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Edvige et compagnie

 A l’heure où, en France, des informations privées sont en passe d’être officiellement centralisées dans un fichier institutionnel (Edvige), il est utile de rappeler quelles sont les informations de notre quotidien qui sont récoltées par des tiers.

 

Les acteurs commerciaux traditionnels

Les magasins de vente par correspondance utilisent depuis longtemps des fichiers nominatifs, mais dans le seul but de suivre et accroître leur clientèle. On connaît déjà votre sexe, votre âge, la composition du foyer, les différentes adresses successives et plus selon ce que vous avez vous-même transmis lors de votre première commande. Le cas des banques est plus complexe. Selon le moyen de paiement utilisé, on peut savoir où et quand vous avez utilisé votre argent. La carte bleue est une mine d’or pour savoir quand vous prenez l’autoroute ou le train, dans quel pays vous voyagez, dans quel magasin vous faites vos courses et pour quel montant… Quant aux mauvais payeurs, ils sont fichés au niveau national par la Banque de France pour les chèques ou les crédits ; exemple parfait de collaboration entre établissements privés et acteur institutionnel, mais au final pour protéger... les créanciers !

Les acteurs institutionnels

Les administrations publiques françaises (Etat, région, département, commune), les établissements de santé ou encore les services postaux et de téléphone détiennent par nature des informations confidentielles. Des informations peuvent être partiellement vendues à des fins commerciales, notamment pour du démarchage téléphonique. La Cnil veille toutefois à ce que les informations détenues soient pertinentes dans le cadre du service public rendu et fait en sorte que les moyens d’accès et de recoupement des informations nominatives soient les plus limités possibles. Toutefois les applications informatiques relevant de la défense du territoire, d’un pouvoir de police ou à caractère stratégique sont par nature plus difficiles à cerner, sachant que la Cnil n’a qu’un avis consultatif... Savez-vous, par exemple, qu’il ne faut pas sourire sur les photos d’identité car cela permettrait à un logiciel de reconnaissance morphologique de modéliser votre visage selon 13 points de repère ; il serait par la suite possible de vous reconnaître automatiquement dans une foule ! Quant aux moyens mis en œuvre par les puissances étrangères publiques ou privées, les seules limites tiennent à l’imagination... sachant que le passeport biométrique ouvre, par exemple, déjà une porte sur l’export de données officiellement recueillies !

Les sites web

Règle de base : l’anonymat n’existe presque pas.
Comme le propose la Cnil ou comme le démontre Google analytics (outil de suivi d’activité de site web que connaissent bien les administrateurs de sites), à partir de l’adresse réseau de votre ordinateur (adresse IP), il est possible de connaître l’emplacement géographique de l’ordinateur que vous utilisez. On sait donc où vous êtes et ce que vous consultez à un moment donné. Certains se focalisent sur Google qui serait un nouveau Big Brother, mais le recueil d’information sur les internautes dépasse largement le fait de cette seule entreprise. Pour savoir qui est l’utilisateur de la fameuse adresse IP, les fournisseurs d’accès internet (FAI) sont les bons interlocuteurs puisque ce sont eux qui vous la fournissent. Les informations recueillies lors de votre abonnement ne sont communiquées à des tiers que si vous avez donné votre accord (relisez bien votre contrat) ou sur commission rogatoire du juge dans le cadre d’une enquête policière. Pratiquement, il est quand même difficile de savoir qui était derrière l’ordinateur à un moment donné, sauf si votre webcam reste tout le temps allumée ou que vous utilisez des données biométriques (empreinte digitale par exemple) ; mais ne versons pas non plus dans la paranoïa totale ! Par ailleurs, si vous communiquez des informations personnelles intentionnellement (commande chez un webmarchand, sites de jeux ou de rencontres...), celles-ci peuvent être interceptées entre votre ordinateur et l’ordinateur de la société en question ou encore être piratées sur le site distant. Les professionnels d’internet utilisent en général les sécurités maximales en l’état de l’art, c’est une obligation de moyen et non de résultat, mais les pirates ont toujours une longueur d’avance...

 

La symbolique d’Edvige

Ce qui est nouveau avec Edvige, c’est l’affichage institutionnel d’une agrégation particulière de données sur la vie privée des individus. Ce n’est donc pas sous un angle technique qu’il faut analyser cette nouveauté, mais bien sous un angle socio-politique. Le vrai message d’Edvige, c’est que la puissance publique met une pression supplémentaire sur le libre-arbitre des citoyens et qu’en cela elle se rapproche de certaines fiches cartonnées du milieu du XXe siècle ou du dispositif "Patriot Act" du gouvernement Bush suite au 11-Septembre 2001. Au fait, combien de temps résistera votre pseudo sur Agoravox ?


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