EACOP ou comment continuer à détruire le Monde
EACOP ou comment continuer à détruire le Monde
S’il y a bien un projet dont on devrait entendre plus parler, c’est celui de l’EACOP. Il est certain que vous avez vu passer ce nom, sur les réseaux sociaux, les journaux papier ou les magazines du web. L’East African Crude Oil Pipeline est un projet plus que controversé. En effet, il vise à construire un pipeline de plus de 1400 km de long afin de transporter du pétrole de l’Ouganda vers la Tanzanie. Si le projet va au bout, vous découvrirez le plus long pipeline de pétrole brut chauffé au monde. Et avec, toutes les catastrophes écologiques et sociales qui suivront.
Le projet EACOP
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Un pipeline équivalent à la distance Paris-Rome
L’Ouganda contient des réserves de pétrole qui dépassent les 5 milliards de tonnes, dont plus de 2 milliards seraient exploitables. Le point de départ du pipeline se trouve dans le district de Hoima, dans la région occidentale de l’Ouganda. Il s’oriente ensuite dans le district de Rakai, puis sur Bukoba qui se situe en Tanzanie. Il passera au plus près des rives sud du lac Victoria pour continuer jusqu’à Tanga. La distance totale du pipeline représente plus de 1400 km : eh oui, quasiment la distance que l’on mettrait pour effectuer Paris-Rome, sauf que là on ne vous promet pas un beau voyage en Italie.
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L’appât du gain
Ce projet destiné à proposer toujours plus de pétrole, et qui contribuera à continuer de détruire l’environnement, nécessite un investissement de 10 milliards d’euros. Banques, investisseurs, et de nombreuses entreprises : tous se jettent sur l’occasion pour investir. Bien que certaines banques aient fait marche arrière grâce aux nombreuses actions des ONG. Il suffit parfois de mettre en avant ce que nous cachent les actionnaires afin de faire comprendre la folie d’un tel projet. L’EACOP vise à produire 200 000 barils de pétrole par jour, autant vous dire qu’ils ont prévu de vite rentabiliser le projet, et ce toujours au détriment de l’environnement et de la population locale.
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Les porteurs du projet
Ce n’est plus un secret, Total Énergies détient la plus grosse part de ce projet climaticide. Avec plus de 50 %, il laisse pourtant un peu de place à 3 autres investisseurs : la société nationale chinoise du pétrole offshore, la société nationale ougandaise du pipeline, puis la société tanzanienne du développement pétrolier. Mais n’oublions pas que les actionnaires de chacune de ses sociétés sont des acteurs à part entière. Les porteurs du projet ne devraient pas changer, par contre il est toujours possible d’arrêter leur détermination. En effet, les impacts environnementaux et sociaux de ce pipeline géant sont catastrophiques, et c’est pour ces raisons que les ONG, et une partie de la population mondiale mettent tout en œuvre pour ce faire entendre.
Les impacts environnementaux de ce pipeline
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Sur le climat
Avec cet oléoduc gigantesque, près de 11 millions de tonnes de pétrole seront transportées. Lorsque ce pétrole sera brûlé, cela équivaudra à rejeter environ 34 millions de tonnes de CO2 supplémentaires chaque année. À l’heure de la sobriété écologique, où chaque citoyen est invité à diminuer son impact sur l’environnement, le projet de l’EACOP est un paradoxe !
L’Afrique possède les émissions de CO2 les plus faibles, ce projet multipliera par 7 les émissions de l’Ouganda. Aberrant, pour un pays que l’on n’a jamais voulu accompagner vers le développement.
Ce pipeline concerne le monde entier, et pas seulement l’Ouganda. Ces émissions de carbone catastrophiques vont continuer de faire monter la température. Mais peut-être faut-il encore rappeler que le GIEC et la communauté scientifique nous on avertit qu’il ne restait qu’une décennie pour réduire notre émission de carbone.
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Pour la biodiversité
Sur le trajet du pipeline, de l’Ouganda à la côte tanzanienne, se trouve une des régions du monde les plus diversifiées concernant la biodiversité. On y trouve de multiples habitats où se réfugient de nombreux animaux sauvages comme les lions, les buffles, les hippopotames, les girafes ou encore des antilopes : bref les symboles de la faune sauvage africaine. La liste est évidemment non exhaustive, mais ces endroits sont le refuge de tellement d’animaux qu’il serait difficile d’en faire la liste complète ici. D’après l’écologiste Bill McKibben, l’EACOP va perturber près de 2000 kilomètres carrés d’habitats sauvages, dont de nombreuses réserves nécessaires à la préservation des espèces menacées. Ces animaux ont un rôle essentiel sur la biodiversité, donc sur la planète à part entière. La construction de ce pipeline géant va perturber leur environnement et créer des obstacles à leurs déplacements migratoires.
Les promesses vides au peuple local
Mettre en avant un tel projet en promettant de créer de l’emploi pour une grande partie de la population, c’est avant tout produire de fausses promesses. Dans un pays où la pauvreté est omniprésente, l’argument de l’emploi pour tous peut faire fureur. Mais ce que Total Énergie a oublié de leur préciser c’est que la construction de ce pipeline colossal va apporter son lot de désolation :
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Ce projet va faire déplacer plus de 100 000 personnes en Ouganda et en Tanzanie.
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L’EACOP menace des milliers de familles d’agriculteurs et d’éleveurs. Les cultures et l’élevage étant pourtant leurs seuls moyens de (sur) vivre.
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Cet oléoduc va traverser plusieurs centaines de rivières puis le lac Victoria, de l’eau de source dont dépendent plus de 40 millions de personnes. Une seule fuite de pétrole aura des conséquences catastrophiques.
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Des indemnisations dérisoires pour les propriétaires des parcelles afin de les faire quitter leur terre natale.
En conséquence, le projet de l’EACOP doit être abandonné. La construction de ce pipeline géant entraînera des impacts environnementaux et sociaux irréversibles. Pour construire ce projet titanesque, Total Énergies a besoin du soutien de banques, d’assureurs et de fournisseurs du monde entier. Autant d’entreprises qui craignent pour leur réputation. Si ces actionnaires lâchent le projet, c’est l’Ouganda, la Tanzanie, l’Afrique et le reste du monde qui seront sauvés.
Alors, continuons à nous mobiliser ! Vous trouverez des ONG, et des associations dans votre région, qui prennent la parole et créent des actions afin de faire connaître les conséquences désastreuses de ce projet. Si le cœur vous en dit, soutenez-les par n’importe quel moyen qui vous correspond.
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