Du Neandertal à l’Occidental
Depuis longtemps l’être humain est hanté par l’esprit d’unicité, d’où l’idée de sens commun d’un Dieu unique, d’un Univers unique, ainsi que d’un ancêtre africain commun. D’où l’hypothèse communément acceptée, selon laquelle tous les hommes modernes descendraient d’un prototype dit sapiens/sapiens, qui aurait apparu il y a environ 200 000 ans en Afrique, et qui aurait colonisé la Terre à partir de l’année 70 000 av JC. Hypothèse connue sous le nom de Out of Africa.
Certes, il y a un point commun, en l’occurrence une cellule vivante, puis les primates, ensuite les hominides, et enfin les homininan. Néanmoins, cette continuité est manifestement plus complexe en ce qui concerne l’être humain actuel, appelé également l’homme anatomiquement moderne. Certes, cette tendance à l’unicité revêt un caractère éthique, étant également nourrie par la volonté sous-jacente de prouver une descendance récente commune africaine, afin d’atténuer le penchant pour la diversité génético-biologique. Néanmoins, la science doit rester objective, car une série d’incohérences vient à l’encontre de cette hypothèse.
Les incohérences de la théorie Out of Africa
La problématique
Il convient de préciser de l’emblée, que la distinction, puis division, entre la branche dite sapiens/sapiens (Sapiens) et la branche dite sapiens/neanderthalensis (Neandertal), reposait initialement sur l’idée d’une intelligence supérieure conférée au premier. Découvrant les traces de certaines technologies avancées, et datant d’environ 200 000 ans, les scientifiques avaient avancé l’hypothèse d’une nouvelle espèce, Sapiens, différente par son intelligence de l’ancienne espèce, le Neandertal.
Or, une série de découvertes récentes montrent que l’homme de Neandertal avait développé à son tour les techniques au gré desquelles les scientifiques avaient attribué au Sapiens cette intelligence. Ce qui remet en question toute la théorie dite Out of Africa.
En effet, la théorie selon laquelle le Sapiens africain serait l’ancêtre commun de tous les vivants actuels n’a plus des fondements scientifiques. D’une part, parce que le critère initial, en l’occurrence l’intelligence supérieure conférée au prototype Sapiens, a été démenti par les preuves archéologiques (surtout que le cerveau du Neandertal est légèrement plus volumineux que celui du Sapiens). Ensuite, parce que l’année 200 000 av JC n’est plus une référence fiable, car il repose sur cette hypothèse de supériorité intellectuelle, qui est vidée de sa substance. Enfin, et surtout, parce que l’ADN des eurasiatiques actuels diffère d’environ 3 à 4 % de l’ADN des africains actuels. Une différence qui semblerait redevable à un héritage génétique néandertalien.
Incohérences relatives à la méthodologie
Ainsi, étant donné que l’hypothèse d’une origine africaine récente commune Out of Africa, fut vidée de sa substance initiale, ses protagonistes ont opté pour l’analyse ADN, afin de la garder toujours fiable. Néanmoins, le passage par cette procédure analytique déclenche une nouvelle série d’incohérences.
Rappelons que pour réconforter cette l’hypothèse, les scientifiques partent des chromosomes X et Y portés par les populations actuelles, calculant en reculant, la date d’apparition de plus anciens chromosomes, appelées également haplogroupes. Dès lors, selon une procédure de calcul axée sur la diversité génétique (considérant qu’une mutation génétique a eu lieu tous les 4 à 5 000 ans) ils estiment que le plus ancien chromosome X (l’haplogroupe L1), serait apparu, il y 150 à 200 000 ans. Pour sa part, le plus ancien chromosome Y (l’haplogroupe A) serait apparu, il y a seulement 70 000 ans. Or, il y a manifestement une énorme différence temporaire entre l’apparition du plus ancien haplogroupe X détecté (plus récent ancêtre commun mitochondrial) et l’apparition du plus ancien haplogroupe Y détecté (plus récent ancêtre commun patrilinéaire).
Face à cette incohérence, et afin de préserver l’hypothèse initiale, les scientifiques (Fulvio Cruciani et ses collègues), ont repoussé la date d’apparition du haplogroupe A (patrilinéaire) de plus de 100 000 ans. Cependant, cet ajout énorme d’environ 100 000 ans, d’une part, prouve l’opportunisme du chercheur, et d’autre part, remet en question la fiabilité de l’expertise.
Il convient de préciser à ce propos, que toute l’ambiguïté de la théorie Out of Africa relève d’une méthodologie de travail, dite déductive. Au gré de cette procédure, les chercheurs ont posé a priori l’hypothèse de départ de l’Afrique, et ont cherché à le prouver empiriquement. Cela signifie qu’ils sont partis de l’emblée avec la conviction d’une origine récente africaine, et ont dirigé (subjectivement) toutes les recherches de manière à confirmer cette hypothèse. Car si on opte pour une méthodologie inductive (en partant des données empiriques pour tirer une conclusion) la théorie Out of Africa aurait du mal à exister.
En effet, parce que manifestement le terrain ne la confirme pas. D’une part, la méthode de calcul (qui consiste à multiplier le nombre de mutations existantes entre le plus ancien et le plus récent haplogroupe par 5 000 ans) a conduit à un décalage de plus de 100 000 ans entre l’haplogroup patrilinéaire A et l’haplogroupe mitochondrial L1, qui portant devraient être contemporains. D’autre part, il n’y a aucune preuve concrète (matérielle) d’hybridation entre les haplogroupes africaines (A, B, et E) et les haplogroupes euro-asiatiques pendant la période allant du 70 000 av JC à 40 000 av JC. Il y a uniquement des suppositions.
Or, si on accepte la stratégie de Fulvio Cruciani (reculer de 100 000 ans la datation de l’haplogroupe A), il y aura automatiquement une différence fondamentale entre l’haplogroupe A africain, qui a mis 75 000 ans avant de muter, et les haplogroupes non-africains (C à T) qui ont mis chacun seulement 5 000 ans avant de muter. Par conséquent, soit la méthodologie de calcul est complémentent fausse, soit on est en présence de deux type d’ADN différents par leur substance. Néanmoins, dans tous les deux cas, la théorie Out of Africa, est sans fondement véridique.
Incohérences relatives aux haplogroupes A et B
Un deuxième aspect signifiant qui interroge, est le fait que la plus ancienne bifurcation du chromosome Y s’est produite entre deux sous-clades de l’haplogroupe A, et non pas entre l’haplogroupe A et l’haplogroupe B. En effet, les sous-clades A1b et A1a, qui descendent de A, se sont séparés bien avant que l’haplogroupe A africain serait séparé du B africain. Ce qui suggère que B ne pouvait en aucun cas descendre de A, car cela est fondamentalement contradictoire en termes de raisonnement logique.
Du fait, l’hypothèse qui semble la plus raisonnable et la plus réaliste en termes d’effectivité, serait que l’haplogroupe A et B africains sont frères entre eux, et cousins avec d’autres A et B non-africains, l’ensemble ayant un ancêtre commun (A-1) ancien d’environ 300 à 400 000 ans, dont la séparation et la différenciation génétique a conduit à une pluralité en termes d’ancêtre récent. Evidemment, si les chercheurs n’ont pas détecté ce haplogroupe c’est parce qu’ils ne l’ont pas cherché.
Incohérences relatives aux mutations
Un troisième aspect signifiant est l’incohérence dans la chronologie des mutations. Notons que la distinction entre l’haplogroupe A et l’haplogroupe B repose sur les mutations M91 et P97. Or, dans l’haplogroupe A, le marqueur M91 consiste en une série de 8 unités de nucléobase T, tandis que dans l'haplogroupe B, ce marqueur comporte une série de 9 unités de nucléobase T.
Evidemment, pour rester dans la logique d’unicité, et pour défendre l’hypothèse de Sapiens ancêtre récent commun, les protagonistes de l’approche Out of Africa, avancent deux hypothèses pour expliquer l’incohérence relative à la mutation M91 ; soit la série de 9T serait la version originale et l’haplogroupe A aurait subi la délétion d'une nucléobase, soit la série de 8T serait la version originale et l’haplogroupe B serait un état dérivé. Néanmoins, cela semble erroné en termes de raisonnement logique, peu probable en termes d’effectivité, et surtout, cela prouve à nouveau l’opportunisme des chercheurs.
Rappelons à ce propos, que chez les chimpanzés le M91 comporte également une série de 9 unités. Par conséquent, il semble plus raisonnable que la version originale était la série de 9 unités, qui est restée préservée chez l’haplogroupe B, mais qui a changé chez l’haplogroupe A. Ce qui prouve davantage que l’haplogroupe B ne succède pas à l’haplogroupe A, mais ils sont plutôt frères, ayant un ancêtre commun.
Incohérences relatives aux haplogroupes D et E
Pour aller plus loin dans notre analyse, il convient de préciser que l'haplogroupe A (africain) réfère à un ensemble des lignages qui ne possèdent pas les marqueurs génétiques caractéristiques à l’haplogroupe B, ni aux haplogroupes du C à T (non-africains).
Cela réconforte notre hypothèse d’un ancêtre commun (A-1), plus ancien que l’haplogroupe A actuel, qui avait comme sous-clades, l’haplogroupe A et B africain, mais également des haplogroupes A et B non-africains, dont succèdent tous les haplogroupes non-africains du C à T. Cette hypothèse a le grand mérite d’expliquer la situation de l’haplogroupe DE, qui se trouve en Afrique (E) ainsi qu’en Asie de l’Est (D), mais qui est complétement absent entre les deux régions.
En principe, selon le nombre de mutations, D serait plus ancien que E. Mais la mutation M174 définissant l’haplogroupe D, étant absolument absente chez l’haplogroupe E, prouve que E (africain) n’est pas un sous-clade de D (asiatique). De plus les séquences DE diffèrent énormément d’une région à l’autre.
Dès lors, au lieu de faire des hypothèses hasardeuses d’aller-retour de populations, dont il n’y a aucune preuve archéologique, il semblerait plus rationnel d’envisager que l’haplogroupe D non-africain, d’une part, et l’haplogroupe E africain, d’autre part, descendent des deux branches C (et implicitement A et B) différentes.
Incohérences relatives à la diffusion hors Afrique
Admettons maintenant, que l’approche Out of Africa soit fiable, et que l’haplogroupe CT aurait quitté l’Afrique il y a environ 70 000 ans, devenant le plus récent ancêtre patrilinéaire commun non-africain. Néanmoins, les recherches ADN n’ont trouvé aucun vivant actuel porteur de l’haplogroupe CT. Ce qui est paradoxal, car les haplogroupes A et B, supposés plus anciens, sont encore très fréquents en Afrique. Il revient à dire, que matériellement, et scientifiquement, il n’y a aucune preuve que l’homme modern avait quitté l’Afrique il y a environ 70 000 ans, mais seulement des suppositions.
Rappelons que l’approche Out of Africa repose principalement sur des mutations génétiques semblables en termes de séquences. Rappelons également, que de par leur ancêtre commun (Neandertal) les haplogroupes africains (A, B, E) et les haplogroupes non-africains (C à T) partagent certaines similitudes de fond. Rappelons enfin, que les chercheurs sont partis avec la conviction préalable d’une diffusion de l’homme moderne depuis l’Afrique.
Dès lors, il semblerait que les protagonistes de la théorie Out of Africa ont récolté, puis fructifié, toutes les similitudes de fond pour argumenter leur hypothèse, et en passage ont dissimulé toutes les différences, et toutes les incohérences.
Cependant, étant donné l’absence effective de l’haplogroupe CT à proximité de l’Afrique (les principaux sous-clades CT se trouvent en Asie), puis étant donné que génétiquement la série C-T (non-africain) est différente des haplogroupes actuels africains (A, B et E) de par un certain pourcentage du génome Neandertal, l’hypothèse la plus probable serait que l’haplogroupe C est purement euro-asiatique. Quant à ses origines, il est fort probable qu’il découle d’un B non-africain, lui-même dérivant d’un A, visiblement porté par l’homme de Neandertal.
Incohérences relatives à l’accompagnement
Il fallait ensuite, et de manière logique, que l’haplogroupe Y CT supposé avoir quitté l’Afrique, accompagne les haplogroupe mitochondriaux X M et X N, pareillement, supposés avoir quitté l’Afrique. Cependant, on constate de l’emblée plusieurs incohérences : d’une part, l’existence de l’haplogroupe CT n’est pas prouvée scientifiquement ; ensuite, la diffusion envisagée du CT ne correspond aucunement avec la diffusion de deux haplogroupes mitochondriaux ; puis la position géographique du supposé CT, ainsi que celle de ses sous-clades C et D, ne correspond non plus avec la position géographique de deux haplogroupes mitochondriaux ; enfin, il y a une différence de 10 à 15 000 ans entre l’apparition des branches mitochondriaux non-africaines, et les branches patrilinéaires non-africaines.
Ainsi, en s’articulant, ces éléments réconfortent davantage l’hypothèse d’une origine multiple de l’homme moderne « pluralité d’ancêtre récent commun ». Cela d’autant plus, que la localisation géographiquement asymétrique entre l’haplogroupe CT (supposée région Altaï), l’haplogroupe mitochondrial M (Asie de sud) et l’haplogroupe mitochondrial N (Proche Orient), laisse clairement entrevoir qu’ils ont des origines différentes.
En somme, si on reste dans une logique tout à la fois rationnelle et scientifique, à l’image des éléments mobilisés jusqu’ici, on constate que le plus récent ancêtre commun de l’homme moderne, n’est pas l’homme qui a quitté l’Afrique il y a environ 70 000 ans.
Manifestement, notre plus récent ancêtre commun semble être plutôt le porteur d’un chromosome Y (A-1) dont le marqueur M 91 comporte 9 unités de nucléobase T, et qui aurait quitté l’Afrique il y a plus de 300 000 ans. Dès lors, il pourrait être soit Neandertal, soit une branche Sapiens-Neandertal. Même si cela n’est qu’une hypothèse, elle a le grand mérite de surmonter toutes les incohérences évoquées auparavant.
Réflexion dialectique
Admettons maintenant que l’hypothèse Out of Africa soit potentiellement fiable. Or, si on accepte cela, on accepte également que l’analyse ADN (sa pièce maîtresse actuelle) soit une méthodologie fiable, et implicitement, que les occidentaux hériteraient entre 2 à 4% du génome Neandertal, comme prouvé par l’analyse ADN. Il revient à dire, que si on se fie à ce type d’analyse il y aurait une différence de 2 à 4% entre le génome occidental et le génome africain. Ce qui constitue une différence significative, étant donné que le même pourcentage distingue l’homme de chimpanzé.
Manifestement, s’illustre ici toute la problématique de la délicate et épineuse question. Car obsédés pour prouver une origine africaine commune récente (afin de contrer les polémiques relatives aux différences physionomiques, morphologiques, puis socio-économiques) les protagonistes de la théorie Out of Africa avaient lancé une vaste campagne d’étude ADN à l’échelle planétaire. Cependant, pour leur grand désarroi, les recherches ont prouvé que les occidentaux héritent un taux d’environ 4% du génome Neandertal, les asiatiques héritent de 1 à 3%, tandis que chez les africains actuels il n’y a pas des traces d’ADN Neandertal.
Il revient à dire, qu’à l’encontre de leur intentionnalité, les défenseurs de la théorie Out of Africa, ont ravivé, puis réconforté par ces recherches, l’hypothèse d’un héritage néandertalien. Ainsi, mise en oubli depuis le milieu du 20ème siècle, la conviction d’une descendance directe du Neandertal, hante désormais à nouveau l’esprit de certains occidentaux. Surtout que maintenant ils ont des preuves scientifiques. De plus, contester ces résultats, remettrait automatiquement en question la méthodologie à base d’ADN, donc implicitement la substance de l’hypothèse Out of Africa.
En parallèle, les résultats de l’analyse ADN laissent à nouveau champs libre à l’approche physionomique et morphologique. Rappelons à ce titre, que les différences significatives (morphologiques et physionomiques) entre les hommes modernes ne relèvent pas des mutations génétiques définissant les haplogroupes. Il n’y a pas, par exemple, de fortes différences entre l’haplogroupe africain actuel A, et les haplogroupes non-africains, G, H, J. Surtout il n’y a pas de fortes différences entre deux haplogroupes successifs. En revanche, les différences les plus significatives, et les plus évoquées par les défenseurs de la pluralité, sont d’une part, celles spécifiques aux occidentaux (notamment le visage allongé) et d’autre part, celles spécifiques aux asiatiques (notamment les yeux bridés).
Evidemment, si auparavant les explications à ces différences étaient considérées scientifiquement non fondées, désormais suite à l’analyse ADN, opportunisme exige, ils trouvent les explications : les particularités physionomiques spécifiques aux occidentaux sont associées au chromosome Y I, considéré issu d’une hybridation avec Neandertal, tandis que les particularités asiatiques sont associées au chromosome Y K et à ses sous-clades (L, M, N, O, P, R, Q), supposés issus d’une hybridation avec Denisova (Neandertal asiatique).
Conclusion
En somme, bien que la série d’incohérences mobilisées dans cette introspection ne permette pas de conférer à la théorie Out of Africa une fiabilité absolue, la méthodologie utilisée a mis en lumière une différence significative entre les populations africaines et les populations non-africaines. A tort pour certains, ou à raison pour d’autres, cette différence pourrait constituer un élément de réponse à la disparité planétaire en matière d’évolution socio-historique, surtout à l’épineuse question de « décollage occidental ».
En effet, car jusqu’à présent, la particulière construction socio-historique de la société occidentale n’a pu être abordée en termes génético-biologiques, en raison d’une supposée origine africaine récente commune. Or, cela est devenu désormais possible, vu que l’hypothèse Out of Africa est loin d’être fiable, tandis qu’apparemment les occidentaux ont un ADN quoique différent, de par ce 4% du génome Neandertal. Certes, ce n’est qu’une hypothèse de travail, mais légitime à juste titre, sachant que la perspective d’une origine africaine récente commune est également une hypothèse.
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