En Italie, cette jurisprudence « absurde » qui engage (trop) les parents

Une juridiction italienne a estimé à l’occasion d’une affaire qu’un parent avait l’obligation de continuer de subvenir aux besoins de son enfant, même si ce dernier était âgé de 26 ans. Une décision qui laisse se poser des questions sur la limite fixée à cette aide économique.
« Papa. Donne-moi 2 000 euros, que mes vacances continuent ! ». C’est une telle demande que semble avoir indirectement légitimé le tribunal de Trieste (nord de l’Italie) lors d’une audience à l’issue de laquelle un père de famille a été contraint de continuer de verser des subventions à sa fille âgée de 26 ans afin qu’elle subvienne à ses besoins. Mais l’histoire est plus complexe que cela. Dans les faits, le père, qui s’est vu intenter à son encontre une action en justice, prenait en charge une large partie des frais et dépenses de sa fille, dont le paiement d’un studio.
Cependant, l’effort fourni par la fille était loin d’être celui qu’il attendait en échange du sacrifice qu’il réalisait. La jeune femme, qui effectue à la fac des études en relations publiques, n’a en effet toujours pas obtenu sa licence, 7 ans après le commencement de celles-ci, illustrant une absence de considération qu’elle louait à sa formation.
C’est alors que le père, sans doute excédé par le comportement de sa fille qui refusait de passer ses examens et de trouver un travail, décide de supprimer pour l’avenir certaines subventions qu’il lui accordait, tout en continuant de couvrir les dépenses essentielles. Après l’introduction d’une action en justice par son enfant, il a été finalement contraint de poursuivre son aide de manière partielle en fournissant 1 000 euros par mois à sa chère, il faut bien le dire, fille. Le motif invoqué par le tribunal est le suivant : « le projet formatif de la jeune femme nécessitait encore un peu de temps ».
Ce jugement ? Le père, ingénieur agronome de profession, le qualifie d’« absurde »… et il n’est certainement pas le seul à le penser. Peut être imaginait-il l’enfant comme un individu se trouvant à un stade où lui offrir aide et assistance semblait certes normal. Mais un individu qui, passé de quelques années l’âge de la majorité, pourrait enfin assumer des responsabilités, et notamment ses dépenses personnelles, pour que, naturellement, le poids financier qui pesait sur le parent qu’il est se réduise progressivement. Cette idée, on pourrait l’appeler en un seul mot « autonomie ». Quoique ce terme puisse apparaître comme affreux pour ceux qui, plongés depuis toujours dans une situation aisée, ne s’imagineraient pas réaliser un effort afin de payer eux-mêmes leur confort, tel un enfant s’assoit sur les épaules de son parent pour ne pas avoir à éprouver la difficulté que constitue le fait de marcher…
De manière plus concrète, on peut y voir une volonté de la part du tribunal de Trieste d’expliquer que le parent doit rester engagé vis-à-vis de l’enfant qu’il a accueilli dans son berceau jusqu’au moment où, de sa propre initiative, ce dernier se décide à financer lui-même ses propres actions coûteuses. Que le seul moment où l’aide reçue par le majeur cessera est si ce dernier a… énormément tardé à terminer ses études ou à trouver un emploi, auquel cas son retard ne serait plus excusable. A titre spéculatif, l’âge de 30 ans est-il peut être regardé par la justice italienne comme l’âge raisonnable à partir duquel une aide économique parentale doit pouvoir s’arrêter.
Cette affaire est finalement une guerre sans merci entre financement de la volonté ou du besoin dans laquelle le second a partiellement arraché la victoire, au moins jusqu’à ce qu’une jurisprudence ou une législation nouvelle viennent effacer celle qui se trouve actuellement sur le trône de la justice.
Sources : LePoint.fr
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