Il est beaucoup question de courage ces jours derniers.
Le courage d’un ministre, qui vient aux affaires pour s’occuper de culture et de communication.
Le courage de celui-là fut en un temps pas très éloigné d’offrir ses remords sincères pour avoir vendu son âme au diable. Il en prit conscience et exhiba sa culpabilité comme autant de mea culpa, à défaut d’ave maria et de pater noster.
Celui-là même eut le courage, pense-t-il, de supporter un artiste, car telle nous dit-il est son utilité, qui devait affronter la justice après l’avoir évitée consciencieusement pendant trente ans.
Celui-là n’avait pas eu le courage de ses actes ; mais pourtant du courage il en avait. Depuis trente ans, il ne clamait pas son innocence ni l’innocence de sa victime mais le droit à l’oubli, le droit au silence. Une telle constance dans l’aplomb et la dénégation ne témoignait-il pas d’une forme de courage ?
Depuis quelques jours, du courage il en faut et notamment pour porter le nom de son père. En d’autres circonstances, un jeune homme fraichement élu d’un canton, âgé de vingt-trois ans, rencontrant des difficultés scolaires notables ne devrait pas affronter la vindicte populaire parce que son père décide de le propulser à la présidence d’un établissement public dont la taille effraierait n’importe quel cadre supérieur du privé. Mais là, pensez-vous, avec le nom de son père, le pauvre Jean part perdant. Non, il faut bien du courage à ce jeune garçon pour porter sur ses frêles épaules l’avenir d’une dynastie.
Du courage, il en faut certainement, lorsque ministre de son état, il vous faut, contre mauvaise fortune bon cœur, et à l’unisson de vos camarades, entamer le chant des louanges du rejeton de votre patron. A cet exercice, certains même, plus courageux que d’autres, car de courage nous parlons, pousseront la sérénade un peu plus avant et verront, entre autres hérésies clamées haut et fort ces jours-ci, la marque d’une honteuse discrimination. Quoi ! Vous n’avez pas entendu parler le remarquable Luc Chatel ? « Allons-nous dorénavant prendre comme critères, un nom, un faciès, une origine sociale… ». Et n’avez-vous pas entendu dans un unisson criard, parler de Martine Aubry fille de, d’Henri Giscard d’Estaing, fils de, de Gilbert Mitterrand également fils de ; ou comment comparer ce qui ne l’est pas jusqu’à l’écœurement.
Il en faut aussi du courage ces jours-ci au parti socialiste pour croire encore qu’il existe, à son porte-parole Benoit Hamon, pour penser sa parole utile, à Ségolène Royal pour se voir un jour Présidente et même qu’elle y pense tous les jours, et même en se rasant.
Il faut aussi certainement du courage pour garder la tête hors de l’eau alors que vous êtes poursuivi par une coalition de gauchistes haineux et que vous avez la charge de diriger un pays gangréné dans son sud par les organisations mafieuses et dans son nord par les organisations racistes. Ou alors faut-il du courage aux quelques derniers démocrates du pays encore exempts de misogynie et déniant la phallocratie comme support d’une démocratie pour supporter de vivre dans une nation où le Président du Conseil se trouve aux sommets des sondages de popularité après avoir fraudé le fisc, détourné l’intérêt public, cherché à étouffer les médias, baiser des putes et promis des postes de ministre à des gamines surexcitées.
Oui, le courage est à l’honneur ces jours-ci. Mais comme disait Voltaire,
le couragen’estpasune vertumaisune qualitéaux scélératsetaux grands hommes commune ,