Éberlué par les manifestations de joie liées au foot
Dans le concert de louanges ou de critiques négatives liées à l'événement "on est les champions du monde", il est peut être important d'analyser la motivation de chacun des participants à cette messe populaire, juste histoire de voir l'humanité en face.
Éberlué.
Le dimanche 15 juillet 2018, la France devient championne du monde de football pour la deuxième fois de son histoire.
C'est la fête ! C'est énorme ! C'est tellement énorme que, ma petite personne qui préfère jouer au foot que de regarder le footbizness, ne comprend pas un tel débordement de... de quoi ?
De joie ?
Mince... serais-je allergique à la joie ?
Ben non, j'aime la joie, être heureux, et que les autres soient heureux.
Alors qu'est-ce qui me gêne ?
Probablement ce débordement, ce qui est « de la folie » aux dires des participants qui crient, qui chantent, qui s'agitent comme des dingues.
Comment peut-on se mettre dans des états pareils ?
C'est ça : ce qui me gêne c'est de ne pas comprendre.
N'étant pas un adepte des théories de Freud et de ses compères qui veulent toujours qu'on ait envie de tuer le concurrent sexuel et avoir des relations sexuelles avec son parent opposé, analysons la situation sur des bases solides : la survie.
En quoi ces manifestations de masse assurent la survie des participants ?
Observation : ils ont un majorité de couleurs identiques (bleu blanc rouge). Ils crient, chantent, hurlent, bref, font du bruit. Et ils remuent. Ils sont « ensemble ».
Couleurs identiques : marre des différences ?
Evidemment, si on interrogeait chacun sur « que représentent les couleurs bleu-blanc-rouge ? » on obtiendrait des réponses différentes et donc au final, peu d'harmonie réelle.
Mais l'apparence est là : une harmonie de couleurs identiques. Survie.
Ils crient, chantent, hurlent : comme au champs de courses ?
Ce qu'il y a de bien au champs de courses, c'est qu'on peut gueuler et ça reste dans la norme. On peut gueuler sans que ce soit réprimandé, sans que tu ais quelqu'un qui s'inquiète pour ta santé mentale ou pour sa tranquillité. Gueuler ça fait du bien, surtout quand on se sent écrasé par plein de trucs qu'on n'arrive pas à verbaliser. Survie.
Et ce slogan : « champion du monde ! » Oui, l'espace d'un moment. Bravo aux sportifs et à ceux qui ont rendu cela possible, dans l'ombre des champions, mais essentiels.
« On est les champions ! »
Non, toi t'es rien du tout. Enfin, pas rien du tout, t'es un humain, respectable ou à peu près. Mais tu n'es pas champion du monde.
Evidemment, ça fait du bien de se masturber l'ego, de se prendre pour des dieux, ça rassure quand on n'est pas grand chose du lundi matin au dimanche soir. Survie dans l'impression d'être au sommet.
Ils remuent : comme dans une boîte de nuit ?
Gueuler c'est bien, mais à un moment on n'a plus de voix, alors on bouge, « alors on danse » comme dit la chanson. Harmonie ? Non, chacun fait ce qu'il veut sans avoir rien à faire du voisin. Défoulement également.
Evidemment, comme dans toutes les boîtes de nuit, on se fait peloter (enfin, les femmes), certains essayent de vous embrasser sans vous demander votre consentement.
Heureusement, là il n'y avait pas les vigiles pour vous interdire de rentrer.
La trace : le temps est fugace ?
Oui, alors on se photographie soi-même au milieu, pour dire j'y étais ! Pour dire aux autres : regarde, je suis vivant, je suis là où il faut être, comme les autres !
Evidemment cette manie de photographier l'instant n'est pas nouvelle : de tata Josette et ses diapos de vacances, jusqu'à Bebert et son étalage de photos familiales, la photo reste cette illusion que l'on peut arrêter ce putain de temps qui passe, nous faire exister par delà ce couperet.
Mais là, avec l'informatisation, le numérique, c'est l'avalanche de photos qu'on ne regardera plus jamais, juste le temps de quelques secondes, et elles s'entasseront dans une mémoire artificielle, un disque dur qui finira par ne plus tourner et rendre inaccessible ce précieux témoignage de vie.
C'est con.
Ils sont ensemble : la masse... ce sentiment d'être fort au milieu, protégé par les autres, par la masse.
Evidemment une masse tue par ses mouvements de foule et ne protège que si on lui tire dessus au coup par coup. C'est d'ailleurs pour cela que les militaires « donne l'assaut » en nombre, parce que sur ce nombre, on espère qu'il y en aura qui passeront, qui survivront.
Depuis l'invention de la mitrailleuse et des mines, la technique militaire a changé.
Ils se bourrent la gueule : car il faut un prétexte pour ne paraître alcoolique.
Dans cette foule, il n'y avait pas que l'ivresse liée à la joie, il y avait l'ivresse alcoolique.
Evidemment avec ou sans foot, les alcooliques boivent car ils sont dépendants de cette drogue dure mais si vitale pour les puissants groupes français qui produisent toute une gamme d'alcools avec « goût fraise » pour atteindre jusqu'à la moindre jeunette qui n'a pas envie de sentir la vinasse mais qui croit avoir besoin de ça pour faire la fête et s'éclater.
Il agitent le drapeau français : car là aussi il faut un prétexte pour agiter le drapeau tricolore, sinon on est trop rapidement pris pour un nationaliste du parti d'extrême droite qui change de nom pour convaincre les derniers électeurs nécessaires à son accession au pouvoir.
Evidemment on repère quand même vite celui qui prône les français blancs et catholique d'abord, surtout quand sur internet il a précédemment soutenu les croates juste parce qu'il ne peut pas blairer cette équipe de France multicolore et trop issue des banlieues non chic.
Les casseurs :
seul, un casseur ne fait pas grand chose. Mais l'effet de masse intervient aussi chez le casseur qui se sent plus courageux ainsi, mieux protégé. Pourquoi cassent-ils ?
Parce qu'ils ont la haine de voir tous ces gens heureux ou qui ont l'apparence d'être heureux, en apparence d'harmonie.
Eux ont mal, ne se sentent pas aimés. Alors ils détruisent, ils pillent des choses dont ils n'ont pas réellement besoin. Parfois c'est symbolique, mais ce qui compte c'est la destruction, car le symbolique pourrait passer par du constructif mais... pas pour eux.
Leur survie passe par ces destructions.
« Tu fais chier ! »
« Ce moment, il faut le vivre, ne pas réfléchir, c'est tout ! »
Ouais, ne pas réfléchir. Ça, on peut compter sur beaucoup pour faire cette économie. Et oser dire ça me colle immédiatement (c'était déjà fait ?) l'étiquette de « gros connard pas content de vivre ».
En attendant, je vais aller me promener, voir un jardin avec beaucoup de diversité de plantes, de fleurs, des enfants qui jouent au ballon ou à un autre jeu, et apprécier la vie.
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