Du foot, autres balivernes, et réflexions philosophiques
Vouée hier aux gémonies, l’équipe de France de foot se voit maintenant, après son 3-0, contre l’Ukraine, parée de toutes les vertus ! Oubliés toutes les casseroles, et les scandales en tous genres, nous montrant que cette concentration d’ego, roulant en Ferrari, n’avait pas grand chose à faire avec la patrie. L’action de TF1 remonte, les bonnets rouges volent en l’air ! On est prié de ne pas faire la fine bouche !
Par quelle étrange raison, ce sport fait-il vibrer maintenant la planète entière ?Comment n’a-t-on pas su plus tôt que la terre n’était qu’un gigantesque ballon, envoyé dans l’espace par un dieu farceur ?
La question fondamentale qu’on se pose bien sûr est celle ci : Tout cela a-t-il un sens ? Et surtout : A-t-on une chance de gagner maintenant la coupe du monde ?
Question annexe : Notre bonne vieille planète, lancée dans l’espace, va-t-elle finir entre les poteaux de but, ou dans les petits filets…. Mais n’y aurait-il pas « hors jeu », au départ de l’action, pour nous sauver ?
Le football plait jusqu'à la démesure car tout le monde s'y retrouve !
Les règles sont si simples qu’on n’a pas besoin de faire « rugby », ou « basket », en seconde langue, sports bien plus complexes, pour piger que l’essentiel est d’arriver à glisser la balle dans les buts adverses, sans se faire niquer par les autres !
On peut gueuler, contester les règles, s'en moquer, faire son cinéma, maltraiter les autres joueurs, dans un joyeux délire " pas vu pas pris".....
N'importe quel gosse peut rêver de faire partie de l'équipe de France et pallier à cette angoisse existentielle liée à l'absence d'un job, ou d'un stage payé 300 euros par mois pour les plus chanceux. C'est le reflet de la société disent les sociologues. Pas besoin d'être médecin des foules pour trouver ça, bien sûr ! Sauf qu'on peut inverser l'effet de miroir détestable : Le foot encourage et récompense les comportements déviants, en leur donnant une prime.
Les gamins d’Afrique, d’Asie, ou du Brésil, peuvent faire du foot pieds nus, entre les flaques, avec une boite de conserves.... Sans doute la forme de football la plus pure, la plus belle, comme une jeune fille inconsciente de sa beauté, rehaussée étrangement par le décor d’un bas quartier, de vêtements troués qui ne paient pas de mine.
Même pas la griffe d’un couturier !
Toutefois, les équipementiers ne s’y retrouvent pas ! N’attendez pas qu’ils financent ce genre de foutaise ! Pour ceux qui ne savent pas, les équipementiers sont au foot ce que l’entreprise de canon Krupp, était à la guerre de 14-18 !
Le football féminin nous fera-t-il sortir de ce mauvais pas ?
Beaucoup moins de brutalité, et davantage d’élégance ! Autant dans les propos que dans les gestes ! Ces dames se montrent joyeuses, ne crachent pas, et semblent danser comme des ballerines quand on leur donne un ballon. Il ne leur manque peut-être qu’une force de frappe au pied, mais il n’est pas dit que cela n’est pas un avantage, dans l’ordre des compensations qu’elles doivent trouver !
Jean Ferrat nous a dit qu'elles seront l'avenir de l'homme. Après tout, pourquoi pas leur donner leur chance en deuxième mi temps, en les sortant enfin du banc de remplaçants où elles se morfondent.
De toute façon, l’humanité perd au moins 5 à 0 contre les forces du mal et de la destruction, en seizième de finale de la coupe de l’humanité. .
La première mi-temps, a été exclusivement masculine, excepté quelques cas, qui sont à l’humanité, ce que quelques terminaisons curieuses sont aux règles de grammaire : La confirmation d’un diktat par l’exception qui confirme la règle !. Jeanne d’Arc, Olympes de Gouges, Georges Sand sont un peu comme cette série laborieuse que nous chantions en classe, concernant la règle des noms en « ou », quand ils sont mis au pluriel….
Pourquoi devrait-on admettre que le masculin l’emporte toujours sur le féminin.
Je sais bien tout cela n’est que point de vue franco-français. Il existe bien d’autres cultures et d’autres langues, pourvu de la marche arrière et de l’assistance à la conduite. L’allemand possède ainsi le neutre. Pourtant on sait bien qu’il ne se servit que très rarement de cette fonction dans son histoire tumultueuse.
On le sait bien aussi, l’histoire des peuples tient à peu de choses !
Que se serait-il passé si Hitler avait été une femme, ou s’il avait été reçu à son examen d’entrée à l’académie des beaux arts, ou si sa carrière avait été celle d’un magnifique avant centre, genre Frank Ribéry ?
Nul doute alors que ces capacités de prédation auraient été bien plus limitées ! Il aurait suffi de le fournir en prostituées et autres jeux de play-station entre deux matchs, dans les bonnes villes de Nuremberg ou de Munich, pour que la nuit de cristal ne soit qu’éclats vermeils entre flûtes de champagne, et éclatement de bulles !
Tout cela est vide de sens, je le sais bien, mais on peut toujours refaire le match au comptoir du café du commerce avec des si ! C’est un plaisir à la portée de n’importe quel type. Pas besoin d’avoir lu Spinoza ou Kant, pour se débarrasser de toute éthique, pour le grand bien de l’équipe, en fonction de cette nouvelle vérité, inhérente encore au foot : Seul le résultat compte !
J’en ajouterai une autre, qui est son corollaire : On ne garde que le nom du vainqueur ! Excepté, j’allais dire, dans le domaine du vélo, celui de Raymond Poulidor, l’homme à la gloire sans maillot jaune.
Pour madame Poulidor ce sera moins facile !
Ou alors il lui faudra faire comme Madonna. Non pas balancer son maillot du Barça ou du PSG à l’ivresse imbécile de la foule, mais sa petite culotte.
On a beau faire, on en revient toujours dans ces eaux là ! Le strip-tease, ou « déshabillé coquin » en français, est l’un des terrains de sport où les avantages de la femme restent incontestables. De même que cette qualification douteuse de « plus vieux métier du monde », pour justifier par l’ancienneté, de droit inaliénable pour certains, de disposer du corps des autres.
Je sais je tourne en rond, comme sur un terrain, faisant une passe à mes arrières, ou au gardien, toujours en retrait, quand je ne parviens pas à trouver une brèche, le dédoublement avec un autre joueur !
Ah ! « Le dédoublement avec un autre joueur, le décrochement ! Créer des brèches, des ouvertures, passer par les cotés » …. Qui n’a pas goûté, à l’heure des infos, à cette rhétorique étourdissante du ballon rond et de ses joueurs, forcément sublimes, comme disait Marguerite Duras en transe !
Marguerite Duras s’était prise sur le tard d’une étrange passion pour le foot, qu’elle regardait à la télé avec son marin de Gibraltar, une fois rompus tous les barrages contre le pacifique.
D’autres grands esprits se sont passionnés pour le football, quoique, comme Umberto Eco l’a fait dans « la guerre du faux », de façon plus froide et critique : « …. Le discours sur le football demande une compétence certainement pas vague, mais assez limitée, bien centrée : Il permet de prendre position, d’exprimer des opinions, de souhaiter des solutions sans risquer l’arrestation, ou le soupçon. Il n’impose pas de s’exposer personnellement, parce qu’on parle de quelque chose qui se joue à l’extérieur de la zone du pouvoir du sujet parlant. Il permet en somme de parer à la gestion de la chose publique sans toutes les angoisses, les interrogations, et les devoirs de la discussion politique… »
Umberto Eco on le voit, est bien trop labyrinthique et florentin !
Il n’aurait jamais pu faire entraîneur de foot !
Le discours d’un entraîneur de foot est beaucoup plus direct, même épuré de ces quelques injures et remontées de bretelles, qui motivent les troupes, dans le vestiaire, à la mi-temps, quand on se parle « entre hommes » :
« Le coach nous a parlé !. C’est normal qu’il remette les pendules à l’heure. Il faut qu’on retrouve nos fondamentaux, nos marques, et cette capacité de créer du mouvement de jeu, et d’aller de l’avant, en jouant sur les automatismes ! Ensuite le résultat suivra ! »
Mais bon, redescendons sur terre, c'est-à-dire assis tranquille dans les gradins du stade, entre deux hooligans qui éclusent leur bière, pendant que retentit les premiers accents de la marseillaise.
Je ne veux pas savoir comment vous êtes arrivé là !
Est-ce une erreur de casting ou de direction, inhérente à la quatrième dimension ? Ces choses là arrivent tous les jours : Bien des usagers du métro se sont retrouvés ainsi propulsés au cœur des bataille de Bir Hakeim ou de Sébastopol, attendant une rame illusoire, leur parapluie à la main, alors que les obus tombaient un peu partout autour d’eux !
Tenez-vous tranquille !
Vous n’avez que 90 minutes et quelques à tenir, en espérant que cela ne se termine pas comme au stade du Heysel, en 85. Rencontre de finale de coupe d’Europe entre Liverpool et la Juventus.
Bilan : 1 but, et 35 morts parmi le public !
Le but, inscrit sur penalty, par Michel Platini, pendant que les morts jonchaient les gradins !
« Cocorico ! »
Serrez les dents, serrez les fesses ! Quoique le silence lui aussi peut vous valoir des ennuis ! Certains énergumènes verront cela comme une insulte grave à leur mère, à leur sœur, à l’équipe surtout !
Le mieux est d’imiter le comportement de ceux qui vous entourent, de répéter leurs chants, de siffler quand ils se mettent à siffler, de lever la main quand ils la lèvent. Certains, à Nuremberg, ont pu tenir ainsi pendant cinq ans sans se faire déporter.
Je sais bien que ce n’est pas un exemple de courage, mais quand il en va de sa survie, on révise ses fondamentaux d’indignation !
Et on répète comme les autres, que l’essentiel est de se qualifier pour la prochaine coupe du monde !
Enfin, plus maintenant que c’est fait ! Tenez vous au courant, bon dieu…Ce genre de bévue peut être prise pour une provocation, et vous faire mériter une ballon jaune cousu sur la poitrine, et même la déportation.
Entraînez-vous dans la glace avant de sortir dans la rue ce matin !
Dites : « Super, on est qualifié ! »
Purée ! Un peu de conviction, tout de même !
Rien à faire, vous êtes suspect ! Pour vous en tirer, il ne vous reste plus qu’à acheter un maillot de l’équipe de France à votre gamin, et de vous balader avec, en bon père de famille, fier de sa progéniture ! Vous direz qu’il rêve de rentrer en « sport-études », un peu l’école du parti, et que vous êtes très fier de lui !
Ne pensez pas une seconde enfiler ce maillot sur vos propres épaules, frappé du numéro 10 ! Ce serait trop en faire, et mettrait la puce à l’oreille des miliciens et des voisins, qui n’arrêtent pas de shooter rageusement contre la porte en zinc de votre garage.
Sinon, profitez de l’euphorie générale pour vous tirer, en tenue kaki, dans les rues de Paris, un bonnet sur la tête pour ne pas être reconnu ! Puis demandez l’asile politique et footbalistique en Ukraine !
Mais je m’avance !
Toutes ces conseils de survie ne vous seront utiles que si vous avez pu sortir vivant du stade ! Ils vous seront encore utiles quand demain, consécutivement à un nouveau plantage divin, en gare du métro Saint-Denis, vous vous retrouverez de nouveau assis inexplicablement dans les gradins du stade du même nom !
Imaginez-vous un instant au milieu de cent étendards levés, comme une sorte d’Harry Potter éberlué !
Vous avez touché cette fois le gros lot : Bingo ! En plein milieu des ultras !
La tension monte ! Vous avez le mal de mer, et cherchez, au milieu des vagues d’une « Hola » ravageuse, quelque chose ressemblant au radeau de la méduse, alors que déjà vous prenez la tasse !
Retenez vous, bon dieu ! Evitez de vomir sur ce grand costaud qui vous regarde de temps en temps de haut, et ricane bêtement, en vidant sa kro sur votre tête.
Le pire serait que vous gerbiez au moment même où l’équipe de France vient de marquer !
Alors ce sera la tempête, force 6, le vent dans le drapeau des ultras, et les chants guerriers entonnés à cent poitrines viriles. Vous penserez à votre maman, et vous tâcherez de vous cramponner à votre vie comme vous pourrez, soulevé par quelque chose d’incroyable :« Enlevé par la foule qui traîne, nous entraîne, l’un contre l’autre, nous ne formons qu’un seul corps »
…..Plus jamais désormais vous n’entendrez la chanson d’Edith Piaf comme avant !
La tension retombe enfin….Plus qu’un quart d’heure à la montre de l’arbitre ! Regardez devant vous ! Ne croisez surtout pas le regard des autres, même si c’est pour suivre une balle à la trajectoire flottante, un peu complexe..
Seul, le ballon a le droit de faire ce genre de provocation !
C’est dingue le nombre de gens qui se font abattre d’une rafale de kalach, pour avoir manqué de respect à l’équipe, au ballon, au pays !
Manquer de respect ç’est comme ces incivilités dont vous parlent les flics, mais sur un mode à la fois bien plus mineur et plus grave, car s’attachant à la personne du supporter !
Le supporter est une icône, une incarnation transcendantale de la vérité, dont l’oméga de la pensée est le culte de la victoire ! Il voue un culte inconditionnel à saint-Zinedine, et pratique le même coup de boule en guise de signe d’appartenance religieuse.
C’est cet « archange de la vérité » dont parlait Lacan, lors d’une séminaire à l’université de Louvain, quand il se fit interpeller, lors d’un joyeux happening, par un jeune homme remettant en cause sa parole, voire sa fonction d’arbitre !
Lacan, qui était bon prince, s’en amusa, et ne sortit même pas le carton rouge !
En quoi il avait tort ! Car le mal est parti de là et a fait tache d’huile, de crachat vengeur, en crachat furieux, à l’image de ces joueurs pas avare de salive, mais faisant rarement des dribles avec leur langue.
Et voilà maintenant pourquoi votre fille est bègue, et s’est entichée d’un avant centre ombrageux, qui, fier de son jeu de jambes, s’en va en moins de deux au but !
Tout est la faute de Lacan, bien sûr !
D’ailleurs il avait caché le con de « L’origine du monde », de Courbet, dans un placard fermé à double tour, le tableau derrière un petit rideau rouge, refusant de faire entrer les supporters du PSG, avides d’art et de culture !
Comment faire confiance ensuite à ce psychanalyste, même pas entraîneur, qui prétendait dévoiler l’essence des choses, en les camouflant comme une caisse noire ?
Tout, finalement, nous ramène au foot !
Mais je veux pas prendre la tête à personne avec ces embrouilles !
Je vois bien que les regards se figent, que les poings se serrent, prêts à me décrocher un point-virgule dans la tronche !
3-0, c’est la fête ! Un score d’anthologie, comme au siècle dernier !
A moi, les féroces soldats !
Redressons les portiques, pour monter dessus
Pour défiler dessous !
Bras dessus, bras dessous,
Bonnets blancs, blancs bonnets
Bonnets bleu-blanc-rouge !
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