En politique, où situer la frontière entre viol et séduction ?
Si tout le monde, sauf les valets inféodés au système, s’accorde pour penser que le viol n’est pas compatible avec l’exercice de la présidence de la République, en va-t-il de même pour les pratiques de séduction auxquelles de possibles présidentiables s’adonnent ?
Réfléchissons à partir des sens pris par le mot ‘séduire’ au fil des époques :
Le dictionnaire étymologique Robert donne l’indication suivante :
Séduire, du latin eccl. : seducere = emmener à l’écart, corrompre.
Le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, via le site Lexilogos, donne, dans le Trésor, les définitions suivantes :
Induire en erreur, abuser. Synon. égarer, tromper
Détourner du droit chemin, du bien
Amener une femme à se donner en dehors du mariage. Synon. abuser, déshonorer, suborner, tomber
Convaincre en mettant en œuvre tous les moyens de plaire
en ajoutant pour l’étymologie et l’histoire de ce mot :
entraîner quelqu'un à commettre des fautes
induire en erreur, faire s'égarer
abuser, déshonorer une femme, une jeune fille
lat. eccl. seducere séduire, détourner du droit chemin
Le Littré indique un sens qui intéresse plus précisément la rhétorique (i.e. la communication) :
Plaire, toucher, persuader
tout en résumant l’ensemble des sens de ce verbe par le propos suivant :
Séduire, c'est mener hors du chemin de la vérité, du devoir, d'une façon quelconque, par la parole, par les écrits, par les exemples.
Nous constatons donc que l’activité de séduction n’est, dans son ensemble, pas très glorieuse et n’a, pour ainsi dire, rien à envier au viol.
Mais le sens à connotation positive de ‘séduire’ regarde essentiellement l’activité rhétorique (ou communicationnelle comme on voudra l’appeler) :
Ainsi les définitions Convaincre en mettant en œuvre tous les moyens de plaire de même que Plaire, toucher, persuader s’appliquent à l’activité à laquelle s’adonnent toutes les personnalités politiques quand elles veulent ‘communiquer’ avec l’électorat qu’elles reluquent.
Et donc, forts des différents sens du verbe ‘séduire’, nous ne pouvons que penser : communiquer, c’est niquer aussi.
Les sophistes jésuites nous diront qu’ils ne niquent personne, qu’ils ne manipulent pas, mais qu’ils influencent !
Nous leur répondrons en les regardant droit dans les yeux et en nous appuyant sur un exemple, que, quoi qu’ils en pensent, pour nous : « communiquer, c’est niquer ».
Démonstration :
Dans la semaine du 4 au 9 juillet 2011, et dernièrement, le 3 août 2011, nous avons eu la surprise de constater que le visage de Dominique de Villepin apparaissait dans la rubrique ‘Suggestions’ en haut à droite de nombreuses pages Youtube ou Dailymotion (juste au-dessus de la série de vidéos qui s’affichent quand on regarde une vidéo sur ces sites) lorsque nous regardions les vidéos de divers tubes : cela allait de Imagine de John Lennon à J’ai vingt-six ans ou Comme à la radio d’Areski et Fontaine en passant par Love me please love me de Polnareff.
La ‘suggestion’ (qui porte bien son nom ! voir la découverte de la suggestopédie par Georgi Lozanov) proposait de voir et écouter le dernier discours télévisé de DDV par lequel il s’exprime sur des sujets comme la dépénalisation du cannabis par exemple.
Pourquoi les sponsors de DDV achètent-ils ces suggestions sur les pages Youtube et Dailymotion où l’on regarde des vidéos de chansons fort connues, si ce n’est parce l’on est dans ces moments-là fort réceptif-ve : les nouvelles pratiques du neuromarketing issues des neurosciences savent bien qu’une telle ‘suggestion’ associant [état de plaisir + image + musique] atteint le cerveau droit sans coup férir et permet une mémorisation inconsciente de l’association suivante : [plaisir + DDV]. Donc une charge érotique (à ne pas réduire à sa seule composante sexuelle) beaucoup plus efficace que tous les discours s’adressant au pauvre cerveau gauche.
Communiquer, c’est donc bien niquer. Ces ‘suggestions’ permettent un matraquage médiatique ignoré de la cible, dont l’inconscient est violé sans vergogne. La justice passera-t-elle dans ce cas ?
On se rappellera le documentaire de Laurence Serfaty : Neuromarketing, des citoyens sous influence, visible sur Internet. On se rappellera le procès qu’a intenté à Paris un citoyen outré par la pratique de communication politique : ce citoyen avait remarqué que, lors de la campagne pour la présidentielle de 1988, le générique du JT d’une chaîne de télévision française déroulait la photo de Mitterrand incorporée au milieu de toutes les photos qui le composaient : cela, chaque soir, pendant plusieurs mois avant l’élection. Le tribunal n’a donné qu’en partie raison à ce citoyen : le générique du JT comportait bien une photo de Mitterrand, mais ce procédé ne relevait pas de la technique subliminale, car la projection de la photo ne durait que 60 millisecondes au lieu des 30-50 millisecondes nécessaires à la qualification d’image subliminale.
La définition de cette fourchette 30-50 millisecondes exclut de classer la ‘suggestion’ DDV sur Youtube et Dailymotion comme subliminale. Soit. Mais jusqu’à quand va-ton prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages ?!
Ces ‘suggestions’ ne relèveraient-elles pas d’une effraction de l’inconscient ? d’un viol, en somme ?
Si DDV était vraiment le sauveur de la France qu’il prétend être, pourquoi accepte-t-il de telles pratiques séductrices ?
Ce dimanche 10 juillet 2011, selon l’agence Reuters, DDV, « S’il était parlementaire, [Dominique de Villepin] dirait « oui » à la poursuite des frappes « mais avec des conditions très précises ». »
Oui à la poursuite des frappes !!! DDV n’a-t-il pas annoncé quelque part que c’était une erreur de faire rentrer la France dans l’Otan ?!
DDV se dit gaulliste ?
Que penser de la position de DDV alors qu’il connaît sans doute les objectifs honteux de ces frappes, comme les dénoncent les articles du très honnête Thierry Meyssan :
http://www.voltairenet.org/La-guerre-contre-la-Libye-est-une
http://www.voltairenet.org/L-OTAN-face-a-l-ingratitude-des
Oui, communiquer, c’est niquer ! Quelle justice et quelle loi convient-il d’invoquer pour que cessent ces pratiques politiques qui vont de la séduction au viol, sans vergogne ? Quelle loi saura situer, en politique, la frontière entre viol et séduction ?
Kali
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