Du fait divers au fait national
Du fait divers
au fait national
Du fait divers au fait national, ou comment la France devient une République de communautés. Je le dis d'emblée, je n'apprécie pas de tout ce cirque politico-médiatique. Je le trouve ignoble. C'est tout à fait le contraire de ce qu'il prétend communiquer, à savoir hommage et fraternité.
La réalité est qu'il contribue à marquer davantage la division de la nation française. La République n'est plus une et indivisible. Après le rapt de Bruxelles et des banques du pouvoir politique, nous assistons impuissants à la démonstration d'une France qui n'est plus une nation de citoyens mais une nation de communautés. C'est le message véhiculé tout au long de la journée de dimanche. Des phrases bien convenues, toutes les mêmes, exprimées avec des variations pour rompre la monotonie des mantras.
Ce qui est exprimé de manière évidente, éloquente, c'est que la France est désormais une France de Communautés, les ceci et les cela, leurs représentants, leurs leaders, des figures représentatives de la communauté, dit-on, elles s'expriment au nom de la communauté et livrent un message de paix.
Certains sont sommés de faire savoir que M. Merah n'a pas agit au nom de leur communauté et de leur religion et tiennent chaque fois à se désolidariser, une énième fois ils doivent se défendre comme l'accusé devant ses juges.
Ce qui est curieux dans ce processus c'est que les français musulmans n'ont jamais cherché à se regrouper en communauté, ils vivent normalement comme les autres citoyens de la République. Des problèmes de chômage et des difficultés de vivre en banlieues, les politiques ont en inventé une communauté pour lui désigner des responsables qui doivent gérer ses problèmes dont ils ne veulent pas s'occuper. Ils ont diagnostiqué un problème communautaire : l'islam des caves et les tournantes dans les caves.
Pour le premier problème, ils décrètent de manière brutale et antidémocratique qu'une association lambda devient de jour au lendemain le porte parole des musulmans. Ils ont créé ad hoc des institutions qui s'imposent à tout Français s'il a par malheur ou par chance, d'avoir un héritage familial en rapport avec l'islam. Le piège se referme sur les citoyens désignés ainsi comme musulmans par l'apparence. Sarkosy ne s'y est pas trompé. Il savait bien ce qu'il disait.
De la croyance on passe à une ethnicisation religieuse d'une communauté, son enferment dans la religion.
Le Français d'origine maghrébine (le cas peut concerner aussi l'origine sénégalaise indienne, bosniaque, chinoise mais la forte proportion de personnes issues d'une certaine immigration conduit à assimiler islam et Maghreb) est reconnu a priori par ses traits physionomiques et non par son appartenance religieuse. S'il est possible de présumer qu'il soit musulman rien ne peut le confirmer en dehors de lui-même.
Ces instances dites « représentatives », s'accaparent et s'approprient de droit et de fait la parole des citoyens. Ces derniers se retrouvent malgré eux ayant délégué leur voix à des gens qu'ils ne connaissent ni d'Eve ni d'Adam.
Les politiques ne sont pas naïfs. Ils ont construit ce communautarisme et contribuent encore à son ancrage dans la société française.
En quoi la cérémonie de Toulouse est inappropriée, voire dangereuse. Tout simplement par ce que les hommes politiques donnent acte à ce qui s'est construit depuis des années. Ils confirment que la nation française n'est plus une société de citoyens mais de communautés.
Il y a une aberration que des représentants de la nation assistent à une cérémonie alors que les enquêteurs n'ont toujours pas élucidé l'affaire. L'Etat a indéniablement une responsabilité dans cette affaire. Les médias comptent sur l'émotionnel pour faire diversion, le temps s'écoule, et ainsi les responsables ne seront jamais comptables leurs fautes.
On nous parle de laïcité, non comme le cantonnement du religieux, son éviction du politique. Dorénavant, la laïcité est comprise comme l'invitation du religieux, des religieux dans la politique. La laïcité est désormais comprise comme le vivre ensemble des communautés religieuses. Les politiques doivent montrer leur allégeance aux religieux.
Ils ont beau dire que c'est le rassemblement des citoyens de toutes confessions pour rendre hommage aux victimes, personnellement je n'y vois que le rassemblement de représentants des communautés.
C'est par conséquent l'insistance sur le caractère, désormais visible, de la France comme une nation de communautés. Mais avec une communauté bien supérieure aux autres, élue parmi les autres. L'allocution de François Hollande fut un hommage de plus non des victimes, mais de la shoah, et la justification de la guerre contre le terrorisme.
Les enfants victimes sont légion. Même quand l'appartenance religieuse fut un motif, il faut savoir raison garder et ne pas sombrer dans le psychodrame national. Ceci participe tout simplement à la confusion.
La Nation ne se confond pas avec une personne ou une communauté. C'est le premier principe qu'il faille admettre si l'on veut une cohésion sociale. Ce principe est dur mais c'est à ce prix que l'on puisse éviter l'éclatement ou la concurrence à tous les niveaux.
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