DSK - la manière de couvrir l’affaire...

Je ne commenterai évidemment pas le fond de l’affaire (je laisse le soin à la Justice américaine de mener son travail), mais bien plutôt la forme de celle-ci, qui me laisse depuis dimanche dans un profond malaise.

Ce n’est pas tant le fait qu’on passe les menottes à DSK ou que celui-ci ne bénéficie pas d’un statut spécial VIP dans sa détention qui me gêne (bien au contraire, je trouve ça très bien qu’il y ait les mêmes conditions d’arrestation, quelque soit la personne – même si évidemment, vu de France, le port de menottes, dans sa logique apparente de « présumé coupable », peut avoir un aspect choquant…), mais bien plutôt l’orchestration médiatique qui s’est mis en place, et qui ne me semble pas neutre. Pas neutre du tout.

Encore une fois, j’aurais souhaité que DSK soit traité au même niveau que n’importe quelle personne arrêtée dans ce genre de contexte, en respectant la « culture » du pays concerné (les Etats-Unis n’ont pas du tout le même fonctionnement policier et judiciaire que la France) – c'est-à-dire ni « mieux » traité – ni « moins bien » traité. Et en l’occurrence, je ne suis pas certaine du tout qu’un simple citoyen lambda aurait été médiatiquement mis en scène de la manière dont cela s’est fait (photographes et caméras invités…).

Le fait d’assister – en direct et par tous les médias internationaux – à l’humiliation, voire à la « mise à mort » d’une personne (que celle-ci soit DSK ou un simple citoyen) – est profondément dérangeant. Dérangeant et choquant.

Les journalistes sont d’ailleurs à ce sujet dans une position pour le moins ambiguë. Critiquant pour certains cette mise en scène médiatico-grandiloquente – mais procédant eux-mêmes de la même manière (cf les photos en gros plan du visage fatigué de DSK dans tous les quotidiens et magazines nationaux et internationaux…).

Pour ma part, j’aurais préféré que ces journalistes restent au stade d’informer les lecteurs (DSK est un personnage médiatique, et à ce titre, je conçois bien que cette affaire ne peut pas rester confidentielle – que lui-même ne puisse malheureusement pas rester « anonyme » comme la femme de ménage qui l’accuse), en restant sur le côté purement « factuel », sans préjuger, ni de sa culpabilité (présomption d’innocence), ni de son absence de culpabilité (on pense peu à cette jeune femme de ménage dans cette affaire : le fait de crier au complot est peut-être pour elle d’une grande violence si elle est vraiment victime, comme une « double peine » : celle d’avoir été agressée et celle d’avoir à être jugée très rapidement comme peu crédible…), et ceci, sans publier de photos ni passer des reportages. Un article écrit et factuel, point barre.

Par ailleurs, j’aurais aussi apprécié de la part des politiques et autres commentateurs plus de décence. Certains ont été exemplaires (à droite comme à gauche). D’autres se sont à mon avis trop vite emballés (car trop dans la critique ou à l’inverse, trop dans la compassion). A ce stade, j’estime qu’il n’y a aucun commentaire d’analyse à faire. Dans un sens comme dans un autre. Il aurait fallu juste attendre, prendre du recul avant d’en savoir plus, attendre surtout que la justice se fasse.

Mais bon, comme souvent, la machine médiatique s’est emballée, sans recul, et surtout au mépris du respect et de la dignité de l’individu…