Du bon cinoche : « Ave César », « Demain », « Merci patron ! » et « Comme des lions »
Si vous voulez passer un bon moment au cinéma, allez voir le dernier film des frères Coen : « Ave César ». Quelle intelligence ! Quel humour !
Certes, à certains moments, le scénario est un peu faiblard et j’en expliquerai les raisons.
Mais ce qui est prodigieux dans ce film, qui présente, comme les poupées russes un film, dans le film, et dans tant d’autres films, est le fait de sombrer dans un vertige d’interrogations semblables à celles du héros enlevé. (Où suis-je ? Que me raconte-t-on ?)
Deux remarquables comédiens dominent la distribution.
Josh Brolin ( Mannix, inspiré du véritable Mannix !) est le deux ex machina d’un grand studio hollywoodien de la belle époque. Tout passe par lui. Les retards dus à la météo, les caprices des stars, leurs secrets sexuels, la religion et la politique, le choix des comédiens. Sans cesse suivi d’une secrétaire qui lui rappelle ses rendez-vous et les avatars de la journée, il lui faut calmer l’un, secouer l’autre sans oublier de baffer les plus capricieux !
Alden Erhenreich, est la révélation du film dans le rôle d’une star des westerns qui ne sait pas jouer, mais qui, ayant un public de fans, se trouve propulsé dans une comédie sentimentale. Incroyable comédien qui joue même du lasso avec des spaghettis ! Un petit James Dean en formation !
Clooney joue mal, puisque il interprète le rôle d’un acteur qui surjoue, centurion romain dans le grand film de la firme : « Avec César » Par qui Clooney a-t-il été enlevé ?
Je vous laisse le plaisir de la découverte.
Ainsi nous voilà, nous spectateurs d’ « Ave César » des frères Coen, spectateurs d’ « Ave César » de la Capitol !
Une des scènes les plus inénarrables est celle où Mannix reçoit les représentants des quatre religions : catholiques, orthodoxe, protestant et juif pour savoir si ce scenario sur la vie du Christ ne va choquer le public. Il est évident que c’est le rabbin qui est le plus chiant ! Ah ! L’humour juif !!
Je ne veux pas vous en dire plus si ce n’est que les décors sont somptueux et que la pléiade de grand comédiens qui jouent de petits rôles, sont formidables dans leurs brèves apparitions.
Mais en quoi ce film est-il si original ?
C’est un film à secret.
Comme notre univers.
Comme toutes les histoires.
A un moment Mannix dit qu’il est normal que ces comédiens soient chtarbés à forcer de jouer des rôles. Ils ont donc perdu le sens du réel.
Mais ceci ne concerne pas que l’industrie cinématographique.
On est en plein dans la vie politique.
Des deux ex machina dirigent tout, sans que le public les voie. Un grand Mannix donne ses ordres, petit être banal avec sa vie de famille ordinaire.
Le public ne voit que le déroulement d’une histoire dont le scénario leur est raconté par les medias.
Ces fameux « faiseurs d’histoire » qui ont envahi la politique. Story telling !!
Ainsi la guerre en Syrie est un scénario, comme celle en Ukraine, comme l’arrivée des migrants, filmée à grand renforts de scènes émouvantes, comme la balade sur la lune, filmée, très certainement d’un studio, comme le 11 septembre monté de toutes pièces par un groupe de financiers qui ont à leur botte, encore aujourd’hui, les services spéciaux des grands pays.
Hollywood dirige le monde.
Et les scénars de la machine à rêve sont aussi mal ficelés que ceux que l’Hollywood de la politique nous propose.
Oui, il y a un crétin qui se prend pour Homère et qui n’est qu’un besogneux sans talent mais non sans dangerosité.
Seule différence entre Hollywood in situ et la vraie vie, c’est que les morts, dans la réalité, ne se relèvent pas.
En ce moment une équipe planche sur « la troisième guerre mondiale ».
Mais les acteurs principaux ont été enlevés par Poutine (dans son propre rôle) et Obama (dans son sale rôle) s’apprête à prendre sa retraite pour passer son titre à d’autres comédiens.
C’est tout ceci qui est dit dans ce film des frères Coen.
(S’ils pouvaient diriger Israël et transformer ce pays, juifs et palestiniens, en temple de la pays !)
L’humour, cette pirouette de l’intelligence martyrisée, sauve le monde !
Mes réserves ?
Rien n’est plus précieux dans un scenario qu’un personnage qui accroche le public. C’est de l’or en barre. Et les frères Coen ont trop papillonné. Le personnage de Tilda Swinton est sans intérêt. On voit à peine Scarlet Johansson, qui n’a rien à jouer.
Il y a dans le film une révolte d’auteurs.
Et je crois que le grand auteur qui aurait pu faire ce scénario a dû être enlevé. Les frères Coen ont intérêt à le retrouver pour leur prochain film.
Mais ceci dit, comme c’est intelligent, drôle, comme ça fait du bien…
Mannix est sur le point d’être débauché par une entreprise sérieuse d’aéronautique mais il préfère rester dans son cafouch romanesque d’où il dirige le monde. Intoxiqué de rêves et d’illusions.
Mais reprenons pied avec la réalité.
J’en profite pour parler de trois autres films, trois documentaires, qui m’ont fait un bien fou.
« Demain » de Mélanie Laurent qui nous met du baume au coeur en nous présentant, dans ce monde dévasté, des créateurs d’une nouvelle éducation, d’une nouvelle agriculture, d’une nouvelle finance. De beaux créateurs avec de beaux visages. Ils sont simples. Hollywood n’est pas passé par là. Oui, demain est en train de naître. Un beau demain. N’en doutons pas une seconde !
J’ai vu aussi « Merci patron ! » de François Ruffin qui présente un piège qui met à mal le milliardaire François Arnault. Mais quelle médiocrité, ceux qui servent cet homme !
Cette histoire serait un scénario, on dirait : « Complètement invraisemblable ». Et pourtant c’est vrai et cela se déroule sous nos yeux ! Comme on est fier de Ruffin, et de sa ruse de David contre Goliath. Ah ! Il l’a bien prise en pleine poire la pierre joyeuse lancée d’une main habile, celui qui dirige ses marques de luxe qu’il est si facile de boycotter ! Si les hommes et les femmes n’achetaient plus de produits de beauté et des parfums chez ces marques-là, ils seraient gravement en danger ! Notre pouvoir est immense !
C’est à cause de ce film que j’ai renoncé à « Poison » qui est le parfum de mes rendez-vous ! Mais la cause est la cause !!
Troisième documentaire enfin : « Comme des lions » de Françoise Davisse, qui raconte la grève des PSA qui a duré quatre mois et a fini par une victoire relative, car certes, les grévistes ont obtenu des indemnités, mais aussi ce beau statut de chômeur.
Mais quel montage admirable dans ce film, quelle émotion quand on voit ces pauvres travailleurs, transbahutés, trompés par leurs patrons et par l’Etat !
L’Etat…Ce menteur de Hollande. Ce rigolo de Montebourg…
Je crois que nous avons un rendez-vous le 9.
Du neuf, le 9 !!!
A nous d’écrire le scénario !
Un scénario « french touch » !!!
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