DSK, destin de rock star, mythe du décideur providentiel au destin défait par les dieux

Etranges images diffusées en boucle. DSK en taule, décision exceptionnelle pour les connaisseurs de la justice américaine. Visiblement, le précédent Polanski hante les juges. Mais ces images d’un DSK effondré et mal rasé rappellent celles d’un certain Bertrand Cantat, auteur d’une agression contre une femme à Vilnius avec des conséquences bien plus graves que le supposé viol pratiqué par le directeur du FMI pour peu de temps. Passer ainsi de la lumière à l’ombre, il n’y a que dans les films américains qu’on voit cela, ou bien chez les rock stars. Et toujours ce fameux hôtel où il se passe quelque chose, un événement qui fait basculer un destin, une chambre d’hôtel à Vilnius réservée sur le lieu de tournage d’un film avec Nadine Trintignant rejointe par son compagnon d’alors. C’est dans d’autres chambres d’hôtel que nombre de stars ont été découvertes mortes un beau matin, apanage s’il en est de quelques figures légendaires comme Jimi Hendrix retrouvé surdosé dans un hôtel londonien. Il s’en passe des choses dans les hôtels. Il paraît qu’une Rolls fut retrouvée dans une piscine après une fête à laquelle participait Keith Moon dont les excès en matière d’ingestion de substances diverses étaient connus, comme du reste le désir extrême d’un certain DSK pour les femmes. Dont les frasques et mœurs croustillants seraient connues de tout le microcosme. Mais chut, cela ne nous regarde pas. Ces comportements ne sont pas appropriés pour un destin politique. Par contre, quand on s’appelle Doherty ou Bowie, on peut faire état de quelques excès en tous genres, cela ne fait qu’ajouter au personnage. Mais maintenant, trop tard, DSK risque de finir sa carrière en taule, mais souhaitons-lui une indulgence de la justice car les dieux ont lourdement chargé la barque d’un destin que les hommes avaient assigné à DSK.

Les dieux ? Etrange idée mais cette histoire étrange ne recèle-t-elle pas de quelque élément mystérieux d’ordre providentiel, comme si d’en haut, quelques facétieux anges ou dieux antiques s’étaient invités à la partie pour signaler aux hommes qu’ils abusent un peu en façonnant des destins de décideur providentiel. Car c’est bien ce qui s’est passé depuis quelques années. Les dieux seraient-ils jaloux des hommes ou bien sages, prêts à interférer dans le flot des stories modernes et mythifiées pour indiquer aux peuples et leurs représentants médiatiques qu’ils feraient mieux de prendre en main leur avenir et cesser de regarder cet univers factice d’hommes importants et autres VIP censés jouer l’avenir du monde. Les médias savent façonner ces sortes de mythes censés orienter les consciences dans un monde globalisé qui vacille notamment dans le domaine financier et qui dans la sphère politique, est si dépourvu d’idée et de pensée que des histoires presque antiques sont proposées en laissant accroire que quelques hommes providentiels, dont DSK, peuvent tirer les pays d’une mauvaise passe. Le sort de l’euro et des pays endettés reposant sur un seul homme, comme si l’avenir d’un pays devait décider d’un pouce levé ou baissé par un DSK présenté comme un puissant de ce monde avec tout le cortège de fascination que suscite cette image aux yeux de médias qui se la jouent, de Socialistes ambigus rêvant de victoire, de peuples désemparés par un système qu’ils ne comprennent plus.

Le plus problématique, ce n’est pas que les médias aient tu les supposées frasques sexuelles de DSK mais qu’ils aient porté au pinacle un homme pour une action soi-disant remarquable au FMI alors que son bilan est assez contrasté si l’on en croit un Guy Sorman, esprit libre assez critique à l’égard d’un DSK qui aurait replacé le FMI dans une démarche bureaucratique sans être très original. A la limite, DSK aurait presque instrumentalisé le FMI pour un destin personnel qui a basculé avec quelques mystérieuses coïncidences.

Observez bien, à 10 minutes près, DSK aurait pu être dans l’avion et serait à Paris après avoir assisté aux réunions prévues dans le cadre de ses fonctions. Il a fallu qu’il oublie un téléphone dans l’hôtel et que, assez imprudemment, en supputant quelque affolement, il téléphone à la réception pour s’inquiéter de son oubli et de ce fait, livre à la police les informations pour être cueilli à l’aéroport. Le timing de cette séquence digne d’une série américaine livre le sentiment d’un coup du destin joué avec quelques détails, un concours de circonstances, une femme de chambre, une rencontre inopinée et le fil du destin déroulé par un homme alors qu’il semble tissé délicatement par les dieux de la providence. Car la tragédie de DSK s’avère peut-être providentielle pour le PS et la France. Le message étant que le peuple doivent mûrir et cesser de croire en l’irrationnel d’un homme providentiel. La raison est absente, les cerveaux sont éteints, Sarkozy était providentiel et on a vu le résultat. Pourquoi l’appareil médiatico-politique remet-il ça avec DSK ? Admettons que l’intéressé ait pu s’envoler pour Paris. La situation aurait été invivable au PS car on imagine pas un candidat à la présidence recherché par la police américaine pour un délit de droit commun passible de 70 ans de prison.

Les peuples ont perdu la raison et sont resté au stade de la mythologie romaine en façonnant quelques espérances irrationnelles fondées sur des hommes déifiés au destin que les dieux ont décidé de défaire. Cette étrange scénario joué à New York renvoie donc à cet atavisme romain avec ses frénésies festives et ses mythologies et pourquoi pas, à la chute de Rome, avec un César du FMI inventé par les scénaristes du monde médiatique. Dont la chute a visiblement agacé son ami philosophe BHL qui ne décolère pas et sacrifie au mythe du superman du FMI sans aucune pensée pour le peuple. Mais BHL n’est-il pas ce philosophe omniprésent dans cette farce spectaculaire, sorte d’enfant caché de Sénèque et d’Anne Roumanoff, alors que DSK serait le fils caché de César et Brigitte Lahaie. Tant qu’à faire, amusons-nous de ce panthéon des célébrités en ces temps d’effondrement de l’Occident.