "viol est un viol " appelant le public à faire pression sur le FBI pour mettre à jour sa définition. « Cela permettra d'assurer le crime de viol soit mesuré de manière qu'il comprenne tous les viols , et qu'il devienne essentiellement un crime auxquel plus d'intérêt soit porté. C'est inséparable de la violence contre les femmes, et nous nous sentons que cela aura un impact significatif », a déclaré à Mme Magazine Eleanor Smeal, présidente de la Feminist Majority Foundation." Car le sujet devenait brûlant, à voir le bombre de cas non retenus en raison de la précédente définition." La définition actuelle étroite du viol par ke FBI a également créé des complications pour les services répressifs, qui ne peuvent pas déclarer toutes les viols qu'ils poursuivent pour les inclure dans les statistiques fédérales, si leur Etat ou de la localité a une définition plus large".
Les chiffres en effet montraient à l'évidence cette disparité entre les faits et le juridique : "par exemple, en 2010, le Chicago Police Department a déclaré près de 1 400 agressions sexuelles. Aucune d'entre elles, cependant, n'est apparue dans le rapport fédéral sur le crime parce qu'elles ne correspondaient pas à la définition du viol donnée par le gouvernement fédéral". Au point de fausser les calculs et leur représentation statistique dans le pays : "selon le Rapport 2010 du gouvernement fédéral sur la criminalité, il y avait eu 84 767 agressions sexuelles de signalées en 2010, soit une baisse de 5 pour cent par rapport à l'année précédente", martelait le "HuffPo". Le journal poursuivant "dans un récent sondage réalisé par le Police Executive Research Forum, près de 80 pour cent des 306 services de police qui ont participé a la définition fédérale indiquent que la notion de de viol était dépassée". Nous poursuivions selon un des critères, mais nous faisions les rapports selon d'autres critères", affirmait encore au New York Times Steve Anderson, chef du Département de Police métropolitaine de Nashville, ajouant "les seules personnes qui ont une image fidèle de ce qui se passe sont les personnes de l'unité des crimes sexuels." Celle dirigée par Lisa Friel, "chargée de l'enquête sur Strauss-Kahn", qui démissionnera en venant ensuite confirmer le cas. Nettement.
Celles-là mêmes qui ont interrogé Dominique Strauss-Kahn après son agression, en effet. La même cellule qui fera venir un médecin du "Safe"("sexual assault forensic examiner"), pour constater les lésions sur Nafissatou Diallo, qui avait ainsi raconté ce qui s'était passé : "l'homme nu aux cheveux blancs verrouille la porte et l'entraîne sur le lit" une première fois, avant de la conduire au bout du couloir, où il lui arrache les collants avant de saisir "la partie extérieure de sa zone vaginale." La conclusion du rapport est sans ambiguité. "Diagnostic : agression. Cause des blessures : agression. Viol" . Les avocats de Strauss-Kahn tout d'abord contestent, et finissent par parler "d'acte précipité" : le problème, c'est que pour le FBI, depuis, c'est bien une agression sexuelle considérée comme viol, les "rougeurs" constatées ayant été provoquées par la... main de l'agresseur, car depuis aussi, nous dit l'Huffington Post , un viol peut être reconnu "sans introduction du pénis par un tiers." Et là encore un fait non reconnu, l'accusé se retranchant même devant une immunité imagnaire de responsable du FMI.
Exactement la thèse défendue par Catherine Albertini, chercheure et membre de Choisir la cause des femmes : "c’est sans doute cela « l’erreur de DSK », un viol dont on tait le nom, un viol euphémisé en « rapport sexuel précipité ». Car DSK ne saurait violer. Sa position le rend forcément désirable pour toutes les femmes, on ne peut que mentir quand on lui résiste et ses propres incohérences dans la séquence du Sofitel n’ont pas été retenues contre lui. Dès son arrestation, il a invoqué la protection d’une quelconque immunité qu’il pensait associée à son statut, démontrant ainsi son sentiment absolu d’impunité. Il a nié ensuite farouchement qu’il se soit passé quoi que ce soit avec la femme de chambre Nafissatou Diallo dans la suite « présidentielle » du Sofitel de Manhattan. Puis, il fut contraint de reconnaître, les preuves ADN ayant entre-temps parlé, qu’il avait eu une relation sexuelle qualifiée de « consentie » avec Nafissatou Diallo alors qu’elle entrait dans la suite pour y faire le ménage. En 7 minutes chrono, entre 12h06 et 12h13, il faudrait que nous croyions au-delà d’un doute raisonnable qu’il a réussi à la séduire, à la convaincre des délices de « l’amour à la française », la pourchassant, lui arrachant ses collants et par là même sans « erreur » possible avec son consentement, lui bloquant la respiration, la sidérant pour finir par lui éjaculer à la face avec son joujou extra qui fait Crac Boummm Huuuu. Il s’agit non pas d’une relation sexuelle, comme nous le ressassent ad nauseam les médias, mais d’un combat sportif sexiste : un sport de combat. Avec un tel ami, les femmes n’ont pas besoin d’ennemis".
Ce n'est pas fini pour autant : dans le Huffington Post, on trouve aussi, d'autres indications intéressantes sur le contrat passé entre DSK et William Green, directeur d'une société d'anciens de la CIA pour effectuer une action de lobbying alors qu'il n'était que candidat à la tête du FMI, en 2007. Rien sur les 27 000 dollars payés à la société pour son activité pour approcher par exemple le Wall Street Journal et le Financial Times... Et le rappel quatre ans plus tard de la même société dans le but de dénigrer Nassifatou Dailo..., ce qui sera effectivement fait avec brio (mais là, le tarif est resté inconnu). Son action avait été ainsi définie par la presse (autre que le HuffPo) :
"- Attaquer la crédibilité de la femme de ménage de 32 ans, née en Afrique de L'Ouest.
- Soutenir que l'activité sexuelle était consensuelle
- Attiser les tensions entre musulmans et juifs (la jeune fille serait musulmane et M. Strauss-Kahn est juif)
Le fait qu'il ait consulté des anciens agents de la CIA pourraient raviver les spéculations comme quoi DSK estime qu'il y a un complot contre lui (comme il l'a suggéré à la Libération, journal français, il ya un mois). Cependant Reuters affirme que les relations DSK avec la firme de relations publiques sont "informels"."
Selon le "Huff", Green est très lié également à U.S. à Yulia Tymoshenko, la leader charismatique de la "Révolution Orange", ancienne premier ministre accusée aujourd'hui de malversations et emprisonnée. Voilà qui n'était pas vraiment pour aider l'ancien prisonnier de Rikers Island. Mais en même temps, ce même Hufftington Post allait donner un sérieux coup de main à DSK, en sortant des limbes une histoire de complot, que l'intéressé ressortira d'ailleurs sans hésiter lors de sa mémorable prestation télévisuelle sur TF1. Exactement celle mise en marche via Green et sa société TD International ! Ce qui permettra à certains de poser la question : "DSK a-t-il acheté sa liberté" ? Car Green n'était pas le seul à avoir été appelé au secours. "Aussi engagé, indique Reuters, la société Guidepost Solutions une “global investigations and security company” basée à New York. Son vice-président est Joseph Rosetti, un ancien officier supérieur consultant chez Kroll Associates (***) . Guidepost pourrait éventuellement prendre les devants dans la recherche en arrière-plan de l'accusatrice de DSK, peut-être même avec une équipe en Afrique de l'Ouest où elle a émigré il ya sept ans, bien que des sources ont cherché à minimiser cette option". Or, ce sont bien ses renseignements qui sont revenus directement chez... Cyrus Vance. Tout s'achète, tout se vend, y compris la liberté ! Rosetti, dirigeant de Safir Rosetti société fondée en 2001 à partir d'anciens de ChoicePoint, cette entreprise qui sous Bush avait décidé de mettre les Etats-Unis au complet en fiches et même... toute l'Amérique du Sud (?), et consacrait une bonne part des capacités de stockage (immenses) du super-ordinateur de Sandia pour ça. Howard Safir, nommé commissaire par Rudolf Giuliani en 1996 alors qu'il venait juste de prendre la tête de Splinternet Holdings Inc. une société de surveillance US. Un homme très lié à Marriott et Carlyle. Rudolf Giuliani, qui a aussi un avis propre sur la question du cas DSK.
Le site ajoutant : "moins formels sont les rôles qui peuvent être joués par quatre amis de DSK qui travaillent ou qui ont déjà travaillé pour la firme basée à Paris, Euro-RSCG PR. Connus dans la presse française comme ses "quatre mousquetaires", ils comprennent Anne Hommel, qui a contribué à la première déclaration de soutien à son mari lancé par Mme Sinclair. Mme Hommel aurait également accompagné Mme Sinclair quand elle s'est envolée pour New- York après l'arrestation." Une Anne Hommel que l'on retrouve ce lundi, justement, au chevet du "HP" français : "aucune information n'avait été donnée officiellement depuis l'annonce en octobre du lancement prochain d'une version française du site d'information américain, ni par la fondatrice du "HuffPo", Arianna Huffington, ni par Le Monde ou le banquier Matthieu Pigasse, partenaires économiques de Huffington Post France (avec respectivement 34% et 15% du capital)". Et sans surprise c'est la même équipe que l'on retrouve derrière Anne Sinclair, à la tête du magazine. "C'est finalement l'équipe d'Anne Hommel d'Euro RSCG, chargée de la communication pour le lancement du Huffington Post, et connue comme la conseillère en communication de Dominique Strauss-Kahn, qui a annoncé une conférence de presse, et par là-même la nomination d'Anne Sinclair." Le tout chapeauté par Mathieu Pigasse, présenté comme "un banquier rock’n’roll au chevet des dettes publiques"... ou le "le banquier d’affaires le plus déjanté de Paris", comme quoi il existe bien un rock trash...
Ah, ce Pigasse, ancien"N°3 de Bercy" du temps... de DSK, "né en mai 1968", actionnaire désormais du journal LeMonde, (pardon, devenu "le maître du Monde" comme l'écrivait son ami du Figaro) quel parcours : "son premier coup d’éclat dans ce domaine remonte à 2002 : la renégociation de 100 milliards de dollars de créance pour l’Argentine, alors en pleine déconfiture (****). Avec à son actif le financement de la reconstruction en Irak, de la nationalisation du gaz en Bolivie et de projets gouvernementaux dans de nombreux pays comme la Mauritanie et le Gabon, Matthieu Pigasse est aujourd’hui le chouchou des ministres des Finances." La reconstruction en Irak, lieu on l'a vu de tous les détournements financiers imaginables. C'est aimer les risques, ça. Un gars efficace, pour sûr : "entre deux deals, ce financier déjanté a aidé Athènes à renégocier sa dette. En mode commando". Comme quoi aussi, la guerre ne se limite pas à une seule action... fut-ce t-elle de "commando"... sauver des vies, c'est la dure mission des "commandos" ! Mais il est vrai que l'on à affaire là à un problème quasi historique, comme le rappelle (méchamment) LePoint : "au Monde, on relève quand même qu'Anne Sinclair avait jugé que l'affaire Nafissatou Diallo était "une nouvelle affaire Dreyfus". Au moment même où Pigasse "soigne aussi son allure de dandy dégingandé, tout de Dior vêtu, tenant des discours de punk désespéré, de camusien désabusé, clamant son goût pour les Clash, les Sex Pistols, Sid Vicious, autant qu'Arthur Rimbaud, Paul Verlaine, Henri Michaux ou Gustave Flaubert, dont il cite avec délectation cette phrase, comme une provocation assumée : "j'écris pour faire vomir le bourgeois." Tout cela est à gerber, dirons-nous plus abruptement. Pour le Figaro, en juillet 2010, son ambition était très claire vis à vis du Monde : " il n'y aura pas d'intervention sur l'éditorial et l'opérationnel », répond-il à ceux qui pensent très fort qu'il voudrait se servir du Monde pour porter la candidature de Dominique Strauss-Kahn ou la sienne propre plutôt que de le servir." DSK étant "out"...
Green faisait pendant ce temps sortir en effet des "fuites" signées Leonard Levitt, qui insistait sur "les liens entre le commissaire principal de la police de New York, Ray Kelly et le président français, Nicolas Sarkozy. « Kelly et son épouse Veronica sont francophiles », affirme Levitt, qui rappelle que cela est notamment dû aux voyages réguliers que Kelly fait à destination de la France, où siège Interpol". Levitt entonnant visiblement sans vergogne l'air connu du complot : "Levitt va plus loin encore dans les liens qu'il décèle entre Sarkozy et le NYPD : pendant l'été 2010, le président français a remis la Légion d'honneur à Alain Bauer, criminologue français et expert en sécurité nationale, l'homme qui aurait permis à des détectives new yorkais d'être affectés en permanence à Paris dans le cadre de la lutte antiterroriste. Ray Kelly a été invité à assister à la cérémonie, relève Levitt". Le "Huff" et Levitt oubliant au passage que le patron de la police US Ray Kelly avait lui-même reçu la légion d'honneur (en 2006). A-t-on assisté à une autre forme de lobbying via le Huffington Post interposé (ici la version d'Agoravox) ? En tout cas, notre journaliste le laissait clairement entendre : "Levitt s'étonne que s'agissant des fuites touchant à DSK, Kelly se soit montré mou du genou. "J'espère que ça n'est pas le cas", a en effet sobrement commenté le chef du NYPD lorsque l'on a fait état de ces fuites devant lui. Or, Levitt rappelle (tout en précisant qu'il ne dit pas que Kelly ait pu se livrer à des actes répréhensibles en l'espèce) que dans une affaire de mœurs du même acabit, le même Kelly, confronté à des fuites, avait tout mis en œuvre pour en identifier les auteurs. Employant même le terme de "Chasse aux sorcières", Levitt décrit les méthodes musclées de Kelly utilisées alors pour démasquer les "fuiteurs", entre épluchage des relevés de factures téléphoniques et interrogatoires de tous les responsables concernés. Et Levitt de conclure que la différence de comportement du Kelly entre les deux affaires, pourtant similaires, est : "curieuse". L'auteur réservant ses informations complotistes sur son blog perso et le Huffington Post exclusivement... Levitt, un ancien du Peace Corps, en Tanzanie, journaliste devenu spécialiste de la Police de New-York et des ses dérives, accusant les policiers en particulier d'etre liés au millionnaire George Soros. Le Huffington Post, en exhumant une possible théorie du complot avait en tout cas bien aidé sinon à redresser l'image ternie de DSK, à incurver la trajectoire des journalistes sur son sort : mission réussie pour le Huff ! A noter que depuis, la page de Levitt du "HuffPo" évoquant les liens entre Kelly et DSK est désormais inexistante... disparue, envolée !
Pour d'autres, les "preuves" de ce complot étaient en effet "flagrantes" : " à l’évocation de ces liaisons troublantes revient immédiatement l’image de Nicolas Sarkozy quand le nouveau président de la république s’adonnait encore au jogging, Ray-ban police sur le visage et t-shirt frappé du sigle New-York Police Department(NYPD). Un t-shirt offert par la police de New-York. Sans doute en mains propres par Ray Kelly, le francophile patron du NYPD dont les services ont été aussi efficaces que bavards dans l’affaire DSK". Le même DSK arborant au même moment un superbe t-shirt imprimé "Yes we Kahn", parodie du slogan d'Obama du pire effet : la bataille des t-shirts avait-elle commencée ?
Or personne pourtant n'avait remarqué une chose un peu troublante : le premier livre "policier" de Levitt , "The Healer" était la biographie d'un criminel hors normes. Le docteur Charles Friedgood, dont toute la vie n'avait été que mensonges. Et cela avait commencé tôt chez lui : à ses copains de classe de primaire il avait raconté qu'il avait vécu dans une voiture car son père était un vendeur ambulant , ou bien que ce dernier était immensément riche et possédait des terres en Israël. Au lycée, il y arrivera en copiant le travail des autres. Au collège, il volera les réponses des interrogations, et fera des faux certificats d'abscence sur du papier en tête volé, mais il ne se fera que rarement sanctionner tant il "était charmant avec tout le monde". Pourquoi donc Levitt s'était-il intéressé à cet individu est plein d'enseignements en fait. Et c'est même plutôt... confondant, aujourd'hui. En fait, Levitt nous montrant du doigt Sarkozy avec un peu trop d' insistance, je me suis simplement demandé si on ne pouvait pas un peu montrer du doigt Levitt : vous allez voir, c'est assez... surprenant, car on découvre que le sujet d'intérêt de l'écrivain est comment dirais-je, toujours un peu particulier, disons...
Cet homme qui trichait partout où il passait et que décrit en détail Levitt deviendra pourtant un chirurgien réputé dans plusieurs grand hôpitaux, mais en commettant également des erreurs voire des crimes, qui seront étouffés à chaque fois par la direction de l'établissement plutôt que de ternir leur réputation. Il réitérera à plusieurs reprises son sinistre manège, se faisant réembaucher sans problèmes avec un CV... immaculé à chaque fois. Du très grand art ! On l'imaginait super-chirurgien très affairé, il passait son temps à courir la gueuse en trompant ouvertement sa femme. Il vivait pourtant en grande partie à ses crochets, menant grand train de vie, dans une énorme maison de 18 pièces, rue Beverly Road, à Great Neck (Long Island) dans le quartier très chic et réputé de Kensington, et roulait en voiture de luxe. Pour ce faire, il s'était personnellement endetté, en empruntant par exemple 81 000 dollars à un entrepreneur, Robert Frankel, avec qui il aura un long contentieux, tout en laissant ses amis régulièrement régler ses ardoises ; il lui suffisait de renouveler régulièrement le stock de connaissances avec quelques belles paroles. Charles E. Friedgood, c'est son nom, pour tenir son rang aux côtés de sa (beaucoup plus riche) épouse, pratiquait la cavalerie bancaire avec ses emprunts sucessifs. Sur place, à l'hôpital, il fabriquait de fausses courbes de résultats de ses patients, falsifiait ses rapports, n'arrivait pas à l'heure aux opérations, ou s'appropriait parfois le nom de ses collègues, surtout quand ils faisaient mieux que lui. Et draguait tout ce qui passait à sa portée. Il finira sa carrière abracadabrantesque dans une petite clinique de Brooklyn, "sauvé par le manque de courage des administrations qu'il avait ravagées" (comme le souligne la presse, mais après coup, hélas !), celles qui n'avaient jamais osé porter plainte contre lui : il avait vécu une bonne partie de sa vie de faiseur grâce à une omerta entretenue caractérisée. Celle aussi de ses amis, qui le protégeaient dans l'espoir d'en tirer un jour parti ; lui, si haut placé dans la nomenklatura locale de Long Island. Ce genre de personnage draine toujours autour de lui une faune particulière de profiteurs. Une fin de carrière en entonnoir pour un menteur compulsif, collectionneur de rencontres furtives.
Dans sa clinique, il tomba dans l'oubli, enfin pas tout à fait. On ré-apprendra en effet son existence fort récemment : accusé du meurtre de sa femme et condamné à la prison, il était en effet devenu le plus vieux détenu de l'Etat de New-York, lorsqu'il avait postulé pour la cinquième fois pour être libéré sur parole en 2007 (fait plutôt difficile aux USA), alors âgé de 89 ans, et atteint d'un cancer du colon en phase terminale. Le 11 octobre 2007, la Cour de juges de probation réunie pour statuer sur son sort lui refusera le droit de sortir : qu'est ce qui lui valait un tel acharnement ? Un meurtre, celui de sa propre épouse. En 1976, il avait été reconnu coupable d'avoir administré une dose mortelle de Demerol (de la mépéridine, injectée directement dans le foie !), à sa femme, Sophie Davidowitz, et avait été arrêté de justesse cinq semaines après les faits à l'aéroport Kennedy en tentant de quitter le pays avec 569 000 dollars de valeurs sur lui, dont les droits immobiliers de son épouse et même ses bijoux. Les policiers, qui le surveillaient, l'avaient rattrapé tout juste... dans l'avion de départ. Il avait emporté le maximum, car la fortune familale n'était pas la sienne, tous les biens étaient au nom de sa femme, et il ne possédait strictement rien lui-même... sacrée histoire, et sacré retour dans le passé, n'est-il pas ?
Attendez, ce n'est pas fini. Charles E. Friedgood était alors en partance sur le vol 501 pour le Danemark... où l'attendait dit-on sa maîtresse et leurs deux enfants (il avait déjà eu 6 enfants avec sa femme, qui témoigneront tous contre lui à son procès) ! Les policiers, appelés sur la scène de ce qui semblait bien être un crime et non un accident, avaient très vite eu des soupçons sur lui. Des soupçons en raison de son attitude et de son discours, car la mort de sa femme semblait extérieurement tout ce qu'il y a de plus normale : une crise cardiaque, apparemment. Le bon docteur si affable avec tout le monde s'était un peu trop vite précipité en effet chez lui, appelé par sa femme de ménage, qui avait trouvé la maîtresse de maison "inconsciente" (déjà morte en fait). Il avait surtout montré un comportement étonnant, comme le note ce site spécialisé très bien renseigné : "conformément à la tradition juive orthodoxe il a rapidement pris des dispositions pour le corps de Sophie soit renvoyé dans sa ville natale de Hazelton, en Pennsylvanie, pour l'enterrement". Pour ce faire, il avait lui-même signé le procès verbal de décès ! Plutôt expéditif, le médecin réputé ! Pas trop orthodoxe, comme méthode ! Pris de doute, le commissaire chargé de l'affaire demandera quelque temps après une exhumation et une autopsie. Celle-ci prendra quelques semaines. Manque de chance pour lui, Friedgood tombera sur un praticien zélé comme médecin légiste : le Dr. Leslie Lukash, homme de métier, à qui on ne le faisait pas, car c'est lui en effet qui démontrera peu de temps aprés que les restes retrouvés en 1979 au Brésil étaient bien ceux de Joseph Mengele : en s'opposant fermement à un premier médecin venu de Pennsylvanie, qui n'avait rien trouvé sur le corps de Sophie Davidowitz, il trouvera les cinq traces d'injections de Demerol mortelles subies par la femme de Friedgood. Cinq piqûres, que sa femme était incapable de s'administrer seule, signant le forfait du chirurgien, qui préparait alors son départ du pays. On retrouvera le flacon de Demerol et une seringue chez Esther Zaretsky, une des filles de Friedgood (devenue juge de l'immigration depuis). Une femme décédée à 48 ans, qui avait en fait découvert le pot aux roses, avec des lettres intimes et une photo de sa maîtresse nue, et qui lui refusait surtout le divorce. Prévoyante, elle avait déposé les documents compromettants dans une banque, dans une enveloppe marquée dessus "putain", rédigé en hébreu !
Or le plus étonnant encore, c'est que le "bon" docteur aurait pu ne pas être incarcéré, raconte le chef du bureau des homicides de Nassau County au New-York Times, lors de sa libération. C'est bien sa conduite qui allait le perdre : si l'autopsie n'aurait pas été décidée, il passait au travers des mailles du filet. La police se doutait de quelque chose, mais n'arrivait pas à trouver suffisament de preuves pour l'incarcérer (la lettre sera retrouvée bien après). "Franchement, rappelle Stephen Scaring, nous n'avions pas suffisamment de preuves pour obtenir une autopsie. Nous étions sur le point de le coincer, mais nous avions crû à son bluff, et il est tombé en fait dedans tout seul. Il aurait pu éviter tout ça. S'il avait gardé la bouche fermée et n'avait pas répondu aux questions, il n'aurait jamais été poursuivi. Il croyait qu'il pouvait parler de tout, à sa façon. Si bien qu'il a réussi à nous convaincre du contraire". Un assassin qui arrive à convaincre lui-même la police de sa culpabilité, en raison de son attitude fantasque, celle de quelqu'un ne se sentant en rien responsable, avouez que c'est plutôt rare. Il sera coincé cinq semaines plus tard, en partance pour l'étranger, ayant trop intrigué les policiers. Une caractéristique du personnage, qui chargera lui-même sa femme, en se faisant de la sorte lui-même le suspect idéal, sans même s'en rendre compte. Plus tard, en prison, il finira par l'admettre, mais sans toujours le reconnaître totalement véritablement : "on a demandé au Dr Friedgood lors de l'entretien dans sa prison de nous dire si au fond de son cœur il avait espéré que le surdosage tuerait sa femme. "Non," répondit-il, "j'étais content qu'elle aille dormir et qu'elle ne crie plus sur moi, du genre fais-ci, fais-ça, etc". Mais aurait-il cru, même inconsciemment, que sa vie serait meilleure si elle ne pourrait plus jamais crier de nouveau sur lui ?" Comme vous dites," a répondu le Dr Friedgood après un profond soupir, "peut-être inconsciemment". "Inconscient", le mot était lâché, mais le chirugien était toujours incapable de reconnaître entièrement sa responsabilité. Chriurgien, il savait que cinq injections tuerait sa femme, pourtant. Bref, le jour de l'assassinat, pour les policiers, le bon docteur trop bavard semblait surtout trop pressé, et encore plus cinq semaines après le décès de son épouse, et ce pour les policiers comme plus tard pour la justice. C'est un peu ça le principe, disons : dès qu'on tente de prendre l'avion précipitamment alors que derrière soit on a laissé un gros problème, on vous considère tout de suite comme suspect, dans la police ! A croire que c'est une habitude, chez eux !
Trop pressé à prendre son avion et à déguerpir avec son magot, l'assassin étudié par Levitt. Il envisageait d'aller le déposer dans une banque à Londres pour éviter d'avoir à payer des taxes dessus. Il avouera effectivement au NYT le 30 septembre 2007, qu'il menait effectivement une double vie complète, ayant eu deux enfants d'une maîtresse, qui était en réalité sa propre secrétaire, Harriet Larsen (ici avec l'un des deux enfants de Friedgood, le premier né en 1972). Dans les semaines qui avaient suivi le meurtre, avait nié pourtant devant les journalistes et les policiers avoir tué sa femme, affirmant que le Demerol qu'elle prenait était pour son arthrite chronique et qu'il "ne voulait plus la voir souffrir", ce qui reste plus qu'ambigu comme excuse. Bref, quelqu'un, qui même arrivé sur le seuil de la mort, ne voulait pas reconnaître ce qu'il avait fait. Un psychopathe, dit-on aujourd'hui de lui : celui qui ne reconnait jamais ses erreurs ; même quand il est placé au pied du mur. Un cas auquel s'était interessé avec beaucoup d'attention Levitt, mais aussi des médecins auteurs de livres plus ou moins complotistes. Un Levitt qui s'intéressera plus tard, avant de s'intéresser (on se demande pourquoi, franchement !) à l'histoire de DSK, à la corruption de la Police New-Yorkaise, avec une redoutable efficacité, au temps du maire Rudolf Giuliani et du responsable de la Police William Bratton, notamment, en décrivant par le détail le poids des groupes de pression sur eux, via des réunions décrites par Levitt comme étant des "Polices Plazas". D'autres psychopathes, pour certains, associés à d'autres encore (au comportement parfois étranges : on avait vu Rudolf Guliani jouant les transformistes, déguisé en femme de mauvaise vie, à plusieurs reprises, lui, le père-la pudeur de New-York faisant son Edgar Hoover !). Eux aussi trafiqueront leurs résultats et modifieront les faits, un peu comme Charles Friedgood dans ses nombreux établissements. L'un d'entre eux, ex- responsable du NYPD, ami proche de G.W.Bush, rattrapé par des déclarations fiscales erronées, étant même expédié en prison pour quatre ans.
On apprend beaucoup, dites-moi, à lire le Huffington, en définitive. Quand on avait statué la cinquième fois sur le cas de Friedgood, voici quatre ans, la Cour de Justice réunie avait ajouté dans son dossier une phrase sybilline, avant de rejeter sa demande : "il ya une probabilité raisonnable que vous ne pourriez pas vivre et rester en liberté à nouveau, sans violer la loi et votre libération serait incompatible avec le bien-être de la société". La cour ajoutant que cette décision de mise en liberté "déprécierait la nature grave du crime". En réalité, pour les juges, Friedgood, comme il l'avait dit dans le New-York Times une dizaine de jours auparavant, n'avait toujours pas voulu reconnaître nettement sa responsabilité, malgré plus de 30 ans passés sous les barreaux. Il en avait pris normalement pour 25 ans en 1976, mais dès 2001 sa première demande de sortie avait été rejetée pour ce motif de non reconnaissance de sa responsabilité. La sixième demande de révision sera la bonne, pourtant, puisque le 26 mars 2008 (sous "forme de compassion" pour son grand âge, dira celui qui l'avait arrêté), il se retrouvait à l'air libre. Cette fois les juges reprendront la précédente décision en affirmant le contraire, jugeant qu'il y avait cette fois une "probabilité raisonnable pour qu'il ne puisse pas à nouveau violer la loi". La presse ajoutant surtout qu'il commençait à trop coûter au système pénitentiaire (qui avait dépensé 300 000 dollars pour ses diverses opérations à l'abdomen), et un des juges chargé de la décision, Chris Ortlof, tenant à exprimer publiquement à la presse son refus de le voir sortir. Coupable ou pas coupable, alors ? Friedgood avait fini par le dire tout seul lors de la cinquième demande refusée, à sa manière, fort alambiquée : "dans l'interview du Times, le Dr Friedgood avait insisté sur le fait qu'il avait voulu seulement endormir sa femme à sa demande, qu'il lui avait donné une surdose, mais que selon lui, avec sa "tolérance élevée", celle-ci ne serait pas mortelle." Alors, lui avait demandé un des juges des libérations conditionnelles, pourquoi avoir accepté de dire d'être « coupable » cette fois, alors ?" Ce à quoi Friedgood, impassible, avait répondu :"la seule façon que vous avez de sortir", a-t-il dit, "est, que vous devez admettre que vous êtes coupable et montrer des remords et un repentir, car après ils vont- ils peuvent- vous libérer." Friedgood, se faisant, avouant à la fois être coupable (devant les juges, uniquement dans l'espoir d'être libéré) et ne pas reconnaître l'être vraiment (au fond de lui-même) ! Psychopathie prononcée, tel est le verdict définitif, à propos du cas Friedgood. Il entrait en effet pile dans le moule.
Devenu inoffensif à son âge, selon la justice, il sortait enfin de prison (avec interdiction cependant de voir ses propres enfants ou ses petits enfants), après avoir échappé 32 ans avant de peu à la chaise électrique ; une prison où tout le monde le décrivait en effet comme "charmant" et "attentionné" comme au temps où il menait double vie, et avant qu'il ne devienne un assassin. Avant le meurtre, personne de son entourage, même proche, ne s'était rendu compte de qui il était exactement. Sa femme, en premier lieu, hélas, pourrait-on ajouter. Un psychopathe, nous disent tous les articles à son propos. Il en existe décidément de très doués, semble-t-il. Heureusement la presse, dont le Huffington Post, est là, qui nous recommande de nous en méfier, de ce genre de personnage !
PS : un dernier point : si vous pensez que le Huffington Post est une rédaction (*****), tapez ce nom dans Google dans la rubrique images. Et admirez QUi vous voyez le plus souvent. Ou "comment, en six ans, un média-phare de la gauche américaine s’est-il transformé en centre de profit d’une multinationale ?" comme le soulignent des internautes et le "Monde Diplomatique".
(*) beaucoup moins déjà la version française avec les "vedettes" pressenties....
(**) En France aussi ça bouge, notamment sur le délai de prescription... des agressions sexuelles (" Les agressions laissent des séquelles parfois aussi terribles que les viols et il est souvent aussi difficile aux femmes victimes d'en parler dans la foulée ", estime la sénatrice qui indique qu'un délai de trois ans est insuffisant" dit Clara Carbunar, la porte-parole de la "Marche mondiale des femmes").
(***) Kroll Associates : une agence déguisée de la CIA depuis les années 60 :
http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/26/09/38/secretes-affaires-1.pdf
extrait :
Kroll Associates. Un service secret privé planétaire, première multinationale du renseignement, américaine d'origine. Son activité, d'après ses détracteurs : manipulation, utilisation de fausses identités, couvertures sophistiquées, agents infiltrés, filatures à travers la planète, suivi par satellite d'individus ou d'objets, engagement de sources humaines dans des centaines d'entreprises et d'administrations... D'après Kroll, plus sobrement : intelligence économique et investigation au sens propre du terme. La société couvre l'ensemble des spécialités des services secrets étatiques. Mieux, dans ses rangs se retrouvent plusieurs ex-agents de la CIA, du FBI, du MIS, MI6, mais aussi d'anciens procureurs, juges, joumalistes, avocats, experts-comptables.Tout ce que la vie professionnelle compte de spécialistes de l'information peut un jour se faire recruter.
En 1990, Kroll Associates recrute massivement des juristes et des analystes financiers. OP A hostiles et raids financiers en tout genre multiplient les missions de renseignement commandées discrètement par une poignée de multinatio- nales. Cette année-là, Nicolas Waldman est du nombre des jeunes recrues. Aujourd'hui directeur de la filiale française, Waldman connaît parfaitement son rôle. Il m'observe avec méfiance. Chez Kroll Associates, les curieux irritent, principalement s'ils écrivent tout ce qu'ils voient et entendent. Nicolas Wald- man a besoin de l'autorisation du quartier général de New York pour me parler « officiellement ». Et dit, avec malice, douter du résultat de ma requête. La conversation devient ensuite plus aimable. Mon hôte m'explique gentiment en quoi Kroll ressemble aux anodins cabinets de conseil installés sur la place de Paris. Le reste résulte des fantasmes d'esprits rêveurs façonnés par des romans de gare. Kroll peut se définir comme une sorte de conseiller en information stratégique. Ni plus ni moins.
À la fin des années 1970, taraudé par l'idée de se démarquer de ses rivaux, Kroll Associates privilégie l'information financière et économique, un secteur alors peu exploité par les grandes agences de détectives. Les cours du dollar et les opérations de Bourse domineront les années 1980, cette décennie verra le règne de la finance omnipotente. Jules Kroll le pressent. De cette intuition naîtra sa fortune.
L'urgence et le statut de l'interlocuteur flxent le cadre de la mission : investigations financières et moyens quasi illimités. Dans ces moments, le P-DG agressé ne mégote pas sur le montant des honoraires. Une fois le contrat signé, le cabinet réunit une cellule pour lancer les opérations. La tâche englobe une kyrielle de missions, chacune confiée à un spécialiste : recueillir toutes les informations sur le conseil d'administration du groupe « ennemi », connaître la personnalité des membres, leur vie, leurs faiblesses, constituer des biographies des cadres de la direction, connaître leurs richesses, apprendre toutes les erreurs de gestion imputables à la direction, etc.
L'ensemble de ces investigations forme une mission de renseignement à part entière. Grâce à ces résultats, la victime mènera une contre-attaque sur la base d'une stratégie immuable : affirmer partout que le postulant à l'acquisition est un incapable accompli, voire un manipulateur auteur d'un ignoble complot. On dévoile opportunément les preuves qui étayent ces accusations. Pour y parvenir, Kroll commande à ses limiers de fouiller tous azimuts.
En France, certains observateurs avertis assistent à l'installation de l'antenne parisienne. Dans les premiers temps, les responsables du renseignement ne semblent pas y prêter attention. Si la DST s'y intéresse, c'est pour conduire de simples observations de routine. Et pourtant...
(****) L'Argentine a bénéficié d'un contexte qui l'a beaucoup aidé : "de 2002 à 2004, Buenos Aires a, en effet, négocié avec ses créanciers - essentiellement des fonds de pensions ainsi que des banques américaines et européennes - les détails de la restructuration de sa dette. L’Argentine a obtenu que plus de 60% des créances soient jetées aux oubliettes : un bol d’air financier qui a été accompagné d'un redémarrage des exportations. “La dévaluation du peso a permis de rendre les entreprises argentines beaucoup plus compétitives sur la scène internationale”, explique Christine Rifflart. Un tel redressement pourrait donner des idées à Athènes. Mais les autres pays européens risquent de ne pas laisser la Grèce emprunter cette voie radicale. “La faillite de l’Argentine ne mettait pas en danger toute une région”, tempère Christine Rifflart". Les principaux touchés par la crise étant.... la classe moyenne argentine, laissée pour compte par les interventions : “C’était la fin du modèle argentin, qui avait longtemps été cité en exemple par le FMI”, souligne Christine Rifflart. Après s’être résolu à ne plus payer ses créanciers, le gouvernement décidait, début 2002, de sortir du carcan de la parité entre le peso et le dollar - qui était pourtant le socle du modèle argentin depuis dix ans. La situation s’est alors très vite dégradée. Leur monnaie effondrée, les Argentins ont cherché à changer leurs pesos contre des dollars, poussant le gouvernement à intervenir. Celui-ci a imposé la conversion des comptes bancaires en dollars en peso et à parité égale, alors que la monnaie argentine avait plongé. "C’était une décision qui a fait perdre à un grand nombre d’Argentins, surtout de la classe moyenne, une part importante de leur épargne”, rappelle Christine Rifflart. La faillite de l’État argentin n’a pas affecté que les épargnants. “Toute l’économie a d’abord subi un choc d’une extrême violence”, explique cette spécialiste. Le PIB a en effet chuté de 5% entre fin 2001 et juin 2002 ; le chômage a explosé pour atteindre 24% de la population active fin 2002 - contre un peu moins de 15% deux ans plus tôt. Les prix se sont également envolés avec une inflation de 40% pour 2002. “A ce moment, le pays avait quasiment perdu sa classe moyenne”, remarque Christine Rifflart. Mais cette descente aux enfers n’a duré qu’un an". Ruiner les petits épargnants, et sauver... les banquiers, la voilà la solution trouvée !
(*****) La richesse de ses contenus en fait un rival des médias traditionnels. Un concurrent déloyal, disent certains : il est certes alimenté par une centaine de journalistes rémunérés, mais aussi (et surtout) par un « agrégateur » d’actualités, souvent focalisé sur le sexe et les célébrités, qui reprend des informations parues dans les autres médias. Et, enfin, par une armada de neuf mille blogueurs bénévoles aux noms prestigieux, parmi lesquels MM. Clinton, Dominique Strauss-Kahn, Michael Moore, Bernard-Henri Lévy, les millionnaires hollywoodiens Alec Baldwin et Charlize Theron... La concurrence se transforme en guerre ouverte à mesure que l’audience du site s’accroît, passant d’un million de visiteurs uniques par mois en 2007 à vingt-cinq millions début 2011. Le HuffPo se classe alors parmi les dix premiers sites d’actualités américains". Que rêver de mieux pour repeindre de blanc immaculé un homme politique à la dérive qu'un organe de presse revendiquant aux USA des millions de lecteurs ?
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