Embarquez à bord d’un sous-marin nucléaire d’attaque
Le SNA est un bâtiment furtif de petite taille extrêmement manœuvrable, qualité indispensable lorsqu'il s'agit de s'infiltrer au sein d'un dispositif adverse ou par petit fond. Le navire est un cylindre aux extrémités ovoïdes long d'environ 80 mètres pour un diamètre de 1/10 de sa longueur, présentant une masse de 300 tonnes pour les SNA côtiers à plus de 14 000 tonnes pour les S-M océaniques. Les missions que ce bâtiment peut remplir sont variées : participation à la protection du groupe aéronaval - des SNLE - destruction des navires et sous-marins ennemis - mouillage de mines - missions de reconnaissance - de renseignement - pistage d'un navire dans la plus grande discrétion - dépose ou récupération d'une équipe de commandos - recherche de boites noires.

Hormis le Casabianca, tous les autres portent le nom d'une pierre précieuse : Rubis - Saphir, Émeraude - Améthyste - Perle. Le bâtiment est capable pour échapper aux systèmes de détections adverses de plonger à bien plus des 300 mètres annoncés. Cette profondeur maximum classée « Secret-Défense » dépend du type d'alliage utilisé, de l'emplacement des membrures et du coefficient de sécurité adopté, une information, le submersible de sauvetage est conçu pour intervenir à plus de 600 mètres.... Le SNA file à plus de 23 nœuds (42 km/h) en immersion, vitesse supérieure à la plupart des navires de surface qui restent soumis aux conditions de mer auxquelles échappent les submersibles en plongée. Son armement comprend des torpilles, des missiles à changement de milieu, et il est pourvu d'importants moyens de contre-mesures lui permettant d'échapper à sa détection et de parer à une attaque adverse.
L'appel de l'équipage terminé, les sous-mariniers (moyenne d'âge, à peine la trentaine) embarquent et rejoignent leur poste. Des marins s'activent sur les plages avant et arrière du bâtiment à ranger les apparaux pendant que le submersible file à faible allure vers le large pour accomplir une mission de plusieurs mois (celles dépassant les 2000 heures sont particulièrement appréciées car elles ouvrent des droits particuliers, solde et retraite), escorté d'autres navires, et probablement sous la surveillance de quelques curieux. Le sous-marin suffisamment éloigné de la côte, la « flute » (antenne linéaire remorquée ) est mise à l'eau et elle sera remorquée pendant toute la durée de la mission.
Le second (chef de quart), le dernier à quitter la passerelle, referme le panneau et rejoint le poste central où le maître de central égrène la check-list. L'intérieur ressemble à une ruche bourdonnante, des sous-mariniers empruntent les coursives, poussent et referment les portes des sas, tandis que d'autres grimpent sur les échelles pour rejoindre le poste de pilotage et de surveillance ou poste central navigation et opérations (PCNO) situé juste en dessous du massif qui abrite les périscopes et le matériel électronique de surveillance et de veille. Tout est exigu à l'intérieur d'un SNA, les quelques 70 hommes disposent d'à peine plus d'un mètre carré d'espace, tous portent une combinaison en coton ignifugé (kernel) et garde près de soi sa paire de gants et sa cagoule anti-feu en permanence. Quelques minutes plus tard, le maître central du PCNO annonce « Sous-marin paré à plonger ! » Le chef du quart sonne l’alerte pour atteindre l’immersion périscopique (une quinzaine de mètres), le temps de procéder aux dernières vérifications (ronde d'étanchéité). Le « pacha » peut donner l'ordre de plonger, « plongée à 100 mètres ! plongée à 100 mètres » répète le second pour éviter toute erreur d'interprétation. Soudain, l'équipage sent le plancher se dérober sous ses pieds, le barreur l'œil rivé sur ses instruments a donné une inclinaison négative d'une dizaine de degrés au submersible afin de quitter la surface en douceur. En cas d'urgence, la pente atteint une trentaine de degrés ! Après avoir atteint une profondeur suffisante, l'officier de quart procède à la « pesée » afin d'équilibrer la masse du bâtiment avec le volume d'eau déplacé (principe d'Archimède). Le sous-marin se cabre légèrement pour permettre l'évacuation des poches d'air résiduel qui pourraient venir s'agglutiner dans les ballasts et les caisses d'assiette et contrarier la manœuvrabilité du submersible. Le navire parfaitement équilibré, la barre réagit à la moindre sollicitation du barreur sur le joy-stick et lui permet d'évoluer dans les trois axes.
Le sous-marin navigue à l'estime grâce à une centrale inertielle, le GPS et les autres systèmes de homing fonctionnant sur le principe des ondes électromagnétiques sont inutilisables sous la surface. Les ondes situées au-delà des basses fréquences (BF, HF, VHF, UHF, EHF et lumineuses) ne pénètrent pas la couche d'eau. Le sous-marin traîne une longue antenne filaire qui capte les very low frequencies ou les extra low frequencies lui permettant de recevoir les télétypes émis par les stations maritimes militaires. Des radioamateurs se sont faits une spécialité d'écouter ce genre d'émissions au débit très lent, la transmission d'une lettre requiert une dizaine de secondes. Pour les curieux de ces ondes, les russes qui opéraient sur la bande des 50 kHz opèrent maintenant vers 18 et 20 kHz...
Le commandant veille à bénéficier des thermoclines, couches de températures et de salinités différentes capables de canaliser, de dévier ou retenir les sons. Si le submersible est aveugle, il n'est pas sourd, les sons se propagent admirablement en milieu liquidien et à la vitesse d'environ 1500 m/s (eau salée). Les ondes sonores, donc mécaniques, émissent sur une plage de fréquence audible (18 à 18 000 Hz) sont très bien perçues par l'oreille humaine, ce qui n'est pas le cas pour les ultra-sons situés au-delà de 18 kHz. Par mer calme, l'opérateur peut déceler le bruit d'hélice d'un cargo à plus de 40 nautiques et un autre SNA à seulement 1 nautique (1852 mètres), voire moins dans une mer très agitée. L'analyste détecteur signale la présence des autres navires naviguant dans les parages ainsi que leurs cap et vitesse, informations reportées sur la table traçante. Une croix indique la position du SNA, des flèches de différentes couleurs matérialisent la position et le cap suivi par les navires de surface, l'heure (T), la vitesse (SPD), le gisement (BRG), la piste (Track), la course (CRS). La navigation est régulée par les « subnotes », instruction nautique de l'OTAN qui définissent les zones d'évolutions des sous-marins afin d'éviter toute collision. Cette zone peut s'étendre sur quelques centaines de kilomètres et dizaines de large (rapport de 1/10). En zone côtière, le commandant utilise le « zonex », l'espace d'évolution est divisé en zones permanentes (semblable au trafic aérien) tandis que le MHN moving Haven matérialise la route suivie par le submersible. Les horloges sont calées sur l'heure Zoulou ou temps universel.
Lorsque les oreilles d'or éprouvent le besoin d'affiner l'écoute, le submersible s'immobilise et coupe ses moteurs, car l'écoulement de l'eau le long de la coque induit un bruit de fond suffisant pour masquer un son faible. L'opérateur peut différencier les navires selon leur spectre sonore (signature) inscrit dans une banque de données ultra-confidentielle, et dire s'il s'agit d'un diesel, d'une turbine à vapeur, et même le nombre de pales de l'hélice ou le nombre d'arbres ! Une hélice qui tourne à une vitesse différente ? le bâtiment est entrain de virer de bord. Le commandant assis sur le siège du périscope supervise l'activité du poste de pilotage et celle du du central des opérations
Tout l'équipage vit au rythme des quarts, soit par tiers (un tiers est à son poste, l'autre tiers s'occupe de la maintenance et le dernier tiers se repose) chacun d'une durée de quatre heures (0h-4h, 4h-8h, 8-12h) ou de bordées, la moitié de l'équipage. Le rythme circadien, alternance jour/nuit est respecté entre 7 heures et 20 heures et les coursives baignées d'une lueur blanchâtre et entre 20 et 7 heures d'une lumière rouge rappelant la chambre noire d'un photographe. Le commandant est le seul à bord à disposer d'une chambre individuelle (Il faut une douzaine d'années et environ 15 000 heures de plongée pour former un commandant de SNA), les membres d'équipage disposent d'une bannette (couchette), rideau tiré signifie une invitation à respecter le sommeil récupérateur de son occupant. Le personnel supplémentaire dort sur une « rance », c'est à dire le support d'une torpille aménagé pour l'accueillir.
Le submersible avant de faire surface réduit sa vitesse pour minimiser son sillage et remonte à une vingtaine de mètres afin que le haut du massif reste invisible quelques mètres sous la surface. Les périscopes et les antennes sont ensuite hissés (reprise de la vue) et les détecteurs radars activés afin de vérifier la situation tactique autour du SNA. L'ordre « chassez ! Surface, chassez partout » libère l'air comprimé qui envahit les ballasts avec un chuintement caractéristique pour venir alléger le bâtiment de plusieurs tonnes. Le commandant une fois le périscope rentré, lance l'ordre « surface ». Un témoin visuel lui indique que le kiosque est hors de l'eau, il est le premier à grimper et à déverrouiller l'ouverture du panneau donnant accès à la passerelle, vite rejoint par le second et deux guetteurs. Si le SNA est en route vers son port, il est rejoint par une flottille légère d'accompagnement et de protection et deux remorqueurs vont l'assister pour rejoindre son poste à quai. Dans quelques semaines, un nouvel équipage (relève bleu ou rouge) prendra la mer à son tour pour une mission de plusieurs mois.
Les sous-marins de type Rubis actuellement en service seront désarmés progressivement et remplacés par les SNA classe Barracuda. Le Suffren sera admis au service actif en 2017, suivi du Duguay-Trouin et du Tourville (2027) dont les capacités bénéficieront des avancées technologiques réalisées sur le sous-marin nucléaire lanceur d'engins, Le Terrible : missile de croisière Naval capable de frapper dans la profondeur terrestre, missiles antinavires SM39 , torpilles lourdes F21, un sas pour plongeurs, un caisson humide sur la plage arrière destiné aux opérations clandestines...
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