• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Du plaisir des Dieux au plaisir des vieux (2)

Du plaisir des Dieux au plaisir des vieux (2)

Vieillesse inéluctable

Alors, une fois devenu vieux, il faut se résigner ; le fringant senior marathonien musclé aux tempes grises reste l’exception. Le sportif svelte, bronzé, bien conservé malgré ses cheveux blancs fait tout juste figure de vieil Apollon défraîchi, ce n’est pas son air fringant qui l’aidera à draguer en boite, mais le contenu de son portefeuille. Le voyage en car vers les châteaux de la Loire est pourtant bien épuisant pour les plus faibles et la dégustation du vin local avec une assiette de spécialité du patelin ne compense pas la fatigue du périple. Ils sont nombreux les vieux Ulysse, lassés d’un long voyage, même si le lieu choisi des pérégrinations ne dépasse pas Laroche-Migennes ou le Mont Saint-Michel et pour conquérir la toison velue des jeunes filles, il faut désormais sortir de très gros billets. La vieillesse se caractérise par la diminution et la limitation progressive du périmètre de déplacement qui se réduit comme peau de chagrin à la fois du fait des douleurs articulaires et de l’essoufflement, mais aussi de l’installation des routines. Les difficultés de mouvement réduisent la durée des voyages. D’abord limités à l’indispensable, les vieux se sédentarisent de plus en plus. Ils restent dans leur ville, puis leur quartier, limitant leurs déplacements au minimum. Le périmètre de mobilité se réduit comme peau de chagrin. Les sorties se bornent aux courses alimentaires, tant que les vieux possèdent encore suffisamment d’autonomie. Ce qui était jadis quotidien et facile se transforme au fil du vieillissement en véritable expédition astreignante. Certes on peut toujours trouver des guides de conseils pour apprendre à draguer avec une canne ou un dentier, mais il n’y a pas de quoi pavoiser. La description minutieuse des derniers jours d’Emmanuel Kant par Thomas de Quincey est une peinture réaliste, peu flatteuse, mais sans concession de la décrépitude et de la déchéance de quelqu’un qui fut une sommité intellectuelle universellement reconnue. Même les génies ne sont pas à l’abri la détérioration inévitable du corps et de l’esprit avec les irrémédiables maux du temps. La fin de Sartre fut pitoyable, celle de Malraux également. Jonathan Swift avait déjà abordé le sujet dans les voyages de Gulliver, quand le héros arrive à Luggnagg, l’île de l’immortalité il trouve des vieillards dans la plus extrême des souffrances, de plus en plus handicapés par les maux de l’âge et condamnés à un isolement total. L’immortalité ne pourrait nous apporter le bonheur que si elle permettait le maintien de la jeunesse, mais celle-ci n’étant pas une garantie de félicité, elle nous donnerait plus de déboires que de satisfaction. A quoi bon s’en faire pour demain quand on est immortel ? Sauf à se dire qu’il va falloir subir la même existence pour une éternité. La mort devient alors une nécessité surtout pour un hédoniste. Le pire dans la vieillesse, c’est l’isolement, la solitude. Celui qui n’a même plus la visite de ses enfants ou de ses petits-enfants, dépérit, devient de plus en plus aigri et acariâtre et n’arrive plus à communiquer. Il peut s’enfermer dans un mur de silence, incapable d’exprimer son désarroi. La dépression du vieillard est peu spectaculaire, mais elle est réelle et tragique.

Rituels, répétition des mêmes mots et phrases font que les personnes âgées se mettent progressivement à radoter. Le besoin rassurant de se retrouver en terrain connu, la peur de l’innovation évoluent vers la nécessité d’horaires fixes, de repères qui jalonnent la vie quotidienne. La gourmandise remplace petit à petit la sexualité, la crainte de la nouveauté et du changement paralyse les initiatives. A cela, la surdité, les troubles de la vue et la dégradation des capacités physiques amènent à un repli sur soi, une forme d’isolement affectif et à un égocentrisme exacerbé. Que de vieilles vivant seules devant leur poste de télévision se mettent à jacasser pire que des pies avec des inconnus lorsqu’elles sont dans le bus ou sur le lieu de leurs courses, compensant par un soliloque frénétique leur mutisme forcé par un quotidien solitaire dans un appartement devenu trop grand. Nourrir les pigeons est une bien triste compensation quand on n’a plus ni famille ni amis.

Et pourtant, pour arriver à ne pas trop déprimer son lectorat, la presse rassurante essaie de faire croire à ses acheteurs que tout va s’améliorer à cinquante ans. L’hebdomadaire Le Point ressort un des marronniers favoris de la presse et y va de son couplet dans son numéro du 10 mars 2011 avec La vie commence à 50 ans en titre de couverture illustrée d’une photo d’Inès de la Fressange, avec des pattes-d’oie, souriant malgré tout de toutes ses dents artificiellement blanchies. Se voulant rassurant avec sa courbe en U sur l’évolution du « sentiment de bien-être » , le magazine explique en long et en large que l’on a tout pour être heureux après les infâmes années de galère, de tristesse et de désespoir, celles où nous avions entre 20 et 50 ans ! Comme si la spontanéité des années de jeunesse était néfaste, un pensum à subir, et que seul(e)s les moutons encore en activité, en bonne santé avec un capital conséquent et l’assurance d’une bonne retraite pouvaient se retrouver dans ce schéma idyllique. Etre heureuse pourrait se résumer à vivre sa béatitude en s’appliquant un régime riche en fibre pour éviter la constipation et une crème anti-âge pour atténuer les rides ! Les femmes qui se croient encore des déesses alors qu’elles ne sont plus que de vieillissantes matrones ont oublié ce que chantait Juliette Gréco avec justesse et cynisme : « Si tu t’imagines fillette, fillette…  ». Finies la taille de guêpe et les cuisses de nymphe, la cellulite guette, la ride véloce, la pesante graisse, le menton triplé, le muscle avachi menacent. La taille va s’empâter, la fesse va devenir molle, c’est un aboutissement inéluctable. Alors Marquise, cueille au plus vite les roses avant que ton visage ne le permette plus.

Dans son roman, La possibilité d’une île, Michel Houellebecq décrit avec une amertume lucide les affres du vieillissement qui commencent à la cinquantaine, et même dix ans plus tôt pour les femmes qui malgré les photos retouchées de Madonna, Catherine Deneuve, Sharon Stone, Claire Chazal ou Ségolène Royal s’exposant dans les magazines féminins, savent très bien que la culotte de cheval, les pattes-d’oie, les petites rides verticales au-dessus de la lèvre supérieure, signe pathognomonique de la ménopause installée et tout un tas de petits détails vont faire qu’elles seront moins séduisantes malgré les crèmes miracles de jour et de nuit. Pour l’homme, c’est encore plus trivial, plus que la peur de ne plus bander, c’est celle d’être déclassé socialement et au niveau générationnel au profit de plus jeunes qui angoisse et intensifie le sentiment de dévalorisation. Se sentir dirigé contre son gré vers la sortie des exploits érotiques n’est pas ce qu’il y a de pire, c’est l’humiliation d’être traité de vieux beau ou de vieille taupe qui fait mal. Le regard réprobateur que l’on vous jette avec mépris et condescendance, bien que muet, fait encore plus mal. Et la sacro-sainte image du corps, encensé par les magazines ramène à sa propre image nettement moins glamour et apollinienne. Les vergetures, les rides, la bedaine, les flatulences interfèrent fâcheusement avec le potentiel de séduction. Alors, si cela est difficilement supportable avec de l’argent et la capacité qu’il donne à s’acheter de la compagnie et l’illusion du plaisir, on devine aisément ce que ce doit être la pénibilité d’être vieillissant et fauché. Il a tout compris Houellebecq, à tout âge, les droits de l’homme passent largement après les droits de la queue, mais atteints cinquante ans même si la queue n’est pas en berne, elle ne peut plus être brandie comme un étendard. La fin commence quand l’érection part en déréliction. Calvitie, bedaine, dents jaunâtres et surdité ne font pas bon ménage avec la séduction à moins de considérer que ce qu’il y a de plus beau chez un homme passé un certain âge se retrouve dans le portefeuille ou le carnet de chèque. Le stoïcisme ne peut se concevoir comme un pis-aller qu’arrivé au stade où la vieillesse est irrémédiablement installée. Il s’agit d’une ruse, d’un masque ou d’un artifice que l’on peut utiliser pour moins souffrir et s’accepter pitoyablement tel qu’on est. Le suicide est une autre solution, encore faut-il ne pas être trop diminué mentalement pour avoir encore la force psychique et physique d’y avoir recours. Camus nous assène, « Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux : c'est le suicide. », certes, mais une fois accompli, plus question de philosopher. Avant de crever misérablement dans un service de soins palliatifs, il reste l’humour amer d’un Desproges pour plaisanter sur ses métastases. Mais au bout d’un moment la chimiothérapie cesse d’être festive et matière à rigolade, surtout quand on vomit en permanence et que l’on perd ses cheveux. Tout le monde n’a pas la chance de mourir d’un cancer foudroyant, qui laisse juste le temps à quelques dernières facéties et de rédiger son testament. Dans un futur pas si lointain, où il faudra encore plus édulcorer son langage et donner dans le compassionnel, on peut imaginer un service d’assistance sexuelle à domicile mis à la disposition des personnes âgés, comme cela est déjà et prévu dans certains pays pour les handicapés. Ce service ne sera bien-sûr accessible qu’après passage obligé devant le psychologue.

La vieillesse, dernier handicap avant la mort. Quand on devient vieux, le bon goût est de passer inaperçu, de devenir transparent et de n’exister que lorsque l’on fait une donation comme pour se faire pardonner d’être encore là à s’attarder. La vieillesse, tout comme la pauvreté, est excusable jusqu’à une certaine limite ; c’est l’association des deux qui devient insupportable pour ne pas dire obscène. Vieillir c’est d’abord renoncer, abdiquer avant d’accepter avec amertume le fait d’avoir été. Bref se regarder mourir dans son miroir bien avant que les autres ne s’aperçoivent que vous êtes déjà mort. De nos jours, la seule différence avec les Vieux de Jacques Brel, c’est qu’actuellement les vieux, qualifiés hypocritement de seniors font désormais de la montgolfière, du jogging et du karaoké quand ils en ont les moyens et qu’ils tiennent encore plus ou moins debout. Mais ils restent toutefois aussi fripés, méprisés et pitoyables qu’au temps du chanteur du plat pays. Celui qui est capable de mourir en prononçant le prénom de l’être aimé une dernière fois doit avoir la lucidité d’accepter qu’il a probablement été cocu. Le dernier mot concernant la vieillesse, la jouissance et la mort, il faudrait le laisser encore une fois à Jacques Brel : « Mourir, la belle affaire, mais vieillir ! ». Brel aimait la vie au point d’avoir contracté un opportun mauvais cancer pour s’éviter de vieillir, peut-on lui donner tort ? L’angoisse individuelle créée par la mort peut se résumer à une fin du monde personnelle indéfiniment répétée au décès de chaque individu. Et selon son tempérament l’homme est en droit de penser « que la fête continue pour les autres et sans moi », « Après moi le déluge » ou « Tout est consommé ». Tout le monde a conscience que la pièce va continuer à se jouer sans vous, que le film n’est pas fini, mais vous ne serez plus là pour en profiter ou subir le scénario. Abandonner la partie en cours de jeu est d’autant plus désagréable quand on a encore de bonnes cartes en main, dans le cas contraire, cela peut être un soulagement, si ce n’est une délivrance. Sinon, le chemin de la sagesse consiste à accepter son âge, mais ce chemin est aussi celui du renoncement et de la défaite.


Moyenne des avis sur cet article :  4.14/5   (14 votes)




Réagissez à l'article

27 réactions à cet article    


  • Georges Yang 24 janvier 2012 10:54

    PS

    Le dernier numéro de Marianne :

    Vivre jusqu’à 150 ans, les chercheurs sont prèts

    On se rapproche de l’horreur décrite par Swift, est-ce bien raisonnable ?


    • SlipenFer 24 janvier 2012 11:45

      salut doc Yang....2 Bon textes

      La possession d’arme de poing (8mm ou +) devrait- être autorisé pour
      les vieux. smiley (sauf Alzheimer).

      sinon tu fait l’impasse sur la spiritualité (pour ceux qui en possède une)

      Pays Global de la Paix Mondiale
      c’est un vieux qui à lancé l’affaire.....(comme quoi)

      tu ne parles pas non plus du tantrisme ex:Osho (Bhagwan Shree Rajneesh)
      Des super baiseurs ceux-là,leur histoire de secte et de cul n’a pas plus à tout le monde
      et la C.I.A lui à collé le train un moment,c’est con il aurai eu un compte mégaupload en+
      c’était foutu.....le vieux nikeur est en inde je croit .

      Vous êtes vieux... devez Gourou .. smiley 



      • Georges Yang 24 janvier 2012 11:58

        Un vieux baiseur indien reste un vieux, suffisament intelligent pour profiter de son influence pour tirer un coup


      • kitamissa kitamissa 24 janvier 2012 12:04

        Je me suis bien marré avec l’article....


        ben oui, c’est vrai, je vais sur mes 70 balais, ( je sors d’une délicate opération) sinon, je vais reprendre mes activités sportives dans quelque mois , le temps de la cicatrisation totale....

        cyclisme ( pas le tour du pâté de maisons, le vrai avec une sortie minimum de 60 bornes et plus )

        de la musculation pour conserver la haut du corps encore ferme ( j’ai un banc complet chez moi ) 

        evidemment, les perfs ne sont plus là , je ne pousse même plus la moitié de ce que développais encore il y a vingt ans de celà .....

        la randonnée, ça j’ai repris à petite dose.....

        une nourriture saine et équilibrée, et le moral jusqu’au bout .....

        alors bien sûr, le corps change, on prend quelques médicaments parce que les fonctions vitales ont besoin d’une béquille pour fonctionner normalement , mais on accepte de vieillir, c’est la seule justice sur terre, ça et la mort !

        alors on essaie de penser à autre chose, on voit des copains partir parce que la maladie est parfois la gagnante , mais bon.....il faut bien mourir un jour !....

        le désir et la drague ? normalement, même à un certain âge on bande encore au réveil, bien sûr, c’est moins flamboyant qu’à 30 piges mais on est encore content que Paupaul soit encore au garde à vous !...

        la fatigue ? non ..pas encore .....on recherche un peu plus de confort, c’est vrai, j’avais une bagnole sportive, je m’en suis séparé pour un gros modèle confortable avant tout , je soigne mes vertèbres et mon postérieur .....

        les cheveux gris ou blancs, il parait que ça rend bien avec les yeux clairs ( c’est mon cas ) alors tout baigne .....

        la toison des jeunes filles payée à prix fort ? pour l’instant j’ai ce qu’il faut à la maison , donc pas besoin de sortir la carte gold ......

        et puis après tout, je sais bien que dans 10 ou 15 ans, il faudra lorgner vers le trou final, même pas, j’ai choisi la crémation , libre jusqu’au bout ! 

        • Georges Yang 24 janvier 2012 12:47

          Vous êtes un chanceux, mais reconnaissez que beaucoup de vieux sont hélas comme ceux que je décris, ils ne sont pas coupables, mais victimes

          Victimes quelquefoisd très chiantes, il faut l’avouer


        • lulupipistrelle 24 janvier 2012 15:09

          @kitamissa... vous avez bien de la chance pour ne rencontrer la maladie, les opérations, et l’amoindrissement qu’à 70 ans. Et en plus vous êtes seulement convalescent... dans quelques semaines il n’ y paraîtra plus.


        • La râleuse La râleuse 24 janvier 2012 16:08

          Bonjour kitamissa,

          Tout comme vous imminente septuagénaire, et fière d’avoir conservé une tête bien équilibrée sur un corps qui reste plaisant en récompense de moult efforts pour obtenir ce résultat, je suis contente de vous lire et de voir que, vous non plus, vous n’entrez pas dans le moule où cherche à nous incorporer monsieur Yang.

          Cordialement,


        • kitamissa kitamissa 24 janvier 2012 18:56

          Bonsoir Râleuse ....


          ça me fait plaisir de vous lire ....on voudrait déjà nous mettre à la casse ou au moins dans l’antichambre du voyage sans retour !

          et en plus il parait que nous sommes chiants !

          je ne sais pas qui côtoie l’auteur, mais je connais des gens de 90 ans qui ont encore des projets !

          ma belle mère, femme dynamique plusieurs fois veuve, s’était remariée à plus de 70 ans, une vraie dévoreuse de bonshommes , ma femme a beaucoup d’amies de nos âges veuves ou divorcées qui recherchent encore l’âme soeur parce qu’elles ont des projets d’avenir....

          l’âge officiel ne veut rien dire, tout est dans la tête, dans la mienne j’ai encore 30 ans, mon épouse également .....

          pour la petite histoire, j’avais fait connaissance d’un Monsieur qui fêtait ses 100 ans, 75 ans maximum d’allure, bien droit, frais comme un gardon, avec une copine de 93 ans !......

          je ne le vois plus depuis quelques temps, ne me rendant plus dans son village, mais je suppose qu’il est encore de ce monde !....

          l’essentiel, c’est d’essayer de faire que chaque jour en soit un nouveau, que l’on trouve le moyen de le remplir comme on a envie, et qu’on ne s’emmerde pas avec les petits tracas que l’on peut rencontrer !

          au fait, rejoignez nous sur Sénior Evasion, c’est plein de « vieux et de vieilles » qui ont encore envie de croquer la vie à pleine dents !

          Bien à vous .

        • velosolex velosolex 24 janvier 2012 12:22

          Le dernier volet de vos articles traitera t’il de la convention obsèque, et de l’attentisme des héritiers ?

          C’est pas mauvais de rappeler un peu aux gens que le temps ne travaille pas forcément pour eux, et que les champs de fraises à cueillir, une fois qu’ils seront en retraite, ne sont qu’une belle promesse semblable à celle des lendemains qui chantent.

          Car évidemment ce mythe qui ressemble un peu à celui de l’éternelle jeunesse, auquel on voudrait bien admettre juste un peu les temples grises, est entretenu par un tout un réseau commercial, d’assurances, de placement, de soins en tous genres. Un marché basé sur la peur, qui ne dit pas son nom, et qui dans un premier temps, travaillera à vous convaincre de la gravité du problème, et de leur compétence à vous assister.

          « En avoir ou pas ? »

          "Qu’aurez vous quand l’age de la retraite aura sonné ?" On interpelle sur le mode de la peur les séniors en peu de perte de vitesse et de déclassement. Le troisième age voir le quatrième sont devenus de sacré marchés. On ne vend pas ces camping-car monstrueux à des jeunes couples au RSA !

          Dans le monde d’hier, Stephan Zweig parle de sa jeunesse à Vienne, de son père, banquier, qu’il a toujours connu marchant avec une canne, pourvue d’une canne, même quand il était jeune et en pleine forme. Les valeurs à l’époque prônaient en effet la pondérance, la réserve, la sagacité, et tous les notables étaient pressés d’entretenir un petit bedon rassurant, symbolisant la réussite et la bonhommie.

          Nous sommes tous donc des animaux sociaux. Ce qui est nouveau, c’est effectivement ce marché du troisième age, bien compréhensible en réalité économique, dans le sens où ce sont qui ont le fric. Du moins pour le moment....

           Plus question de se laisser aller. Les images ne sont plus celles d’un grand père pêchant en bordure de rivière, ou d’un mamy tricotant, mais celle d’un aïeul toujours bondissant, au sourire toujours tendu, posant toujours la même question aux plus jeunes, inquiet malgré tout de la réponse : « Savez vous l’age que j’ai ? »

          Bien avant que Shakespeare n’écrive le roi Lear, on connait bien le naufrage que peut être la vieillesse, surtout quand il affecte, comme dans cette pièce, un homme qui en dépit de ses manques, veut continuer à rester à la barre. Deux filles méprisables qui le flattent, honteusement, avec un cynisme sans nom. Une troisième, aimante, qui l’aide et tente de lui ouvrir les yeux !
          A qui croyez vous il accorde de l’intérêt ?
          Qui va t’il renier ?
          Cette farce à la sauce Bettancourt aura fait rire la France tout autant qu’elle l’aura dépitée

          Etre un temps soi peu objectif devant les évolutions du temps, ce n’est pas du pessimisme. Ca ne sert à rien de se croire plus malin que le temps qui nous travaille tous, dés la première heure de notre vie. Tout se transforme, même le regard, et les rides ne sont laides qu’ à ceux qui ne peuvent les supporter, voyant en eux des stigmates de la mort.

          Mais« les vieux » de Brel, et les écrits se Houellebecq ne sont là que pour attester du génie créatif, mais aussi des névroses qui nous travaillent tous.

          Le temps n’est pas qu’une chose négative.

          L’expérience n’est pas un mot vain, autant que le plaisir de la transmission et du passage de relai. Il reste toujours de nouvelles choses à apprendre, de nouvelles choses à découvrir, pourvu qu’on garde sa capacité de regard et d’émerveillement de s’émouvoir,et de rire,

          des autres autant que de nous même.


          • Georges Yang 24 janvier 2012 12:50

            Merci pour ce commentaire pondéré

            Le pire est la trilogie vieillesse - pauvreté - maladie


          • La râleuse La râleuse 24 janvier 2012 16:29

            Cher Monsieur Georges Yang,

            Vous dites : « ... constater en permanence autour de vous, lors de vos passages en France... » les observations qui font l’objet de votre article.
            Ce qui m’amène à supposer que vos séjours doivent être bien brefs sinon vous auriez connaissance de ces seniors bénévoles pour des associations caritatives ou de ceux qui se portent volontaires pour assister des jeunes en difficultés scolaires.
            Des séjours plus longs vous auraient permis de rencontrer des seniors sportifs capables de scores parfois bien meilleurs que ceux d’individus plus jeunes.

            Ces vieux que vous décrivez, sont ils des patients que vous soignez ou des personnes que vous apercevez en divers endroits autres qu’un cabinet médical ?
            Et si vous les apercevez dans ce dernier contexte, comment pouvez vous être certain que ces dames et ces messieurs à qui vous attribuez, au vu de leur physique, des âges canoniques de 60 ou 70 ans ne sont pas âgés de 80 ou 90 ans ?

            Enfin, sans acrimonie aucune, quand je lis votre commentaire : « Victimes quelquefois très chiantes, il faut l’avouer », je m’interroge de savoir si vous avez encore vos parents et si tel est le cas, si vous leur avez donné à lire votre article.

            Avec mes salutations parkinsoniennes smiley


            • Dolores 24 janvier 2012 18:41

              @ Georges Yang

              Nous sommes tous mortels et à peine au berceau nous avons inéluctablement un pied dans la tombe.
              Vous savez, j’imagine, qu’après 25 ans nous sommes tous sur la pente descendante. Ça ne fait que s’accélérer ensuite. Devrait-on se suicider à ce moment-là pour conserver une éternelle jeunesse ?
              Si vous avez réellement 60 ans, vous êtes pire qu’un jeune sot arrogant qui croit qu’il ne vieillira jamais, vous appartenez à cette catégorie d’individus qui accorde plus d’importance au « paraître » qu’à « l’être ».
              Moi, ce que j’abomine ce sont ces personnes de trente cinq/quarante ans qui passent leur temps devant un miroir à guetter la ridule et qui vont courir se faire injecter du botox ou avoir recours à la chirurgie, cédant aux critères ressassés par la pub et par une société de consommation qui exalte la jeunesse et qui pourtant la méprise.
              Vous ne semblez voir que laideur dans la vieillesse,mais il y en a autant chez des gens jeunes !
              Le jeunisme est devenu une maladie sociale. Cherchez donc plutôt la beauté des vieillards. Les rides peuvent cacher des trésors que vous ne soupçonnez même pas.
              Accepter l’inéluctable donne plus de sérénité que la course à la jeunesse perdue d’avance !
              Vous même, à l’âge que vous avez et selon votre description des personnes âgées et selon vos propres critères, ne devez pas être très ragoutant.
              Mais je suppose que malgré votre âge, vous pensez être l’exception et que votre apparence et vos forces sont les même qu’à 20 ans.
              Donc continuez à dénigrer une catégorie de personnes, à laquelle vous appartenez, pour continuer à croire que vous n’en faites pas partie !


              • antonio 24 janvier 2012 19:01

                Regarder devant toujours...

                David Lodge : « La vie en sourdine » :roman qui narre les mésaventure d’un professeur de fac en
                retraite avec ses prothèses auditives : désopilant !

                Dernièrement, à un monsieur que je savais un peu sourd et qui me demandait de répéter, je n’ai pu m’empêcher de demander : « Mais pourquoi ne vous faites-vous pas appareiller ? » Et lui de me répondre : « Mais je suis déjà appareillé ! ». . . . . . . . . .


                • Georges Yang 24 janvier 2012 20:25

                  A tous

                  Je ne dis pâs que tous les vieux sont chiants, mais certains le sont, c’est indéniable

                  Je peux avoir de l’affection pôur des proches âgés, mais c’est bien triste de les voir se dégraderinéluctablement

                  Je sus encore en forme, mais l’avenir est inquiètant quand je regarde autour de moi

                  Quant aux gens attrayants, vifs, facétieux de plus de 60 ans, l y en a mais beaucoup sont pitoyables et pathétiques


                  • SATURNE SATURNE 24 janvier 2012 20:29

                    Allez-y doucement, Georges..
                    Vous allez nous désespérer tout le fan club 3 eme âge d’Agoravox...
                    Et ça doit faire dans les 2/3 du lectorat.
                    Et alors, quand ils se seront pendus à leur souris d’ordi, ou mis les doigts dans l’imprimante, arraché la prostate dans leur Mac, qui lira vos articles, hein ?
                    Vous y avez pensé ?


                    • Vipère Vipère 24 janvier 2012 20:49

                      Bonsoir à tous


                      Si nous ne devions jamais mourrir, la vie aurait-elle un sens ? 




                       


                      • nadou 24 janvier 2012 21:47

                        quel drôle d’article.Déjà à 50 ans on serait déjà out, moche. ridée ; la taille épaisse. ?.Que des préjugés !
                        Dans d’autres cultures, l’avancée en âge n’est pas vécue, et représentée de façon aussi pitoyable. Et les personnes vieillissent effectivement mieux quand on leur accorde la place qu’elles méritent.
                        Quand on voir un comique comme Guy Bedos par exemple, encore très séduisant, avec du charme, de la pertinence, du dynamisme que pourraient lui envier beaucoup de jeunes, on se dit que bien vieillir est possible.
                        Certains s’embellissent avec la maturité (par ex julien Clerc)
                        A travers vos affirmations sur les personnes avançant en âge, on entend aussi l’inverse : quand on est jeune , on serait beau, mince, en bonne santé, pas chiant.. C’est encore à voir.
                        C’est comme l’axe du bien et du mal, celui des jeunes et vieux, des gros des minces, des chiants et des sympas... heureusement, le monde n’est pas aussi simple ....
                        « Raisonner » le monde ainsi est dangereux.. 
                         


                        • Georges Yang 24 janvier 2012 21:59

                          Il faut tout juste rester lucide, on peut espèrer rester digne, mais la déchéance est fréquente


                        • loco 24 janvier 2012 22:04

                           Bonsoir,
                           A vous lire, je comprends que le bonheur de l’homme serait de courir à l’inverse de son chien, c’est à dire derrière et non devant sa queue. Et que cette cruelle nécessité le condamnerait à consumer son temps, sa vie, dans des débordements d’activité, de nature sportive particulièrement.
                           Rassurez-vous, mon cher, la surdité est souvent un bonheur dans ces temps où l’air ambiant charrie des avalanches de conneries. Et d’excellents auteurs ont transmis l’art du « voyage autour de ma chambre », exercice souvent plus riche que les touristeries bêlantes.
                          Enfin, pour ce qui est des cocus, c’est rarement que leurs appendices frontaux attendent la chute de leurs cheveux pour se développer, et ils savoureront avec délices, au guéridon de leur bistrot, le supplice du prétendant obligé d’écouter le babil de la dinde dont il compte faire les délices de sa soirée.
                           Allons, dans la douceur d’un soir, en refermant ce livre qu’enfin le temps vous a été donné de lire en entier sans être dérangé, vous sourirez au souvenir de votre article....


                          • Sacotin Sacotin 25 janvier 2012 00:03

                            L’article me fait penser au « Vieux » de Jacques Brel (terrible...), à la chanson de Louis Chedid « Ainsi soit-il ». Un bouquin intéressant : « La vieillesse » de Simone de Beauvoir. A relire.

                            Et Cioran ? Il a laissé la mort venir au lieu de se l’infliger. Bizarre, non ? 






                            • Vipère Vipère 25 janvier 2012 14:43

                              Georges Yang

                              Vous êtes un billeux !

                              Et si tout ce que vous redoutez n’arrivera pas et que vous fassiez partie, à un âge avancé ? des personnes qui auront conservé leurs facultés mentales et intellectuelles, toutes leurs aptitudes physiques ? de mon point de vue, àvoir 60 ans aujourd’hui, ce n’est pas être un vieillard ! 

                              Dire qu’au moyen âge, à 30 ans l’on était vieux ! tant les conditions de vie étaient dures et aléatoires.

                              Des acteurs américains « séniors » tournent encore d’excellents films et l’on paie sa place, ou un DVD, non pas pour un chiffre inscrit sur leur acte de naissance, mais pour leurs permorfances d’acteurs !

                              J’adore les westerns et je trouve que John Wayne était encore mieux dans sa maturité, bien que n’ayant plus l’usage d’un bras pour monter à cheval !

                              Et ils sont légion, Richard Gere, John Malcovitch, etc...


                              • Georges Yang 25 janvier 2012 14:50

                                Anxieux, certes car j’azi atteint le début de la fin

                                Jane Fonda est pimpante à 74 ans, mais au prix de coiffeur, de maquillage, de chirugie et de photos retouchées, et mêmme si elle parait moins que son âge, elle reste une exception, il suffit de regarder les vieilles dans le bus

                                Pour les hommes, c’est la dignité qui en prend un coup en vieillissant, l’argent ne peut pas tout acheter, le pire disait Reiser n’est pas d’être vieux et môche, c’est de l’être avec une femme qui l’est aussi


                              • Francis, agnotologue JL1 25 janvier 2012 15:20

                                « il suffit de regarder les vieilles dans le bus » (GY)

                                Hoho ! Vous leur demandez leur âge ?


                              • Georges Yang 25 janvier 2012 15:24

                                Plus elles sont décaties, plus elles le claironnent !


                              • Francis, agnotologue JL1 25 janvier 2012 17:57

                                Pas faux !


                              • Dolores 25 janvier 2012 18:31

                                Autrement dit ; pendez-les toutes et tous après 50 ans.
                                Ils n’offriront plus ce spectacle que vous jugez affligeant.
                                Mais vous ferez parti du lot.
                                Vous ne vous en apercevez peut-être pas, mais vous radotez : 2 articles pour dire votre haine des vieux, c’est trop pour une personne sensée !
                                Vous n’êtes intellectuellement pas en si bonne forme que vous le pensez.
                                Vous êtes monomaniaque et votre déchéance est là.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès