E.T.A. : Encore un chef
Comme tous les deux mois à peu près, le chef militaire d’ETA vient d’être arrêté. Il le sera certainement de nouveau d’ici au mois de juillet prochain, et peut-être encore en septembre.
ETA, comme toute organisation, est le théâtre de désaccords internes qui voient des courants s’affronter avec plus ou moins de virulence et quiconque suit de près cette actualité voit parfaitement ce que cela peut impliquer en termes de processus de paix, de négociations et autres tentatives de parvenir à une issue dialoguée du conflit.
Car issue dialoguée il y aura. Derrière les apparences (et réalités) de fermeté, ne doutons pas une minute que la seule solution qui puisse être trouvée à cette histoire sera dialoguée. Pensez donc : depuis 1959, aucun gouvernement n’est parvenu à faire disparaître le mouvement indépendantiste basque, quand tous les moyens policiers et militaires ont été employés, quand ETA a été décapitée je-ne-sais combien de fois, quand les partis de la gauche indépendantistes ont été illégalisés, des journaux fermés, des associations interdites d’existence, etc., etc.
Le plus fervent opposant au dialogue, sous le gouvernement de Felipe Gonzalez, était le Partido Popular(PP). Sous Aznar, chef de file du PP, ce fût au tour du Partido Socialista Obrero Español (PSOE, le parti de Gonzalez). Revenus au pouvoir, les socialistes espagnols ont repris une posture favorable aux négociations, contre l’avis et les prises de positions virulentes du PP, repassé dans l’opposition. Et, actuellement, cette même opposition (celle du PP) se manifeste face à des signaux semblant indiquer que des tractations sont en cours.
Lorsque une négociation se dessine, il est naturel de voir ses acteurs préparer le terrain et mettre de leur côté un maximum d’arguments poids. Pour ce qui est de la gauche indépendantiste, elle a pu bénéficier des prises de positions récentes – en sa faveur – de personnalités internationales comme Desmond Tutu, Jonathan Powell, John Hume, Mary Robinson, Albert Reynolds, le président De Klerk, la fondation Mandela… Des soutiens auxquels il faut ajouter celui d’une base sociale qui vient d’être consultée dans le cadre d’assemblées populaires et qui a pris une position forte pour un nouveau processus de sortie du conflit.
En face, il s’agit maintenant de mettre des atouts dans les poches et de calmer, dans le même temps, l’opposition d’un PP qui multiplie les menaces. Il faut dire qu’en gage de bonne foi, les socialistes ont conclu bien des accords avec les populares et, dans la Communauté Autonome Basque, ils partagent même le pouvoir. En d’autres termes, ce qui semblait solide jusqu’à maintenant se craquèle et les esprits s’échauffent. En même temps, plus on va loin, plus il est difficile de revenir.
En plus de faire plaisir à la droite, les arrestations de ces derniers temps et celles qui ne manqueront pas de venir ont également pour but d’éliminer de la partie adverse des individus que l’on juge néfaste au dialogue. Encore une fois, tout est question de point de vue et l’Espagne a souvent fait l’erreur de cataloguer les militants d’ETA entre durs et possibilistes. Ce qui est certain, c’est que ceux qui sont considérés comme durs sont dans la ligne de mire actuellement, même si des erreurs d’analyse ne manqueront pas d’être commises.
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