Emmanuel Macron : Vœux du Nouvel An
L’art de s’attribuer le positif
J’ai presque tenu trois jours, mais finalement je n’ai pu respecter mon vœux de la nouvelle année, c’est-à-dire de ne rien écrire cette fois sur les vœux du président de la République
Au dernier soir d’une année 2024 marquée par la dissolution ratée de l’Assemblée nationale qui conduisit à la perte d’une grande partie de son influence, Emmanuel Macron, toujours droit dans ses bottes a fait de l’Emmanuel Macron !
Sans doute dans l’espoir de tourner la page et surtout d’impressionner et de donner l’impression de faire quelque chose de novateur, il, a bousculé le rituel des vœux aux Français : la traditionnelle allocution présidentielle s’est ouverte sur une courte vidéo, commentée en voix « off » par le chef en personne ! On n’est jamais mieux servi que par soi-même !
Et le ridicule commença : « Ensemble, cette année, nous avons prouvé qu’impossible n’était pas français », a-t-il lancé tandis que défilaient les images rappelant les « fiertés françaises » qui ont marqué 2024, selon le grand manitou. Il n’a pas oublié la célébration des 80 ans de la Libération, ni la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, ni, bien évidemment, les Jeux olympiques, « moment inoubliable de la vie de nation ». Merci patron ! Avec nos impôts vous avez tenté de nettoyer la Seine pour impressionner le monde entier ! Ce fut un fiasco monumental ! Cependant, vous avez transféré l’argent nécessaire à l’éducation, à l’hôpital aux retraites, aux agriculteurs et j’en passe et des meilleurs pour satisfaire votre égo surdimensionné et laisser votre nom à la postérité, croyez-vous…
Ensuite il y eut des images qui ont montré « un pays uni, de Saint-Denis à Tahiti », « une France pleine d’audace, de panache, follement libre ». « Nous avons réussi parce que nous avons été ensemble. Unis, déterminés et solidaires », a-t-il conclu. Paroles gratuites prononcées de manière grandiloquente Mais finalement que connait-il de la vie du pays ?
La stature d’Emmanuel Macron sa façon de parler sa gestuelle m’incitent à remplacer le « Nous » dans la bouche du président par le « JE » en majuscules.
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Innovant sur la forme, Emmanuel Macron, filmé en plan serré dans le jardin d’hiver du palais présidentiel, s’est aussi livré, évoquant la grave crise politique dans laquelle la dissolution de l’Assemblée nationale a plongé le pays, à un faux mea culpa.
Même quand il a reconnu « une erreur » celle-ci fut atténuée et même justifiée : Jugez plutôt : La dissolution (je n’ai toujours pas compris pourquoi l’a-t-il faite ; voulait-il faire du Chirec probablement ?, nda) est justifiée. Si « l’instabilité politique » qui en a découlé n’est pas « propre à la France », et touche aussi « nos amis allemands », le chef de l’Etat a dit devoir « bien reconnaître ce soir que la dissolution a apporté, pour le moment, davantage de divisions à l’Assemblée que de solutions pour les Français », alors qu’il justifiait encore cette décision il y a quelques semaines. « Si j’ai décidé de dissoudre, c’était pour vous redonner la parole, pour retrouver de la clarté et éviter l’immobilisme qui menaçait, a poursuivi le chef de l’Etat, dans un rare moment de contrition. La lucidité et l’humilité commandent de reconnaître qu’à cette heure cette décision a produit plus d’instabilité que de sérénité. Et j’en prends toute ma part. »
En somme, Emmanuel Macron nous dit que les bénéfices (! !!???) de la dissolution viendront un peu plus tard ! Et pour aller un peu plus loin, Emmanuel sous-entend que la possibilité qu’il a donnée aux Français de s’exprimer (! !!) n’a pas été saisie par ces derniers (toujours à râler, pas contents, frondeurs) et ont mal voté ; bref, ils n’ont pas été à la hauteur de leur président (ça me rappelle quelque chose de déjà entendu. Il s’agit d’un autre de ses amis, Le Gendre alors chef de fil des députés marconistes qui traitait en 2019, les Françaises et les Français de moins que rien, adoptant un ton arrogant, une posture de classe, disant à propos des manifestations des gilets jaunes : « Nous avons insuffisamment expliqué ce que nous faisons ». Ajoutant : « Et une deuxième erreur a été faite, dont nous portons tous la responsabilité (...) : le fait d’avoir probablement été trop intelligents, trop subtils, trop techniques, dans les mesures de pouvoir d’achat. Nous avons saucissonné toutes les mesures favorables au pouvoir d’achat dans le temps. C’était justifié par la situation des finances publiques, mais manifestement ça n’a pas été compris. »).
Mais revenons à l’allocution. Même le résultat calamiteux pour nombre d’observateurs des élections législatives est justifié et rendu positif car l’Assemblée actuelle représente « le pays dans sa diversité et donc aussi dans ses divisions », estime-t-il. « Pleinement légitime », « elle doit savoir dégager des majorités ».
Le désormais chômeur le mieux rémunéré de France (du monde peut-être) se cherche encore un rôle de sauveur et se positionne en leader et maître du jeu en appelant les forces politiques à faire de 2025 l’année « du ressaisissement collectif », afin de permettre « la stabilité » et « les bons compromis ». Si ce n’était pas tragique cet humour macronien serait excellent !
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Je suis certain qu’il nous resservira un tour de France pour « écouter » le peuple, la volonté profonde du pays l’avis de tous et ensuite nous présentera (un cabinet conseil quelconque grassement payé avec nos impôts rédigera un texte à la gloire du chef) une synthèse à sa gloire ! Durant sa tournée française il s’écoutera parler devant un auditoire choisi et acquis à sa cause, pour noyer le poisson !
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Enfin Emmanuel Macron se prépare un destin européen et international exhortant les Européens à « en finir avec la naïveté » en matière de commerce ou d’agriculture, à « dire non aux lois du commerce édictées par d’autres et que nous sommes les seuls à encore respecter, dire non à tout ce qui nous fait dépendre des autres, sans contrepartie et sans préparer notre avenir ».
Ce discours est cependant l’exact contraire de ce qu’il a fait et continue à faire dans la construction de l’Europe ultralibérale qui est en train de se faire aux dépens des citoyens européens et au profit du grand capital…
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Tout le monde attendait mais Emmanuel Macron n’a pas prononcé le mot magique de « démission » que l’écrasante majorité des Français attendait.
« Nous aurons des choix à faire pour notre économie, notre sécurité, notre démocratie, nos enfants », a-t-il prévenu. « En 2025, nous continuerons de décider et je vous demanderai aussi de trancher certains de ces sujets déterminants, a-t-il lâché.
Car chacun d’entre vous aura un rôle à jouer. » Laissant entrevoir, sans en prononcer le mot, d’éventuels référendums. Un ultime recours au peuple qu’il a déjà évoqué sans jamais s’y résoudre, tant il apparaît risqué pour lui. Mais le seul outil constitutionnel dont il dispose encore.
Enfin, Mayotte est passée à la trappe : Emmanuel Macron a parlé du département dévastée par le cyclone, évoquant vaguement l’action en faveur de la reconstruction.
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