Ecole : Journalistes vs belkacem
Défense de l'école de Condorcet, laïcité, vraie instruction, transmission
Ecole : journalistes républicains, ne lâchez rien !
Le Causeur de mars 2016, « Profs ne lâchez rien ! » fomenté notamment sous la houlette de mon camarade Marc Cohen fera date avec d'autres publications concomitantes qui montrent que le printemps républicain que beaucoup de pseudo-zintellectuels et de citoyens appellent de leurs voeux, notamment Elisabeth Badinter, pourrait bien monter en puissance.
Ce numéro qu'on peut encore lire en ligne décrypte la désastreuse réforme du collège de Najat-vallaud Belkacem et contient des articles informés qui brossent le tableau noir du désastre scolaire à venir , sans parler de la magnifique interview du recteur Morvan, authentique résistant, qui explique comment et pourquoi la ministre a mis l'école « à feu et à sang » avec son « idéologie de l'arasement ».
Pour les parents d'élèves, les enseignants, les citoyens, quelle bouffée d'oxygène ! L'air de la montagne, vraiment, après les pesticides infects du pédagogisme managérial que nous concocte l'usine à apprenants, l'école de l'employabilité chère à l'OCDE. La fonction première de ce qui devrait être une institution de la république sera-t-elle désormais de fabriquer des zombies incultes pour aller pointer dans les entreprises ? Dans la plupart des journaux nationaux on reprend activement les éléments de langage de la ministre et sa communication approximative ou mensongère (matraquage plutôt que communication) soit qu'on n'ait pas le temps d'aller voir de près, soit qu'on soit en phase avec la volonté de Bruxelles d'en finir avec une certaine idée de l'école(compétences, employabilité) et qu'on approuve une politique cynique de réduction des dépenses publiques.
Quoi qu'il en soit, depuis des années et des années les enseignants qui s'échinent sont maltraités, jetés en pâture à l'opinion publique, traités de conservateurs. Ils sont ceux par qui le malheur se consomme : ils ne voudraient pas évoluer. Bien entendu tout cela est faux. Ce qu'ils ne veulent pas c'est que l'Éducation nationale trahisse la mission qui lui a été confiée : instruire réellement, développer l'esprit critique et non pas catéchiser les esprits et servir de centre de loisir.
Comme le rappelle mon ami Marc le Bris, instituteur, ces trains de réformes, aussi bien à l'école qu'au lycée (Chatel) ou au collège « enlèvent aux enseignants leur véritable moteur interne, la satisfaction du travail bien fait ; la satisfaction d'emmener un mauvais élève vers du mieux, mais aussi celle d'envoyer un bon élève briller plus haut, d'où qu'il vienne ». L'article remarquable d'Elisabeth Lévy qui ouvre le dossier de Causeur (Ecole, jusqu'ici tout va mal) dit bien le malaise incommensurable qui s'est emparé des enseignants depuis qu'on leur enjoint quasiment, sous couleur de la course à l'égalité, de ne plus enseigner. Il y a trop d'école à l'école, voilà le credo réformateur depuis trente ans ! Une idéologie bétassonne, uniformisatrice et faussement égalitaire qui préside à la simplification de l'orthographe, la suppression du latin, l'aspiration par le bas de l'enseignement rigoureux de la grammaire et de l'histoire : on prend les élèves des milieux défavorisés pour des idiots. Il suffit au reste, pour s'en persuader de regarder le niveau par exemple des questions en histoire au brevet des collèges. Les élèves eux mêmes manifestent souvent leur étonnement car les moins enclins aux études n'ignorent rien de la couleur du cheval blanc d'Henri IV. Les enseignants et les parents sont atterrés par cette spirale du toujours moins que la logorrhée des sciences de l'éducation ne parvient plus à masquer ni le leurre de l'interdisciplinarité brouillonne, qui rappelons-le, vient prendre ses heures sur les heures des enseignements traditionnels.
Merci donc à Elisabeth Lévy et Marc Cohen ! Merci à Régis Soubrouillard et Laurent Cantamessi. Parce que l'école de l'instruction , la pauvrette, a beau essayer de tourner la tête ici ou là, elle ne trouve que des contempteurs et même des assassins. Le rêve de Condorcet serait moisi, réac et élitiste. Impossible désormais pour un professeur de terrain non pédagogiquement correct (i.e qui n'a pas renoncé à instruire) de faire passer un papier dans Libération. Le Monde, n'y pensez même pas ! Défendre la grammaire ou le latin dans les colonnes du Monde, s'insurger contre la baisse de l'horaire de l'enseignement des fondamentaux dans ces journaux (de là vient en grande partie le problème de l'illettrisme) ce serait comme demander à Plenel de faire l'éloge sans nuance d'Alain Finkielkraut ou de tempérer son amitié pour un grand islamologue : mission impossible et vouée à l'échec. Seuls les pontifes des sciences de l'éducation à trois rangs d'hermine, les experts des petites et grandes commissions bidon (dont tous les hommes de sciences authentiquement républicains claquent les portes aussitôt après les avoir franchies), bref seuls les liquidateurs de l'école qui transmet au profit de l'école de l'employabilité et de l'éducabilité (Traité de Lisbonne) ont droit de cité dans ces journaux mainstream. Si vous êtes jeune professeur de terrain aux manches retroussés et non marquis de mai 68 blanchi sous le harnais révolutionnaire, libéral-libertaire euro-béat vous voilà tricard.
Causeur a choisi, sur le dossier de l'école de ne pas être « la voix de son maître » qu'il en soit remercié. Il a choisi l'enquête de terrain plutôt que le publi-reportage, qu'il en soit remercié. D'autres journaux d'horizons divers brisent parfois le mur de la pensée unique, acceptent le débat : Marianne, Le Figaro(vox), l'Humanité.
La presse quotidienne régionale aussi, il convient de le souligner, fait un vrai travail d'enquête approfondi et rend compte du malaise profond des parents d'élèves, des enseignants et relaye les actions et les happenings d'un collectif national, le collectif Condorcet . Des centaines et des centaines d'articles depuis l'annonce de la réforme paraissent qui soulèvent la chape de béton mensongère de la ministre : mais le petit peuple de la périphérie et de la province, la France d'en bas, comme disait un premier ministre, n'intéresse plus du tout notre élite anti-élitiste. On l'aura vu au reste encore une fois avec le débat télévisé lamentable « opposant » le Président à des « citoyens » .
Comme il y a eu des villages Potemkine, il y a aussi aujourd'hui un bon peuple Potemkine, fabriqué par l'Élysée et les dirigeants de France 2 pour complaire à notre bon Normal Gouda Ier... Pas un seul enseignant, tiens, sur ce plateau ! Un éleveur congédié au dernier moment !... Il s'agit de tenir en lisière la vraie colère. Un facebookien spirituel a eu le mot de la fin de ce fiasco : Hollande réussit à décevoir même ceux qui n'attendent strictement rien de lui. Décevoir, le mot est faible, en réalité. Avec 13 % d'opinions favorables, du jamais vu, Hollande n'hésite pas à confisquer la démocratie à son profit et au profit d'un parti moribond.
Mais à propos de Plenel et de censure, une petite anecdote assortie (roulement de tambour !) d'un ...dessin inédit de Jean Plantu, le grand Jean Plantu mais à l'état sauvage et ...en liberté. En se saignant aux quatre veines financièrement des associations de défense de l'enseignement des lettres avaient fait paraître en 2003 un encart dans le Monde sur la fonte des horaires de l'enseignement du français et le mépris, désormais, pour l'enseignement de la grammaire. Plantu, sans doute inspiré, avait proposé ce dessin :
- plantu
La petite Grammaire congédiée par un technocrate... Ce dessin dont Plantu nous fit cadeau, ne fut jamais publié dans les colonnes du Monde. A ce qu'on nous rapporta, le sieur Plenel s'y opposa avec la dernière énergie. Vous n'imaginez pas ? Faire l'éloge de la grammaire ce serait faire preuve d'un égoïsme de classe réactionnaire, néo-colonialiste, sadique, discriminant et tendant à vouloir reconduire les privilèges d'une bourgeoisie que l'école doit s'employer à liquider. L'orthographe est un opérateur d'exclusion, comme l'algèbre aussi d'ailleurs. Cette idéologie débile a permis de remplir les cabinets des orthophonistes depuis vingt ans et de faire plonger le niveau en maths de façon dramatique à l'entrée en sixième. Comme fait dire un caricaturiste à un de ces idéologues bornés et criminels qui sévissent dans l'E.N depuis très longtemps : "l'égalité des chances a été notre priorité, désormais plus personne ne sait lire ni compter."
Grâce à cette conception démente l'ascenseur social n'est plus grippé, il est bloqué en sous-sol pour tout le monde. Pas grave puisque tout cela est cautionné désormais par une directrice générale de l'enseignement scolaire qui n'hésite pas à déclarer : « on n'a pas forcément besoin d'un enseignant pour apprendre. Les enfants apprennent aussi bien entre eux. »
Antoine Desjardins
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