Du rapport entre les « islamistes », le covid et Greta Thunberg
Le transport est la continuation de la production notait Marx. En effet, l'économie repose sur les flux logistiques : il faut amener des machines sur un terrain pour extraire des matières premières brutes, les amener à une usine de transformation, les transporter vers une autre usine qui en fera des produits de consommation, puis acheminer ces marchandises vers un lieu de distribution, d'où il sera encore transporté vers le lieu de consommation. toutes ces étapes sous-entendent qu'il a fallu aussi apporter les travailleurs vers leur lieu de travail, ou s'ils sont sur place, leur fournir -transporter- les subsistances nécessaires à la reproduction de leur force de travail, ainsi que l'énergie nécessaire aux machines.
Or, dans l'union européenne, la part du pétrole dans les transports, de biens ou de personnes, représente environ 95% [1]. Cet ordre de grandeur est comparable à très peu près dans le monde entier. Pour donner une idée des rapports entre énergies, la part de l'électricité dans les transports de l'U-E est de ... 0,5%, majoritairement le train électrifié.
Très concrètement, l'économie mondiale moderne repose sur une ressource clef : le pétrole. L'économiste vulgaire voit souvent le pétrole comme une simple « commodity », une matière première parmi les autres, dont la valeur se fixe par un marché d'offre et de demande. Or, sans pétrole, pas d'économie. Si le pétrole représente par exemple 3% des dépenses d'un pays, il soutient 96% de son économie. Coupez le robinet, les 3%, tout le reste s'effondre. Raisonner autrement revient à dire : « le sang représente 3% de la masse corporelle, retirez-le d'un corps, il sera à 97% de ses capacités ».
Il faut immédiatement battre en brèche quelques idées reçues concernant les alternatives au pétrole : il n'y en a pas. Ce n'est pas une idéologie ou une opinion, c'est la physique qui le dit. Le diagramme suivant illustre cette assertion :
Les énergies qui condensent l'optimal en matière de poids et de volume sont sur la diagonale, ni en haut à gauche, ni en bas à droite, et encore moins en bas à gauche. A part quelques produits exotiques et inexploitables, les sous-produits du pétrole dominent. À poids et volume équivalent, rien ne délivre autant d'énergie convertible en motricité.
Mais le diagramme est encore incomplet pour décrire la suprématie du pétrole sur les autres sources d’énergie. Contrairement au « dernier de la classe », l'accumulateur électrique (la batterie) le plus efficace, le fameux lithium-ion, le pétrole ne nécessite pas de processus de fabrication en amont. Il est extrait du sous-sol. Seule son extraction nécessite un processus industriel. Les terres rares qui font les batteries, tout comme les aimants des éoliennes ou les panneaux photovoltaïques, nécessitent des dizaines de procédés de fabrication, gloutons en énergie -principalement fossile-, et des centaines de procédés amont pour fournir les produits chimiques d'extraction et de raffinage de leurs matières premières, ainsi que des machineries complexes. Pour finalement fournir un rapport poids/énergie minable.
Les pétroles dits non conventionnels (sables bitumineux, pétrole de roche-mère) ou les carburants de synthèse ont la même tare, les procédés industriels nécessaires à l'obtention du produit fini sont complexes, énergivores, et la rentabilité énergétique finale est extrêmement faible.
Le cas des agro-carburants est similaire. Parcourez la France, vue de l'espace, tout ou presque du territoire est déjà cultivé. Une production accrue de végétaux destinée aux agro-carburants signifie une concurrence directe avec les cultures actuelles. D'autre part, l'agro-industrie française est certainement la plus chimique du monde et totalement mécanisée, corollaire de sa place dans les rendements au m² les plus hauts au monde. L'industrie chimique qui la soutient est grosse consommatrice d'énergie. Un cas d'école historique, de laboratoire même, étant donné la position particulière de ce pays, est celui de la Corée du Nord dans les années 1990. Son agriculture était fortement industrialisée. L'arrêt des fournitures de pétrole par l'URSS en décomposition a entraîné... la famine. La production s'est effondrée, par manque de fertilisants et d'énergie pour les machines.
Pas d'alternative connue au pétrole. L'électricité n'est tout simplement pas transportable de manière autonome, sans un réseau extrêmement coûteux en infrastructure et logiquement limité dans l'espace. Comment allez-vous alimenter un avion en vol ou un camion qui circule, l'électricité n'étant pas stockable de manière efficace ? Le pétrole cumule les qualités du rapport poids/énergie, volume/énergie, est facilement transportable sous sa forme liquide, facilement stockable, sans compression, et disponible dans la nature, sans processus industriels lourds. Jackpot.
La question qui se pose maintenant est celle des réserves de pétrole. Le quidam mal informé (et qui peut-être cherche à se rassurer) vous sortira le couplet des éternelles « 40 ans de réserves ». La presse n'est pas d'un grand secours dans ce registre. Un article de presse récent « Pétrole : inauguration d'un méga gisement au large des côtes norvégiennes ». Quelle réserve dans ce « méga gisement » ?
« Les réserves sont estimées à 2,7 milliards de barils… C’est tout simplement la plus grande découverte faite ces trente dernières années en mer du Nord ».
Relativisons tout de suite l'enthousiasme du journaliste, en voyant l'état des découvertes dans le temps :
Dans la décennie 1960, c'est 500 milliards de barils qui ont été découverts, principalement au Moyen-orient. Une moyenne par an frisant les 50 milliards de barils. En chute permanente depuis. Le « méga gisement » perd de ses couleurs... L'extraction et la demande n'ont cessé de croître avec le temps, poussées par ce qu'on nomme les pays « émergents ».
Quid de l'état des réserves des gros producteurs ? Bien malin qui peu le dire. Le cartel de l'OPEP, dans ses règles de fonctionnement, attribue un quota de production en fonction des réserves déclarées. Or, les pays producteurs sont majoritairement dépendants de leurs exportations pour leur budget étatique.
Et le miracle advint : quelle que soit leur production, leurs réserves ne baissent jamais, sont toujours adaptées à leur besoin de fonctionnement, sans qu'aucune découverte majeure n'ait été faite. Pour rassurer, on parle de réserves « prouvées », mais prouvées uniquement par la « bonne foi » de l'émetteur du chiffre, qui n'a aucunement besoin d'argumenter ses assertions.
30 milliards de barils qataris brûlent lors de la première guerre du golfe ? Aucun problème, les réserves ne baissent pas... L'artifice comptable compense.
Autre tour de passe-passe, mélanger le pétrole facilement extractible du pétrole non conventionnel, tout cela c'est du pétrole non ? Sauf que pour exploiter les gisements « merdiques », le rendement réel sera diminué au mieux des 3/4. C'est le cas des « formidables » réserves vénézuéliennes. L'effort et la consommation d'énergie nécessaire à l'exploitation de ces gisements par transformation, réchauffage et infrastructure se solde par un bilan énergétique tout juste rentable.
Vient le concept de pic pétrolier. Le pic pétrolier, c'est quand la production n'est plus capable de suivre l'augmentation de la demande, et condamne la disponibilité en pétrole à décroître progressivement et irrémédiablement. Si on veut bien admettre qu'il est là, on comprend bien mieux les grandes manœuvres de ces derniers temps, et en venir à la conclusion de l'article reflétée dans son titre.
Le point commun entre tous les événements majeurs de la dernière décennie, psychose écologiste du climat et du CO2, psychose du terrorisme « islamique », et désormais psychose sanitaire, c'est le pétrole. Les mesures dites sanitaires, ou celles qui découlent de l'écologisme, sont concrètement une économie de pétrole : télétravail, déplacements limités, mort du transport aérien de masse et autres taxes carbones. Le maintien du désordre dans le Moyen-Orient, la destruction systématique des états ayant des velléités d'indépendance, premier facteur de terrorisme, tout cela est organisé par les puissances occidentales, à l'endroit du monde qui comporte les réserves pétrolières les plus abondantes et facilement exploitables.
« Déstabilisation » du Venezuela, de l'Afrique. Ne croyez pas que l'armée française opère dans la bande sahélienne pour apporter la paix. C'est tout le contraire : ils sont là-bas pour maintenir le chaos, maintenir des hommes de paille dans des états fantoches, empêcher qu'un état souverain émerge, et garder le contrôle des ressources. Penser qu'on ne soit pas capable d'endiguer le flot d'armes et de munitions qui tombent aux mains des « islamistes » relève du délire, en particulier dans des zones éloignées de tout centre de production, et avec les moyens d'observation et de renseignement dont on dispose.
Avant de « penser printemps », pensez pétrole, vous verrez qu'on comprend bien mieux le monde et ses transformations.
[1] (Fig.4) https://www.eea.europa.eu/data-and-maps/indicators/transport-final-energy-consumption-by-mode/assessment-10
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