Entretien historique, politique et philosophique avec Vincent de Tema (partie 1/2)
Vincent de Tema, journaliste, militant et contributeur pour plusieurs rédactions de la droite radicale pour reprendre ses mots, m’a proposé un grand entretien qui recouvre certains de mes thèmes de prédilection : philosophie, politique, histoire et religion.
Franck Abed, vous êtes romancier, historien, essayiste, vidéaste, intellectuel engagé, conférencier. Votre chaîne YouTube, Histoire Sans Fin, frôle les 10 000 abonnés, comptabilise plus de 200 vidéos et atteint les 640 000 vues. Vous-mêmes vous définissez comme un « contre-historien ». Pouvez-vous nous expliquer ce que vous entendez par là ?
Cette expression de contre-historien m’a été donnée par un très grand historien de la Sorbonne que j’avais interrogé dans le cadre de mes entretiens-vidéo. Il avait été principalement séduit par deux aspects : la manière dont je conduisais la discussion et ma volonté de revenir sur chaque point saillant de son livre, comme si je menais une contre-enquête voire une contre-histoire. Voilà comment naquit cette appellation.
Je précise qu’être historien reste avant tout une question de méthode et de formation intellectuelle plus qu’une question de diplômes. De fait, quand on étudie le passé, il convient de ne jamais tomber dans l’anachronisme en prenant toujours en compte le contexte. Ce dernier est souvent relégué aux oubliettes : grave erreur !
Il faut analyser les événements comme ils se déroulèrent et non comment certains auraient voulu qu’ils se déroulassent. Par exemple, il demeure aisé de juger après coup une bataille en disant que tel général aurait dû agir de telle manière, sauf qu’au moment des faits le commandant en chef ne disposait pas de la masse d’informations que nous possédons grâce au recul des années voire des siècles. Ce genre de méthode conduit inévitablement à produire de mauvaises analyses…
D’une manière générale, je ne m'inscris pas dans le culte du Progrès, de l’Homme et de la Technique. Je n’adhère pas plus à cette vision souvent caricaturale du Moyen Âge, expression qui me paraît, au mieux, maladroite au pire négative. Le terme moyen dans ce contexte intellectuel (et d’une manière plus globale) ne peut être envisagé comme positif. Pour donner de l’ampleur à mon argumentation, je sais qu’un élève qui obtient une note moyenne ne se situe pas parmi les meilleurs de sa classe. Quand un film ou un livre sont jugés comme moyens, nous sommes en présence de la médiocrité et non de l’excellence.
Le Moyen Âge souffre de la comparaison avec la prétendue Renaissance. Il arrive fréquemment que certains opposent le sombre Moyen Age à la sémillante Renaissance. L’Histoire ne doit pas être un terrain de jeu pour liquider des querelles idéologiques. Il me semble préférable d’utiliser l’expression de Temps Féodaux pour évoquer la période historique couvrant - entre autres - le règne de Saint Louis, l’enseignement de Thomas d’Aquin, les Croisades et la floraison des cathédrales.
De même, je ne pense pas que la Renaissance fut une période où l’Europe connut une nouvelle naissance, comme je n’ai jamais cru dans les mauvaises fables contant « des gentils serfs exploités par des méchants seigneurs cupides ». La réalité se montre tout autre et surtout plus complexe car moins binaire. Dans le même ordre d’idée, je ne pense pas, car l’étude historique le démontre, que la révolution de 1789 et 1793 fut menée par le peuple, pour le peuple, ni même dans l’intérêt du peuple…
Vous avez pu interviewer de nombreux historiens, et quelques personnalités connues bien au-delà de l’univers militant de droite, dont Jacques Attali. Qu’avez-vous retiré de votre échange avec lui ?
Je précise d’emblée que je suis content d’avoir réalisé un entretien vidéo avec Jacques Attali, ce qui n’est pas une mince affaire pour un intellectuel monarchiste indépendant. Je ne rentrerai pas, aujourd’hui, dans le détail mais ce fut long et compliqué pour obtenir son agrément. Pour préparer cet échange j’avais lu en amont plusieurs de ses ouvrages et écouté ses conférences évoquant des sujets aussi variés que l’économie, l’histoire, la politique, la religion, la finance, etc.
Il faut comprendre que j’avais reçu une consigne de son équipe : « aucune question politique ». Deux choix s’offraient à moi : refuser l’entretien ou accepter cette contrainte. J’ai opté pour le second car je suis parti du principe qu’un échange, même non politique, avec une des personnalités les plus en vue de la Vème République serait forcément intéressant.
Malheureusement, notre discussion fut trop brève, à peine quinze minutes. Je n'en retiens aucun grand enseignement philosophique ou intellectuel. A contrario, je peux écrire sans naïveté que c’est un homme très occupé, intelligent et conscient de sa place dans la société…
Vous avez analysé l’échec du mouvement des Gilets Jaunes. Selon-vous, pourquoi ont-ils finalement échoué ?
J’ai proposé une analyse complète et factuelle dans un opus intitulé Gilets Jaunes, les raisons d'un échec dévoilées, dans lequel j’explique avec de nombreux arguments que sans organisation, sans doctrine, sans stratégie tout mouvement contestataire est forcément voué à l’échec. Manifester pour manifester ne présente qu’un intérêt politique très limité. Comme l’ont dit d’autres avant moi : « La République gouverne mal mais se défend bien ».
De fait, les Gilets Jaunes ont commis de grossières erreurs tactiques. Lorsqu’ils occupaient les ronds-points, les péages ou tous les autres lieux, ils gênaient les Français du quotidien et non les membres du gouvernement responsables de cette décadence politique qui conduit, entre autres, à la paupérisation du peuple. Empêcher la France d’en-Bas ou autrement dit la France du Pays Réel de se déplacer en provoquant des contraintes et des ralentissements restait le meilleur moyen de se les mettre à dos. Effectivement, ils bloquaient des Français qui eux aussi étaient victimes de la désastreuse politique gouvernementale. Ils ne surent pas gagner la bataille de l’opinion.
Les Gilets Jaunes proposaient de colmater quelques brèches sans véritablement remettre en cause l’institution qui a permis ces échecs politiques, économiques et sociaux. Ils voulaient poser des emplâtres sur une jambe de bois. Il est impossible de changer en profondeur un système politique s’il n’existe pas une volonté réelle de combattre ses fondamentaux idéologiques. De plus, le mouvement protéiforme des Gilets Jaunes a vite été récupéré par des personnalités douteuses qui ne pouvaient, en raison de leurs limites doctrinales et politiques, incarner une authentique et saine rébellion…
Vous n’êtes pas un sectateur de l’Union Européenne. Que lui reprochez-vous exactement ?
Les motifs de rejet de l’UE se révèlent nombreux et constants.
Quand j’avais 11/12 ans, je me promenais dans Paris avec mon père et nous avions vu une affiche électorale promouvant le Oui pour le traité de Maastricht. Le message politique de celle-ci était le suivant, je cite de mémoire : « Avec l’Union Européenne vous pourrez voyager facilement dans toute l’Europe, vous aurez la paix, la prospérité et le chômage ne sera qu’un lointain souvenir ». A l’époque, mon paternel m’expliqua qu’il voterait pour la ratification car il voulait le meilleur avenir pour son fils. Des années après le 20 septembre 1992, force est de constater que ces promesses électorales ne se sont jamais concrétisées dans le réel, sauf peut-être pour le fait de voyager en Europe.
En 1992, le Oui l’emporta d’une courte tête. En 2005, lors du vote sur le Traité Constitutionnel Européen, mon père vota Non comme la majorité des électeurs français et le Non l’emporta largement. Il ne vota pas contre le TCE par idéologie ou par hostilité avec le gouvernement en place, pour leur faire payer leur mauvaise politique intérieure, mais tout simplement par logique et bon sens. Il ne voulait pas donner son suffrage à des politiques incapables de mettre en application les idéaux vantés depuis plusieurs décennies par une insidieuse et néfaste propagande. En 2005, l’UE était déjà en panne et c’est bien peu de l’écrire.
L’UE aurait pu être un outil formidable de puissance pour les pays européens mais chaque crise politique, sociale et économique montre qu’elle s’apparente à un colosse aux pieds d’argile. Dans les faits, car ils restent le plus important, la Commission ne s’appuie sur aucune légitimité politique, sans oublier les salaires exorbitants de ses membres que rien ne justifie au regard de leurs échecs répétés. Il existe également de graves affaires de corruption qui mine sa crédibilité. Jour après jour le Parlement européen prouve sa faiblesse face aux groupes d’influence diverses et variés qui ne pensent qu’à la croissance de leur puissance financière réalisée sur le dos des Européens.
Quant à la la Banque centrale européenne, ses mauvaises performances économiques ne plaident certainement pas en sa faveur. Elle s’est montrée incapable d’endiguer la crise économique de 2008, crise fortement aggravée par l’endettement massif de la zone euro… ou de créer pour les pays membres un eldorado économique. Je peux également citer le coût très élevé de la PAC nonobstant la mise en œuvre de moults réformes. L’UE souffre également d’un manque d’ambition politique marquée, entre autres, par l'absence de grands projets industriels, technologiques et économiques.
Au quotidien, en France, les bénéfices pour le consommateur de la politique anticoncurrentielle se montrent insignifiants comme nous le constatons amèrement depuis toujours et le conflit entre l’Ukraine et la Russie n’a, bien au contraire, rien arrangé. L’UE ne nous protège en rien face à l’insécurité et aux différentes formes de terrorisme. Sa politique de gestion des flux migratoires depuis les accords Schengen ne peut que la disqualifier.
Concrètement, une organisation démocratique à l’échelle du continent européen est une chimère politique à laquelle je ne peux adhérer. Je n’omets pas non plus l’uniformisation des identités charnelles promue par l’UE, qui constitue un des axes forts du projet mondialiste que chacun devrait combattre.
Vous définissez-vous comme souverainiste ?
Saint Thomas d’Aquin, d’heureuse mémoire, expliquait qu’avant toute disputatio il convenait de s’entendre sur la définition des mots afin que l’échange démarrât sur de bonnes bases. Si par souverainisme vous comprenez « une doctrine politique soutenant la préservation de la souveraineté nationale d'un pays par rapport à des instances supranationales », je peux, à la rigueur, me déclarer souverainiste.
Le souci reste que beaucoup de souverainistes estiment que la souveraineté de la nation peut se passer d’un souverain. Le souverain se voit remplacé par la nation. Dans la doctrine monarchiste, la nation s’incarne dans la personne du Roi. Permettez que je dresse un parallèle avec l’Église catholique romaine : « Là où se trouve le Pape, là se trouve Rome ». Aujourd’hui, mais déjà depuis de longues décennies, la France est livrée à l’abandon car le Père des Peuples de France est éclipsé par un Président de la République qui ne défend pas le Bien Commun, la France et les Français.
Le vrai problème doctrinal du souverainisme reste finalement entier : en France tous ceux qui se déclarent souverainistes, qu’ils s’affichent démocrates, républicains, nationalistes ou partisans de régimes dictatoriaux, ne veulent pas d’un véritable souverain, d’un monarque. Mon travail consiste à convertir ces souverainistes de différentes tendances au souverainisme authentique, à savoir la monarchie. Seule la monarchie peut préserver les intérêts supérieurs de la France sur le court, moyen et long terme.
Vous avez pu défendre l’idée qu’être royaliste au XXIe siècle était toujours pertinent. Pour quelles raisons ?
Je défends et promeus toujours cette idée sublime. Le traditionalisme politique français repose sur deux piliers : le catholicisme et le monarchisme. Si la France ne redevient pas catholique et monarchiste elle disparaîtra. La France est devenue la Reine des Nations grâce à la monarchie catholique. Un des marqueurs qui démontre la victoire idéologique de la gauche est le suivant : ceux qui se revendiquent de Droite dans le grand forum public ne sont ni catholiques, ni monarchistes.
Je constate que la République offre le spectacle terrifiant où se joue une guerre civile permanente. Cette dernière est menée par des coteries privées qui s’affrontent pour leurs seuls profits. J’estime que la première place de l’État ne doit pas être soumise à la compétition. Qui dit compétition dit forcément mensonge, corruption et démagogie. Les élections présidentielles nous rappellent toujours ce triste constat.
J’expose très clairement l’idée suivante : une institution ne peut définir sa légitimité par la loi du plus grand nombre, pas plus qu’elle ne doit s’effacer devant la dictature oppressante des minorités. La République permet aussi la promotion et l’ascension des médiocres avec son égalitarisme outrancier consécutif d’un nivellement par le bas qu’elle planifie dans tous les domaines. La monarchie œuvre par et pour la tradition, c’est-à-dire la continuité dans le temps. Pour mener une politique au service du Bien Commun dans l’intérêt supérieur de la France et des Français, le temps long reste une impérieuse nécessité. Comment diriger un pays avec des majorités changeantes selon les guerres électorales et l’humeur évasive des citoyens ? Il convient d’avoir un cap.
De fait, la monarchie permet très justement de définir un chemin clair et de s’y maintenir car son institution le permet de manière intrinsèque. Le monarque ne se soumet point au calendrier électoral. En effet, il ne tire pas sa légitimité d’une élection au prétendu suffrage universel. Sa force demeure dans son héritage qui puise sa force dans les fondements de la France charnelle. Le Roi de France sait également le respect qu’il doit à la Loi Naturelle et aux enseignements bibliques en tant que chef d’État lieutenant de Dieu sur terre.
Pour les lecteurs intéressés, je renvoie à mon opuscule titré Pourquoi être royaliste ? dans lequel j’expose les principales raisons philosophiques, politiques et historiques au nom desquelles il convient d’être royaliste…
Vous vous définissez comme « catholique romain ». Vous considérez-vous comme traditionaliste ?
Tout dépend de la définition du mot traditionaliste. Si par traditionaliste vous entendez être attaché à la liturgie et à la doctrine catholique de la Rome Éternelle maîtresse de vérité, alors oui vous pouvez me considérez comme un traditionaliste catholique. Je voue un profond respect et bien plus pour le rite dit de Saint Pie V. Toutefois, le terme de traditionaliste dans l’Église ne renvoie à aucune réalité canonique. Il me semble important de le rappeler.
Je ne suis donc pas traditionaliste pour être traditionaliste. Le passé n’est pas forcément porteur de Beau, de Bien, de Vrai. Si une tradition, au sens de transmission d’une idée ou d’un concept à travers les âges, ne se conjugue pas au Bien Commun et à la doctrine de l’Église catholique romaine, il convient de l’abandonner.
Récemment, lors d’une conférence, un auditeur m’a questionné sur le gallicanisme. Je lui ai expliqué qu’un catholique romain ne pouvait être gallican même si ce fut une idée portée par certains Rois de France dont certains sont considérés unanimement comme des très grands Rois. Il n’en reste pas moins vrai que cette tradition gallicane demeure intrinsèquement mauvaise. Vous l’aurez compris, je ne suis pas du tout gallican en vertu de mon adhésion à une tradition politique héritée de nos aïeux mais parce que cette doctrine heurte de plein fouet la doctrine catholique à laquelle je suis viscéralement attaché. Le pouvoir temporel doit être distinct et soumis au pouvoir spirituel. L’Église en France (et dans n’importe quel pays) ne doit pas être une Église au service exclusif du pouvoir temporel pas plus qu’elle ne peut revendiquer une position autocéphale.
Concrètement j’aime la Tradition de l'Église, cette Tradition vivante qui honore le passé, magnifie le présent tout en étant riche de promesses pour l’avenir. J’aime aussi le Magistère de l’Église que j’approuve sans aucune réserve. Je cite une phrase attribuée à Gustav Mahler : « La tradition c'est la transmission du feu et non l'adoration des cendres ». Que les choses soient claires, tout catholique et monarchiste doit être animé par ce feu sacré.
Comment, en tant qu’historien, intellectuel mais aussi en tant que croyant, jugez-vous le bilan global du concile Vatican II ?
Le 8 décembre 1965 le deuxième Concile du Vatican prit fin. Nous sommes en 2024. Nous disposons maintenant de nombreuses années pour déterminer si les fruits du Concile sont bons. Jésus-Christ avait clairement dit : « Un bon arbre ne produit pas de mauvais fruits, ni un arbre malade de bons fruits. Chaque arbre se reconnaît à ses fruits : on ne cueille pas des figues sur des buissons d'épines et l'on ne récolte pas du raisin sur des ronces » (Luc 6-43).
Qui peut nier cette évidence, à savoir que les résultats du Concile sont catastrophiques ? Certes, la société du divertissement et le libéralisme expliquent également certaines dérives théologiques, philosophiques et liturgiques. Mais cela ne doit pas être une excuse ou un prétexte pour ne pas poser un regard objectif et averti sur cet événement majeur dans l’Histoire de l’Église ou pour dédouaner les clercs de leurs immenses responsabilités dans cette hécatombe religieuse.
En France (et pas seulement malheureusement) les conséquences du Concile sont terribles : chute des vocations, fermeture des séminaires, hausse considérable des divorces et des naissances hors mariage, promotion de doctrines fausses comme la collégialité dans l’Église, la liberté religieuse, le faux œcuménisme, le renoncement à convertir les non catholiques, constitutionnalisation de l’avortement etc.
En tant qu’historien et intellectuel, il demeure intéressant de s’intéresser à la gestation du Concile et à sa réalisation. De nombreux livres et études ont été publiés. Tous ces ouvrages ne méritent pas d’être lus. Je recommanderai un titre parmi d’autres : Le Rhin se jette dans le Tibre. Il s'agit d'une analyse complète, détaillée et argumentée. Celle-ci revient sur le rôle lamentable joué par les cardinaux, les évêques et les théologiens des pays que traverse le Rhin. Il explique comment les schémas préparatoires ont été contestés, puis modifiés pour le grand malheur de l’Église.
Les fruits peu goûteux du Concile s’affichent constamment sous nos yeux : des rencontres d’Assise à la réhabilitation de Luther l’hérétique, la présence d’une statuette de la Pachamama dans les jardin du Vatican, les prières interreligieuses, sans oublier la promotion des idées nouvelles et contraires à ce qu’a toujours professé l’Église catholique romaine. Nous devons combattre le modernisme, sans honte, sans haine, sans lâcheté, sans compromission. L’Église renaîtra de ses cendres quand les catholiques renoueront en pensée et en action avec le catholicisme.
En tant que croyant, nous devons prier et garder sans cesse l’espérance chevillée au corps car Jésus nous a enseigné la vérité suivante : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, Je suis là, au milieu d’eux » (Matthieu 18-20). Toutefois quand je constate le sort de l'Église, je ne puis m’empêcher de penser qu’Elle est frappée par un châtiment, châtiment dont l’Église de Dieu sortira vainqueur car : « Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et que les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle » (Matthieu 16 - 18).
Comment envisagez-vous l’avenir, à long terme, de l’Église catholique ? Ne considérez-vous pas qu’elle a jusqu’ici échoué dans sa mission de protection spirituelle, politique et sociale des humbles ?
L’Église a les promesses du ciel car Elle les a reçues directement de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ses adversaires pourront être nombreux, puissants et déterminés, ils ne parviendront pas à la réduire en cendres. Un jour, lors d’une retraite spirituelle, j’échangeais avec le Père Abbé et lui demandais son avis sur la crise que vivait l’Église. Il m’a répondu, non sans ironie, que « la crise était une tradition de l’Église ». L’Église catholique reste à ce jour la plus vieille institution du monde. Elle a vécu des ébranlements douloureux tout au long de ses 2000 ans d’histoire.
L’erreur serait de La croire déjà morte en considérant la seule histoire récente, et quand je parle d’histoire récente je remonte au deuxième Concile du Vatican jusqu’à maintenant. Que ce soit face aux invasions barbares, aux royaumes, aux empires, à la tornade révolutionnaire de 1789, au bolchevisme, au fascisme et au national-socialisme, l'Église sut toujours trouver des parades et des ressources pour maintenir son indépendance dans le but de diffuser le message du Christ.
Malheureusement depuis des années, Elle a été infiltrée avec succès par ses ennemis comme tout observateur lucide peut le constater. Ce n’est donc pas un hasard si le Pape Pie X, qui fut déclaré Saint en 1954, promulgua le 1er septembre 1910 le motu proprio Sacrorum antistitum, plus communément connu sous l’appellation « serment antimoderniste ». Il avait déjà conscience du danger imminent qui rôdait dans et autour de l’Église.
D’une manière générale, l’Église, en ordre, a toujours su protéger les plus faibles tout en diffusant le message évangélique. D’aucuns critiquent l’Église mais, depuis des siècles, elle soigne les malades et assiste les affligés. Contre vents et marées, en dépit des menaces, des guerres, des épidémies, Elle apporte vaillamment un soutien spirituel, moral, humain, financier et matériel à tous ceux qui souffrent. L’Église reste composée d’hommes et de femmes. Depuis le péché d’Adam et Eve, l’humanité est pécheresse. Ne l’oublions jamais. Toutefois, le rôle bénéfique de l’Église auprès des plus faibles n’est vraiment plus à démontrer.
Je suis intimement convaincu que la barque de Saint Pierre, à l’image de la devise parisienne, est battue par les flots mais ne sombrera pas. Ainsi, j’envisage avec confiance l’avenir de l’Église sur le long terme, car je sais qu’Elle (re)trouvera en Dieu les forces nécessaires pour se redresser. En France, par exemple, nonobstant les actes répétés contre les catholiques, les catholiques authentiques existent, résistent et parfois ils prospèrent. L’avenir est à nous car nous avons compris l’importance de procréer et la nécessité de se battre contre nos nombreux adversaires.
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