DSK / Sinclair : des personnages de roman

La sentence est tombée. Marcela Iacub, l'auteure du livre scandale sur DSK, un “roman” pourtant, ainsi que l'éditeur Stock, ont été condamnés à payer 50.000 euros de dommages et intérêts à l'ancien directeur du FMI, et le Nouvel Observateur a été condamné solidairement à lui verser 25.000 euros de dommages et intérêts. La justice impose en outre à l'éditeur du livre "Belle et bête" d'y insérer un encart faisant état de sa condamnation pour atteinte à l'intimité de la vie privée. Le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris a également ordonné au journal, qui avait publié jeudi des bonnes feuilles de cet ouvrage, de diffuser sur sa prochaine "une" la mention de cette condamnation.

C’est globalement un rendu de décision lourd à assumer, aussi bien pour l’éditeur que pour l’hebdomadaire. Autre dommage collatéral : la Société civile des personnels de Libération (SCPL) s’est nettement désolidarisé du choix consistant à suivre les traces du Nouvel Obs et à faire sa une sur le livre la semaine passée. Dans un texte qui réclame par surcroit l’arrêt de la collaboration de Marcela Iacub à Libération, la société des rédacteurs - fait rare - se désolidarise de sa direction éditoriale.
Le succès médiatique foudroyant du livre (en une semaine toutes les télé et journaux en ont fait leur choux gras, quand il n’est pas même sorti !) a une explication. Pour la première fois en effet, il est donné une lecture a posteriori convaincante du mystère central de l’affaire Strauss Kahn/ Anne Sinclair, et c’est là le point d'appui de toute la résonnance inouï de cet ouvrage singulier.
Quelles sont les deux énigmes irrésolues de l’affaire du Sofitel, non dites, mais que tout le monde a en tête ?
1 / Pourquoi un homme d’envergure internationale se compromet-il avec une femme d’apparence aussi peu attrayante que Nafissatou Diallo ?
2 / Comment Anne Sinclair, soutien affichée du féminisme, a-t-elle pu interpréter sans broncher ce rôle ingrat de la femme bafouée, ce des mois durant ?

Or, et c’est en cela qu’il a incendié les esprit sans doute, le livre, et précisément les passages choisis par le Nouvel Obs et repris par tous, résoud les deux énigmes :
Point 1 : DSK se complait dans la fange ( d’où le titre/concept et la couverture du livre) et aime les femmes laides ( un fantasme masculin pas si rare du reste).
Point 2 : Anne Sinclair, qui est dévorée par une ambition sans limite, a éloigné DSK de sa véritable personnalité de “cochon” magnifique, puis, on le devine, l’a quitté dès l’instant où elle a compris qu’il était techniquement impossible que son poulain revienne sur le devant de la scène.

Que dire ? Premièrement cette explication, si elle assemble les morceaux du puzzle, n’est pas du tout certaine. Et deuxièmement, elle enfonce littéralement le respect légitime à l’intégrité de la vie privé, qu’elle soit conventionnelle ou pas. Il était donc logique que la démarche fut sanctionnée par la juge, et probable aussi que la sanction n'empêchera pas de futures publications de même ordre...