Entrepreneur et artiste, piliers de l’aventure humaine
Tous deux sont portés par une idée, une intuition, plutôt une ambition, celle de créer.
Entre les blessures de l’enfance, un désir de revanche, une rencontre ou une passion, beaucoup se construisent autour d’une histoire.
La fragilité de l’un est un atout, celle de l’autre, une faiblesse.
Chez l’artiste, elle nourrit son élan.
Chez l’entrepreneur, elle le condamne.
Lorsque l’artiste s’ouvre sur ses peines, le public applaudit sa part d’humanité. Lorsque l’entrepreneur se dévisage, on le moque. Ce dernier sera plus heureux, intrépide, s’en allant au pas de charge.
Généralement tous deux devancent leur temps. L’artiste bouscule, titille les goûts de demain. L’entrepreneur promeut des besoins qui se répandront prochainement.
Le premier joue plutôt avec l’éphémère. Le second privilégie la durée.
Se comptent dans leurs rangs l'artiste romantique et l’entrepreneur animé par de basses finalités commerciales mais la majorité travaille dur pour sortir de l’ombre. Le premier se bat pour percer, un premier rôle, l’exposition de ses toiles, sa musique sur les ondes. L’autre guette les liquidités, des crédits, des marchés.
Beaucoup prêchent dans le désert. Peu sont écoutés, peu prospèrent.
Au besoin, ils pratiquent les coups bas, des audaces aident à la marche des affaires. Mieux vaut dire que la chance sourit à quelques uns. D’autres saisissent les opportunités.
Pour beaucoup, la course à la fortune s’apparente à un chemin de croix. Vingt ans ou une vie ne suffiront pas. Dès lors certains composent avec une encombrante marginalité, un destin inachevé. Sur leur pierre tombale, mention sera faite d’un rêve fou, d’un imaginaire par trop flamboyant. En messe basse, l’on évoquera l’irréalisme, voire un penchant suicidaire.
Si d’aventure ils gravissent les échelons, d’aucuns ne seront pas insensibles à une forme de reconnaissance. L’artiste s’aime au dessus de la mêlée. Il se comporte alors en philosophe, égrène des sentences, la mine désintéressée. De son côté, l’entrepreneur livre ses récits devant un parterre de candides gestionnaires.
Dans ce cas, l’argent s’immisce dans leur vie. Question de goût, certains l’étalent, d’autres en font silence.
Politiquement, ce sont des libéraux. Rarement épousent-ils d’emblée les valeurs d’égalitarisme et de partage. Même s’ils s’en défendent, ils jouent pour leur propre chapelle, monétisant à l’envi leur nom ou la valeur de leur société. De surcroît, ils pratiquent sans complexe l’endogamie. Flattant l’esprit monarchique, leurs enfants prolongent leur avenir.
Si rien n’oblige l’artiste à distribuer sa richesse, l’entrepreneur s’y accomplit par force. Pour maintenir son bien ou le faire croitre, il doit s’entendre avec une multitude. Certains s’y prêtent avec réticence, coupant dans les effectifs plutôt que dans leur cassette.
Une fois l’an, les voilà réunis ! Chacun doit payer son dû à un Etat qui souvent a généreusement accompagné leur ascension. Certains s’en offusquent, fuient par delà les frontières. Qu’ils soient d’honnêtes citoyens ou non, leur gloire est souvent éphémère. Chez l’artiste, elle vacille avec l’âge. Chez l’entrepreneur, elle s’abîme dans la paperasse. Pareillement ils font front contre une concurrence féroce, jamais éteinte.
Parfois leurs rôles se confondent.
Tirant partie de sa renommée, l’artiste se meut en un entrepreneur, étiquetant mille produits sous son nom. Jonglant avec habileté parmi les obstacles, l’entrepreneur devient tel Mozart de la finance tel Vinci des nouvelles technologies.
Et c’est alors que nait une hypothèse, l’artiste n’en est plus est, l’entrepreneur non plus. Tous deux ne sont alors qu’une même pièce de l’aventure humaine, un engagement dans la vie.
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