Elections régionales 2010 : vote blanc, chiche ?
Ce texte est long mais il m’a paru nécessaire d’argumenter les raisons qui justifient sa conclusion : j’espère que le lecteur pourra prendre un peu de temps pour le parcourir dans son intégralité.
Dans quelques jours, nous allons voter dans le cadre des élections régionales.
Bien que le Conseil régional soit prioritairement un échelon gestionnaire de notre structure administrative, il apparaît clairement que tous les partis veulent en faire un test pour ou contre la politique nationale gouvernementale.
Eh bien, soit : à nous citoyens de profiter de ce moment pour indiquer clairement à toute la classe politique notre « raz le bol » du « grand guignol » qui prend le pas sur l’indispensable débat démocratique (avec la complicité d’une partie des médias et des corps intermédiaires plus ou moins influents mais qui souvent ne représentent qu’eux-mêmes…).
Que Nicolas Sarkozy soit un fort partisan de cette dérive (qui n’est toutefois pas récente) est une évidence mais rien n’oblige les autres responsables à lui emboîter le pas !
Il y en a marre de la reprise d’une phrase hors de son contexte, du rejet automatique d’une idée ou d’une proposition uniquement parce qu’émise par le bord opposé, de la diabolisation systématique de l’autre quand il exprime une opinion différente, du détournement du sens des mots, des ego démesurés et des postures médiatiques.
Bien sûr que nous sommes nombreux à penser que les politiques mises en place depuis 2007 sont loin d’être satisfaisantes mais l’arrivée au pouvoir d’une droite réactionnaire n’est que le résultat de l’immobilisme - au mieux - ou du laxisme - au pire - des gouvernements qui se sont succédés dans les trente dernières années. Et dans ce cadre, la responsabilité est largement partagée entre la droite et la gauche !
Parce qu’en fait, que souhaite la majorité des Français, souvent silencieux, qui se lèvent le matin pour travailler, qui paient leurs impôts (même si c’est en « ronchonnant »), qui essaient d’éduquer correctement leurs enfants (et ce n’est pas simple dans une société qui mélange les rôles en permanence), qui respectent globalement les lois et acceptent les sanctions quand à titre exceptionnel, ils transgressent les règles (sur la route par exemple) et ne vont pas tout casser au prétexte d’être victimes du système ?
On peut certainement trouver la réponse dans l’article 3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme : « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne ».
Cette majorité de Français souhaite simplement deux choses :
- avoir un niveau correct de vie matérielle
- pouvoir vivre paisiblement dans son pays
Or, ces deux souhaits fondamentaux sont remis en cause à plus d’un titre.
Pour le premier, la mondialisation de l’économie et le capitalisme spéculatif mettent à mal l’emploi. Et comment ne pas être anxieux à l’heure actuelle quand on travaille dans une entreprise qui à tout moment peut décider de vous licencier dans le seul but d’assurer des dividendes faramineux aux actionnaires ?
Par ricochet, les services publics sont évidemment touchés, puisque la pérennité financière de ces derniers dépend intimement du bon fonctionnement de l’économie privée.
Il est tout aussi scandaleux d’observer qu’il est possible dans notre pays et à notre époque d’avoir un emploi à temps plein et que le salaire de ce travail ne permette pas de faire vivre dignement sa famille…
Par rapport à ce dernier constat, on ne peut toutefois passer sous silence le fait qu’une partie de la population est en partie responsable, car même si tout le système est fait pour nous pousser à consommer à outrance et sans discernement, nous avons tous le droit (devoir ?) de réfléchir à la manière dont nous vivons et les situations délicates que connaissent certaines familles pourraient être évitées avec un petit peu de bon sens.
Certes, le problème est mondial, mais notre pays est riche et il s’agit donc bien de la répartition de la richesse produite qui pause problème et non pas le défaut de richesse…
Sans difficulté, on peut évidemment transposer ce commentaire à la planète car la France n’est pas le seul pays riche et un rééquilibrage équitable au niveau mondial permettrait de stabiliser durablement les choses.
L’Europe est nécessairement concernée dans cette affaire : nous sommes nombreux à partager l’idée qu’elle est indispensable pour que nous puissions peser dans le concert international mais elle ne doit pas être le « machin » technocratique actuel qui fait surtout le bonheur des crapules de toute sorte (et particulièrement de celles en « col blanc ») du fait d’une dérégulation à outrance et d’un territoire administré de manière différente.
En ce qui concerne le second, il est évident que nous vivons une époque de plus en plus trouble.
Malgré des méthodes de comptage régulièrement adaptées, le nombre des délits de toute sorte est en augmentation permanente et surtout on constate le développement exponentiel de faits dans lesquels la violence physique est de plus en plus présente.
On note en particulier celle des « encapuchonnés » qui justifient leurs exactions de plus en plus fréquentes et violentes au nom d’une soi-disant victimisation.
Par ailleurs, la dégradation du bien public devient quasiment un réflexe pour une partie de la population ou une corporation quand elles s’estiment lésées.
Même si certains appellent cela pudiquement des incivilités, il convient aussi de rappeler qu’une société dans laquelle, tels les animaux, les hommes ne sont plus capables de se regarder dans les yeux sans que cela soit ressenti comme une provocation guerrière, pose un sacré problème…
Mais la notion de vie paisible ne s’arrête pas aux questions de sécurité ; l’ambiance générale est également importante et le moins qu’on puisse dire est qu’elle devient particulièrement délétère.
La liberté d’expression - et malgré un discours incantatoire en sens inverse - est fortement bâillonnée : comme si la censure permettait d’éviter aux personnes d’échanger en privé et d’empêcher la propagation de n’importe quelle idée...
Le point d’orgue a certainement été atteint dernièrement avec la question du débat sur l’identité nationale.
Il est évident que ce débat a été voulu par le gouvernement pour des raisons purement électoralistes mais il est tout aussi évident qu’une immigration non européenne massive depuis quelques décennies n’est pas sans conséquence sur le devenir identitaire du pays et que cette immigration a été organisée sans qu’à aucun moment le peuple soit consulté.
Dans ce contexte, il est normal qu’il s’interroge sur les résultats de cette politique et qu’il y ait malheureusement quelques « dérapages » ; on peut noter d’ailleurs que les mêmes qui s’offusquent de certains débordements sont par contre bien silencieux par rapport à d’autres excès tout aussi graves qu’on entend ci et là ou qu’on peut lire sur certains sites…
Proclamer de manière péremptoire que l’immigration actuelle est une chance pour la France est tout aussi sot que d’affirmer le contraire : personne actuellement n’en sait fichtrement rien et ce n’est que dans quelques générations que nos enfants pourront se rendre compte des conséquences bénéfiques ou funestes des choix politiques antérieurs.
La bien pensance se dit choquée par les réactions vis-à-vis de l’Islam mais tout observateur de la société voit bien qu’il y a un malaise avec cette religion (et pas seulement avec l’Islamisme qui n’en est que le « bras armé » à l’instar de l’Opus Dei chez les catholiques) car ce culte est avant tout une idéologie politique sectaire et liberticide et pour ses chefs et pratiquants, seul compte leur règlement intérieur issu d’une époque et d’un folklore lointains.
La preuve la plus flagrante consiste dans le constat que la multiplication depuis quelques années des mosquées et des prédicateurs, loin d’apaiser la situation, a pour conséquence une « explosion » des revendications communautaristes.
Il faudrait aussi nous expliquer en quoi l’importation de l’Islam, dont le fonctionnement correspond à celui du cléricalisme catholique triomphant (que nos aînés ont mis tant de temps à domestiquer), représente une richesse et/ou une avancée pour notre société…
Et qu’on arrête aussi cette histoire de stigmatisation : n’est stigmatisé que celui ou celle qui veut l’être…
Les mêmes qui maintenant cèdent aux pressions des communautarismes étaient ceux qui jouaient « les vierges effarouchées » en 2002 avec la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle : l’analyse des résultats du premier tour indiquait clairement qu’il n’y avait aucun risque et qu’il s’agissait donc avant tout d’une posture gesticulatoire (il est bien intéressant de constater que dernièrement Lionel Jospin a eu l’honnêteté intellectuelle de le reconnaître).
A ce moment, il n’est nullement venu à l’esprit de nos bien-pensants qu’ils stigmatisaient une partie de la population qui ne faisait pourtant, elle, qu’exercer ses droit et devoir civiques…
Nous sommes bien là dans le comble de la tartufferie…
On voit bien aussi que l’arrivée de l’Islam dans les bagages de l’immigration réjouit par contre (tout du moins dans un premier temps) la hiérarchie catholique qui voit là un extraordinaire instrument permettant le retour affirmé du cléricalisme sur la place publique (car il n’a jamais été vraiment congédié des coulisses du pouvoir politique).
Notre société moderne s’est sociétalement construite autour de la laïcité et cette dernière ne saurait se réduire à la loi de 1905 et particulièrement à son article 1 (libre exercice des cultes) car on peut remarquer que l’article 2 (ni reconnaissance ni financement des cultes), lui, est beaucoup moins rappelé… Et de plus en plus transgressé…
Dans l’esprit de nos aînés, il est évident que ce moment fort du début du XXème siècle n’était qu’un premier pas dans l’émancipation de l’être humain, mais notre époque semble avoir oublié ce fondement d’une société de progrès tant il est vrai que les religions représentent un formidable outil d’encadrement et de soumission du Peuple (et que pour tout dirigeant politique, il est quand même plus confortable d’avoir affaire à des personnes qui croient, plutôt qu’à des citoyens qui pensent…).
Sur ce point et de par notre particularité, nous sommes (étions ?) aussi fortement en décalage avec l’Europe qui se construit actuellement (car faut-il le rappeler, le délit de blasphème vient d’être rétabli en Irlande et existe encore dans plusieurs pays… Et même d’ailleurs aussi dans l’enclave « concordataire » d’Alsace Moselle qui, paraît-il, fait partie du territoire national…).
On note également d’autres éléments tout autant préoccupants :
1) un système judiciaire de plus en plus incompréhensible pour les citoyens lambda
Il est vrai que tant l’inflation législative qui caractérise la situation actuelle que l’impréparation et/ou le bâclage de nombreux textes adoptés ne facilitent pas le travail des acteurs du système car prêtant à interprétation.
Mais le problème apparaît plus profond et, cela, que ce soit par rapport au maquis juridique et au langage « ésotérique » incompréhensible, au fonctionnement des avocats - pour qui les effets de manche semblent prioritaires par rapport à la recherche de la vérité - ou au pinaillage de certains juges qui utilisent quelque menu vice de forme pour remettre en cause toute une procédure sur le fond (alors qu’il suffirait bien souvent de sanctionner l’auteur de l’erreur).
Que dire également par rapport au nombre grandissant de décisions de justice non appliquées et pour lesquelles les victimes n’ont aucun recours…
Si dans un pays civilisé, le pouvoir judiciaire doit absolument être indépendant du pouvoir politique, il est tout autant indispensable que le Peuple ait confiance dans ce pouvoir. Malheureusement, le doute est plus qu’installé.
Parallèlement, cette judiciarisation croissante de la société et son corollaire, un moyen de faire de l’argent (car on dirait que tout ne peut être que dédommagé par de l’argent), posent également beaucoup d’interrogations…
2) la remise en cause de l’autorité légitime dans les deux piliers de notre démocratie républicaine et laïque que sont l’école publique et la police
En ce qui concerne l’école, les enseignants déjà soumis au rythme incessant des réformes liées à la valse de ministres voulant laisser leur nom dans l’histoire (et ce, sans qu’aucune évaluation de ce qui a été amorcé précédemment n’ait le temps d’aboutir) doivent de plus en plus faire face à nombre de « sauvageons » dont les « incivilités » (ces euphémismes se veulent sympathiques…) empêchent le déroulement efficace des cours.
Et pas question de rappeler qu’un peu d’ordre peut être salutaire et de prendre quelques mesures disciplinaires efficaces car immédiatement les intéressés subissent les foudres de la hiérarchie (pas de vagues), des parents (pas touche à nos petits « anges ») ou de la communauté (ça ne peut être qu’une discrimination).
Et tout cela sans parler des thèmes qu’il est maintenant convenable d’éviter pour ne pas froisser toutes les susceptibilités identitaires tant il est vrai que la connaissance de la bible, du coran ou de la thora est largement suffisante pour vivre notre bref passage sur terre.
Bon, les commentaires précédents sont peut-être un peu caricaturaux (quoi que…) mais il est sûr que pour l’enseignant actuel qui a simplement envie de transmettre des savoirs, ça devient de plus en plus difficile et même parfois dangereux (quand des proches de ces « pôvres » jeunes menacent verbalement ou physiquement, voire passent à l’acte…).
Pour la police, la problématique est différente car à l’inverse de l’école et si on se place sous un angle philosophique et angéliste, on peut chercher l’utilité de cette fonction dans la société…
Mais s’il est normal que nous soyons nombreux à se faire ou à s’être fait cette réflexion au moment de l’adolescence, il est plus interpellant de constater que certains adultes (voire des personnes d’âge mûr) en sont encore à se la poser…
Plaisanterie mise à part, les policiers vivent la même chose que les enseignants mais de manière terriblement plus forte.
Non seulement ils doivent exercer leur fonction traditionnelle déjà pas « folichonne » vu les « clients » à qui ils s’adressent mais maintenant se rajoutent à la fois une pression politique du chiffre et une pression médiatique de la « bavure ».
Et que dire de leur relation conflictuelle avec tous les jeunes nigauds qui sont dans la transgression (comme nous l’étions à leur âge) sauf qu’à notre époque, nous n’étions pas encouragés par nos familles et un discours "médiatico-politico" bien-pensant. Nous nous arrêtions donc quand nous étions interpellés sur la voie publique et fermions notre « g….. » quand nous étions en tort…
Combien de drames seraient évités en rappelant simplement cette évidence ?
Certes, il y a des policiers véreux ou foireux qui abusent de leur pouvoir (comme dans toute fonction qui dispose d’une autorité). Qui n’a jamais été victime de ce genre de personnage, policier ou autre ?
Si seulement tous les contempteurs des policiers prenaient leurs places, nous aurions rapidement une société apaisée ! Malheureusement, il semblerait qu’ils préfèrent uniquement la critique incantatoire…
Quant aux brigades financières, on cherche tellement leur utilité que certains souhaitent leur disparition…
3) le règne de l’apparence, de la superficialité et de la futilité
L’insignifiance que sous-tendent ces trois mots est devenue la ligne directrice de la communication tout azimut qui caractérise notre époque (le terme « réclame » paraissant toutefois plus approprié) et du coup envahit le corps social en devenant des valeurs primordiales pour beaucoup de personnes.
Les personnalités politiques passent beaucoup de temps à courir d’inauguration en cérémonie, en flattant parfois de manière très démagogique la vox populi comme s’il s’agissait de bétail mais il est vrai qu’une partie de la population semble apprécier…
La monarchie et son cortège de courtisans sont donc toujours bien présents, semble-t-il…
Le spectacle digne d’une « cour d’école » que nous donnent parfois certaines assemblées est tout bonnement affligeant.
Par ailleurs, l’éthique semble être avant tout une question d’emballage.
Les médias de plus en plus partisans (dans un sens ou dans l’autre) sont partie prenante dans cette involution en privilégiant l’impact émotionnel et/ou sensationnel au lieu de présenter des éléments ou arguments favorisant la réflexion (avec une palme particulière pour nombre de télévisions qui font souvent preuve d’un voyeurisme flattant les plus bas instincts).
Quant aux débats organisés par ces mêmes médias, la pensée unique semble en être également la ligne directrice et ce n’est pas en alignant toujours les mêmes intervenants aux propos souvent lénifiants et dont les oppositions paraissent marginales qu’on alimente cette indispensable fonction citoyenne. Seules, de vraies discussions entre personnalités diverses ayant des positions réellement opposées sont constructives. Qu’on ne vienne pas nous dire que c’est impossible vu les risques de dérive, car des confrontations d’idées, même rugueuses, peuvent être organisées en précisant clairement les règles au départ et en sanctionnant immédiatement tout débordement par l’expulsion du plateau (y compris dans le public).
Que penser aussi de la participation de politiciens en mal de notoriété à ces simulacres d’événements intéressants que sont ces émissions « people » qui participent activement à l’abêtissement de la population…
Tout cela ajouté aux nouvelles sources d’information (ou de désinformation ?) que représente Internet implique qu’il est difficile de se faire un point de vue le plus objectif possible.
4) l’indécence étalée de ceux qui gagnent des fortunes sans aucune mesure avec leur utilité dans la société
Cela est particulièrement vrai pour les fameux « traders » qui prolifèrent dans les « temples » de la spéculation mais également pour nombre de grands (gros ?) patrons.
Mais on ne peut pas non plus passer sous silence le monde du « show-biz » sportif ou artistique car en plus de gagner des sommes astronomiques à faire le pitre avec une baballe, sur une scène ou devant une caméra, une partie des protagonistes sont mis au pinacle de la société alors qu’ils ne sont que les indignes représentants du capitalisme qui a pour but de faire le maximum de fric dans un minimum de temps.
Certes, nous avons besoin de troubadours et de bouffons talentueux qui nous fassent rire ou pleurer mais de grâce, leur rôle sociétal est bien moins important que celui des paysans, boulangers, maçons, infirmiers, enseignants et chercheurs (liste non exhaustive mais qui a pour but de rappeler quelques professions fondamentalement utiles) qui eux, par leur activité quotidienne réalisée en tout humilité, tissent la base indispensable à la vie dans la cité.
5) l’institutionnalisation d’une société d’assistanat en lieu et place d’une société dans laquelle chacune et chacun trouveraient leur place
Qu’il faille des systèmes d’assistance permettant d’aider momentanément les personnes connaissant un « accident de la vie » est indispensable, mais cela n’a rien à voir avec ce qui se développe depuis quelques décennies.
Notre pays peut s’honorer d’avoir déployé à partir des années cinquante des systèmes novateurs de protection sociale mais nous sommes maintenant loin de l’idée initiale et on assiste en fait à la mise en place d’une société d’assistanat dans laquelle se complaisent une partie des bénéficiaires et des acteurs intermédiaires. Cela est malheureusement bien loin de contribuer à l’éclosion de citoyens libres et dignes.
Cette partie des bénéficiaires qui utilise toutes les « ficelles » ne saurait évidemment être exonérée car ces personnes savent souvent sciemment ce qu’elles font. Mais la responsabilité principale revient à ceux qui mettent en place les systèmes et qui n’assurent pas un contrôle rigoureux.
Par ailleurs et parallèlement, l’accroissement des associations qui suppléent les pouvoirs publics en utilisant le misérabilisme comme vecteur de commisération ne manque pas non plus d’être interpellant.
Les professionnels qui en vivent ne veulent évidemment pas que cela change et de manière générale cela permet à de nombreuses personnes de se donner bonne conscience.
Sans parler du côté « charitable » qui fleure bon l’aumône tant à la mode sous l’ancien régime.
6) une organisation administrative et politique illisible pour la majorité des français
L’enchevêtrement des compétences ne facilite ni la nécessaire transparence quant à l’utilisation des fonds publics ni leur optimisation.
La décentralisation est certes intéressante afin de rapprocher la décision du citoyen mais seulement si elle est contrôlée et dans un cadre fiscal national permettant une péréquation équitable (et non pas quand elle favorise l’émergence de baronnies qu’on pensait définitivement enfouies dans les oubliettes moyenâgeuses…).
De nombreux députés privilégient l’électoralisme et se comportent comme les VRP de leur circonscription alors que la dignité de leur mandat devrait justement les inciter à prendre de la distance avec cette pratique.
Que penser également des nombreux rapports établis par la Cour des comptes qui finissent dans un tiroir et sans aucune conséquence pour les responsables de la dilapidation de l’argent public à tous les échelons…
Et que dire de nos systèmes fiscaux et sociaux profondément inéquitables…
Sur toutes ces questions, toute la caste politique s’accorde à dire depuis de nombreuses années qu’il faut modifier les choses mais rien n’a jamais bougé… Et quand un de ses membres (correspondant à l’archétype du politicien) décide de le faire (certes de manière fortement discutable), toute la corporation pousse des « cris d’orfraie »…
On peut aussi rappeler la nécessité de l’adoption d’un véritable statut de l’élu qui permettrait de diversifier vraiment l’origine des candidats (et particulièrement socioprofessionnelle) en instituant quelques règles fondamentales comme le reclassement des personnes « battues » si elles ne sont ni fonctionnaires ni issues des professions libérales, le non-cumul des mandats à la fois dans le nombre mais aussi dans le temps, etc.
7) l’infantilisation de la société
Trois exemples à titre d’illustration :
- l’hygiénisme de plus en plus omniprésent avec en particulier le cas grotesque des publicités vantant un produit immédiatement suivies d’un message terriblement bien-pensant alertant du danger de la non-pratique d’une vie saine…
L’identité française se caractérise, entre autres, par nos côtés gaulois et rabelaisien (à la fois paillard et libertin) ou tout simplement « bon vivants » qui attirent (ou qui ont attiré) nombre d’étrangers souhaitant se fondre (ou qui se sont fondus) dans notre communauté nationale.
A l’exception des « Parfaits », beaucoup d’êtres humains ressentent ce besoin de moments d’excès salvateurs dans leur vie et nombre de sociétés (y compris les plus primitives) n’y voient aucun problème sauf… celles où on retrouve l’impératif de frustration mortifère si cher à nos religieux de tous poils…
Sur cette question comme sur bien d’autres, la forme de société « Orwellienne » qui se profile à l’horizon est tout simplement terrifiante…
- la manière de présenter l’enjeu écologique : non, ce n’est pas la planète qui est en danger (elle en a vu bien d’autres et elle en verra bien d’autres lors de sa longue vie…) mais les espèces vivant actuellement sur cette planète (et en particulier celles qui ne sont en rien responsables de la situation, c’est-à-dire toutes sauf l’espèce humaine qui, elle, aurait bien besoin d’un prédateur qui limite sa prolifération anarchique…)
- le discours incantatoire sur la démocratie participative : ce processus est fortement intéressant mais ne peut se conclure que par un référendum sur le thème traité (si ce n’est pas le cas, il s’agit juste d’une nouvelle gesticulation manipulatoire et paternaliste)
De plus, cette notion de référendum est trop importante pour être instrumentalisée : ce n’est pas un hochet appartenant à une soi-disant « élite » qui l’agite quand ça l’arrange (Poste) et qui le cache si ça la dérange (votation suisse sur les minarets).
Le summum ayant évidemment été atteint après celui de 2005 quand quasiment toutes les castes politiciennes « se sont assises » sur l’orientation indiquée par le peuple pour prendre une décision opposée.
En conclusion :
Tous ces Français dont le profil a été rapidement brossé au début du texte sont devenus une proie pour les prédateurs que sont à la fois les racailles qui pilotent les multinationales ainsi que celles de tous acabits qui écument de plus en plus notre pays.
Nous sommes pris en tenaille entre tous les tenants de la mondialisation, à la fois ceux du capitalisme spéculatif et du libéralisme débridé pour qui les délocalisations et l’immigration sont les moyens de réaliser des profits colossaux et ceux qui la souhaitent au nom d’un universalisme territorial forcené, fortement teinté de relativisme culturel et de repentance anachronique, qui se veut totalement aveugle à nos racines animales et donc au besoin viscéral d’attacher une culture à un territoire (cela n’empêche en aucune manière l’intérêt tant touristique qu’anthropologique pour d’autres régions du monde et la conscience du nécessaire et indispensable partage du bien-être matériel).
Nous assistons à la destruction anarchique mais méthodique dans l’anarchie de notre Etat Nation. Certes, notre maison commune présente quelques lézardes mais dans ce cas on consolide les fondations au lieu de tout détruire car s’il est facile de mettre à bas un mur, il est beaucoup plus difficile de le construire et pour cela, faut-il en plus être un bon maçon… Et nous avons du souci à nous faire vu le dédain affiché de la caste « politico-médiatico-intellectuelle » pour le Peuple et par ricochet pour les métiers manuels…
Le plus interpellant, c’est le mépris, l’arrogance et la condescendance dont font preuve ceux qui devraient au contraire chercher à comprendre les raisons profondes des interrogations légitimes (voire des angoisses) ressenties par une partie importante de la population. Parce que, quand même, il est difficile de nier qu’après les progrès enregistrés depuis les années cinquante, notre société soit en pleine régression, que ce soit par la paupérisation croissante des classes populaires et moyennes, le glissement continu vers une société de type « Far West » ou « Cour des miracles » assortie par réaction d’une limitation légale ou pernicieusement moralisatrice de nos libertés.
Tous ces Français représentent peut-être la France moisie comme un intellectuel de salon aime à la définir mais lui et ses acolytes représentent les chantres (chancres ?) de la France pourrie. Et si la moisissure a une certaine noblesse, on n’a jamais rien pu tirer de la pourriture…
Nous n’avons peut-être pas le haut niveau de culture de ces individus suffisants mais sommes quand même un certain nombre à avoir pu bénéficier des bienfaits d’une école dont le but premier était encore d’instruire et donc tout à fait capables d’analyser une situation pour autant que tous les tenants et aboutissants soient présentés sans volonté délibérée d’escamotage des éléments contradictoires.
Il ne suffit pas d’étaler son érudition et de maîtriser sur le bout des doigts les règles de la rhétorique pour être respectable.
Les résultats électoraux montrent clairement que rares sont les élus qui bénéficient réellement d’une majorité, c’est-à-dire plus de 50 % des inscrits…
D’un point de vue électoral, notre époque se caractérise par une versatilité d’une partie de l’électorat : ce n’est pas sans conséquence car cela induit avant tout un vote de rejet et non pas par un vote d’adhésion.
A cela se rajoute le fait que le temps de l’élection ne correspond pas avec celui nécessaire à la mise en œuvre des réformes de fond et ouvre donc la porte à la démagogie électoraliste : c’est d’ailleurs ce point qui représente la limite principale du système démocratique ; mais comment faire ?
Tout ceci est important car du coup, nombre d’élus privilégient leur électorat fidèle (ou supposé) et rares sont les décisions prises dans l’intérêt général mais surtout encore plus rares sont celles limitant les avantages ou privilèges de ceux à qui ils doivent (ou estiment devoir) leurs places.
Oui, dans une démocratie, il faut protéger les minorités mais ce ne sont pas les minorités qui doivent définir les règles comme actuellement…
Pour ma part et issu d’une famille modeste, je n’ai jamais rien attendu de la droite dont la proximité historique avec le grand capital est patente, ni du centre dont la recherche de notabilité bourgeoise et paternaliste semble être la finalité première, tous deux d’ailleurs en adéquation sur la nécessité sociétale des religions.
Par contre je fais partie de ceux qui pensaient naïvement que la gauche, dans la continuité du message historique de ses fondateurs, avait pour seul but l’émancipation de l’être humain tant matérielle que philosophique.
Porteurs d’un espoir de changement, les partis qui la composent ont donc une responsabilité particulière (accentuée par un discours volontiers moralisateur) qui induit un comportement personnel différent de ses membres par rapport à ceux situés à droite : c’est ce contexte qu’il faut rappeler pour comprendre la défiance et la désespérance que ressentent de nombreux électeurs populaires vis-à-vis de la gauche.
J’ai donc longtemps voté pour des candidats dits « de gauche » même si au fil des années, les interrogations se faisaient plus nombreuses et que j’agissais ainsi souvent au nom de la fameuse (fumeuse ?) idée du « vote utile »…
Mais cette adhésion a ses limites et là, je ne peux plus…
Car que constate-t-on si ce n’est un parti socialiste dont les différences avec le centre sont devenues infinitésimales et prêt à tout pour conserver ses fauteuils de notables embourgeoisés et un front de gauche hétéroclite bien éloigné de ses fondements idéologiques et prêt à des compromissions incompréhensibles pour récupérer quelques voix…
Quant à la mouvance écologique également bien hétéroclite et totalement offerte à cette mondialisation meurtrière, elle rejoint quelque part les idéologies extrémistes tant par une attitude dogmatique niant totalement certaines réalités sociétales ou une apparente volonté d’imposer ses idées de manière autoritariste que par les côtés bateleur, provocateur et dangereux de son chef de file.
Et que dire du copinage, du clientélisme et du népotisme qui sont devenus des règles « normales » de fonctionnement du microcosme politicien (sans parler de la corruption qui semble être encore bien présente)…
Notre société ressemble de plus en plus à la Rome antique et je ne souhaite pas que nous connaissions le même sort…
Nous sommes apparemment nombreux à ressentir les mêmes choses et ce, peu importe nos appartenances politiques antérieures.
Il y a des moments dans la vie où il faut arrêter de foncer dans le mur, s’obliger à regarder lucidement les choses et essayer de prendre les bonnes décisions afin d’éviter le chaos qui se profile.
En tant que simple citoyen, il est difficile de se faire une idée précise de ce qu’il faut faire car on se sent parfois dépassé par beaucoup de choses dans la vie actuelle, complexe au possible, où on a le sentiment que certains éléments nous échappent (et ce, même si on passe beaucoup de temps à s’informer en diversifiant au maximum les sources afin d’essayer de se faire un avis pertinent).
Le plus grave est que nous avons l’impression que nos « élites » ne sont pas mieux loties… Et c’est bien là que le bât blesse…
Le monde va mal et notre société va mal mais si nous ne pouvons qu’apporter une petite pierre à l’amélioration mondiale, nous avons par contre beaucoup de cartes en main pour améliorer les choses dans notre pays, pour autant que nous le voulions collectivement.
Et à l’inverse de l’universalisme théorique que la bien-pensance n’arrête pas de rabâcher de manière incantatoire (tel notre gallinacé national si cher à Coluche…), nous pourrions peut-être présenter aux autres peuples de la planète un modèle d’organisation sociétale qui puisse les intéresser par son exemplarité…
Mais pour cela, nous avons besoin d’une classe politique qui soit intellectuellement honnête, intègre et courageuse, et surtout exemplaire dans sa vie publique (car, nous n’en avons rien à fiche des potins sur leur vie privée).
Nous avons besoin d’une classe politique simple et modeste qui ait une haute idée de sa fonction, dont le nombrilisme ne soit pas la caractéristique cardinale (vecteur par ailleurs de l’individualisme à outrance si présent actuellement) et qui ait toujours à l’esprit qu’un mandat n’est pas une profession (même s’il doit être assuré avec professionnalisme) alors que le carriérisme explique pour partie la déliquescence actuelle.
Nous avons besoin d’une classe politique qui rappelle à tous les citoyens le nécessaire équilibre entre les Droits et les Devoirs - et qui évidemment se l’applique.
Nous avons besoin d’une classe politique qui ait le sens de l’Etat et de l’intérêt général et qui n’hésite pas à braver la bien-pensance intellectuelle et médiatique en rappelant par exemple qu’il ne faut pas confondre tolérance avec laxisme ni fermeté avec fascisme.
Nous avons besoin d’une classe politique qui associe fermeté sur les questions sociétales avec équité économique et territoriale car la première ne peut être acceptée que si elle est accompagnée par la seconde.
Nous avons besoin d’une classe politique qui ne flatte pas la schizophrénie (qui, faut-il le rappeler est une maladie…) dans le but de diviser afin de mieux régner et qui rappelle l’importance de la responsabilité individuelle (qui est l’antithèse de l’individualisme).
Et qu’on arrête aussi de gaspiller l’argent public en limitant les colloques, séminaires et études sur les questions sociétales : tout ce système permet à une minorité parasitaire d’experts ou spécialistes (le sont-ils vraiment tous d’ailleurs ?) de vivre très confortablement en courant d’une manifestation à l’autre et de se complaire dans leur monde virtuel. Il est plus que probable que nombre de rapports existants et très intéressants dorment dans des tiroirs car trop dérangeants pour la nomenklatura : la priorité n’est plus de continuer l’empilement mais de FAIRE !
Nous sommes malheureusement loin du compte et la médiocrité semble être le fil conducteur commun de beaucoup d’acteurs du marigot « politico-médiatico-intellectuel » qui semblent apparemment plus préoccupés par le maintien de leurs avantages et privilèges et prêts à amplifier la dictature douce dans laquelle nous vivons pour y parvenir.
Laissons donc faire celles et ceux qui ont un intérêt personnel à voter pour telle ou telle liste en oubliant l’intérêt général et soyons nombreux à envoyer un message clair et net à notre classe politique en votant massivement « BLANC » (et ce même s’il est vrai qu’il existe encore des élus de terrain sincères et dévoués, mais trop souvent bien silencieux par rapport aux turpitudes de leurs collègues…).
Les sondages semblent indiquer une forte abstention mais il ne nous faut surtout pas entrer dans cette voie à la fois parce que nous ne devons jamais oublier que nous avons le droit mais aussi le devoir de voter mais aussi parce que s’abstenir fait uniquement le jeu des politiciens.
Certes, le VOTE BLANC n’est pas reconnu mais l’impact d’un VOTE BLANC MAJORITAIRE (plus de 50 % des inscrits) ne pourra pas être éludé car il y aura une différence de fond avec l’abstention que nos politiciens feignent sciemment d’ignorer tant qu’il ne sera pas significatif.
Le VOTE BLANC est notre seul moyen républicain et démocratique pour affirmer clairement à la fois notre épuisement, notre irritation et notre inquiétude : quel formidable message ce serait et ce, même s’il n’y avait pas de résultat concret immédiat.
Et quelle formidable leçon de maturité démocratique !
Le VOTE BLANC sera également un signal fort pour 2012 car le temps est venu d’entrer en Résistance et de rappeler à nos « élites » le principe énoncé dans l’article 2 de notre Constitution : « GOUVERNEMENT DU PEUPLE, PAR LE PEUPLE ET POUR LE PEUPLE ».
Si le Pouvoir appartient aux individus se cachant derrière les multinationales qui n’en ont strictement « rien à fiche » des nations et des peuples (car il ne faut jamais oublier que derrière les personnes morales, il y a des hommes…) et si les politiques n’ont pour seule utilité que la régulation sociale avec les subsides accordés par la ploutocratie et avec le soutien des obscurantismes religieux, il faut tout simplement nous le dire… A nous d’en tirer les conclusions qui s’imposent et de réagir…
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