Du grand sens de l’irresponsabilité
J’ai fait hier soir un rêve citoyen. Celui de voir, dans quelques années, lorsque la fermeture d’Alsthom Belfort sera définitive, ressortir des oubliettes de la République où ils seront logés notre actuel Président de la République accompagné de son Premier Ministre. Ces grands hérauts de l’impuissance publique se retrouvaient à comparaître devant les magistrats de la Cour des Comptes pour utilisation dispendieuse de la dette publique. Mais ce n’était qu’un rêve….
Le chéquier de l’Elysée brûle en cette période préélectorale et n’étaient ce nos impôts qui partent en fumée, cela prêterait à sourire. Merci au Canard Enchaîné de ce jour de titrer sur l’affaire Alsthom « Hollande chef de gag ». Comment appeler autrement une subvention d’un million d’euros par emploi prolongé (et non sauvé comme se plaît à le dire Monsieur Valls) pour un matériel inadapté aux besoins des usagers. L’impéritie de nos dirigeants ne sera pas saluée par l’histoire puisque du creuset sans fond de notre dette nationale il est désormais impossible d’imputer quoi que ce soit à qui que ce soit. Combien de mauvaises décisions prises dans l’impunité la plus totale ; nous rangerons bientôt collectivement les TGV d’Alsthom aux côtés des portiques de l’écotaxe. Bien sûr je ne parle pas ici des pauvres salariés de Belfort qui subissent une politique industrielle désastreuse et qui peuvent, seuls, se réjouir d’avoir maintenu provisoirement la survie de leur bassin d’emploi. Nous ne pouvons toutefois que nous féliciter, en tant que contribuables, que la fermeture de Lejaby ait eu lieu hors contexte d’élection sinon notre Président aurait probablement, chevalier blanc de son ennemi la finance, commandé à crédit et en urgence des millions de porte jarretelles à joindre aux déclarations d’impôt.
Cette irresponsabilité publique pèse très lourd sur nos comptes ainsi que sur le moral de tous les salariés de France qui sont en train de voir leur boîte fermer et qui n’ont pas la chance d’avoir la médiatisation d’Alsthom. J’ai entendu ce matin un journaliste qui annonçait de manière péremptoire, que quel qu’ait été le bord politique d’un autre gouvernement, tous aurait pris la même décision, d’ordonner à la SNCF de passer commande.
De tout ceci, il nous faut désormais sortir. A l’aube des primaires de tout bord je propose aux candidats d’inscrire dans les textes la responsabilité individuelle des politiques qui sont comptables de fonds publics. Cela évitera peut être la construction de nouveaux ronds-points ou de salle de conférence disproportionnée. La Cour des Comptes doit pouvoir émettre des avis autres que consultatifs en amont et entraînant des saisines ainsi que des sanctions en aval de toutes décisions d’un responsable public.
Ces politiques qui sont nos employés ne doivent plus, par exemple, pouvoir impunément embaucher un coiffeur à dix mille euros par mois.
Cette irresponsabilité se retrouve dans d’autres corps constitués ou collège. Prenons par exemple les experts de tous bords, si prompts à facturer leurs services et si fuyants lorsque vient in fine le temps des comptes. Dans le privé, il est trop souvent fait appel à des sociétés de conseil au coût prohibitif, pour des restructurations hasardeuses et au bout du compte un service client dégradé. Combien d’entreprises auront vu leur carnet de commandes fondre pour avoir voulu à un instant T répondre aux sirènes du court terme. Ni responsables ni coupables…..
Parlons ensuite de la fonction publique, dont les agents sont collectivement irresponsables du service rendu. J’en veux pour preuve le temps de travail effectif dans les collectivités locales ou la durée exorbitante et la récurrence de certains congés maladie. Irresponsabilité de celui qui ne remplit pas sa mission, de son hiérarchique qui cautionne cet état de fait, du médecin qui valide l’arrêt…La seule responsabilité revient au contribuable, celle de payer la facture. De ceci aussi il faut sortir.
Nos chers enseignants, ensuite, qui conduisent une proportion de plus en plus importante de chaque classe d’âge à arriver en sixième sans savoir ni lire ni écrire ni compter.
Nos chers syndicalistes enfin qui vivent depuis si longtemps sur la bête sans être aucunement force de proposition en entreprise et qui ne représentent plus qu’eux-mêmes. Certains, assis sur le tas d’or du budget des CE ou celui de la formation professionnelle, n’ont aucune crainte de leur devenir puisque personne ne vient jamais leur présenter la facture des emplois détruits avec leur concours.
Irresponsabilité de nos magistrats qui permettent à des terroristes de circuler avec un bracelet électronique ou qui libèrent des individus dangereux pour la société par simple manque de place.
Irresponsabilité de nos journalistes qui pour certains ne vérifient jamais leurs sources et colportent de fausses informations, salissent des réputations, manipulent l’opinion, sans jamais être inquiétés après les non lieux prononcés ou les condamnations aux franc symbolique obtenues, devant les tribunaux, par les cibles de leur invective.
De tout ceci, il faut sortir et ne plus tolérer les « Tout le monde le fait » ou bien « Dans la masse cela ne se verra pas ». Les solutions existent et sont simples à mettre en œuvre.
Pour nos politiques, l’intervention de la Cour des Comptes ne saurait suffire. Il faut introduire cette notion de responsabilité à tous les étages de la fusée et interdire les discussions sans fin et les polémiques interminables. Nous devons en tant que citoyens pouvoir, chaque année, avoir un compte rendu ou un bilan financier factuel de l’action étatique ainsi que de l’action des administrations locales ; pouvoir déterminer de manière précise et incontestable si les trente-cinq heures ont créé ou non des emplois, si le dossier Alsthom a été bien géré, si nos politiques publiques contre le chômage sont cohérentes, si nous pouvons nous passer du nucléaire, si les intercommunalités ont doublonné des postes, etc etc….
Nous pourrions ainsi passer à la mise en place de véritable stratégie argumentée, bien loin des dérives partisanes et des multiples réactions à chaud.
Les experts doivent s’engager sur un résultat et ne pas être rémunérés si les objectifs ne sont pas atteints. Certaines questions ne peuvent ou ne doivent être traitées que de manière binaire, par oui ou par non. Lorsque un chantier voit son coût doubler ou tripler il faut savoir se poser les bonnes questions.
Pour la fonction publique je propose d’appliquer les mêmes règles que dans le Privé. En premier lieu faire recenser par chaque agent les tâches effectuées dans la semaine et réaffecter les « pages blanches » ou le temps inutilisé. Les besoins de la société sont criants, de la sécurité des Urgences hospitalières aux besoins des personnes âgées. En parallèle, reconnaître l’activité de ceux qui font tant avec si peu de moyens comme les greffiers près des Tribunaux ou le personnel hospitalier. Ensuite définir un contrat d’objectif individuel avec une évaluation trimestrielle et accorder une rémunération variable aux plus performants pour sortir totalement des augmentations à l’ancienneté, véritable source d’oisiveté. Un contrat d’objectif a le mérite d’être factuel et d’éviter le pistonnage familial, amical ou syndical.
L’enseignement doit revenir aux basiques de l’éducation. Les enfants ont le droit et l’obligation d’acquérir le savoir fondamental du lire écrire compter et l’enseignant a pour ce faire une obligation de résultat non négociable. On sortira peut être enfin du professeur incapable qui change de collège chaque année et plombe par son incompétence l’avenir de plusieurs classes. Ceux-là même pour lesquels les chefs d’établissement se déclarent incompétents…. « vous comprenez il ou elle est titulaire ». Permettez au parent d’élève que je suis de ne pas comprendre !
Mettons fin également au syndicalisme à vie qui éloigne tant de la réalité. Ramenons tout mandat syndical à une durée maximale de 3 ou 4 ans renouvelable une seule fois et rendons enfin les élections professionnelles obligatoires. Avec 80 % de votes blancs ou nuls il faudra alors se poser aussi la question de la représentativité.
Après le mur des cons du syndicat de la magistrature, redorons ensemble le blason de cette institution ; la justice doit disposer de moyens suffisants pour travailler sereinement et faisons en sorte en contrepartie de ne jamais laisser une personne seule prendre des décisions souvent trop rapide ou avec trop peu de recul. L’obligation de soins ou de suivi ne doit pas être négociable et la réinsertion de quelques individus ne doit pas supplanter la protection de l’intérêt général. Autrement dit, il n’est pas en prison que des innocents et la clémence ne doit jamais primer sur la dangerosité même supposée d’un individu.
Quant aux journalistes, la vérification des sources et le respect de la vie privée sont des règles incontournables. La profession gagnerait à se séparer des quelques brebis galeuses qui entachent sa réputation. De même la frontière étroite entre le journaliste et le politique devrait être rendue totalement imperméable par nos institutions autant au nom de la liberté d’informer que du devoir de sérieux inhérent à ces deux activités.
Ne nous leurrons pas, il sera impossible de réduire à néant notre irresponsabilité collective mais quelques touches de réforme de ci de là pourraient améliorer certainement le fonctionnement de notre société.
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