Du refus des évidences
La logique du pouvoir est étrange. Nos dirigeants souhaitent imposer à des millions de personnes l’austérité et la charge du remboursement de la dette. Alors que la richesse est concentrée dans les mains de quelques milliers de personnes. Paradoxe ou manque de couilles, la question est alors de savoir :
Pourquoi nos gouvernements pensent-ils qu’il est plus simple d’imposer sa loi à des milliards de citoyens plutôt qu’à quelques milliers ?
Cette question met en évidence un comportement irrationnel qui peut trouver ses racines bien plus loin qu’on ne l’imagine.
Des exemples incohérents de politique d’austérité sont légion.
En Grèce, l’église et les armateurs ne sont pas, ou très peu imposés. Alors que l’un est le premier propriétaire terrien du pays et l’autre à la tête de la première flotte marchande du monde. Pourtant dans le même temps le seuil d’imposition minimum est abaissé à 5000 € pour le reste du peuple grec. Pourquoi ?
En France, depuis 2008 l’État français a injecté des dizaines de milliards dans les banques, dont 6 milliards rien que pour Dexia. Alors que l’association les Enfants de Don Quichotte s’est toujours vu refuser son plan Marshall du logement pour arrêter la mort de milliers de sans-abri. Pourquoi ?
Aux USA, au cours du second trimestre 2012 les banques ont annoncé une hausse des bénéfices de 20 % soit plus de 35 milliards de dollars gagnés durant la période d’avril à juin. Et depuis 2007, plus de 4 millions de maisons ont été saisies. Pourquoi ?
En Angleterre, les entreprises et les plus grosses fortunes du pays ont vu leur taux d’imposition baisser grâce au gouvernement de David Cameron. Et dans le même temps, on demande aux chômeurs de longue durée de travailler gratuitement. Pourquoi ?
En Italie, les riches qui ont pratiqué l’évasion fiscale pendant des années ont pu bénéficier d’une amnistie fiscale. Alors que le gouvernement Monti prévoit une coupe de plus d’un milliard dans le budget de la santé. Pourquoi ?
En Espagne, le PDG de Zara, Amancio Ortega, est devenu l’homme le plus riche d’Europe avec une fortune de 38 milliards de dollars. Au même moment, une mère de famille de 44 ans vend tout organe non vital de son corps, à savoir la cornée des yeux, un de ses poumons et un morceau de foie. « C’est tout ce que je possède », a-t-elle déclaré. Pourquoi ?
Dans tous les pays de l’OCDE, aucune régulation forte du secteur bancaire, aucune taxe sur les transactions financières. La politique d’austérité s’applique aux peuples, mais pas à ceux qui ont l’argent. Pourquoi ?
La compétitivité ? La peur de tuer la relance ? Ou simplement un manque de discernement.
Ces exemples montrent l’incompétence de nos politiques. Ils nous disent : nous avons besoin de réduire les déficits, mais nous ne toucherons pas à ceux qui possèdent l’argent. Pourquoi ?
Sûrement parce que ceux qui ont l’argent, ce sont ceux qui ont également le pouvoir.
L’évidence est que nous sommes gouvernés par des riches qui refusent obstinément de se séparer de leur fortune.
Cette obstination n’est pas nouvelle et se retrouve dans l’histoire notamment lors du déclin de l’Empire romain d’occident.
Lors du déclin de l’Empire romain, après le IIIe siècle, l’impôt n’est pas fonction du revenu, mais c’est une somme demandée par l’empereur. L’Empire est séparé en plusieurs provinces. Par exemple, il est demandé à la Gaule de payer 100 000 deniers. Il est donc nécessaire aux administrations de Gaule, les curies, de trouver cette somme à tout prix !
Le seul problème dans ce système c’est que la population de Gaule n’est pas nécessairement en mesure de payer ces 100 000 deniers sans compter qu’à l’époque les guerres et les crises économiques obligent l’empereur à en demander toujours plus. L’impôt devient alors un vrai racket, les maisons sont vidées de leurs richesses, elles sont même saisies, les fermes se vident de leur élevage et de leur blé. Les populations rurales sont alors obligées de s’exiler dans les villes pour survivre. Les citoyens romains incapables de payer l’impôt sont emprisonnés, voire exécutés.
À tel point que l’état se retourne contre les curiales, les agents de l’impôt. Mais ils restent incapables de trouver de nouvelles recettes, ils fuient alors leur fonction. Soit en s’engageant dans de nouvelles administrations, soit en s’engageant dans l’armée, soit en désertant dans les forêts et autres terres barbares.
Alors que les richesses sont concentrées dans les temples, et dans les mains des grands propriétaires. Les empereurs ont peur pour leur tête et n’osent pas s’attaquer aux puissants latifundia des patriciens, et aux ordres religieux.
Cette lâcheté, cette absurdité, ce comportement irrationnel se retrouvent dans les politiques actuelles. Cela nous pousse à nous en prendre aux plus faibles, et non aux plus forts. Aux gueux, plutôt qu’aux possédants. Placé devant le fait que les riches ne veulent pas payer l’impôt. Ils manipulent et font chanter les états. Nos lâches gouvernants préfèrent taxer, et mettre en place un système qui pousse au désespoir des hommes, des femmes, et des enfants. Alors que l’évidence est que les possédants ne sont pas aussi nombreux que nous. La concentration des richesses fait qu’aujourd’hui quelques dizaines de milliers de personnes possèdent la grande majorité des richesses de notre planète. L’argent il est chez eux ! Pas chez nous !
La seule conséquence de ce refus des évidences par nos gouvernements est la révolution. En effet, il est impossible pour un petit nombre de conserver autant de privilèges, quand un si grand nombre doit faire autant de sacrifices. Ce système qui pouvait tenir des siècles sous l’Empire romain ne durera pas plus de quelques années à notre époque moderne. Bientôt, la révolution sera une évidence lorsque les peuples, dos au mur, ne pourront plus se chauffer, se nourrir, ou se loger.
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