Un trafic d’armes gigantesque existe donc, et on en découvre des bribes à l’occasion d’évènements inopinés. Le 9 janvier 2007, un bon vieil Antonov 26B moldave, immatriculé
ER-26068 s’écrase sur la base de Balad, en Irak. L’avion venait d’Adana en Turquie, et était affrété par une compagnie,
AerianTur-M. basée à Chisinau. L’avion est e
n miettes. Le
s débris sont tellement éparpillés que l’on évoque une explosion en l’air plutôt qu’au moment de l’atterrissage. Un témoin raconte sa version :
"But I have some other information about the crash ! I was in Balad AB a few weeks after the crash and I talked with many people there, who saw the accident by their own eyes ! There were many witness. They told me and the other turkish officials, that the aircraft was hit by a missile,and this missile was from the Balad Air Base Hospital,where is installed the air-defense system. The airplane flew over the Hospital below the admissible altitude and was shoot down,because this system works automatically". Bourde, erreur, bavure, on ne sait. Le pilote, habitué des arrivées..."discrétes" a-t-il volé effectivement trop bas ? Résultat, 34 morts, les travailleurs étrangers venus construire un nouvel hangar sur la base. La scène du crash sera nettoyée en quatre jours, par l’armée, pendant lesquels personne n’aura le droit d’être présent. Mais une autre inquiétude à propos du crash provient de Turquie, qui n’est pas autorisée à se rendre sur les lieux de l’accident malgré ses victimes...
"Despite having lost the most victims in the incident, Turkish experts who were not allowed to join a group of American, Iraqi and Moldovan professionals decrypting the flight recorders". Or, ils ont bien été retrouvés,
ces enregistreurs. Mais on le les a pas rendu publics.
Pour le ministère turc, il n’y a pas d’autre version possible : c’était un des avions qui transportait aussi des armes, provenant de Transnitrie, et destinées... à Al-Quaida.
"A previous statement from Yıldırım had raised suspicions over the reason behind the crash when he said that the American troops removed the wreckage from Balad Airport. Abdulkadir Akyüz, the only passenger to survive the plane crash and hospitalized in Ankara has not yet fully recovered, said Yıldırım, and added that he will pay a visit to Akyüz soon. American troops are said to have grown increasingly suspicious of the steady flow of Moldovan cargo planes to Iraq, carrying a continuous stream of weapons that have fuelled the islamic insurgency." Selon le Tiraspol Times, il n’y a aucun doute : "
A veritable pipeline of weapons from Bosnia and Moldova have been flowing steadily to fuel the Jihad in Iraq and other parts of the Middle East for at least five years, with Moldovan Antonov-26 cargo planes at the center of the trafficking network". "Cinq années de pipeline aérien " ? Des avions qui se posent tout ce qu’il y a de plus officiellement sur les bases américaines pour aboutir chez Al-Qaida ? Impossible ? Et pourtant, l’étau se resserre, selon le même journal :
"In May 2006, Moldova’s reputation was further damaged by the involvement of Jetline International, a shipping firm previously registered in Moldova as AEROCOM, in controversial transfers of more than 200,000 Kalashnikov assault rifles from Bosnia to Iraq. Amnesty International reported that many of these arms ended up in the hands of insurgents, militia and rebel groups". Selon lui, les 200 000 armes manquantes sont déjà dans les mains des insurgés :
"The Guardian, in a piece of investigative reporting published on 12 May 2006, showed how these weapons "went missing" in Iraq. Two Canadian intelligence analysts believe that behind the arms deal were powerful Islamic interests, tied to both Bosnia and the Moldovan government, and that the 200,000 Kalashnikov assault rifles had always been intended for the insurgents in Irak". Cinq ans que ça dure, donc, pendant lesquels les avions de Victor Bout, ceux d’Aerocom ou de JetLine ont été vus tous les jours ou presque à Balad Air Base ? Mais de qui se moque-t-on ? Balad Air Base, ses
hamburgers, son
self, (Hallliburton) s
a piscine. ses
Antonov 124,..ses
concerts, et son large trafic ?
Finalement cernés, déclarés dangereux, les avions de Victor Bout sont mis à l’écart, mais pas par les américains : une directive de l’Union Européenne interdit de vol une liste d’avions moldaves le 17 juillet 2007. L’éventail est large, allant du petit Antonov 24RV au puissant Ilyushin 76T. 27 appareils au total de compagnies différentes :
"Following the invitation of the civil aviation authority of the Republic of Moldova, team of European experts conducted a fact-finding mission to Moldova from 4 to 8 June 2007. Its report shows that the Moldovan Civil Aviation Authority has revealed an insufficient ability to implement and enforce the relevant safety standards in accordance with their obligations under the Chicago Convention, as regards the following carriers : Valan International Cargo Charter, Aeronord Group (souvents vus à Ostende), Grixona, Jet Line International, Jet Stream, Pecotox Air, Aeroportul International Marculesti, and Tiramavia ". Cette dernière étant dans le collimateur depuis 2002 et un crash au Liberia :
"On 15 February 2002, an aircraft crashed as it approached the runway of Roberts International Airport. International media reported a series of explosions after the crash that could have been caused by the presence on board of arms and ammunition. The Panel tried to find out more about the-crash, especially in the light of the arms embargo on Liberia, but the Government authorities have thus far steadfastly prevented any independent observer from going to the site". On aurait pu enquêter, mais... Il est vrai aussi que le
s vieux Illyushin, parfois... ont du mal à décoller. Le plus vu sur place étant
l’Illyushin-76 N° 83483513, le
S9-DAE, qui sera vu à Mossoul, à plusieurs reprises, ou à Bassorah, avant de finir
sa carrière, scrapé, il y a peu, le mois dernier seulement, à
Fujairah (Alfujairah), sa base, au
milieu d’autres. Une base que connaîtrons bientôt les français... Il était devenu entretemps
Goliaf Air. Du Victor Bout nouvel étiquetage. Dans un rapport
du SEESAC, la compagnie est jugée plus que douteuse, car directement mêlée à des livraisons d
’armes au Soudan. "The Sunday Times has seen western intelligence reports that link Dallex’s São Tomé operating partner Goliaf Air with the notorious arms dealer Victor Anatoliyevich Bout. If the report is accurate, it casts an even more sinister light on the shipments."
Les 3/4 des noms cités dans le rapport européen étaient en fait des noms d’emprunts de compagnies moldaves, s
ignés Victor Bout. Parmi eux, l’Illyushin 76 ER-IBV (serial 3423699) d’Aerocom, vu
aussi souvent à Ostende, responsable du transfert de 99 tonnes de munitions (en plusieurs voyages) à Bagdad, par un contrat sous la responsabilité d’un homme connu : le mercenaire Stoffel, de la
Wye Oak Technologies. C’est au retour de sa visite au dépôt de Taji, et en sortant du bureau de Petraeus qu’il périra dans une embuscade : un de plus dans le placard.
"On December 8, 2005, Stoffel went to Taji military base outside Baghdad to examine stockpiled Iraqi weaponry and equipment. Taji is believed to have been one of the sites where newly-arrived equipment supplied by US contractors was also stored. On his return trip from the base to Baghdad Stoffel was ambushed by a previously unheard of group describing themselves as the "Brigades of Islamic Jihad". Following his murder, Wye Oak Technologies lost their contract with the Iraqi Ministry of Defence and with it the right to sell Iraqi military surpluses". Un concurrent de moins.
Car encore une fois, au milieu du scandale, comme
pour le cas de Stoffel, on retrouve le même personnage haut placé au sommet du scandale :
"Adding to the embarrassment of the US government is that much of this fraud occurred when General David Petraeus, currently the US military commander in Iraq and the mastermind of the surge strategy that is buying time for the Bush administration, was in charge of the program to train and equip Iraqi security forces to join the battle against insurgents and the jihadists led by Al-Qaeda". C’était bien Petraeus qui supervisait l’équipement des policiers irakiens. Chez Lee, les charges portées affirmaient la même chose, la firme avait bien arrosé tout l’establishment militaire, ce qui rend la position de Petraeus, littéralement entouré de "revendeurs", difficilement tenable :
"Federal court papers show that the Defense Department took action against Lee Dynamics over allegations the company paid hundreds of thousands of dollars to numerous US officers in Iraq and Kuwait, including Major Davis, to secure contracts worth $12 million for warehouses in Iraq to store weapons and other equipment in 2004-05. During the period the weapons vanished Lee Dynamics operated warehouses in Taji, Umm Qasr, Ramadi, Mosul and Tikrit, although no direct link between the company and the missing weapons has been produced at this point". Toutes les villes principales d’Irak avaient été gangrenées : le régime corrompu de Maliki avait trouvé son maître avec l’
armée américaine elle-même ! Parmi les profiteurs, pas seulement l’armée : à plusieurs reprises le nom de Blackwater avait été cité. Parmi les destinataires, parfois on a q
uelques surprises...
Taji est un
bon exemple de la duplicité américaine. A en croire Petraeus, donc, c’est parce qu’il était pressé d’armer la police irakienne qu’il n’a pas donné l’ordre de numéroter les armes qu’il lui fournissait. Or c’est en contradiction flagrante, ces propos, avec comment nous est décrit le dépôt principal de Taji, où étaient débarquées les armes provenant de Transnitrie ou d’Albanie. Un capitaine de l’Air Force,
Ted Yang, gérant le
dépôt décrit en effet tout autre chose :
“We collect anywhere from 100 to 1,000 weapons a week,” said Yang. “I saw almost 3,000 weapons come through in just my first week on the job. Yang, a Fresno, Calif. native, and his joint team of Airmen, Soldiers and civilians are responsible for collecting weapons seized from insurgents so they can’t be used against Iraqi and Coalition forces. Taji is the main collection point for all of Iraq". Selon lui, donc,
Les armes saisies sont donc bien
"collectées" et donc bien "enregistrées",
"rangées" et
étiquetées à Taji. Voire réparées, à l’aide de
manuels spéciaux. On s’y
attache, avec empressement. Certaines sont détruites, les autres partent équiper la Police, nous dit notre candide... mais bel et bien équipées d’un numéro !!! "
The weapons are inventoried and logged by serial number and weapon type. Most are destroyed, while the more unique items are often sent to museums. Depending on the condition, some are refurbished and given to the Iraqi military. “About 1,500 AK-47s were given to the Iraqi Army from the seized caches so they could train and learn how to fix and maintain them,” précise un adjoint. C’est pratiquement ce témoignage précis qui condamne Petraeus : certaines armes auraient été suivies, mais d’autres pas... en ce cas ! Il est aberrant de constater la dichotomie entretenue entre les armes saisies à l’ennemi, dûment répertoriées, inventoriées et badgées, et celles en provenance des avions "invisibles" qui, systématiquement auraient échappé au comptage ! Petraeus, quelque part, ment ou dissimule quelque chose. Selon le responsable du dépôt, lui-même cherchait avant tout à rendre plus sûr le pays en protégeant les forces de la coalition et en évitant la dissémination en
marquant les armes :
"We do something here that yields direct results and affects the safety and well-being of Iraqi and Coalition Forces”. Est-ce à dire que ce n’était donc pas le but de Petraeus ? Ça y ressemble diantrement. Mais dans ce cas, pourquoi donc monter des soldats américains, dans le magazine de l’armée "Defend America" en train
de NOTER le numéro d’armes saisies à Ramadi lors de l"Operation Bulldog" en 2004... ??? Depuis 2004, l’armée savait bien d’où elles provenaient ! A l’époque, il est vrai le même magazine titrait encore : "
Saddam Had WMD Ambitions"...
L’absence de répertoire des armes accepté par Petraeus est soit une faute lourde, soit une action intentionnelle ! La traçabilité des armes est bien la clé du problème irakien et afghan. On sait le faire pour des OGM ou des cochons et on ne saurait le faire pour des Kalachnikovs ? Evidemment, quand les congressistes US viennent visiter le camp, en mars 2008, on les accueille avec des p
aperasses... Comme par hasard, c’est à Taji qu’atterriront les T-72
tant convoités par Stoffel, qui y a laissé la vie. On y retrouve même des blindé
s français Panhard achetés par Saddam Hussein, refourgués eux aussi à la Police locale... rebâtir une armée avec des stocks abondants saisis ne doit pas revenir si cher : où sont donc passés les milliards de dollars d’aide pour le faire ?
Pire encore, certaines enquêtes menées par l’armée s’étaient d’elles-mêmes effondrées, dans des circonstances difficilement imaginables : l’inspecteur principal Howard Krongard, nommé pour faire le toute la lumière sur la disparition des armes, avait son propre frère, lui aussi un ancien de la CIA, à la tête, justement, de Blackwater !!!"The case took a bizarre twist on December 7, when the State Department’s inspector-general, Howard Krongard, accused of impeding federal investigations of contract fraud in Iraq and Afghanistan that included Blackwater, resigned after it was revealed during a stormy November 14 Congressional hearing that his brother, former CIA executive director Alvin "Buzzy" Krongard, served on Blackwater’s advisory board. "Buzzy" Krongard, who left the CIA in 2004, has been associated with Blackwater’s founder, former Navy Seal Erik Prince, since 2002 when the company’s fortunes took off with a $5.4 million "black contract" from the CIA for covert services in Afghanistan". Le pré-rapport dénonçait cependant en détail les activités du Major John Cockerham, dirigeant du Camp Arifjan au Koweit (un gigantesque dépôt d’armes en fait !), de sa femme et de sa fille (? ??), qui avaient tous trois touché 9,6 millions de dollars au total en graissage de patte, pour faire évaporer des armes, tous trois en liaison directe avec l’entreprise Lee et la malheureuse Gloria Davis.
Au final, cette pauvre major Davis a été néanmoins enterrée en décembre 2006 à ...Harlington, au milieu des héros militaires : "Major Gloria D. Davis of the US Army was buried in Washington’s Arlington Cemetery, the last resting place of many of America’s military heroes, on December 23, 2006". L’emplacement de sa tombe représente à elle seule toute l’hypocrisie d’un système. Lors de sa mort, la version officielle donnée à la presse était "a non-combat-related incident in Iraq". Un de plus, avec une "enquête à venir" à la clé, qui n’est jamais venue. Sur son CV, une chose bizarre à retenir la concernant : "Before deploying to Iraq Gloria had worked in the Pentagon and was suppose to be there on 11 September 2001 but had taken the day off to visit her daughter." Et une autre, encore plus caractéristique : "A point that needs to be brought out about this death is the CID calls this a suicide by gun and that she shot herself with her left hand. Gloria was right-handed ! She was planning to retire in 2 years and according to her mother the military hasn’t found the money it claims Gloria took in bribes". Sa propre famille n’a donc jamais vu un sou de l’argent détourné ? Aurait-on fabriqué la lampiste idéale pour mieux la suicider ? Finalement, il n’y a pas que Connell pour remplir les placards du pouvoir, aux Etats-Unis ! Une noire ayant gravi les échelons au sein de l’armée peu faire tout aussi bien, et partir elle dans l’au-delà aussi avec ses terribles secrets, en laissant sa famille sans le sou après avoir été accusée d’avoir touché des millions de dollars... étrange cas, étrange disparition... une de plus !
Il y a donc quelque part une gangrène en très haut lieu, au sein même de l’armée américaine, qui a laissé filer, en Irak comme en Afghanistan, un nombre incroyable d’armes légères, ou même des bazookas (des RPG-7). Au bas mot, nous l’avons dit, plus d’1/2 millions d’armes... Selon le Figaro en date du 14 octobre 2007, Petraeus lui-même aurait été à l’origine des distributions sans en tenir la comptabilité, en choisissant selon lui de parer au plus vite :"Nous avons pris la décision d’armer les types qui voulaient se battre pour leur pays " a t-il déclaré pour justifier la perte d’un nombre important de pistolets ou de Kalachnikovs. Le patriotisme sunnite avait bon dos. A défaut d’être jugé pour mensonge, Petraeus devrait au moins l’être pour incompétence crasse ! On n’ouvre pas ainsi la porte à la dissémination dans un pays pareil en en étant l’occupant ! Ou alors, on le fait exprès... dans quel but, sinon de prolonger le conflit ?
Mais ce n’est pas tout encore dans cette découverte du New-YorkTimes : parmi les vendeurs des munitions bulgares, l’armée américaine, malgré son inorganisation pour la distribution à au moins retrouvé un nom : Efraim Diveroli. Ce phénomène là, cela fait trois fois que je vous en parle. Dans les jours qui suivent, je vais vous en parler une quatrième fois : il vaut bien en effet ça, tant il résume tout ce qui se passe là-bas en Afghanistan ou en Irak. C’est lui qui a vendu à 19 ans pour 298 millions de dollars de cartouches, dont beaucoup avariées, à l’armée américaine, celles-là même découvertes à Wanat, et qui depuis s’est enfui... en Israël, où il court toujours... sous la menace américaine de 523 années de prison qui lui pendent au nez. Mais il a toujours sa Mercedes, aux dernières nouvelles : un juge américain vient juste de lui rendre.
Les américains, en Afghanistan, on donc bien re-découvert la Lune, et nous, nous sommes retombés sur le Pierrot de l’histoire. Demain, je vous propose d’ouvrir sa porte et de découvrir les étranges ramifications de ce trafic d’armes afghan et pakistanais. J’ai comme d’avis que ça ne va pas plaire à certains...