Enjeux et (petits) enseignements de l’élection de Nicolas Sarkozy à 53,06% à la présidentielle de 2007
Le gagnant, sa victoire : il a récité sa leçon, j’ai détesté cette scène. Puis il est parti « se ressourcer », dans une abbaye, nous disait-il, sur un yacht nous dévoile-t-on, à Malte (sur le yacht jet-set de Bolloré après avoir voyagé dans son Falcon ?!). Il me paraît un véritable risque pour la paix sociale, car clivant la société, favorisant les « ayants » et les grands de la finance, les puissants sur les faibles, etc. Il a su parler aux Français. Aux Français de plus de 65 ans en particulier. L’essentiel du corps électoral votant. Soit. C’est cette France-là qu’il a vu, lui, mieux que quiconque, se droitiser, à qui il a dit les mots du coeur (effrayé) et ceux du ventre (rebondi). Fin stratège, il savait les attentions que cette France-là attendait. Puis il nous a montré ses jeunes. J’ai vraiment détesté cette scène à la Concorde. J’insiste. De l’entertainment politique professionnel, surprotégé, surmédiatisé, et Mireille Mathieu ou autre Enrico des 70’ pour la chansonnette... Des millions d’électeurs se sont rangés à son panache. Comme rarement. Une droite « dure » (à voir) décomplexée (en bien ?) qui n’a pourtant gagné ni les girondins ni le coeur des jacobins parisiens (elle est édifiante, cette carte de France, à comparer d’ailleurs avec celle de la pyramide des âges et les taux de chômage réels) accompagne le « tout puissant » de Neuilly... Ne pas insulter le vote des Français... Ne pas insulter le vote des Français...
Son gouvernement : Hortefeux ? Devedjian ? Estrosi ? Bertrand ? Morisset ? Fillon en gardien du dogme-démagogique et Guéant au garage, un félon de gauche, un félon du centre, un poil de minorité visible, une grande dirigeante d’entreprise. 15. Sept femmes et demie et sept homme et demi. Lui qui l’a dit. Je n’aime déjà pas ce gouvernement fait de cautions et d’amis, de faux jeunes et de vrais traîtres. Gouvernement qui pourrait pour autant nous surprendre parfois en bien, me dit-on. Ah ? Et souvent en (très) mal alors. Leur chef se dit lui même volontiers « bushiste » (prononcer bullshit si vous êtes enroué). Passons. Un gouvernement qu’il veut « solide » et « durable ». Bigre. Quand on dit de Borloo « je ne vais pas mettre Gainsbourg à Matignon », que doit-on se murmurer, à soi, en se rasant le matin ? Pincez-vous. Avant le 16 mai il faudra bien l’accepter. La France va se lancer un défi. Est-ce vraiment la dream-team pour gagner le "bien vivre ensemble" ?
Les législatives : le troisième tour. Normalement avec un tel calendrier, il va dire « donnez moi les moyens de gouverner » et « nous » (hum) devrions dire « ok ». Pas sûr. Si le PS et les démocrates (va falloir s’habituer au nom) étaient formidables de créativité, d’écoute et de dynamisme, rien ne serait moins probable. Or, je ne suis pas sûr - loin s’en faut - qu’ils en soient capable. Alors : pleins pouvoirs à droite ?!!! Ces conservateurs que l’on dit libéraux ne le sont pas, libéraux. Favoriser trusts et entreprises du Cac 40 comme grand rentiers n’est pas libéraliser l’économie, la vraie, ni doper les PME. Les législatives doivent être le combat, triangulaire par triangulaire, du rééquilibre des pouvoirs. Alors l’UMP n’aura pas le monopole des idées et de l’action. Mais si l’on se retrouve avec Hollande premier ministre de cohabitation, gardez quand même une balle dans le barillet !
L’avenir de l’UMP : une machine de guerre. Aux ordres de l’homme d’une ambition, « intronisé » depuis avant-hier, disent ses proches. Un fan club. Super orchestré. Un club de foule-ball avec un seul but et mille et un stades. L’avenir de l’UMP se jouera dans la rue, ou nous en aurons pour cinq ans, au bas mot. L’avenir de l’UMP est dans les mains des promesses de son candidat. L’avenir de l’UMP est monopolistique, imbus et prétentieux. L’UMP est prête à tout. Elle croit parfois pouvoir être tout. C’est bien mon problème avec cette machine à lisser les divergences. Cette machine qui me fait « mal au pluralisme ».
L’avenir d’un PS rénové : rénové ? Autour de Ségolène Royal qui n’a pas laissé un instant le doute s’installer à grand renfort de sourires et de prise de la bastille de la rue Solferino dès le résultat donné ? Elle le dit, d’un geste de la main « je fonce » et veut ne laisser aucun espace aux « autres ». J’ai ri (j’ai les idées mal placées) à son « quelque chose s’est levé ». Elle avait gagné, « Ségo », celle que l’on ne nomme pas par son nom. Comme une star. C’était peut-être ça aussi, son ambition. Elle qui n’a pas pu bénéficier de la même armada que le candidat d’en face. Le PS est un parti qui n’a pas mûri, pas bougé, qui a fait un programme avant de choisir son, sa, candidate, qui a cru que le "non" au TCE signifiait une extrême gauche forte, qui se remémorait le poids des Verts au niveau local et s’est vu vainqueur « par défaut ». Lui que les sondeurs avaient bien vu faible. A l’image de la gauche. DSK a beau jeu, lui qui a tardivement regardé à nouveau vers le centre, trop tard, de jouer les pères la morale. Hollande devrait être viré. Dray aussi, mais c’est une autre histoire. Et ils resteront. Comprendront-ils que leur 17 millions d’électeurs ne sont pas et ne seront jamais des militants socialistes mais des réformateurs ? L’avenir d’un PS rénové (social-démocrate ?) se jouera en se « désidéologisant ». Et c’est donc pas gagné..
L’avenir du Mouvement démocrate : l’Alliance. Et cela a failli être son nom (si la précédente Alliance démocrate n’avait pas signé des deux mains avec Pétain). Une alliance détachée du strapontin qui s’articulait par la droite. 40, 40, 20 (ou presque) de quoi être au point avec son positionnement ! Les reports des voix justifient et confirment la justesse des choix faits. François Bayrou est devenu l’homme préféré des Français (baromètre ifop) en trois baffes et une campagne... Et grâce à un homme : Nicolas Sarkozy. En voyant son collaborateur se droitiser et prendre l’UMP, celui que Sarkozy avait pressenti comme son seul rival « à droite » a joué le centre fort, « l’extrême centre » et le centre véritablement « en rupture » et « complexé ». Des mots d’un autre. Et pourtant. Le centre a dorénavant une partie des cartes en main, des députés de droite en partance à droite, et des militants et électeurs autant alters qu’écolos, ou révoltés, rebels, réellement centristes, social-démocrates, gaullistes comme « de gauche » tout simplement... Bayrou, « le couteau suisse » a toujours joué 2012 (jusqu’à un sondage bidon). Il pourrait avoir joué gagnant. Et en se barrant tous, les barons de l’UDF laissent autant de place au renouvellement générationnel. Intéressant. Risqué. Tiens ! Une question à laquelle il faudra que Bayrou réponde mercredi : Peut on adhérer au pacte présidentiel de Sarkozy - s’engager aux côtés de l’UMP - et être au Mouvement démocrate ?
L’enjeu pour les médias et contre-pouvoirs : avec les assauts à venir de Bolloré sur TF1 et Les Echos (qui d’autres que Nuesblog vous en parle ?), l’omniprésence de Lagardère, Dassault et Bouygues en particulier, les amitiés de « Nicolas » avec ceux-ci et le goût pour le tout sécuritaire du même petit Nicolas l’ambiance a un goût orwellien dans les nouveaux médias. Coups de fil apeurés, anxieux, parano sensible mais évidente, stress certain pour les libertés publiques, déprime proche. Ce « mal au pluralisme » naissant peut être pure fiction. Vous voulez mon avis : d’expérience je croise de trop près les censures et pressions sur les journalistes (« les vrais », ceux qui ont actionnaires, annonceurs, carte de presse et déontologie) pour trouver tout cela farfelu. « Quelle liberté des médias ? Quels médias libres ? » écrivais-je hier. J’aimerais tellement me tromper et poser ces questions sans raison...
Aux armes citoyens ! Avec une extrême-gauche en pleine recomposition, un « grand parti ou confédération » écologique qui ne se fera pas (chiche !) et l’exercice que notre nouveau Président risque de faire du pouvoir, les contre-pouvoirs vont - in fine - peut-être en sortir renforcés, par la base. Suivons l’évolution des ventes de Marianne ou de Charlie comme du Canard, suivons les inscriptions dans les associations (les syndicat pourraient être un contre-exemple) et comptons le nombre de manifestations (violentes ou citoyennes) au quotidien et leur répression. L’avenir est peut être en marche, mais ce sera alors aux forceps et par l’insoumission. Une marche « décomplexée » elle aussi. « En rupture » aussi. Effet boomerang ? Est-ce à nous de dépasser idéologies et blocages d’appareils ? A qui d’autre...
Pas à ceux qui se dorent sur les yachts (ici Paloma, le yacht de Vincent Bolloré sur lequel vogue la croisière Sarko)...
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