Ecologie et capitalisme : Nicolas hulot, le dindon de la farce ?
Evoquant les mesures prises par la France et celles qu’il faudrait prendre dans le monde entier, Nicolas Hulot défendait les taxes (en acceptant toutefois son cadre économique), tout en se disant favorable à une forme de décroissance dans certains domaines (comme l’utilisation du pétrole par exemple). Il se disait également favorable à l’obligation de fixer des limites, en appuyant sur le rôle de la puissance publique comme garante de celles-ci (en renforçant la démocratie), en faisant référence aux enfants dont le besoin de limites est incontestable.... et en omettant la réalité du parent qui, loin d’être démocratique, doit pour fixer et faire respecter des limites être le dépositaire de l’autorité suprême et incontestable.
Ensuite et sur France-inter, un auditeur sans doute mal intentionné lui fit une question sur la contradiction de se faire financer ses activités par de grosses multinationales (dont on sait les vertus...), en proclamant grâce à celles-ci un discours opposé à la consommation de masse. C’est très intelligemment que Nicolas Hulot répliqua par la différence entre le mécénat et le sponsoring, qui pour son cas (le mécénat apparemment) ne l’engageait à rien en retour. C’est sans doute sans le vouloir qu’il se prit à citer le nom du principal à plusieurs reprises, mais les auditeurs auront bien compris : il s’agissait d’EDF. Mais il ne faut pas oublier les autres : Ibis hotel, L’Oréal, TF1...pour ne citer que les fondateurs (voir son site).
Après l’écoute de ces deux émissions, je me suis replongé dans une réflexion concernant cet éminent personnage : peut-il être à ce point naïf qu’il croie réellement que les mécénats d’EDF ou de L’Oréal soient le résultat d’une transformation morale non axée exclusivement sur la recherche du profit à travers une bonne image, comme lui permettent de le faire d’autres acteurs de la vie publique ? ou n’a-t-il pas, de bonne foi, compris que la société capitaliste ne peut absolument se satisfaire d’une quelconque décroissance, de limites ou de valeurs morales ?
Vu comment fonctionne le capitalisme et ce que requiert la sauvegarde de la planète, un homme de terrain comme lui devrait avoir observé cette vérité : c’est le capitalisme qui a détruit la planète, et il n’y a pratiquement aucune chance pour qu’il soit possible d’en être autrement. Nicolas Hulot est sans doute très déçu du monde comme il va, mais il devrait comprendre que les limites ne pourront jamais être inculquées par un Etat réellement démocratique, que la démocratie est à l’opposée du capitalisme, et que le capitalisme est inévitablement contre l’écologie.
Car l’innovation technologique est la cause d’une pollution systématique, en même temps que l’outil principal du capitalisme : pour vendre encore et toujours il faut parvenir à l’obsolescence continuelle d’un produit, remplacé par une innovation, et la suppression pure et simple du produit précédent pour que l’on ne soit ni en mesure de le réparer, ni même de le conserver. En bref, qu’on en achète un nouveau : c’est le principe même de la consommation de masse, qui est une consommation jetable, et donc obligatoirement polluante.
Mais les multinationales ne sont pas les seuls partenaires de cette fondation ; plusieurs organisations institutionnelles comme le ministère de la santé, ou celui de l’éducation nationale, subventionnent également cette fondation. Cela signifie-t-il que le gouvernement se trouve acquis aux convictions de Nicolas Hulot ? Ou bien se trouve-t-il être le dindon de la farce, ses "partenaires" l’utilisant sans vergogne dans le but de vendre du "vert" grâce à son image ?
Pour ma part, je doute fortement que les activités de VRP de notre président (comme son voyage au Kazakhstan avec GDF-suez, Areva, Alstom, EADS...), soient exactement en accord avec les idées écologiques et sociales que monsieur Hulot défend. Et je doute plus fortement encore que ces partenaires soient assez stupides pour se tirer une balle dans l’un des pieds du capitalisme : tous sont de gros pollueurs, et des adeptes de la consommation de masse...
Alors quand les deux fonctionnent ensemble (multinationales et gouvernement), et cela au sein même de sa propre fondation, que peut-il réellement en espérer ? s’il ne comprend pas que le combat pour la planète doit s’effectuer au travers du combat contre le capitalisme, alors il ne peut pas être totalement écologiste, car il se trompe d’ennemi : ce n’est pas l’homme qui est la cause des malheurs de la terre, mais le système qui est la cause du malheur des hommes.
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