Entre rêve et réas, combien de non vaccinés ?
Les laboratoires Pfizer et Moderna ont mis en avant des taux d’efficacité de l’ordre de 85 à 95 % pour leurs produits, conçus pour empêcher le développement de pathologies graves suite à une infection par le virus sars-cov 2.
Les acteurs de la santé publique le savent : il n’est pas question d’exiger d’un produit médical qu’il réitère les performances évaluées au sein d’un protocole de laboratoire, une fois introduit en population générale. Les aléas présents en vie réelle amenuisent nécessairement les bénéfices qu’on avait pu constater dans un milieu clos et contrôlé, sur un panel choisi.
Quand nous achetons une voiture neuve, le fabricant nous vend la faible consommation de carburant du véhicule qu’il a fabriqué puis testé sur circuit : le véhicule ne consomme que 3,4 litres d’essence aux 100 kilomètres. Nous savons bien que nous-même, nous aurons à payer davantage, parce que notre conduite ne rejoindra pas un tel degré de performance. Allons-nous pour autant accuser le fabricant de publicité mensongère ? Pas du tout. Nous connaissons les règles de la communication industrielle et nous ne nous estimons pas trompés par ces indicateurs commerciaux, que nous prenons pour ce qu’ils sont.
Personne n’a donc jamais attendu des vaccins qu’ils aient en population réelle l’efficacité qui avait pu être mesurée en laboratoire. Les pays publiant des études destinées à convaincre les populations du bienfait des injections anticovid, mais reposant sur des données relativement objectives, ne sont jamais parvenus à des chiffres aussi stupéfiants que ceux qu’on nous propose en France.
En France, dès la fin de l’été 2021, on a pris soin d’expliquer à longueur de fact checkings que les injectés deviendraient fatalement majoritaires parmi les hospitalisés covid, du fait de leur nombre en population réelle, et que cela ne remettait pas en cause l’efficacité des vaccins.
Pourtant, depuis lors et encore en ce début 2022, les non vaccinés restent curieusement majoritaires dans les statistiques hospitalières. Pire, selon les témoignages répétés de nombreux chefs de service et autres personnels soignants « épuisés par les non vaccinés », les non injectés constituent 80 à 90 % des effectifs comptabilisés en réanimation pour cause de covid.
Etudions ce que ces témoignages impliquent, puisque les journalistes et le gouvernement leur accordent crédit et les cautionnent (cf. les propos d’Olivier Véran devant l’Assemblée et le Sénat en janvier 2022).
Sur un panel de 100 patients en soins critiques, si vous trouvez 90 patients non vaccinés et 10 patients vaccinés, cela veut dire que le vaccin est efficace à 90 %, car les vaccinés ont diminué par neuf leur risque de générer une forme grave du covid.
Mais comme la population générale compte 11 fois plus de vaccinés que de non vaccinés, cela signifie que les services hospitaliers constatent en fait une efficacité du vaccin égale à 9 X 11 - soit une efficacité de 99%.
Je suggère à ces services hospitaliers de contacter les directions de Pfizer et Moderna, pour leur signaler qu’ils ont sous-évalué l’efficacité de leurs produits, et que ceux-ci révèlent en population réelle des performances encore plus remarquables que celles obtenues en labo.
Ces chiffres circulent à l’heure où les Français doublement injectés sont invités à faire d’urgence une 3ème dose dite « booster » car la protection procurée par leur primo-injection est retombée à un niveau faible.
Mais comment a-t-on constaté cette baisse, si dans le même temps on observe à l’hôpital une efficacité de 99 % pour les vaccins ?
Ces chiffres circulent quand on sait, depuis plusieurs mois, que le variant delta a diminué l’efficacité des injections, conçues pour lutter contre la souche originelle du virus (voir les résultats conjoints de nombreuses études réalisées à l’étranger en 20211). Le variant omicron réduit l’efficacité des injections à une mesure encore plus faible.
Ces chiffres circulent quand on sait, depuis le début de la campagne vaccinale, que les essais Pfizer et Moderna ont établi le taux d’efficacité de leurs produits sur un panel comportant peu de personnes immunodéficientes. Or cette catégorie de population est celle qui répond le moins bien aux boosters d’ immunité, et celle qui fournit les gros bataillons des victimes du covid.
Pour autant, en France, si l’on s’en tient aux propos des personnels en charge de l’hôpital, repris par tous les médias, les injections anticovid crèvent tous les plafonds d’efficacité prévus par les fabricants, et ce sont les non vaccinés qui pourrissent le système de santé publique.
90 % de non vaccinés dans les services de réanimation, vraiment ??
Reprenons les chiffres de décembre 2021 : il y a eu environ 3000 patients covid quotidiens en réanimation durant cette période, d’après Santé Publique France. Donc chaque jour il y aurait eu à peu près 2700 non vaccinés dans ces services, contre 300 vaccinés.
Qui pourrait prendre au sérieux de telles « constatations », contraires à ce que l’on voit dans tous les autres pays, aux données dont nous disposons sur l’efficacité vaccinale, et au simple bon sens ?
Lors du pic épidémique de l’hiver 2020-2021, « deuxième vague » de l’épidémie due au Sars-Cov2, la moyenne quotidienne de patients présents en réanimation tournait aussi autour de 3000. Ils étaient par exemple 2659 le 26 décembre 2020 : 100 % de non vaccinés, alors, puisque les injections n’avaient pas commencé.
Les non vaccinés seraient 2700 en décembre 2021 dans ces services, même s’ils ne représentent plus que 9 % de la population française, et non plus 100 %.
Ainsi, les non vaccinés auraient vu leur nombre en réanimation multiplié par 10, voire 11, en comparaison de décembre 2020 !
Nous parlons bien ici en valeur absolue, et non pas en valeur relative. Il ne s’agit pas d’un risque comparatif par rapport aux vaccinés : si les non vaccinés sont dix à onze fois plus nombreux dans les réa à la fin de l’année 2021 qu’en décembre 2020, cela implique que le virus est devenu dix à onze fois plus dangereux au cours de l’année 2021.
Cela ne fait aucun sens.
Le variant delta, omniprésent dans le monde aux alentours d’avril-mai, et en France à partir de juillet-août 2021, a rendu malade bien davantage de personnes que la souche Wuhan. On peut estimer qu’il a largement contribué à la hausse des décès constatés en 2021 par rapport à 20202.
Nombre de morts monde au 02/01/2021 (sur dix mois) → 1 835 892
Nombre de morts monde au 02/01/2022 (sur 12 mois) → 5 443 985
Nombre de morts monde en 2021 (sur 12 mois) → 3 608 093
Evolution du nombre de mort 2020 - 2021 → x 1,96
Evolution rapportée sur 12 mois → x 1,64
A l’arrivée du variant delta, sa létalité a été estimée à un maximum de +133 % par rapport à la souche Wuhan, soit un risque multiplié par 2,333.
Admettons donc qu’en décembre 2021, le risque de faire une forme très grave du covid et d’arriver ainsi en réanimation ait été augmentée d’autant pour les non vaccinés, tandis qu’elle aurait été réduite de 90 % pour les vaccinés.
Pour la France, voici ce que donnent des projections établies sur ces bases :
Effectifs en réa au 26/12/2020 |
2659 |
Effectifs projetables en réa au 26/ 12/ 2021, avec l’augmentation liée au risque officiel du delta |
2659 X 2,33 = 6 195,47 → 6195 |
11 % des effectifs (non vaccinés et uni-doses) ne sont pas protégés et arrivent donc en effet en réa en décembre 2021 |
(11 X 61,95 ) = 681, 45 → 681 |
89 % des effectifs ( double ou triple doses) sont protégés et réduisent ainsi à 90 % leurs hospitalisations en réa, contrairement aux projections |
[(89 X 61,95)] – 90 % = 551,355 → 551 |
Total des effectifs projetables en réa au 26/12/2021 Dont non protégés (0 ou 1 dose) Dont protégés (2 ou 3 doses) |
681 + 551 = 1232
55,3 % 44,7 % |
Or l’effectif réellement constaté au 26/12/2021 était de 3299 patients en réa4.
Dans mes calculs, j’ai intégré le coefficient pessimiste maximal indiqué pour le variant delta ; j’ai amalgamé les vaccinés unidose à la catégorie des non vaccinés, alors qu’officiellement, on est relativement protégé dès la première injection.
Malgré toutes ces précautions, j’en arrive à constater qu’il y a plus de 2000 patients en réa qui n’auraient pas dû être là, le 26 décembre 2021.
Et qu’il est strictement impossible d’imputer ces 2000 patients à la catégorie des non vaccinés, sauf à faire exploser toutes les statistiques internationales et les limites de l’observation rationnelle.
Les témoignages des chefs de services hospitaliers ou de soignants relayant que 80 à 90 % des patients en réanimation pour cause de covid sont des non vaccinés suscitent donc chez moi la plus grande incrédulité.
J’affirme que les nombres qui nous sont proposés ne sont pas recevables en l’état.
Et que les effectifs covid annoncés dans les services de réanimation ont de quoi susciter des interrogations circonstanciées, aussi bien en ce qui concerne le statut vaccinal des patients qu’en ce qui concerne l’efficacité supposée des injections.
90 % d’efficacité contre les formes graves, vraiment ?
1 Deux exemples pris au hasard de la presse :
« L’efficacité des vaccins de Pfizer et Moderna contre l’infection au covid-19 a baissé de 91 % à 66 % depuis que le variant delta est devenu dominant aux Etats-Unis, selon des données publiées mardi par les autorités sanitaires américaines ». Quelle est l’efficacité des vaccins Pfizer et Moderna contre le variant delta ? Le Soir (Belgique) – Par Belga – Publié le 25/08/21
« Les chercheurs de l'université d'Oxford, qui a codéveloppé l'un des deux sérums, ont examiné entre décembre 2020 et août 2021 des prélèvements effectués sur plus de 700.000 participants. […] Cette analyse a révélé que, pour les infections à charge virale élevée, un individu ayant reçu sa deuxième dose de vaccin Pfizer un mois auparavant était 90% plus protégé contre le variant Delta qu'une personne non vaccinée. Ce chiffre tombe à 85% après deux mois, puis à 78% après trois mois. Les personnes ayant reçu les deux injections du vaccin AstraZeneca sont elles protégées à 67% après un mois, 65% après deux mois et 61% après trois mois. Après quatre à cinq mois, le niveau de protection offert par les deux vaccins devient similaire selon l'étude, qui n'a pas encore été validée par des pairs. […] Le chercheur a tout de même insisté sur le fait que malgré « ces baisses légères de protection » [sic],« l'efficacité globale reste très élevée », soulignant que les chercheurs avaient étudié la protection globale et non le niveau de protection contre les formes graves et hospitalisations . » Vaccins : Pfizer perd son efficacité plus vite qu'AstraZeneca face au variant Delta, selon une étude d'Oxford. - Publié le 18/08/21
2Source coronavirus.politologue.com, qui reprend les données de la Johns Hopkins University.
3 Cf par exemple https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/variant-coronavirus-variant-delta-133-plus-mortel-coronavirus-originel-93313/ : « Une nouvelle vaste étude, réalisée au Canada, vient confirmer l'extrême virulence de ce variant. Menée sur 212.326 personnes entre février et juin 2021, cette dernière a examiné les risques d'hospitalisation, d'admission aux urgences et de décès liés aux différents variants alors en circulation (Alpha, Bêta, Gamma et Delta) par rapport au virus originel. Résultat : les risques d'hospitalisation, d'admission aux urgences et de décès sont accrus de respectivement 108 %, 235 % et 133 % avec le variant Delta. Autrement dit, là où une personne sur 100 décédait du SARS-CoV-2 originel, 2,33 personnes meurent lorsqu'elles sont infectées avec le variant Delta » […] « Le HR ajusté d'être admis à l'hôpital pour une personne infectée par le variant Delta en comparaison au variant Alpha est de 2,32 pour les primo-vaccinés ou les non-vaccinés, et de 1,94 pour les personnes pleinement protégées par le vaccin (21 jours après la deuxième dose). Néanmoins, le nombre de vaccinés considéré ici est trop faible pour faire un calcul solide. Aussi, cette donnée devra être confirmée par d'autres études ».
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