En 2017, est-il un vote utile à l’homme de droite ?
2017 pose la même question que 2012 : pour qui voter ? Les formations politiques se chargent de faire un premier choix, ce qui n'est pas vraiment démocratique. Mais parmi ceux qui seront dument adoubés par leur formation, est-il un vote nécessaire ou utile à l'homme de droite ?
Évacuons tout d'abord les questions exégétiques portant sur les points particuliers des programmes.
En effet, très peu d'électeurs prennent le soin d'une lecture attentive. Nous votons sur l'image et les croyances se rapportant aux candidats, rarement sur comparaison pondérée des différentes propositions. D'autre part, le rapport entre programme et réalisations est lointain, et quelquefois même inverse : qui se proclamait en 2012 "ennemi du monde de la finance" s'est empressé de nommer un ancien de Rothschild comme ministre de l'Économie. Avec les résultats que l'on sait.
Ce qui compte, avant le détail du programme, c'est la vision générale. Soit celle de gauche, avec son cortège d'irresponsabilisations et d'utopies, ou bien celle de droite, avec son cortège de lâchetés et d'appétits mercantiles.
Premier point : l'homme se situe à droite, ...
...à la condition que ce mot signifie un attachement courageux aux valeurs de civilisation traditionnelles. Car ce n'est pas dans le repos que se trouve la vertu.
La droite, tout particulièrement depuis le septennat de Giscard, s'est particulièrement attachée à justifier la remarque élégamment désespérée de Ghislain de Diesbach : la France est gouvernée par deux grands partis de gauche, dont l'un s'appelle la droite. Et l'homme de droite fait partie de ceux qui pensent que le sujet de l'identité, redécouvert opportunément par nombre de dirigeants, est celui dont découle tous les autres. Fondamentalement, viscéralement, je n'ai aucune envie de vivre dans le monde rêvé par Jacques Attali, dussé-je pour cela consentir à un moindre confort ou à un moindre niveau de vie. J'ai envie de vivre dans un monde qui soit dans la continuité de celui de mon père et du père de mon père, un monde qui me ressemble, qui nous ressemble, pour autant que je conçoive la nation comme l'extension de la famille, et le monde comme riche en territoires distinct où elles peuvent vivre dans leurs spécificités : une frontière n'est pas ce qui nous sépare, c'est ce qui nous définit.
Aujourd'hui, la population du "9-3" est d'un million et demi d'habitants : 500.000 sont titulaires d'une carte de séjour, 500.000 sont des français administratifs, par droit du sol, et il ne reste que 500.000 français autochtones, âgés et cherchant à quitter le département (1). Cette situation emblématique sera celle de la France toute entière dans très peu de temps, avec son cortège de difficultés, de drames, et de coûts inhérents. Implacables, les statistiques de dépistage de la dépanocytose établissent qu'actuellement en Ile de France, 6 bébés sur 10 sont d'origine africaine. Autre parallèle glaçant : le nombre d'immigrés s'installant en France depuis trente ans est à peu près le même que celui des avortements : 200.000. Chiffres qui ne sont en rien comparables à ceux qui ont prévalu dans l'histoire de France, depuis quinze siècles.
Non seulement ce qui fait notre spécificité comme communauté et comme nation disparaît, mais encore ce qui reste de notre communauté nationale est-il divisé en deux blocs prêts à s'entre-déchirer : ceux qui veulent que cette civilisation vive encore, et ceux qui veulent en imposer le suicide, phénomène particulièrement visible également dans l'Allemagne d'Angela Merkel.
C'est pour avoir dénoncé ce péril que la droite identitaire est méprisée, insultée, haïe, combattue chaque jour par tous les moyens, par une classe de bien-pensants qui ont imaginé pour la France un modèle multiculturel désincarné, et le lui ont imposé délibérément. Une des dernières mesures en date est la dépénalisation de l'aide aux personnes sans papiers sur le territoire national : personne ne peut prétendre, comme à l'accoutumée, que cette loi a été imposée par Bruxelles, ou découle de Schengen ?
Aujourd'hui, le pays est quasi-mort, charnellement. Comme pendant que le Titanic coulait, nous profitons confortablement encore de quelques moments d'une harmonie héritée de ceux qui nous ont précédés, mais la suite de l'histoire est possiblement inéluctable, et il s'agit d'entrer dans un monde multi-culturel, multi-ethnique, multi-religieux, et multi-problématique. Comment un homme de droite pourrait-il envisager de donner sa voix à ceux de ces groupes qui ont planifié avec tant de constance le remplacement délibéré de notre civilisation par une autre civilisation sans avenir pérenne, car faite de communautés héréroclites n'ayant rien à partager entre elles, voire ennemies ?
Dans toute situation, il reste autant d'espoirs que d'hommes, pour peu ici qu'ils s'attellent à infléchir positivement l'erre du paquebot France. Pour cela, il faut du courage, qui est bien la dernière qualité de nos gouvernants. Il y faut aussi de l'enracinement, seconde qualité qui leur manque : ils parlent "des Français" comme d'une espèce de cobayes. Pour donner du courage et de l'enracinement aux responsables politiques, en dehors des solutions inconstitutionnelles testées en 1961, il n'y a qu'une solution qui s'offre au vulgum pecus, c'est simplement de parler fort, au risque, parfois, de l'excès.
Pourquoi les leaders du parti Républicain droitifient-ils leurs discours ? Il est permis de penser que c'est moins pour des convictions profondes qu'à cause de l'émergence du courant porté par le Front National, qualifié au passage d'un méprisant "populiste". Nous entendrions beaucoup moins de rodomontades, mais aussi de propositions positives, si les orateurs de droite qui les prononcent n'étaient pas protégés à dextre par une infanterie qui leur sert de confortable flanc-garde. Voter pour Marine Le Pen est jusqu'ici le moyen le plus efficace de redonner des valeurs de droite à la droite parlementaire (en tous cas d'une efficacité bien supérieure à celle de Sens Commun, en peine de s'imposer dans le puissant appareil politique du parti Républicain).
Dans les objections notables à ce point de vue, la question européenne incite certains à considérer que les Frontistes ne seraient pas raisonnables. Le fond du débat n'est pas tranché, nous verrons dans les années qui viennent les conclusions qu'il faut tirer du Brexit, tout en sachant que le débat ne se situe pas entièrement sur le plan économique. Pour autant, cet argument n'a que peu d'importance. D'une part parce qu'il est très peu probable que Marine Le Pen soit élue. Et que d'autre part, si elle était élue, il est encore très peu probable que la première mesure qu'elle prenne soit un Frexit précipité, ou un rétablissement du Franc. Mais surtout parce que la meilleure ennemie de l'Europe n'est pas Marine Le Pen, mais bien l'Europe elle même, incapable de se remettre en question après la sortie des Britanniques, continuant à réglementer la courbure des concombres, alors que les grandes questions de défense, de migrants, de subsidiarité, et là encore, d'identité, ne sont pas traitées sérieusement.
Certains reprocheront également des positions peu catholiques prises par le parti de Marine Le Pen, ou certaines fréquentations discutables. Je crois sincèrement que ces arguments, pour pleinement respectables qu'ils soient (en dehors des jugements ad personam, naturellement), seront à discuter lorsque nous serons sortis, si nous en sortons, de la période mortelle dans laquelle nous nous trouvons.
Ce n'est pas gagné.
1 Xavier Lemoine, cité par Charles Beigbeder dans "Charnellement de France" (lecture recommandée)
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