EELV : enfin la chute ?

Alors que tout le monde a les yeux rivés sur la Conférence pour le climat (COP21) qui va s’ouvrir le 30 novembre prochain à Paris, les écologistes français ne font pas défaut à leur réputation. Comme toujours obnubilé par leur nombril, EELV a à peine remarqué que « la conférence de la dernière chance » comme beaucoup aiment à l’appeler allait se tenir prochainement. Alors certes, Emmanuelle Cosse vient de se répandre dans les médias pour dire qu’elle est « extrêmement inquiète » quant au succès de la COP21. Merci pour le message de circonstance qui ne sert à rien sauf peut-être à rassurer une secrétaire nationale d’EELV qui voit son parti s’écrouler devant ses yeux. On mentionne la COP21 pour mieux repartir dans les guéguerres internes loin des caméras. La stratégie a été usée jusqu’à la corde, mais les Verts ne se sont jamais signalés par leur capacité à innover…

Le départ de plusieurs têtes d’affiche d’EELV a durablement marqué les esprits du côté de la direction du Parti. Bien entendu, il a vite fallu colmater les brèches et dire que ceux qui ont préféré quitter le navire amiral en perdition ne sont que des égoïstes qui ne pensent qu’à leur carrière. Impossible de ne pas le penser pour un Jean-Vincent Placé qui ne court que derrière la gloire et les maroquins sans succès depuis plusieurs années. L’individu atterrira finalement au PS quand le temps permettra un parachutage en toute sécurité. Mais pour Emmanuel Cosse qui a accusé l’Elysée d’être à la baguette lors des départs successifs de cette rentrée, « la réalité c’est qu’ils font de la politique comme tous les politiciens et moi ça ne m’intéresse pas dans la période. Je veux surtout, moi, faire de l’écologie ». De l’écologie ? Où sont les propositions ? Qu’a apporté EELV lorsqu’il était au Gouvernement ? Pourquoi ne pas avoir pris le ministère de l’Ecologie si l’on veut surtout « faire de l’écologie » ?

Depuis ses débuts EELV, et avant cela Les Verts, a surtout fait dans l’idéologie. Les agriculteurs sont des pollueurs qui ne respectent pas la terre. Les éleveurs sont des barbares, les chasseurs des tueurs sanguinaires et tous ceux qui ne végètent pas dans la misère sont d’affreux capitalistes qui profitent des petites gens. La vision du monde est pour le moins facile à appréhender, mais il est difficile de faire plus caricatural. Les écologistes auto-proclamés sont en fait une boussole qui indique le sud. Sur chaque sujet il vaut mieux commencer sa réflexion à l’opposé de la ligne officielle du Parti.

Exemple le plus symbolique car véritable marotte d’Emmanuelle Cosse et de ses acolytes : le nucléaire. La chandelle vaudrait mieux que l’électricité qui provient du nucléaire. Alors oui, les énergies renouvelables permettent enfin de présenter une solution alternative, mais cette dernière n’est pas crédible économiquement et techniquement pour le moment. L’éolien et le photovoltaïque ont un vrai avenir en France et ailleurs, mais l’idée de fermer les centrales nucléaires du jour au lendemain est ubuesque. La France se fournit à 77 % en électricité auprès de ses centrales nucléaires. Combien d’éoliennes pour remplacer cette source d’énergie ? Même EDF vise un doublement de ses capacités en énergies renouvelables d’ici 2030, mais la fermeture pure et simple des centrales est un non sens énergétique et économique. Les ménages les plus en difficulté qui sont pourtant censés être au cœur de la pensée EELV ne pourront pas se payer des énergies renouvelables encore trop chères. Et par « pensée » on devrait plutôt dire « idéologie ». Et comme d’habitude l’idéologie n’apporte rien de durable. Qui pourrait citer cinq grandes mesures en faveur de l’écologie quand les Verts étaient au Gouvernement ou simplement dans la majorité (attention, la pastille verte n’appartient qu’au rayon des farces et attrapes) ?

Le bilan est bien maigre et les électeurs l’ont compris. Plus personnes ne vote pour un parti qui a fait les preuves de son incapacité et de son obsolescence. Plus rien n’est attendu de la part des écolos et si par miracle ils surnagent à l’occasion des élections régionales de décembre cela sera dû par la faiblesse bien méritée d’un Parti socialiste plus mauvais qu’il ne l’a jamais été. Le temps n’est plus à l’idéologie. Cette conception de la politique est dépassée et tous ceux qui à gauche comme à droite restent englués dans les sables du XX^e siècle n’ont qu’une courte espérance de vie. Si le réchauffement climatique inquiète, ça brûle carrément pour EELV, mais pas pour les mêmes raisons.