DSK : l’étrange épilogue

Dominique Strauss-Kahn aurait trouvé un accord pour régler à l'amiable la procédure engagée au civil par Nafissatou Diallo, rapporte jeudi le New York Times. Les avocats de l'ancien directeur du Fonds monétaire international et ceux de Nafissatou Diallo iront devant le juge la semaine prochaine, selon toute vraisemblance pour entériner cet accord. Le montant de la transaction à l'amiable n'a pas été communiqué, et ne le sera sans doute jamais.
Plusieurs remarques :
A / DSK et ses conseils ont toujours clamé que, vierges de tout crime, ils iraient jusqu'au bout de la procédure, sûrs de leur fait. Ce coup de théâtre est l'exact contraire de ce qui avait été assuré publiquement, à maintes et maintes reprises.
B / Non seulement la transaction surprend, mais surtout la rapidité de la conclusion à l'amiable, plusieurs mois avant les débuts de la procédure au civil, donne à penser que DSK est un homme qui ne désire pas être exposé à une mise à jour des tenants et aboutissants de la séquence du Sofitel de New York, puisqu'il avait admis une "relation inappropriée" et une "faute morale", mais démentait toute contrainte ou violence.

Il faut noter que les tentatives d'esquives du procès - où là on témoigne sous serment et en donnant tous les détails possibles - a un précédent : les avocats de Dominique Strauss-Kahn ont tenté de faire valoir que leur client devait bénéficier d'une immunité pénale comme civile en vertu d'un traité de l'ONU de 1947. Mais le juge McKeon a rejeté leur demande le 1er mai dernier, soulignant que Strauss-Kahn n'avait pas invoqué cette immunité au tout début de l'affaire. L'appel déposé ensuite ne donna rien non plus.

Résumons-nous : l’innocent injustement accusé DSK a monnayé une issue de l’affaire Diallo sans procès – processus courant aux USA (90 % des procès au civil), mais relativement choquant en Europe, il faut l’avouer. Si il gagne demain la paix judiciaire, il perd probablement toute chance de revenir un jour sur la scène politique française, mais sans doute a-t-il déjà mesuré cet aspect de sa décision.

Reste un mystère : qui aura payé les frais d'avocats, d'expertises, d'enquêteurs, la mise en quarantaine judiciaire du prévenu, et enfin la somme amiable ?

On précise qu'une telle transaction se monte à plusieurs millions de dollars - de 3 à 9 selon plusieurs avocats contactés ce matin par les radios et télévisions.

DSK lui-même affirme ne pas être riche, dans une interview récente au Point. La riche héritière Anne Sinclair (petite fille du galeriste mondialement connu Paul Rosenberg) dont il est pourtant séparé, assumera-t-elle la note finale ?

Voilà un aspect de l'affaire, parmi tant d'autres, qui restera à jamais obscur.