« Enfin fier d’être Français » : Résistons !
La dictature de la pensée dominante a remporté une victoire importante en imposant à la France le mariage homosexuel. La toute puissance de la majorité démocratique mobilisée par une idéologie nauséabonde fondée sur la théorie du genre a eu raison de la vague de fond de notre contestation pacifique soulevée par un bon sens populaire venant du plus profond de la nation. C’est une bataille démocratique importante que nous venons de perdre, mais nous n’avons pas perdu la lutte contre l’idée abondamment relayée par les médias que cette réforme du mariage était irrésistible et constituait un nouveau maillon d’une chaîne continue de progrès. La contestation a réveillé avec elle les forces vives du pays réel, contre l’abolition du concept républicain d’union entre un homme et une femme, contre la théorie du genre qui la fonde, contre l’avènement d’une humanité unisexe qui se profile derrière et contre le « meilleur des mondes » d’Aldous Huxley vers lequel elle nous mène.
Comme le note le journaliste Michel De Jaeghere, la vague de fond soulevée dans tout le pays par la loi sur le mariage n’a pas seulement surpris le gouvernement. Elle nous a stupéfaits nous-mêmes. Le nombre et la force tranquille des manifestants, face au mensonge d’État, à la diffamation, aux violences policières et aux gardes à vue injustifiées, a transformé l’adoption de la loi en défaite pour la démocratie. L’acharnement du pouvoir à vouloir minimiser l’ampleur du phénomène en annonçant contre toute évidence des chiffres tellement faibles qu’ils en sont ridicules, en est une preuve éclatante. Bien sûr, la contestation du projet de loi s’est achevée sur un échec, puisque la loi est entrée en vigueur. Reste que l’espoir a changé de camp. La course éperdue vers le meilleur des mondes d’Huxley me semble avoir cessé de paraître inéluctable.
En témoigne ce cri du cœur d’un internaute sur Agoravox après la manifestation du 26 mai : « Le peuple de France s’est réveillé à l’appel d’une Jeanne d’Arc nommée Frigide Barjot. (…) Je n’y croyais plus, les Français se sont révélés le peuple le plus intelligent de la Terre, car le mariage gay passe partout comme une lettre à la poste. Enfin fier d’être français ! »
La lutte sera longue et difficile, mais nous la gagnerons parce que la raison l’emporte toujours sur la folie, le bon sens sur les idées reçues, la vérité sur le mensonge, la liberté d’opinion sur la tyrannie de la pensée dominante, la justice sur le totalitarisme.
On me dit que la dictature de la pensée dominante ne porte en aucun cas atteinte à la liberté de conscience et d’opinion, et qu’en démocratie, il en va de l’acceptation d’une pensée dominante, comme du respect d’autrui. Le pouvoir alternant au gré des suffrages peut ainsi imposer au reste de la population une pensée progressiste estimant que distinguer l’homme de la femme relève de préjugés boursouflés d’orgueil, au seul motif qu’il tient sa légitimité d’une majorité.
Mais si "la dictature de la pensée" ne porte pas atteinte à la liberté de penser (d’opinion ou de conscience), alors c’est que le mot "dictature" a changé de sens (Régime politique dans lequel une personne, un groupe, – ici, la pensée dominante - détient tous les pouvoirs en interdisant toute forme de contrôle et toute manifestation d’opposition - Dictionnaire de l’Académie française). Mais il est vrai qu’après avoir changé le sens du mot "mariage" pour désigner non plus l’union d’un homme et d’une femme, mais l’union de deux personnes sans distinction de sexe, la loi démocratique (qui n’est normalement pas le reflet d’une domination, mais d’une majorité) n’a aucune raison de s’arrêter là et peut sans aucun doute changer le sens du mot "dictature" pour désigner non plus la domination d’une pensée autoritaire interdisant toute forme d’opposition, mais au contraire, la profonde bienveillance d’une pensée "progressiste" ouverte à toutes sortes d’opinions sans les taxer le moins du monde de "préjugés boursouflés d’orgueil", ou de "pensées à caractère homophobe".
Le président de la République ne vient-il pas de tenter à nouveau de nous interdire l’usage d’un mot, ce beau mot de "résistance", dont il semble vouloir confisquer le sens au bénéfice du seul souvenir de la lutte contre le nazisme, comme certains réagissant à mon article "Indignons nous" ont déjà voulu nous confisquer le sens du mot "indignation" pour l’usage exclusif du regretté Stéphane Hessel et de ses disciples ? Non, le mot résistance n’est pas une relique à conserver dans un musée au seul motif qu’il s’est illustré naguère et que cette gloire passée en fait un danger pour le pouvoir en place. Oui M. Hollande a raison de craindre le mouvement de résistance qui est en train de naître dans le pays, car il n’est pas prêt de faiblir, bien au contraire.
Les régimes totalitaires s’attaquent toujours à la liberté de penser avant de porter atteinte aux libertés formelles et d’aboutir in fine au rejet des procédures électives. Platon et, plus près de nous, Tocqueville nous ont mis en garde contre le risque de "tyrannie douce" que porte en elle la démocratie : « Lorsqu’une cité démocratique, altérée de liberté, trouve dans ses chefs de mauvais échansons, nous dit Platon, elle s’enivre au-delà de toute décence ; alors, si ceux qui la gouvernent ne se montrent pas tout à fait dociles et ne lui font pas large mesure de liberté, elle les châtie, les accusant d’être des criminels et des oligarques. […] Ceux qui obéissent aux magistrats, elle les traite d’hommes serviles et sans caractère. En revanche, elle loue et honore les gouvernants qui ont l’air de gouvernés et les gouvernés qui prennent l’air de gouvernants. Dès lors, il est inévitable que dans pareille cité l’esprit de liberté s’étende à tout. Qu’il pénètre dans les familles […] que le père s’accoutume à traiter son fils comme un égal et à redouter ses enfants ; que le fils s’égale à son père et n’ait ni respect ni crainte pour ses parents. […] Le maître craint ses disciples et les flatte, les disciples font peu de cas des maîtres. Les jeunes gens copient leurs aînés et luttent avec eux en paroles et en actions. Les vieillards de leur côté s’abaissent aux façons des jeunes gens, imitant la jeunesse de peur de passer pour ennuyeux et despotiques. […] Or vois-tu le résultat de tous ces abus ? Ils rendent l’âme des citoyens tellement ombrageuse qu’à la moindre apparence de contrainte, ceux-ci s’indignent et se révoltent. Et ils en viennent à la fin à ne plus s’inquiéter des lois écrites ou non-écrites, afin de n’avoir absolument aucun maître. Alors, en toute beauté et toute jeunesse, les temps sont mûrs pour la tyrannie. » (République VIII, 5562 b).
Nous y sommes : notre démocratie, enivrée de liberté et d’égalité est mûre pour la tyrannie des esprits qui précède toujours celle des corps. L’État français vient de promulguer une loi qui m’interdit d’élever mes enfants (ou plutôt pour moi maintenant, mes petits-enfants) dans la conscience de quelques idées fondamentales :
- l’idée que la sexualité relève de la vie privée et intime de chacun ;
- l’idée que chacun est libre de pratiquer la sexualité qu’il veut du moment que celle-ci reste privée ;
- l’idée que l’homme et la femme sont de sexes différents et complémentaires ;
- l’idée que leur union est un acte important leur permettant d’engendrer une filiation qu’ils s’engagent à mener jusqu’à l’âge adulte dans les meilleures conditions possibles en se jurant respect et fidélité ;
- et l’idée que cette union ne peut en aucun cas être confondue avec une union homosexuelle tout aussi respectable, mais dont l’objectif est fondamentalement différent.
Cette loi, m’interdit d’exprimer et même donc de penser, avec le mot "mariage", le concept laïc et républicain de cette union à vocation procréatrice, différant fondamentalement du concept libertaire d’union sans vocation procréatrice. En revendiquant donc le droit de disposer avec le mot "mariage" du moyen d’exprimer cette idée d’union à vocation procréatrice, que je souhaite faire passer à mes enfants ou petits-enfants, je me rends coupable, selon les propres termes du président de la Commission des lois du Sénat et de bien d’autres défenseurs de la loi Taubira, du délit d’homophobie pénalement répréhensible, ou, ce qui pour lui est pire, de déni d’homophobie puisque je m’en défends.
Comme je n’ai aucunement l’intention d’abandonner cette liberté fondamentale de penser et d’exprimer mes opinions, me voilà désormais, du fait d’un gouvernement démocratiquement élu, et quoi que toutes les bonnes âmes puissent en penser, devenu hors-la-loi pour le simple crime de revendiquer l’usage d’un mot pour distinguer un concept d’un autre.
Je refuse de confondre l’union d’un homme et d’une femme dont l’importance de la vocation procréatrice justifie qu’elle soit solennisée par un acte civil républicain que l’on nommait « mariage », avec l’union de deux personnes indépendamment de leur sexe dont la vocation est toute autre, puisqu’elle est destinée à consacrer l’amour mutuel qu’elles se portent et en particulier l’amour homosexuel en le faisant reconnaître par la République dans une nouvelle institution du mariage qui abolit l’ancienne.
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