Enquête sur les sans-dents et autres pauvres par l’Ipsos pour le Secours Populaire
Le 11 septembre est décidément une triste date. C'est l'anniversaire du coup d'Etat qui a installé la dictature de Pinochet ; c'est aussi la date de publication de la 8ème enquête Ipsos / Secours Populaire de la pauvreté http://www.ipsos.fr/ipsos-public-affairs/actualites/2014-09-11-pauvrete-plus-qu-crainte-realite-pour-nombreux-francais réalisée du 4 au 5 juillet auprès de 1006 Français âgés de 15 ans et plus et interrogés par téléphone.
La pauvreté, cette menace pour beaucoup, dépend de la santé économique du pays, et comme l'économie n'est pas une science exacte, ou plus exactement, comme ce n'est pas une science, les politiques économiques se suivent inspirées par des Diaforus dont les pseudo remèdes empoisonnent le vulgus pecus.
La pauvreté : un spectre pour la majorité
55% des Français ont déclaré avoir pensé "à un moment de leur vie qu'ils étaient eux-mêmes sur le point de connaître une situation de pauvreté", soit 10 points de plus qu'en 2007 mais 4 de moins qu'en 2013.
Comme quoi, dans « Casse-toi, pauv'con » le « pauv' » est justifié au moins pour le « pauv' ».
C'est le sentiment en majorité des femmes (61%), des sans diplôme (69%) et des catégories socioprofessionnelles modestes (66%). Je vous laisse étudier l'état d'esprit d'une femme non diplômée issue d'un milieu pauvre.
Et l'âge d'or se réfère vraiment à un passé lointain, pas au futur proche : 86% pensent que leurs enfants seront plus touchés qu'eux.
La pauvreté : tous ne mouraient pas, mais tous étaient frappés
La pauvreté touche tout le monde dans tous les milieux : 29% des Français ont au moins un pauvre dans sa famille et 46% parmi ses connaissances.
Elle suscite une peur qui est fondée : parmi les 55% qui ont craint de devenir pauvres, 35% le sont devenus.
Elle n'attend pas le nombre des années : les jeunes (33% des moins de 35 ans l'ont déjà été), mais aussi les femmes (39%), les ruraux (37% dans les communes de moins de 20.000 habitants), les employés et ouvriers (44%) ou encore ceux qui flirtent avec la précarité (68% des personnes dont le revenu mensuel net du foyer est actuellement inférieur à 1200€).
Noir, c'est noir. Il n'y a plus d'épargne : 57 % des Français n'arrivent pas à mettre de l'argent de côté et 11 % finissent le mois à découvert :
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29% des employés/ouvriers,
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39% des non diplômés,
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47% de ceux qui ont un revenus de moins de 1200€ .
La pauvreté : c'est quoi ?
Les Français estiment être pauvre avec moins de 1.070€ mensuels, (1.230€ en région parisienne et 1.034€ en Province) ce qu'il faut rapprocher des 1.112.94 € du SMIC net.
L'administration, elle, l'estime à 977€ (calcul pour 2011 de l’INSEE) soit moins de 60% du revenu médian national, ce qui permet d'obtenir le Revenu de Solidarité Active (RSA).
Etre pauvre, concrètement , c'est ne pas assouvir ses besoins de base : nourriture, logement, soins, chauffage, électricité, transports, vêtements convenables, vacances une fois par an pour les enfants.
C'est aussi la culture et la communication, en biens et en activités.
O hadopi ! Le piratage est-il pour certains une question de survie culturelle ?
Quand l'hopital se dérobe à la pauvreté
Mais arrivons aux mal portants qui ont remis leurs soins aux calendes parfois grecques, pour ces 9 % à 32 %, selon la nature de leurs maux.
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28% ont remis la visite chez le dentiste à plus tard ou à jamais.
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Idem pour 32% pour les prothèses dentaires,
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19% pour l'occuliste
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28 % pour l'opticien,
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26 % pour le médecin spécialiste,
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14 % pour un médecin généraliste,
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18 % pour des médicaments
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et pour ceux qui ont moins de 1.200€
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31% on renoncé au généraliste
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et 41 % au dentiste.
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Est-ce qu'il vous semble que la misère serait moins pénible au soleil ?
En Italie l'Institut national des statistiques (Istat) recense en 2013
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16,6% de pauvres soit 10,48 millions de pauvres
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et 9,9% de "pauvres absolus" soit 6,20 millions qui ne peuvent pas se payer les biens et les services essentiels.
Plus une famille est nombreuse, plus elle risque d'être pauvre.
Les chiffres sont trop déprimants, revenons en France.
Et l'inflation dans tout ça ?
Le ministre des Finances Michel Sapin a gelé les retraites complémentaires et les pensions au-dessus de 1.200 euros par mois et il s'est réjoui du manque d'inflation :
" Certains y verront une bonne nouvelle pour les consommateurs. Et il est vrai que cette faible inflation a un impact sur le pouvoir d'achat des ménages puisque, pour la première fois depuis trois ans, le pouvoir d'achat progresse à nouveau ".
L'étude réalisée par l'Insee n'est pas d'accord. Ce sont les plus pauvres qui ont le plus morflé avec la hausse des prix de 27,18% entre 1998 et 2013.
Comme chez les pauvres, les dépenses indispensables sont plus importantes que chez les riches, et que électricité, gaz et autres services ont augmenté de près de 50 %, l'inflation varie de 29,15% à 29,62% pour le 1er et le 2ème décile (décile : tranche de 10 % de la population suivant les revenus) et se situe seulement à 24,81% pour le décile les plus aisé.
Dans les milieux aisés, les biens culturels et d'entretiens de la maison, entre autres, sont plus consommés et ont peu augmenté, aidés, rappelons-le, par la TVA à 2,10 % sur les spectacles et à 5,5 % sur les livres.
A la recherche des 2 milliards d'euros attendus que l'inflation si faible a fait disparaitre, Bercy songe sérieusement à faire payer la note à la Sécurité sociale, en baissant les prestations familiales et en coupant les dépenses de l'assurance-maladie, ce qui plombera encore le pouvoir d'achat.
Le "Pacte de responsabilité" de la Sécurité sociale prévoit une réduction de 10 milliards d'euros, mais les recettes fiscales qui alimentent son budget sont en chute libre.
En manque de recette, on coupe dans les dépenses.
En voici un exemple. Institué en 2007 et malgré ses très bons résultats, le programme de prévention bucco-dentaire en milieu scolaire M’T Dents vient d'être purement et simplement supprimé ! Un scandale, s'indigne l’UFSBD (Union française pour la santé bucco-dentaire) pour qui cette décision politique compromet la santé globale des futures générations et favorise l’inégalité d’accès aux soins. http://news.doctissimo.fr/Sante/Suppression-pure-et-simple-de-M-T-Dents-36042
Pour finir à propos des sans-dents, je reste persuadé que Monsieur Hollande n'a pas plaisanté de la sorte en privé et que c'est le service du marketing du livre de V.T. qui a trouvé cette formule pour caricaturer le personnage.
Le malheur pour lui a voulu que le trait était plus vrai que nature.
On le voit, les pauvres ont du mal à se soigner, en particulier les dents.
Et celui qui avait été élu en se proclamant le défenseur des faibles ne fait que les affaiblir.
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