Emigrer au Canada : On Oublie !
Émigrer, ce que j’ai tenté en juillet/aout 2023. M’installer au Québec, avec quelques atouts comme un passeport français, un passeport américain, des études universitaires + de 20 ans d’expériences comme enseignant et une compagne, elle aussi, dans l’enseignement et possédant deux licences universitaires. Tous les deux étant bilingues français/anglais. Seul, en éclaireur, je ne partais pas là-bas en pensant qu’on allait me dérouler le tapis rouge, mais que j’avais cependant quelques arguments à faire valoir…
Comme citoyen américain, j'avais d’office un visa de six mois facilement renouvelable, mais ne me donnant aucun droit de travailler. Dès le premier jour, je me rendais compte que le logement serait le casse-tête numéro un de ma nouvelle expérience. La moindre nuitée d’hôtel à Montréal étant de 80$ et dans une banlieue loin du centre-ville. Par chance, j’avais réservé une semaine de location pour une chambre minuscule sur le campus de l’université de Montréal, ce qui me permit de souffler. Puis, il fallut libérer les lieux. Je trouvais chez un immigré algérien de longue date un studio dans sa maison à 1560$ mensuels. J’achetais un vélo pour mes déplacements et allais au supermarché du coin ; enfin du coin, à des km, car la ville est immense… Le coup de massue pour s’alimenter ! Tout au double comparé à la France qui déjà était devenue hors de prix.
Se mettre en quête d’un travail. Venu pendant l’été, puisque le recrutement des enseignants en établissements privés se fait à cette saison. J’apprenais à mes dépens que toute une activité lucrative était en plein boum avec les nouveaux migrants. Les avocats d’émigration aux tarifs Canada qui vous « dry ». Une consultation de 30 minutes pour 350 $. Puis, si d’accord avec le montage du dossier, dans les 5000$ + 1500 pour l’état, avec aucune garantie de succès. Des délais délirants, entre un an et deux ans pour recevoir un permis de travail ; car, malheureusement pour moi, arrivé après la covid, il y avait des millions de dossiers en attente. Parallèlement, je me renseignais sur la validité de mes diplômes universitaires et découvrais, bien qu’ils soient français et américains, qu’il fallait que j’en repasse une partie ; le coût entre 3 et 5 milles $. Ne me décourageant pas, j’envoyais des candidatures spontanées à des établissements privés. Je reçus deux contacts. À Toronto, dans des collèges. Les conditions étant : présence de 8 heures à 17 heures cinq jours par semaine, 22 heures de cours avec les deux mois de vacances d’été, mais « que » trois semaines toute l’année, ce qui explique que les élèves finissent si tôt en début d’après-midi. Quant au salaire… Guère mieux qu’en France au prorata du nombre d’heures et de jours de présence ; à peu près 3000$, ce qui parait beaucoup, mais avec un loyer à 1000 - 1200, beaucoup de taxes et l’alimentation, c’est juste, juste, juste. Ces deux pistes tombèrent à l’eau, car il aurait fallu que j’eusse des papiers en règle, et les directions préféraient se passer d’un élément expérimenté que d’entrer dans les méandres des lois d’émigrations. Pourtant, il manquait huit mille profs pour cette rentrée.
Ne pas tomber malade : c’est ce qui m’est arrivé, un truc parasite « pilori » à l’estomac. Ça m’a couté deux bras : consultation à 180$, médoc au même tarif, mais surtout des employés de clinique robotisés, ayant autant à faire dans le monde médical qu’un éléphant au Bolchoï. Et c’est là que je me suis rendu compte qu’une bonne partie de la population avait des yeux vides, des voix atones, comme sans ressort. Les seules personnes vivantes côtoyées ou croisées étaient celles qui avaient un air que je qualifierais d’exotique comparé à la population blanche majoritaire de la ville. Venant certainement du fait qu’eux-mêmes, récents arrivants, se souvenaient de leurs débuts difficiles et avaient tendance à avoir gardé de l’humanité ; quant aux autres… Des Américains parlant français, où apparemment la seule chose les concernant étant leur petite personne et qu'essentiellement rien ne vienne troubler leur vie bien rangée. La légende de la fameuse hospitalité n’a pas fonctionné pour moi et je crois ne pas être le seul aux vues des témoignages vidéo nombreux sur YouTube.
Le vieil émigrant qui exploite les nouveaux : cet Algérien, arrivé 16 ans plus tôt, à l’époque où tout était possible. Il avait été fermier au bled, était arrivé sans rien, avait fait plein de petits boulots qui lui avaient permis d’acheter sa maison pour une bouchée de pain comparé à nos jours, où il avait construit trois studios rapportant de belles sommes, et à l’arrière une nurserie, sur laquelle je reviendrais. Je logeais donc dans un studio, mais comme il n’était pas libre le mois suivant, il me proposa de dormir sur un matelas par terre pour 50$ la nuit… Je m’installais donc et rencontrais deux de ses compatriotes dormant dans cette nurserie pleine de cafards qui avait été fermée pour raison sanitaire. Des jeunes ingénieurs qui, eux aussi, tentaient de s’intégrer. La seule solution qu’ils avaient, c'était d’accepter un poste et de reverser sous la table 50% de leurs rémunérations à leur patron qui lui obtiendra les papiers. Exploités par les deux bouts, ces deux jeunes, par le proprio compatriote marchant de sommeil et le patron esclavagiste. Lorsque j’ai vu ça, cela m’a décidé de partir, car rien à faire dans cette arnaque à la chasse aux permis pour une future vie faite de nombreuses heures de travail avec peu de vacances et une pression permanente sur le cout du loyer qui peut augmenter soudainement si le proprio le décide. Quant aux prix alimentaires délirants et à l'impossibilité de devenir propriétaire de mon logement… Ayant d’autres options, comme beaucoup de personnes qualifiées, je décidais de tourner les talons.
Le micmac de l’immigration : professionnelle dans le secteur de la petite enfance, ma compagne n’aurait eu aucune peine à trouver un poste, car les offres surpassaient largement le nombre de postulants. Je trouvais une proposition dans une maternelle et appelais la propriétaire, une dame asiatique qui me dit qu’il serait bon que ma compagne téléphonât elle-même pour connaître les conditions d’embauche. C’est ce qu’elle fit, et entendit que si elle versait trois fois 10.000$, elle aurait le poste et le permis de travail… Je crois, suite à mes recherches sur les RS, qu’il n’y a plus que deux types d’immigrations dans le pays des caribous. Des personnes hyper qualifiées qui sont bien sûr comme une chasse au trésor pour les accueillir, mais qui ne représentent qu’une infime minorité de la masse. Une masse de gens, venant de pays pauvres, dont une partie de ce que l’on pourrait qualifier de délinquants, se cache parmi eux. Car, qui peut sortir des dizaines de milliers de dollars en cash pour l’obtention des papiers ? À part une frange de la criminalité d’un pays. Donc, pas étonnant que les Canadiens, pour la première fois en 2024, ont manifesté contre l’arrivée en nombre d’étrangers sur leur sol, aux vues de la criminalité en augmentation, du trafic de drogue, d’armes et d’incivilité en tous genres qui n’avaient pas leur place il y a quelques années. Autre point, faire partie d’une communauté, telle que chinoise, pakistanaise, indienne ou africaine. Je me souviens de mes balades à vélo le week-end dans les merveilleux parcs montréalais. Des groupes nombreux, d’une même minorité, s’amusant ensemble au bord du barbecue, mais ne se mélangeant à personne. Le melting-pot est bien mort et enterré et chacun doit rester avec les siens. Des filières organisées payent les frais d’émigrations, puis le nouvel arrivant rembourse avec de gros intérêts pendant des années. En caution ? La famille restée au pays…
En voyant tout cela, je comprenais que je m’étais trompé de destination et repartais après huit semaines qui me coutèrent fort cher, ne m’apportèrent pour ainsi dire rien niveau découvertes, car la vie à Montréal est comme celle d’une ville américaine ; mais cette « expérience » tua à jamais l’idée que je me faisais du Québec et des Québécois. Vous me direz, je n’avais qu’à mieux m’informer, ou pourtant sur internet, je m’étais longuement documenté, mais presque tout se révéla faux. Il est vrai que j’étais dans l’urgence, car limité financièrement et pour noircir le tout, entre les opportunistes et quelques autres personnages croisés n’améliorant pas le tableau, fit que ce séjour, sous une pluie quasiment quotidienne, tourna en une déception indigeste. Ce récit n’est que ma vision de ce que j’ai vu et vécu. Je le partage pour témoigner que partir là-bas n’est pas une partie de plaisir et je dois dire que pour un Européen, il y a plus à perdre qu’à gagner. Pour certains candidats, ce sera différents et positif et ils resteront, s’installeront et feront une nouvelle vie au Canada. Me concernant, c’est à oublier.
Georges ZETER/janvier 2025
Vidéo : Pourquoi Vivre au Canada Devient un Cauchemar
24 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON