Du rêve au cauchemar
Gueule et langue de bois !
Le premier tour a donné son verdict, ce qui devait être fête et allégresse est devenu, par le choix d'une grande, trop grande partie de nos concitoyens, détresse et inquiétude. Rassurez-vous, sur les plateaux de télévision, bien trop rares furent ceux qui échappèrent au langage convenu, aux déclarations de victoires ou de succès significatif, pour oser déclarer leur horreur devant cette abominable réalité.
Les premiers à ne pas avoir eu ce courage furent les seuls qui se lancèrent dans le bras de fer avec la bête immonde. Mes amis du Front de Gauche ont pris une belle leçon de réalité. Nous étions sur le nuage des meetings magnifiques, sur la vague d'un succès qui gonflait petit à petit et nous nous retrouvons ballons de baudruche ridicules. Pardon les amis, mais c'est ainsi que je vois la chose, le lyrisme et l'invective n'ont pas eu raison de la peste brune !
Le camp du vainqueur putatif a fermé les yeux. C'est sans doute l'effet d'un plaisir immense que de ne pas voir la réalité en face. Que devient une victoire certes symbolique quand la terre tremble sous vos pieds ? Vos quelques points d'avance sur votre adversaire, ce président sortant si haï qu'il n'y a guère de gloire à le défaire de la sorte, ne sont que bien peu face à cette réserve immense de nuisance et de discorde qui rôde à quelques pas de nous.
La bande des méchants, les apprentis sorciers du discours machiavélique, les petits kapos de la politique de haine et de division étaient heureux, naturellement. Leur cher président avait échappé au naufrage, il tenait vaillamment le cap pour filer vers un récif qui se nomme Révolution Nationale. Il a tout fait pour nourrir en son sein le rejet de l'étranger, la ségrégation et les plus archaïques réflexes d'une France pétainiste. Il a montré à ce petit jeu qu'il n'était que la pâle copie et les braves gens égarés se sont tournés vers le modèle en si grand nombre que notre Nation en sera durablement affectée.
Seul Bayrou, je dois à la vérité le reconnaître a dénoncé le drame démocratique qui menace désormais notre nation. Il sait sans doute mieux que les autres la tentation de ses amis de l'UMP de faire mariage consanguin avec notre affront national. Il a parlé vrai sans que sa voix puisse être écoutée dans le concert de congratulations ou les batailles de chiffonniers auxquels nous eûmes encore droit. Ces gens se prétendent élite de la nation, dès qu'ils se retrouvent, c'est une pétaudière honteuse qui nous est proposée.
Les petits candidats n'étaient plus rien. Un temps de parole réduit au score qu'ils ont obtenu, un mépris sidérant de la part de journalistes qui ont bien vite retrouvé leurs réflexes de moutons serviles. Sur France 2, on repoussa la prise de parole de Poutou pour montrer le balai insensé des motards autour de la voiture du président. Voilà de la belle, de la grande information quand bientôt un Français sur 5 est attiré par une aventure suicidaire ….
Et que penser alors des micros tendus à ce vieil homme qui a inspiré ici cette pensée infâme, ce roi du dérapage, du propos inacceptable, de la haine ordinaire ! L'heure n'est-elle pas assez dramatique pour continuer à souffler sur les braises ? Personne dans la sphère médiatique n'est capable de se poser les questions qui conviennent. Personne dans le personnel politique ne semble être en mesure de la faire également. C'est terrifiant.
Ce matin je me réveille avec la gueule de bois. J'ai mal à mon pays, je constate une fois encore que les valeurs si chères à mon cœur : « Liberté -Égalité - Fraternité » ne pèsent que peu de choses dans les esprits d'une majorité de nos concitoyens. Ils peuvent chanter la Marseillaise, tous autant qu'ils sont, ils ne retiennent que les paroles guerrières, les appels au sang impur. Ils ont effacé l'héritage des lumières. La suite de ces élections risque d'être une pauvre illusion avant un réveil brutal qui avance sournoisement.
Cassandrement vôtre
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