Du côté des médias les mauvais comptes font les bons amis
France Inter, radio du service public, le 7-9, la matinale radio la plus écoutée de France donne la parole très souvent aux mêmes. La preuve en comptant leurs invités politiques. Dans cette émission, ont été invités 3 fois plus de ministres, députés LREM, proches du gouvernement et favorables à la réforme des retraites que d'opposants politiques et syndicaux. Et c'est pire dans les médias privés.
Du 19 novembre 2019 au 4 février 2020 on compte 59 jours de semaine. Sur France Inter en grève la matinale 7-9 n'a pas été diffusée 8 fois et pendant 5 jours de vacances de fin d'année. Donc il y a eu 46 émissions.
Les invités politiques ou syndicaux soutiens du gouvernement :
- 19 novembre : Sébastien Lecornu, secrétaire d'état chargé des collectivités ; Jean Pierre Raffarin, soutien de la liste LREM aux élections européennes ;
- 20 novembre : Adrien Taquet, secrétaire d'état chargé de l'enfance ;
- 21 novembre : Édouard Phillipe, 1er ministre ;
- 26 novembre : Marlène Schiappa, chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes ;
- 29 novembre : grève ;
- 2 décembre : Bruno Le Maire, ministre de l'économie ;
- 4 décembre : Jean Baptiste Djebbari, secrétaire d'état chargé des transports ;
- 5, 9 décembre : grève ;
- 10 décembre : Jean Michel Blanquer, ministre de l'éducation ;
- 11 décembre : Gilles Legendre, président du groupe parlementaire LREM à l'assemblée ;
- 12 décembre : Geoffroy Roux de Bézieux, président du MEDEF ; Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement ;
- 13, 16 décembre : grève ;
- 17 décembre : Agnès Buzyn, ministre de la santé ;
- 18 décembre : Élisabeth Borne, ministre de l'écologie ;
- 19 décembre : grève ;
- 20 décembre : Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, partisan de la réforme des retraites ;
- du 23 au 27 décembre, vacances, pas d'émission ;
- 31 décembre : Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'état auprès du ministre de l'Économie, chargée de, je ne sais pas ;
- 2 janvier 2020 : Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur ;
- 6 janvier : Bruno Le Maire, ministre de l'économie ;
- 8 janvier : Philippe Aghion, conseiller économique d'Emmanuel Macron ;
- 9 janvier : grève ;
- 13 janvier : Benjamin Griveaux, candidat LREM à la mairie de Paris, ancien porte-parole du gouvernement ;
- 15 janvier : Martin Hirsch, directeur général de l'APHP, partisan de la réforme de l'hôpital public ;
- 16 janvier : Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement ;
- 20 janvier : Nicole Belloubet, ministre de la justice ;
- 21 janvier : grève ;
- 24 janvier : Muriel Pénicaud, ministre du travail ;
- 27 janvier : Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, partisan de la réforme des retraites ;
- 28 janvier : Marlène Schiappa, chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes ;
- 29 janvier : Jean Louis Bourlanges, député LREM ;
- 30 janvier : Roxana Maracinéanu, ministre des sports ;
- 4 février : Gabriel Attal, secrétaire d'état chargé de la jeunesse.
Les opposants à la réforme qui ont été invités :
- Yannick Jadot, EÉLV, 2 fois, les 28 novembre 2019 et 17 janvier 2020 ;
- Clémentine Autain, Adrien Quatennens, LFI, 3 fois les 10 décembre 2019, 15 janvier et 4 février 2020 ;
- Olivier Faure, PS, 1 fois le 3 décembre 2019 ;
- Yves Veyrier, FO, 1 fois 3 décembre 2019 ;
- Philippe Martinez, 1 fois le 7 janvier 2020 ;
- Cécile Duflot, directrice générale OXFAM France, 1 fois le 22 janvier 2020.
Les invités des autres émissions sont des représentants des autres partis politiques ou des auteurs, historiens, cinéastes...
Les soutiens du gouvernement ont véritablement été invités 3 fois plus souvent que tous les opposants ensemble : 28 fois pour les premiers contre 9 fois pour les seconds répartis entre plusieurs organisations.
Sur les médias d'information continue privés, c'est quotidiennement plusieurs représentants du pouvoir qu'on reçoit sur les plateaux, tapis rouge déroulé.
Dans le privé, les propriétaires de la quasi-totalité des médias de tous types sont une poignée de grandes fortunes. Donc, il n'est pas étonnant que leur ligne éditoriale relève plus de la propagande que de l'information.
Ce qui pourrait apparaitre comme un dysfonctionnement du service public s'explique en fait par le choix de la nouvelle PDG de Radio France, Sibyle Veil qui a déjà présenté un plan de licenciement de 300 salariés.
Sibyle Veil ?
- « Cela dit, cela n'a pas entravé l'ascension de " la favorite de l'Élysée " selon le Canard Enchaîné (18/04/2018) qui enfonce le clou en citant un des membres du CSA : " Macron ne voulait plus de Matthieu Gallet et la voulait elle. En plus c'est une femme, elle a un nom prestigieux et elle n'est pas sotte. "
(...)
Sibyle Veil a conseillé le président Macron avec son mari, Sébastien Veil. Celui-ci, issu de la même promotion Senghor, est "l’ex-conseiller de Nicolas Sarkozy à l'Élysée sur les sujets d'emploi et de formation professionnelle, directeur au bureau parisien du fonds Advent International", relève la Lettre de l'Expansion (12 décembre 2016).
Il "conseille Emmanuel Macron sur les questions de politique culturelle et de communication depuis donc la toute fin d’année 2016 ", continue la publication. » -
Publié par l'Observatoire du journalisme le 25 avril 2018, sous le titre " Sibyle Veil, nommée PDG à Radio France grâce à sa (grande) proximité avec Macron ? "
Certains pourraient se demander pourquoi j'écoute France Inter ?
Sur mon radioréveil je ne capte clairement que cette radio et quelques autres locales ou régionales. Pareil dans les autres pièces de la maison ou en voiture. Donc je n'ai pas beaucoup d'autre alternative. Quand je me déplace dans d'autres régions, je rencontre assez souvent les mêmes difficultés.
Donc la matinale radio la plus écoutée de France l'est plus pour son accessibilité que pour sa qualité, contrairement à ce que ses présentateurs du moment revendiquent comme leurs prédécesseurs le faisaient en leur temps d'ailleurs. Explicitons : donc ce n'est pas leur supposé talent qui est honoré.
Emmanuel Macron doit son élection à l'énorme battage médiatique, deux ans durant, martelé par tous les journaux, magazines et médias privés.
Comme cela a été décrit par de nombreux auteurs et certains responsables politiques dont le plus remarquable a été François Bayrou, en référence aux diverses publications concernant Emmanuel Macron et son épouse :
« Je suis absolument sceptique sur cette affaire, et quand je dis sceptique, c'est le mot le plus modéré que je puisse choisir. Ça ne marchera pas, parce que les Français vont voir ce que cette démarche signifie, ce qu'il y a derrière tout ça, derrière cet hologramme.
(...)
D'ailleurs c'est très simple : posez-vous la question du pourquoi ces heures et ces heures de télévision en direct ? Pourquoi ces couvertures de magazines, pourquoi ces pages et ces pages autours de photographies ou d'histoires assez vides ?
(...)
Il y a là une tentative qui a déjà été faite plusieurs fois par plusieurs grands intérêts financiers et autres, qui ne se contentent pas d'avoir le pouvoir économique, mais qui veulent avoir le pouvoir politique. »
François Bayrou affirme qu'Emmanuel Macron a été délibérément placé là "par plusieurs grands intérêts financiers et autres ".
Emmanuel Macron ne doit pas son élection à son seul talent qui d'évidence n'était pas suffisant. D’ailleurs il n’a réuni que 18,1% des inscrits au premier tour et ce, malgré cet encensement médiatique cynique et impudique.
En effet, jusqu'à un mois du premier tour il n'avait pas de programme :
« Emmanuel Macron, c’est l’homme sans projet parce que c’est l’homme sans conviction (...) comme il dit tout est son contraire en fonction de l’auditeur qu’il a en face de lui (...) quel que soit le projet qu’Emmanuel Macron sortira, on sait qu’il pourra être contredit dans la minute qui suit... »
Bruno Le Maire, 19 février 2017, Europe 1.
Aujourd'hui, cette même propagande médiatique ne réussit à valider ni sa politique ni sa gouvernance, le présent article en apporte la preuve :
- cote de popularité en janvier d'Emmanuel Macron en baisse autour de 30% et jusqu'à 25% pour un des instituts de sondage ;
- pour le retrait de la réforme des retraites, 67% d’avis favorables recensés par l'institut Elable pour BFM, janvier 2020.
Ces tendances démontrent que pour la très grande majorité des français Emmanuel Macron n’a pas le respect, la bienveillance, l’altruisme, l’humanité, le dévouement, le civisme, la compétence et l’efficacité du leader politique soucieux des intérêts de ceux qu’il prétend gouverner et dont il entend améliorer le sort.
Aujourd’hui il ne reste de son personnage qu’une auréole médiatique flétrie et il est vu tel qu’il est vraiment, même caché et réfugié derrière le premier ministre.
Cet article vient compléter ceux-là :
Avec la complicité des journalistes obligés, le débat sur la retraite par points a été escamoté
Radiotélévision publique, la voix de … De qui ?
Non, mais ! On est en démocratie, quand même !
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