En France, il y a (vraiment) du souci à se faire !
Contrairement aux attentes des plus utopistes, pardon, des plus optimistes d’entre nous, il faut se rendre à l’évidence : la situation de la France, des entreprises françaises et des Français ne s’améliore pas, au contraire elle se dégrade.
Dans la société, il y a un besoin et une attente combinée extrêmement forte, qui ne cesse pas de s’exacerber.
Les gens, jusqu’à dans les couches moyennes ou favorisées, nécessitent d’être moins pressurés par les conditions de vie et son coût qui augmente (avec ses besoins). On n’est même plus sûr qu’ils accepteraient de “travailler plus, pour gagner plus”.
Quelle famille peut vivre aujourd’hui, dans le monde occidental moderne avec une seule voiture, sans au moins deux téléphones portables (avec les abonnements qui vont avec), sans au moins deux ordinateurs, sans abonnement internet, sans abonnement multimédia HD et sans la télévision Plasma Full HD qui vient de sortir ? Les études montrent que les revenus ont augmenté ces 15 dernières années, bien sûr, et personne ne comprend pourquoi les gens se plaignent, mais le coût “invisible” des nouveaux besoins “vitaux” dépassent nettement les augmentations de salaire.
Pour ne pas arranger les choses, puisque le monde occidental “produit” des individualistes et des célibataires (hommes, femmes, ou parents isolés), leur budget explose car si dans un couple on peut mieux faire face avec deux salaires, il n’en est pas de même pour les personnes seules, notamment les plus jeunes (qui sont aussi celles qui ont le plus de “besoins” insatiables).
Les entreprises françaises de productivité semi-industrielle ou industrielle ne pourront pas résister longtemps face à une quadruple insupportable pression :
- à la fois d’un dollar extrêmement faible limitant ou empêchant les exportations de production nationale, dans un monde où tout se négocie encore en dollars ;
- de la nette baisse du pouvoir d’achat des particuliers (ou plutôt de leur incapacité à consacrer une partie de leur budget dans autre chose qu’un loyer, une voiture, un abonnement internet, téléphonique et dans la nourriture) mais aussi de la baisse de l’investissement professionnel (les entreprises perdant confiance progressivement et cherchant à se solidifier avec ce qu’elles ont déjà plutôt que de parier sur l’avenir) ;
- de la concurrence internationale déloyale, essentiellement asiatique (le “grossiste mondial”, mais aussi désormais le “frigidaire mondial”) à faible coût de main d’œuvre ;
- du prix du pétrole qui va s’installer au-delà de 100$ le baril et qui pèse sur l’ensemble de l’économie à différents niveaux, et dont on n’a pas encore ressenti tous les effets conséquents.
Combien de temps la situation est-elle tenable ? Qui peut le dire ? Sûrement pas très longtemps. Des années ? Des mois, avant d’en constater des signes irréversibles ?
Les institutions économiques et statistiques, généralement proches du pouvoir politique, ne semblent pas communiquer sur de graves inquiétudes, alors que les économistes indépendants sont plus qu’alarmistes.
Et ce n’est pas qu’en France, c’est toute l’Europe qui est touchée plus ou moins au même niveau. Ralentissement en Allemagne, signes inquiétants en Belgique, en Italie, et même en Angleterre.
Verrons-nous bientôt les églises se transformer en dortoirs pour pauvres, transférés depuis les trottoirs, ruinés ou mal logés, les supermarchés et les commerçants dévalisés par des gens qui ne peuvent plus faire autrement que se servir sans payer et qui ne trouveront pas vraiment de résistance ?
Est-ce un passage obligé ? Probablement. C’est la “rupture”, dans tout ce qu’elle a de plus cynique.
Soyons objectifs.
On ne peut pas sortir de l’Europe qui nous étrangle, on ne peut pas enrayer l’immigration illégale qui nous pèse malgré le consensus de tous sur la question, on ne peut pas baisser les charges des entreprises d’au moins 30%, on ne peut pas augmenter les bas salaires de 25%, on ne peut pas baisser la TVA sur tout ce qui est consommé pour en alléger fortement le prix, on ne peut pas offrir plus de travail aux gens car il n’y en a pas plus à offrir et souvent les actifs travaillent déjà autant qu’ils peuvent, on ne peut pas transformer les banlieues des grandes villes en quartiers résidentiels agréables, on ne peut pas limiter ou interdire l’importation des produits asiatiques ou issus des zones à concurrence déséquilibrée qui pourraient être manufacturés ou fabriqués en France en dynamisant l’emploi et la création d’entreprises de taille moyenne, on ne peut pas lutter contre les politiques commerciales internationales mondialisées qui écrasent toujours plus les prix, soi-disant pour donner plus de pouvoir d’achat aux travailleurs par la concurrence ouverte, alors qu’en réalité elles compressent les marges bénéficiaires et donc rendent impossible le partage de richesses qui d’ailleurs ne se constituent plus au même niveau, sans compter que la qualité des produits proposés est de plus en plus contestée.
Il y a tant de choses qu’on ne peut plus faire, pour lesquelles il ne semble plus possible de revenir en arrière, qu’on voit mal comment toujours plus de gens vont s’en sortir toujours mieux dans un monde censé devenir toujours meilleur.
Il est indiscutable, au moins en apparence, que le président Sarkozy tente de faire remonter la pente à toute la machine France. Mais comment peut-on pousser un très lourd véhicule vers l’avant quand sa marche arrière en engagée, dans la boue ?
J’ai bien peur hélas que toutes les mesures qui sont prises depuis l’élection de celui qu’on appelle l’Hyper Président, et toutes celles à venir pendant son mandat, et qui, du reste, seront toujours plus difficiles à faire avaler aux Français, resteront nettement insuffisantes et improductives de résultats, conduisant inéluctablement le pays, et surtout son peuple, vers une situation empirique.
On voit bien, avec les récents sondages d’opinion qui le place en janvier 2008 à 47% de satisfaction (et son Premier ministre à 42%, tous deux en baisse continue depuis qu’ils sont au pouvoir) que les Français sont de plus en plus sceptiques envers leur gouvernement. De plus, désormais, il existe un réel fossé entre la réussite personnelle de Nicolas Sarkozy et la réalité quotidienne des gens.
Mais qu’est-ce qu’une situation pire me direz-vous ? Quel serait l’un des scénarios crédibles ?
On peut envisager que de plus en plus d’entreprises seront en difficultés chroniques ou insurmontables, que de plus en plus d’actifs, y compris dans les classes moyennes ou confortables seront de plus en plus gênés et affaiblis, qu’il y aura de plus en plus de pauvres (ne parvenant plus ni à se nourrir correctement, ni à se loger décemment, ni à se chauffer dans les périodes froides, et encore moins à se payer du plaisir, pour compenser la morosité).
L’insécurité sera croissante, bien au-delà des banlieues et jusque dans les cœurs des villes et largement en province (moins sécurisée), y compris dans les zones rurales.
La criminalité urbaine s’intensifiera, le niveau de violence grimpera, le climat insurrectionnel sera palpable, les forces de l’ordre seront plus présentes, beaucoup plus visibles, plus déployées, moins tolérantes. La tension ira crescendo.
Sur le plan économique, la situation sera intenable. L’émergence d’un marché noir sera inéluctable. Les banques qui gèrent les actifs seront progressivement mises en difficulté, et devront faire face aux situations détériorées de leurs clients particuliers et professionnels, toujours plus nombreuses.
L’inflation, rapide et sournoise, produira des effets terriblement néfastes, et le mouvement ne pourra pas s’inverser.
Les dirigeants d’entreprises chercheront à protéger leurs activités en augmentant les prix pour à la fois garantir leurs marges et compenser la hausse des coûts de production, quelles qu’en soit les conséquences sociales.
La confiance dans les marchés financiers continuera à se dégrader, offrant des opportunités de prise de contrôle à nos meilleurs ennemis, les investisseurs asiatiques, indiens ou arabes.
Le pétrole continuera à progresser, certains analystes envisagent des cours à plus de 120$ à brève échéance, les Saoudiens évoquent même un pétrole à plus de 200$ rapidement. Des économistes mondiaux estimaient il y a quelques années qu’à partir d’un pétrole à 120$ le baril, certains pays modernes pourraient connaître le chaos social, y compris en Europe.
Par ailleurs, les USA, le gendarme global qui, même s’il est très critiqué, joue un rôle de régulation incontestable, vont être fortement troublés par les présidentielles “marketées” offrant comme choix aux Américains un noir, une femme ou un religieux, ce qui ne va probablement pas arranger les affaires du monde occidental.
Rappelons-nous que le rôle d’un président consiste à maintenir les intérêts supérieurs du pays. Si l’individu était l’intérêt supérieur d’un pays, j’imagine que depuis longtemps ça se saurait.
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