Du rêve européen à la réalité
Nous le savons tous aujourd’hui, la crise est là, tapie dans un coin obscure d’un avenir proche, prête à nous tomber dessus. Ses conséquences, personne ne peut les prédire avec certitude. Faillite en cascade des états Européens ? Explosion de l’Euro ? Faillites bancaires ? Explosion de la pauvreté et de la misère ? Désordre social, révolte urbaine ? Beaucoup de ce qu’il va se passer dépend maintenant de l’habilité de nos dirigeants à anticiper ses mouvements et à gérer la chute de façon habile pour attérir sans trop de dommage et se relever derrière. Autant dire que c’est pas gagné !
A regarder la politique de Sarko 1er et les discours des candidats à la candidature à gauche, c’est quand même pas fameux. Ils se partagent le pouvoir depuis trente ans, le résultat tient du déplorable et personne n’a le courage de vraiment dire les choses.
Malgré le fait que notre dette fonce allègrement vers le niveau ou elle deviendra ingérable, malgré les risques évident d’explosion de la zone Euro, malgré le fait que les épargnants du monde entier sont en train de fuir les bourses Européennes mais aussi l’Euro pour se réfugier sur l’or ou le franc suisse, nos homme politiques répondent par … Plus d’endettement, plus d’Euro, plus d’Europe et se prennent à rêver à une Europe fédérale, sans expliquer sérieusement comment ils comptent y arriver.
Les élites continuent à rêver alors que leur monde a commencé à s’effondrer !
Je lis souvent que l’Euro n’est pas responsable de la crise. C’est vrai et c’est faux. S’il n’a pas provoqué la faillite de lehman, il nous a empêché de digérer son choc. Et c’est bien les déséquilibres qu’il a créé qui vont dans les prochains mois provoquer la faillite d’états (à commencer par la Grèce). Cette crise là, elle n’a pas démarré, ce que nous voyons en bourse n’est que la fuite massive des capitaux en prévision de ce qu’il va bientôt se passer. Soit dit en passant ça pourrait arriver d’ici 2 à 12 mois …
Il faut clairement dire que c’est précisément la gestion politique désastreuse des monnaies qui a conduit tant aux Etats Unis qu’en Europe au désastre que nous allons payer extrêmement cher.
Banques et monnaies sont extrêmement liées et l’on ne peut pas comprendre ce qu’il se passe sans comprendre ce qu’est la monnaie. Les banques créent la monnaie par le crédit et distribuent ce crédit aux acteurs qui sont censé créer le plus de valeur avec. Mais c’est le gouvernement qui contrôle la masse monétaire en circulation grâce aux taux d’intérêts. En fixant des taux hauts, il assèche la monnaie en circulation, en fixant des taux d’intérêts bas, il inonde le marché de nouvelle monnaie.
George Bush a tout démarré. Pour financer sa guerre et booster son économie artificiellement après le 11 septembre, il fait chuter les taux d’intérêts et inonde le pays de nouveaux dollars fraichement créés. Les banques se retrouvent vite à créer plus d’argent que l’économie n’en avait besoin, commence alors la spéculation. Elle se fixe rapidement sur l’immobilier et la dérèglementation du système bancaire permet distribuer un peu de ce rêve américain à tous les cupides, pardon, aux banques du reste du monde, à commencer par le banques Européennes qui, depuis l’Euro, attrapent la folie des grandeurs !
Le surplus de dollars créé entretient la machine à fabriquer des prix immobiliers fondés, non pas sur une demande de maisons pour y vivre, mais sur une demande de maisons pour les revendre aussi sec, à quelqu’un qui lui aussi veut revendre aussi vite etc. Le malheur c’est que l’économie corrige toujours les faux prix, ce faux marché s’effondre et l’argent en excès volatilisé brutalement …
Toutes les banques ont assumé les pertes d’un coup et c’est ce choc là qui est sur le point de faire exploser l’Euro.
Pour comprendre le lien avec l’Euro, un peu de théorie : une monnaie ne peut être implantée qu’au sein d’une zone monétaire dite optimale où le tissu économique, légal, fiscal est homogène. Ce n’est clairement pas le cas en Europe ! Mais ils ont parié que la convergence pourrait venir ensuite… et perdu puisque c’est le contraire qu’il s’est passé à l’image de ces fameux critères de convergence que personne n’a jamais respecté.
Le risque nous disent les monétaristes, d’implanter une monnaie unique dans une zone non optimale est que la monnaie s’effondre au moindre choc dit « asymétrique ». Nous venons de connaître ce choc avec la crise bancaire et regardez ce qui est en train de se passer ...
La crise américaine est le choc qui aujourd’hui va faire exploser les bases bancales sur lesquelles on a implanté l’Euro
Le problème vient du fait que chaque économie a un besoin spécifique en matière de masse monétaire et si elle n’est pas alimentée parfaitement cela créé un coût visible en France (la dette) ou invisible en Espagne (spéculation immobilière) qui nous apparaît supportable quand tout va bien mais qui explose au moindre choc.
Pour mieux comprendre, prenons la France et l’Espagne. Le PIB français a cru de 1,5% en moyenne tout au long des années 2000, celui de l’Espagne à près de 3%. Si chaque année la France créé 1,5% de produits ou services en plus que l’année précédente, logiquement elle devrait mettre en circulation, 1,5% d’Euros en plus pour maintenir une stabilité des prix et que l’enrichissement corresponde vraiment au travail fourni. L’Espagne quand à elle c’est 3%.
Comment faire pour créer la masse nécessaire, c’est assez simple, on place les taux d’intérêts au même niveau que la croissance soit 1,5% en France et 3% en Espagne. La banque gagne autant que le mec qui bosse, les taux correspondent à la création de richesse, le capital va dans les mains de ceux qui bossent qui peuvent compter sur un juste financement et la masse monétaire croitra harmonieusement sans excès ni pénurie.
Sous la monnaie européenne en revanche, le taux d’intérêt va correspondre à la moyenne soit 2,25%. Ce taux est trop cher pour la France et pas assez pour l’Espagne et donc ne satisfait personne. Mettez vous à la place d’un banquier. Il emprunte à 2,25%. S’il prête cet argent à la France qui ne gagnera que 1,5% avec elle ne pourra jamais payer l’intérêt. En revanche quand l’Espagne gagne 3%, il est sur de rembourser et donc tout le monde veut prêter à l’Espagne.
Bien, le résultat maintenant.
En France : un sous financement de l’activité et donc une stagnation les PME survivent au lieu d’avancer l’économie se bloque. Par voie de conséquence des ressources fiscales se tarissent et l’Etat est obligé d’emprunter pour combler les trous … Seuls quelques marchés de niches avec de fortes croissances peuvent se financer ou alors les multinationales qui empruntent à 2,25% et l’investissent en Chine ou ailleurs avec des taux de croissance de 10% ! Eux ils aiment l’Euro !
En Espagne : C’est la ruée vers l’or. Tout le monde veut y placer ses sous et tout le monde veut prêter, la masse monétaire (l’argent c’est de la dette) en circulation explose et le pays se retrouve vite avec trop d’Euros que de besoin. Même chose qu’aux Etats Unis : le surplus se fixe sur l’immobilier et voilà la spirale spéculative qui commence …
Et puis viennent les américains et ça explose ! l’Espagne doit financer une perte immobilière colossale qu’elle n’avait pas vu et la France se retrouve surendettée faute d’avoir pu financer son état par une activité économique réduite à sa plus simple expression.
Le résultat en Espagne et en France c’est une dette colossale à la limite du supportable et qu’il va falloir payer. Etant donné que l’Euro a cassé notre dynamisme et nos économies on va devoir payer sur ce que nous avons : nos salaires, notre patrimoine etc… Nous allons nous appauvrir pour payer une seule chose : le coût d’inefficacité de l’EURO.
Bien entendu la doctrine veut qu’implanter la monnaie dans une zone non optimale est possible à l’unique condition que cette zone soit gérée sous un système fédéral qui permette par le transfert fiscal de gommer les divergences entre les régions.
Voilà la raison pour laquelle on voit fleurir en ce moment le rêve d’une Europe fédérale, les idées de créer un Budget Européen etc … Poussé bien entendu par tous ceux qui y ont intérêt : les Banques, les grandes entreprises et les énarques, vous noterez tout de même qu’aucun des trois ne paye les impôts qui permettent de financer l’inefficacité du système à une échelle globale !
Et pourtant ce rêve est impossible à mettre en œuvre dans la pratique. Pour commencer qui dit transfert fiscal dit marge de manœuvre à ce niveau. Depuis que la crise est passée par là, aucun pays aujourd’hui ne dispose de ressources fiscales suffisantes pour boucler son propre budget. Comment dès lors envisager des transferts fiscaux de nature à supprimer les divergences entre des pays aussi disparates que l’Allemagne et la Grèce ? C’est impossible ! D’ailleurs nos hommes politiques ne parlent que d’Eurobonds, ils ne parlent que de dettes supplémentaires pour sauver l’Euro, mais comment allons-nous les payer ?
C’est encore impossible en Europe à cause précisément de nos institutions qui n’ont rien de fédéral. Pour arriver à une organisation politique optimum, il faudrait que les pays disparaissent au profit des régions qui se regrouperaient alors sous un ordre fédéral Européen. C’est d’ailleurs la vision que défendait Delors et il est regrettable que l’on ait cessé de l’écouter. Si nous y étions arrivés avant, nous n’aurions jamais été dans cette merde. Comment peut-on croire que nous arriverons à réaliser cela dans un pays Jacobin et dans un délai suffisant pour éteindre l’incendie qui commence à prendre ?
Soyons un peu sérieux, l’Europe n’a rien d’une démocratie fédérale ! Il y a encore 5 ans, on nous expliquait que le TCE n’était pas un modèle fédéral car « il était impossible avant au moins 50 ans d’envisager sérieusement de passer à un modèle fédéral de gouvernance ». Passer à un fédéralisme Européen implique une refonte en profondeur de nos institutions, il faudrait même complètement en changer et partir dans une direction opposée et faire voter ça par tous les pays …
L’Europe est encore un désert de sincérité et de transparence, un modèle de déni de démocratie : un exécutif dilué dans une bureaucratie pléthorique dont la production laisse de fortes présomptions qu’elle est fortement influencée par de sombres intérêts catégoriels ; un législatif d’apparat qui ne statue que sur une infime quantité des lois produites par l’ensemble et une justice aux compétences minimes qui n’intervient qu’au bout de la longue chaîne des procédures nationales. Aucun compte, aucun contrôle et une autorité plus que risible sur les différents états membre.
Vu la façon dont elle a été capable de gérer les critères de convergence je doute fort que le marché qui a déjà quitté la place achète des Eurobonds en croyant sincèrement qu’une quelconque rigueur Budgétaire y sera attachée. D’ailleurs aucun pays Européen ne peut prétendre aujourd’hui être en mesure de créer suffisamment de richesses pour rembourser demain, à commencer par l’Allemagne !
Je ne suis pas un Anti Européen, loin de là. Je me reconnais personnellement dans le modèle d’Europe des régions promu par Jacques Delors. Mais l’heure n’est plus à cela. Nous sommes à la fin d’un système corrompu démocratiquement et monétairement. Ce système tient son origine de l’avènement d’un modèle politique où une poignée de technocrates se sont estimés au dessus de tout et ont cru que la seule technique qu’ils détenaient pouvait se substituer à la vision et à la créativité.
Ils se sont plantés lamentablement et nous ont laissé une dette colossale. Pour payer leur folie nous allons nous appauvrir et devoir supporter de voir dans nos rues une misère comme on en a jamais vu depuis 60 ans. Mais nous pouvons aujourd’hui encore nous redresser et espérer gommer tout cela à un horizon de 5 à 6 ans, peut être moins.
N’oubliez jamais qu’énarques et banquiers partagent la même particularité : ils vivent à vos crochets et savent tous deux ce que vous avez en poche ! Vous êtes leur garantie, ils savent qu’ils pourront prendre l’argent dans vos poches pour financer leur fête et leur enrichissement. Ils peuvent s’enrichir en trichant car c’est vous qui deviendrez pauvre. Si nous ne les arrêtons pas ils nous ruineront et très vite.
Comprenez qu’en plus d’un appauvrissement général se sont tous nos services publics qui sont à risque aujourd’hui, on ne s’en sortira pas sans une baisse d’au moins 30% du cout de la fonction publique, ce qui veut dire licenciement d’agents ou réduction forte de leurs salaires. La classe politique a déjà cassé la fonction publique et dans la période qui arrive, il va falloir sauver ce que l’on peut sauver de notre solidarité. Continuer c’est faire plus de dégâts.
Interdisez aux partis de se financer sur de l’argent public, c’est la moindre des choses. En plus l’argent public aujourd’hui c’est les banques, cette corruption doit cesser immédiatement. Vu leurs résultats, les hommes politiques sont indignes du statut public, ils doivent renoncer sans condition au statut de fonctionnaire ou abandonner la politique.
Maintenant nous devons reprendre notre pays en main. Nous pouvons le sauver et même en faire quelque chose de nettement meilleur mais prenez conscience dès aujourd’hui de ce qu’il se passe.
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