Elle a défié les mollahs ! Mobilisation générale et une journée sans voile, pour Ahou Daryaei !
Au pays des mollahs, soumis au totalitarisme islamiste, l’image saisissante d’une étudiante, en sous-vêtements, déambulant aux abords de l'université Azad de Téhéran, est devenue virale (1). Selon des groupes militants, Ahou Daryaei, il faut retenir son nom, a choisi cette forme d’expression pour protester contre le harcèlement dont elle a été l’objet par des miliciens des gardiens de la Révolution islamique, en raison de ne pas porter le maghnaeh, tissu noir couvrant la tête, le front, le menton et la poitrine, obligatoire dans les établissements d'enseignement supérieur en Iran. La jeune femme a été arrêtée, projetée dans une voiture avec des coups, selon le site étudiant Amir Kabir, lui provoquant une hémorragie à la tête. Amnesty Iran a appelé sur X à sa libération immédiate et « sans conditions », tout en reprenant des allégations de « coups » et de « violences sexuelles » contre elle lors de son arrestation, pour demander « une enquête indépendante et impartiale ».
Selon l’Iran des mollahs, la lutte pour la liberté est un « trouble mental »
L'étudiante, mère de deux enfants, selon un communiqué de l’ambassade, "une fois rétablie, reprendra ses études au sein de l'université" si l'établissement l'accepte, en insistant sur le fait qu'il s'agit "d'une affaire privée". L'ONG a fait état sur X "d'informations alarmantes" sur un transfert de l'étudiante en hôpital psychiatrique et rappelé que "les autorités iraniennes assimilent le rejet du voile obligatoire à un 'trouble mental' nécessitant un 'traitement'".
La réaction de cette étudiante iranienne, d’un courage inouï, s’inscrit dans le mouvement de révolte Femme, vie, liberté, inédit dans ce pays, qui a été créé en septembre 2022, suite au décès de la jeune Kurde Mahsa Amini après son arrestation pour un voile « mal porté ». Un mouvement durement réprimé par les autorités, entraînant la mort d'au moins 551 personnes et des milliers d'arrestations, selon des ONG. Les sanctions pour non-respect du code islamique ont été durcies par le régime en 2023, accentuant la répression.
En Iran, le ministre des Sciences, de la Recherche et des Technologies, Hossein Simaei, a affirmé, mercredi 6 novembre, que « le comportement de l’étudiante iranienne qui s’est dévêtue en public » était "immoral", qu’elle avait enfreint « la charia" [loi islamique]. Dévoilant tout l’archaïsme des dirigeants de ce pays. D’un autre côté, le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, a assuré que Paris "suivait attentivement" son cas. On attend des nouvelles !
Dictature islamique et République laïque, port du voile ou pas, attention aux amalgames
Pendant ce temps, Sandrine Rousseau fait écho à l’événement avec un tweet on ne peut plus ambigüe : « Notre corps, et tout ce que l’on met -ou pas- pour le vêtir, nous appartient. Force aux Iraniennes, aux Afghanes, à toutes celles qui subissent l’oppression. ». Cela voudrait-il dire qu’imposer le voile là-bas, au nom duquel on tue, serait la même chose qu’empêcher de le porter dans certaines conditions en France, comme pour les agents publics auxquels sont interdits les signes religieux du fait de la laïcité de l’Etat, neutre religieusement, qu’ils représentent ? Et ce, en raison de disposer de son corps, versus néo-féminisme ? Sophia Aram, humoriste et comédienne française, fervente défenseuse de la laïcité, n’a pas manqué de critiquer « cette formule réussissant l’exploit de mettre sur le même plan, la barbarie des dictatures islamiques et la République française, qui protège l’école du prosélytisme, et les jeunes filles de l’asservissement religieux » (2).
L’image de cette étudiante est devenue un puissant symbole de la lutte pour la liberté, un cri de résistance massivement partagé. On apprend que la pression exercée sur les jeunes filles pour se conformer au voile obligatoire a provoqué le suicide d’une lycéenne de 16 ans, qui s’est jetée du toit d’un immeuble, après des humiliations et brimades répétées dans son établissement pour "tenue inappropriée", et qu’elle n’est pas la seule (3). Quelle horreur ! s’en est trop ! La réaction doit être à la mesure du courage, de la hardiesse de cette étudiante, Ahou Daryaei, qui a mis sa vie en jeu pour la liberté, défié le totalitarisme religieux, pour que cela cesse ! Il faut un électrochoc, secouer les consciences !
Mobilisation de toutes parts et une journée sans voile pour Ahou Daryaei !
Un premier rassemblement de soutien à l'étudiante s’est tenu à Paris, à l'appel d'organisations féministes, près du Panthéon. Selon une étude de l’Ifop de septembre 2019, 31 % des femmes se déclarant musulmanes portent le voile en France (24% en 2003). On entend dire que ce qui se passe en Iran ou en Afghanistan ne représenterait pas ce qu’est le voile, avançant qu’il peut être porté de différentes façons, sans nécessairement se référer à des prescriptions religieuses considérées comme sacrées, définissant un statut inférieur à la femme, ou qu’il soit imposé par le regard du quartier.
Mais alors, rien ne s’oppose à ce que les femmes qui en France portent le voile, disposant de cette liberté dont elles bénéficient, comme de ne pas le porter, fassent un geste, à l’image de ce que font ces Iraniennes qui se révoltent, et une journée, oui, une journée au moins, l’enlèvent ! Ce serait une gifle infligée aux mollahs, pour lesquels le voile est devenu un instrument d’oppression générale, au nom de la même religion. Et à n’en pas douter cela ferait une traînée de poudre et pèserait dans la balance. Qu’on appelle de toutes parts à la mobilisation, et à "une journée sans voile" pour Ahou Daryaei, pour sa liberté et celle et de toutes les femmes qui partout subissent le même sort !
2-https://www.dailymotion.com/video/x98k5ko Elle a reçu le prix laïcité national du Comité Laïcité République
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