Energies renouvelables : l’hydraulique roi de la Guyane
Le développement des énergies vertes est un but qu’il sera parfois difficile d’atteindre dans le cadre fixé par la loi relative à la transition énergétique. En Guyane, l’objectif de mi-parcours est déjà largement rempli grâce à l’immense potentiel de l’énergie hydraulique. La seule centrale de Petit Saut produit la moitié des besoins énergétiques du territoire et la programmation pluriannuelle de l’énergie compte bien faire de la Guyane un modèle pour les autres territoires ultramarins mais aussi pour la métropole.
Alors que la Guyane traverse une crise sociale sans précédent, ce bout de France niché en Amérique du sud est un exemple de transition énergétique (déjà) réussie. En 2016, 62 % des besoins énergétiques guyanais ont été assurés par des énergies renouvelables. Cette performance très positive et bien supérieure à l’objectif de 50 % d’EnR en 2020 pour les DROM s’explique par le potentiel hydraulique mis en valeur dès 1994. Il y a 23 ans, le barrage de Petit Saut à la confluence du Sinnamary mis en service par EDF constitue aujourd’hui encore le cœur d’un mix énergétique guyanais réussi. Ce seul barrage fournit 116 MW chaque année, auxquels s’ajouteront bientôt les 16,5 MW fournis par la petite hydraulique prévus par la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE).
L’hydroélectricité comme source d’énergie locale en Guyane
Cette programmation est spécifique à chaque département d’outre-mer et celle de la Guyane élaborée par la Collectivité territoriale de Guyane et les services de l’État se veut ambitieuse grâce à des réalisations qui font de ce territoire un exemple à suivre. La Guyane ne dispose d’aucune interconnexion avec les pays voisins et a donc engagé une réflexion depuis plus de vingt ans concernant la mise en valeur de ses propres ressources. C’est donc logiquement que les équipes d’EDF-SEI (direction des Systèmes énergétiques insulaires) se sont tournées vers l’hydroélectricité qui a pour caractéristique d’être une source d’énergie locale, non polluante et renouvelable.
EDF-SEI prend en charge le service public de l'électricité dans tous les territoires insulaires ne bénéficiant pas ou très peu d'interconnexions avec le réseau électrique continental comme dans les îles bretonnes, en Corse et en Outre-mer. Des territoires dont les caractéristiques sur le terrain varient beaucoup et qui ne peuvent pas être copiés sur ce qui se fait en métropole. Le développement des énergies renouvelables s’est donc imposé de lui-même et a donné une longueur d’avance dans la mise en place d’une transition énergétique devenue une obligation légale depuis le vote de la loi d’août 2015. Certains territoires dont EDF-ESI est responsable caracolent tellement en tête qu’ils ont des objectifs plus ambitieux que la métropole en matière de transition énergétique. Ainsi, la Guyane vise une autonomie énergétique en 2030 contre 32 % en métropole. Avec 62 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique guyanais, l’objectif final semble être à portée de main d’autant que les projets se concrétisent à un bon rythme.
Le pari de la petite hydraulique en passe d’être réussi
L’hydroélectricité est généralement associée à l’idée de grands barrages, mais la Guyane met en place, depuis plusieurs années, de petites unités hydrauliques qui permettent aux villages les plus reculés de bénéficier d’une énergie renouvelable, et propre. Une commune comme Mana, située sur la côte fait figure de modèle, car si elle est accessible par la route, elle restait en dehors du réseau du barrage principal de Petit Saut. D’une capacité de 4,5 Mégawatts, la centrale hydroélectrique permet à la localité de Mana d’être la "première commune exportatrice d’énergie verte en Guyane" depuis sa mise en service par Voltalia en 2012. La technologie utilisée peut être copiée dans des lieux bien plus reculés puisque l’ouvrage ne demande aucun stockage d’eau pour fonctionner. Seule la force du courant permet de transformer l’énergie en électricité. D’autres centrales se modernisent comme celle de Saut-Maripa à Saint-Georges (est guyanais) qui va accueillir une unité biomasse-bois à compter de 2019 en plus du mégawatheure fournit par l’hydraulique.
Les infrastructures de petite taille fleurissent et permettent donc à l’hydroélectricité de se renforcer tandis que la Guyane porte aussi son attention sur l’efficacité énergétique. Elle a pour ambition de diminuer sa consommation électrique de 17 % d’ici à 2023. Produire plus d’électricité verte et consommer moins, tel est l’objectif d’un territoire qui a su faire de ses faiblesses, une force. Un premier bilan aura lieu fin 2018 afin de calibrer au mieux la seconde phase de la programmation pluriannuelle de l’énergie qui comprend la période 2019-2023. Grâce à un suivi régulier et des actions concertées, la Guyane pourra plus encore être la vitrine de la transition énergétique française. Une transition qui s’adapte aux caractéristiques de chaque territoire et qui met en valeur son potentiel. La Guyane a choisi l’hydroélectricité et est désormais un acteur important de cette énergie dont le potentiel reste encore pleinement à exploiter notamment en métropole.
21 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON