En hommage a l’argent
Julien Coupat est libre, Dieudonné aussi. Segolène et Martine se sourient. Melenchon et Besancenot s’observent. Les Sarkozy sont tranquilles. Chacun retient son souffle en attendant les élections européennes, mais personne ne semble manquer d’air... c’est aux USA que ça se passe. La politique est au neutre, le temps de nous laisser préparer un mois d’août douillet. Si on en profitait pour parler de l’important ? L’important : l’argent.
Ces vraies luttes se faisant entre ceux qui ont le pouvoir, il n’est évidemment pas question d’inviter le monde ordinaire au festin, au-delà de ce qu’on a jugé bon de lui accorder pour qu’il soit tranquille et rende certains services. Tout ce qui a trait au partage de la richesse dans un État de droit moderne développé et démocratique est donc sagement tenu en marge de la démocratie.
Une administration à Bruxelles - qui n’est pas élue, mais nommée - s’occupe de l’ordinaire. Une Banque européenne, dont les dirigeants sont en fait cooptés par les institutions financières, avise les gouvernements des paramètres qu’il devront respecter : masse monétaire, conditions du crédit, taux d’intérêts. C’est çà l’important.
Pour les autres trivialités, comme l’éducation, la santé, et tout ce qui peut concerner le bonheur des gens, les gouvernement sont souverains, sous l’égide de Francfort et la férule de Bruxelles. Tant qu’il reste dans son enclos, l’État démocratique peut gambader en toute liberté.
Nos institutions financières ne peuvent pas en dire autant, car ce qu’elles font ici d’autres institutions le font dans tous les autres pays et, depuis Bretton-Woods (1944), c’est en se concertant qu’elles conviennent des paramètres mondiaux qui encadreront leurs paramètres nationaux.
« Conviennent » est ici un euphémisme. En fait, ces institutions de taille et d’importance inégales, chacune appuyée des forces militaires et paramilitaires des pays dont elles contrôlent le pouvoir politique, ne cessent de s’entredéchirer que pour opposer un front commun aux revendications des populations économiquement exploitées.
La gestion de ces revendication se fait en créant la zizanie au sein des exploités, les prétextes les plus futiles étant les meilleurs, puisque les chances sont alors qu’ils ne frôleront même pas une remise en question du partage de la richesse. Tout ça n’a pas changé depuis que les Verts et les Bleus en décousaient à Byzance, sur fond de scène de courses de chars à l’hippodrome…
Maintenant on est Gauche ou Droite en pensant que ça changera quoi que ce soit, ou, encore plus pathétique, en s’imaginant que cette planète pourrait fonctionner sans une Banque centrale qui dit aux États ce que leurs gouvernement peuvent et ne peuvent pas faire.
La plus triste c’est quand on dit du mal de l’argent… C’est une habile parade de ceux qui bénéficient d’un partage inacceptable de la richesse d’en faire porter l’odieux au rôle dévolu à l’argent dans la société. « A chacun selon, ses besoins »… On veut bien, mais aussi longtemps que les moyens de les satisfaire ne seront pas surabondants, il faudra arbitrer en bout de ligne l’allocation des ressources entre besoins équivalents.
Quand on arrive à ce moment de vérité, il faut bien s’en remettre à des critère et il n’en est pas en théorie de plus équitable que l’argent, puisqu’il est totalement externalisé et ne doit rien à une qualité intrinsèque de la personne même qui conférerait à celle-ci un privilège. Pas de noblesse innée s’opposant à la roture. Pas de races, pas de couleurs, pas de castes qui tiennent. Money talks Taisez-vous.
L’argent est injustement distribué, mais il est en lui même absolument équitable. Démocratique. Avec la mort du capitalisme, ce facteur d’un pouvoir au dessus de tous les préjugés va disparaître. La compétence est à déplacer inexorablement le « capital » comme le facteur rare en production. On va voir désormais s’imposer la compétence comme discriminant. Et derrière la compétence, le talent.
Un discriminant beaucoup plus cruel que la richesse, car on ne peut pas gagner des rangs centiles de Q.I au tiercé. On regrettera sans doute le « bon vieux temps » où l’on se plaignait du pouvoir de l’argent... Au lieu de vouloir supprimer ce qui pourra rester de pouvoir à l’argent, on ferait mieux de chercher à lui en conserver tant qu’on peut.
Ne cherchons pas à lui enlever ce pouvoir, ce serait une erreur. Ce qu’il faut, c’est assurer une meilleure distribution de la richesse. Si nous ne faisons pas de bêtises, la crise actuelle devrait grandement nous faciliter cette tâche. Profitons en.
Pierre JC Allard
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