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DSK - Les larmes du crocodile

L'interview du 18 septembre ne change en rien le goût d'inachevé laissé par l'abandon des poursuites du fait du procureur de Manhattan

Ses avocats avaient peut être raison de déconseiller à DSK de s'exprimer comme il a jugé opportun de le faire. En effet, bien qu'à l'entendre nous ayons pu nous sentir parfois prêts à pleurer, le jeux et les arguments étaient décidément aussi forcés que peu convaincants. Son intervention n'a été de ce fait qu'un exercice de repentance de façade mal calculé, s'adressant d'ailleurs, comme il l'a clairement dit, à ses seuls compatriotes ayant vu en lui leur messie.Pour se reconvertir dans le spectacle, comme l'ont fait d'autres politiciens avant lui, il a besoin d'une sérieuse formation, ne serait-ce que pour perdre de son infatuation et de son arrogance.

C'est par contre carrément tous les téléspectateurs qu'il a pris pour des demeurés :

- En affirmant que les 7 chefs d'accusation d'abord prononcés à son encontre par la justice de New York ont été levés fautes de preuves. Ils l'ont TOUS été parce que ces preuves n'étaient pas étayées au point d'entraîner la conviction de 100% d'un grand jury, ce qui est tout autre chose qu'un non lieu à la française, ce que chacun peut comprendre.

- En évoquant comme il l'a fait les mensonges de Nafissatou Diallo et notamment l'échange téléphonique avec son compagnon détenu, insinuant notamment que ce serait elle qui l'aurait appelé au téléphone alors qu'il a été établi que c'était le contraire et que ce même compagnon ne pouvait être au courant de ce qui venait de se passer, ce qui change bien des choses.

- En balayant avec morgue les divers rapports d'expertise l'accusant.

- En accusant Nafissatou Diallo de l'attaquer au civil pour faire de l'argent, alors qu'il sait, comme nous tous, qu'aussi bien aux USA qu'en France, c'est le dernier recours d'un plaignant que de demander réparation pécuniaire. Bien sûr cette réparation peut être demandée pour le franc (ou le dollar) symbolique, mais chacun (et lui en premier lieu) peut comprendre que Nafissatou Diallo puisse ne pas s'en contenter.

- En réduisant à la nécessité d'un pauvre hère le déploiement de moyens financiers ahurissants, contrastant singulièrement avec les valeurs qu'il prétend représenter.

 

En conclusion de cette première partie de l'interview, fait de toute évidence pour préparer la seconde, elle-même devant faire oublier la première, une question d'importance demeure, qui n'a pas été posée ? : DSK compte-t-il demander, à la justice et/ou à la police new-yorkaise, réparation des outrages, dommages et dépenses qu'il dit avoir si injustement subis ? Et sinon, pourquoi ?

 

La deuxième partie de l'intervention a consisté, comme il fallait s'y attendre, en un docte diagnostic d'économie politique ayant visiblement pour but de positionner le désormais repenti pour un nouveau départ. Faute de mieux au plan national, DSK se verrait bien en consultant, sauveur d'une Europe vouée à la vieillesse et à la faillite. Prendre pour argent comptant les quelques arguments qu'il a assénés, serait oublier un peu vite que DSK, quelque temps après avoir inventé les 35 heures avec son amie Martine déclarait, alors qu'il était au FMI, que l'Europe ne travaillait pas assez. Plutôt que de donner des conseils concernant la Grèce et de reprocher à l'Europe de n'avoir pas pas prévu sa faillite, peut-être aurait-il pu nous dire ce qu'il avait lui-même fait alors que c'était dans ses attributions ?

 

Quant à ce qui est devenu, par la subtilité et la magie de la communication, "l'affaire Banon", après n'avoir été qu'un des aspects de "l'affaire DSK", ce dernier s'est apparemment souvenu de l'intérêt des dispositions du code américain lorsqu'il accorde à l'accusé le droit de se taire.

 

Un propos à retenir tout de même, pour ceux qui éprouvent, comme dans le volet new-yorkais, une sentiment d'inachevée, ce fut lorsque DSK déclara qu'il s'intéresserait aux question de démographie. Les plus farouches de ses opposants sont obligés de lui reconnaître une aptitude particulière pour ce qui y préside.


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5 réactions à cet article    


  • Morgane Lafée 19 septembre 2011 14:15

    Tout à fait d’accord avec l’article. Cette interview est surtout une bonne leçon de communication de crise, comme le souligne un intervenant de Rue89.

    « DSK compte-t-il demander, à la justice et/ou à la police new-yorkaise, réparation des outrages, dommages et dépenses qu’il dit avoir si injustement subis ? Et sinon, pourquoi ? »

    Je vais répondre à sa place. Non, il ne le fera pas. Parce que l’affaire irait en justice, et pour lui, il ne faut SURTOUT pas que cette affaire aille en justice parce que cela impliquerait un témoignage de... Nafissatou Diallo ! Or tout ce que ses avocats cherchent à éviter depuis le début, avec la complicité du procureur Vance, c’est qu’elle s’exprime dans ce cadre.



    • A. Spohr A. Spohr 19 septembre 2011 17:08

      Qu’est ce qui« préside » à la démographie ? Pas les produits qu’on trouve sur la moquette.

      Bonne analyse que je partage.
      Il y eut ,durant des années, un économiste français, patron du FMI, qui ne fit jamais de vagues, se contentant de faire son travail . Qui ? Il n’y a pas si longtemps.... Doit-il aller errer dans le bois de Boulogne à certaines heures pour faire sonner les trompettes de la renommée ?
      C’est un type bien MONSIEUR CAmdessus.
       

      • Yohan Yohan 19 septembre 2011 17:44

        C’était une émission de télé réalité, jouée avec des acteurs grassement payés. Une télévision qui n’est plus qu’un média people, l’un pisse dans un avion, l’autre baise à tout va sur son temps de travail. Bel exemple d’une société en profond déclin.


        • zelectron zelectron 19 septembre 2011 19:44

          Bien entendu toute ressemblance avec des personnes ne saurait être que purement fortuite ...etc...
          Cyrus Vance a abandonné les poursuites du fait d’avoir découvert* qu’un (ou deux) jurés étaient probablement payés par les « conseillers » de DSK, il ne pouvait prendre le risque de le mettre en accusation puisqu’au USA, 100% des jurés du grand jury doivent être d’accord pour poursuivre la procédure. Dans ces nouvelles conditions, il a établi un rapport qui ne dit pas, sans dire, tout en le disant : DSK n’est pas blanchi, loin de là. Les liasses de billets ne laissent pas de trace ...


          • Crab2 19 septembre 2011 21:51

            Biblis ou Psyché ?

            C’est le nom, d’un grand miroir pour se voir en entier


            Le double message de DSK était donc trop compliqué ?

            Pour qui ?

            Pour ceux qui ne cessent depuis plusieurs années de tenter systématiquement de vouloir rendre crédible une sorte de comportement ou modèle sexuel que devrait s’approprier toute personnalité politique ?


            Dans cette ’’ mise au point ’’, comme je l’ai dors et déjà écrit, il n’avait pas autre chose à faire que d’assumer ce qu’il est ; quelqu’un incapable de renoncer à une ’’ aventure extra-conjugale ’’


            Rapport Procureur

            Ce qui me fait « rire » c’est de relater ’’ qu’il a eu un rapport précipité avec la plaignante ’’ - curieuse interprétation – pourquoi n’est-il pas écrit ’’ qu’ils ont eu un rapport précipité ’’ si le rapport était consenti par l’une comme par l’autre


            Suite à partir d la page  :

            http://laiciteetsociete.hautetfort.com/archive/2011/09/19/tabloid-nouveau.html


            ou de la page :

            http://laicite.over-blog.com/article-tabloid-nouveau-84689525.html


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