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Entretien sur l’Europe avec Jean-Michel Vernochet

Questions de Jérôme Bourbon. 26 août 2011

Votre livre s’intitule « Europe, chronique d’une mort annoncée. La Construction européenne face aux crises systémiques ». Pourquoi ce titre ? Et quelles crises pourraient déterminer la chute de la Maison Europe : politique, économique, financière, sociale, morale, spirituelle, écologique ?

JMV : Toutes à la fois. En interaction les unes avec les autres, une synergie négative en quelque sorte, un effet boule de neige ! Il est ici question de crises systémiques, autrement dit de crises structurelles affectant un modèle sociétal ayant atteint sa limite de rupture. Les adeptes du matérialisme historique diraient à ce propos que le système s’effondre sous le poids de ses propres contradictions. Mieux, disons qu’il est parvenu à un point de saturation où ses contradictions, notamment internes, ne sont plus ni gérables ni masquables. Rappelons que parler d’Europe à propos de l’Union est un abus de langage car la construction européenne n’a rien à voir avec l’Europe réelle. C’est un mot, et rien qu’un mot, destiné à couvrir un projet en réalité… anti-européen. Chacun peut en effet constater que l’Union dite européenne se construit fondamentalement à contresens des intérêts vitaux des Nations et des peuples européens. Un exemple, l’€uro. La monnaie unique n’a pas été conçue seulement comme un outil économique mais davantage en tant que moyen d’agréger étroitement les Seize pays de l’eurozone. Il s’agissait de créer une interdépendance forte. Aujourd’hui pourtant l’échec est patent. L’€uro a mis en évidence voire accentué les disparités, les écarts prévalant entre l’Europe du Nord, du Sud et de l’Est…

Et bien au lieu de tenir compte de ce fait et de faire machine arrière toute, les européistes font maintenant dans la surenchère fédéraliste. On soigne le mal en accroissant le mal. À se demander d’ailleurs si nos eurocrates ne se réjouissent pas en fin de compte de la crise de la dette publique, escomptant l’utiliser comme levier pour briser les deniers verrous de souveraineté nationale subsistant encore ! Comment ne pas voir que l’Union européenne est une construction purement artificielle dont les fondements sont purement « idéologiques », c’est-à-dire en contradiction avec les lois naturelles régissant la vie des peuples. Une utopie volontariste qui tape à bras raccourci sur des chevilles rondes pour les faire entrer de force dans des trous carrés…

Soyons clairs, l’Union européenne ouverte au quatre vent de la mondialisation est en train de détruire l’Europe. Plus précisément, le projet européen s’est développé autour d’abstractions, en négation totale et absolue des réalités ethniques, historiques culturelles et religieuses constitutives de l’Europe. Est « Européen » quiconque possède des documents administratifs en règle… de la même façon, tout pays souscrivant à un cahier des charges, les fameux critères de convergence établis par le Traité de Maëstricht. En un mot être européen ne veut rien dire sinon être un citoyen du monde, un quasi nomade susceptible de changer de nationalité et de patrie administrative comme l’on change de chemise. C’est une conception schizophrénique de la citoyenneté. Certes le multiculturalisme prévaut en Amérique, reste que les É-U se sont édifiés au sein d’un système étranger à l’Europe où tous les peuples présents possèdent les mêmes racines, le modèle américain étant celui d’une extrême hétérogénéité de populations sans base territoriale ni origine commune.

Que sont ainsi véritablement les É-U ? Un patchwork de communautés susceptibles potentiellement de s’affronter si le Rêve américain d’abondance partagée venait à voler en éclat sous la pression de la Crise. Sans tomber dans l’évocation d’une actualité sordide, notons que la dimension ethnique de l’affaire Strauss-Kahn a été formidablement occultée par les médias ; elle offre cependant de précieuses indications quant à la guerre sourde que se livrent aux É-U les communautés entre elles… une contentieux de fond qui pourrait un jour où l’autre s’actualiser dans des émeutes tout aussi violentes que celles de Londres le mois dernier… autant dire que nos sociétés, parvenues aux limites de l’utopie multiculturaliste vivent désormais en situation de pré guerre civile.

Comme tous les idéologues, les européistes - à l’image des chantres de la correction politique d’outre Atlantique - sont des négationnistes du réel. D’ indécrottables irréalistes prenant les mots pour des choses et qui ont mobilisé une prodigieuse énergie négative afin de construire une entité économico politique, l’UE, sur le fondement de principes juridiques arbitraires et abstraits, sortis tout armés de leurs géniales cervelles : est européen qui possède la nationalité d’un État membre… lequel se caractérise avons-nous dit par son adhésion à une Charte de « valeurs » centrées sur le pluriculturalisme – mot pudique désignant le brassage racial et l’encouragement au métissage - et son corollaire le multi confessionnalisme, l’avortement, le droit des minorités (toujours prévalent !), le tout adossé aux divins Droits de l’Homme dont on sait que les promoteurs et les grands prêtres sont les premiers à les bafouer … le tout étant essentiellement destinées à détruire l’homme, les peuples, la famille, les traditions, la mémoire collective, l’héritage des traditions et in fine effacer l’idée même d’identité. Tel est le projet européen incapable par ailleurs de bâtir une défense collective de ce nom. Périssent les hommes et les nations pourvu que les mots creux d’Égalité et de Liberté restent inscrits au fronton de nos édifices publics.

Au total, l’Union européenne n’est qu’une pitoyable, mais meurtrière, tentative de donner corps à une sorte de fallacieux Contrat social, lequel n’est au demeurant que le prolongement dans le domaine civil de l’esprit et de la lettre du plus implacable et biaisé néolibéralisme économique ! Un tel système n’est pas viable et ne saurait connaître qu’une fin tragique. Les crises à répétition qui le traversent nous le disent, mais bien peu parmi les décideurs en tirent les conséquences. Parallèlement à un système économique dévoré par le chancre la finance, partout dans le monde les sociétés pluriethniques, multiculturelles et multi confessionnelles sont en proie à l’éclatement et à d’atroces déchirements : les exemples nous assaillent, aujourd’hui en Libye, en Irak, en Palestine, en Syrie, hier en Yougoslavie, à Ceylan, au Soudan, au Congo, et cætera !

Pensez-vous que le projet européen tel qu’il est né au lendemain de la Seconde Guerre mondiale était vicié et pervers dès l’origine ou que par la suite il s’est trouvé dévié ?

JMV : D’abord le projet européen n’est pas né tout seul. Il a eu des géniteurs de chair et d’os. Pour ne remonter qu’à 1945, il est facile de voir qu’il s’est agit d’un projet originellement concocté par les vainqueurs anglo-américains avec pour finalité avouée de dresser un rempart humain face au Rideau de fer ! En réalité il s’agissait du même coup de neutraliser, une fois pour toutes, les puissances continentales en les enchaînant mutuellement les unes aux autres. Solve et coagula, dissoudre les nations et les fondre dans la masse d’un vaste espace industriel et commercial, faussement démocratique, extensible ab libitum et dirigé de main de fer par une bureaucratie anonyme, tatillonne, tracassière et pour tout dire totalitaire. Il s’agit là d’une variante moderne du divide et impera d’antan.

Devise qui fut pendant des siècles celle de la diplomatie anglaise sur le Continent… La Perfide Albion, maîtresse des mers est aussi celle du double langage : diviser pour régner en dressant les nations continentales les unes contre les autres, en semant la zizanie entre les hommes, en contractant ou en suscitant des alliances de contrepoids afin d’établir de toujours précaires équilibres des forces dans tous les cas potentiellement belligènes ; tel a été le fonds de la politique de la Grande Bretagne jusqu’à Talleyrand eurocrate avant la lettre et dès 1830 précurseur de l’Entente cordiale.

Pour mémoire, dans le discours que Winston Churchill prononce en présence du président Truman, le 5 mars 1946 à Fulton dans le Missouri, celui-ci affirme que « la sécurité du monde exige une nouvelle unité en Europe dont aucune nation ne sera exclue… ». Rien n’a changé depuis et l’idée d’un unité européenne au demeurant exclusivement continentale, court toujours. Gardons à l’esprit que Londres ne cotise à l’Europe que du bout des lèvres, le Royaume-Uni n’étant ni membre de l’espace Schengen ni de l’Eurozone…

Bref, l’Union européenne ne la concerne que marginalement, à commencer par les affres liés à la crise de l’€uro. Churchill enfoncera le clou quelques mois plus tard en appelant, dans son fameux discours de Zurich le 19 septembre 1946, à la construction d’États-Unis d’Europe et au rapprochement franco-allemand… Un an auparavant Churchill, tardivement lucide, s’était inquiété que « de Stettin dans la Baltique, jusqu’à Trieste dans l’Adriatique, un rideau de fer [soit] descendu à travers le continent]. L’allié britannique aveuglé de haine vétérotestamentaire venait de découvrir avec horreur que peut-être le mauvais cochon aurait été égorgé : « I am afraid we killed the wrong pig ! » se serait exclamé le Premier Lord de l’Amirauté !

Doté de suite dans les idées, en octobre 1948, Churchill crée l’United European Movement aux côtés de deux démocrates-chrétiens, l’Italien Alcide De Gasperi et l’Allemand Konrad Adenauer et de deux socialistes, le Français Léon Blum et le Belge Paul-Henri Spaak. Un Mouvement européen que le Département d’État - via la CIA - commence à abonder largement… quelques 15 millions d’€uros en monnaie actuelle, versés entre 1949 et 1953 à seule fin de pousser l’intégration de l’Europe dans le creuset fédéraliste. Notons que cette Europe est la « leur », celle de Manhattan et de la City, et non la « nôtre » ; qu’elle vise à soutenir des intérêts qui nous sont par conséquent a priori étrangers. Que l’Europe voulue par Londres et Wall-Street n’aura été également, au cours des quarante années de Guerre froide, que le champ clos où devait se rencontrer pour l’affrontement final, le Béhémot soviétique et le Léviathan atlantique ! Aussi lorsque les Américains nous doraient la pilule en évoquant leur « parapluie » nucléaire étendu au-dessus de l’Europe de l’Ouest, chacun sait qu’ils n’auraient pas misé un kopeck, et a fortiori pas leur propre survie, pour voler au secours des Européens… sachant qu’à l’époque il n’eut fallu que 72 heures aux trente trois mille chars de combats du Pacte de Varsovie pour franchir le Pont de Kehl…

Dans les années qui suivent la libération, les groupes de pression - avant la lettre - se multiplient en faveur du chaudron fédéraliste. Apparaît ainsi un Congrès des peuples européens (Comité européen de vigilance) dans lequel se retrouvent des personnalités telles le père Chaillet, fondateur de Témoignage chrétien et des gaullistes de premier plan comme Michel Debré et Jacques Chaban-Delmas ! En octobre 1951, Churchill battu aux élections de 1945 est de retour à Downing Street. Il entreprend de financer à grande échelle la gauche européiste ; l’argent transite par diverses fondations, mais la manne des services anglo-américains se déverse également en direct sous couvert de l’Office of Special Representative ou de l’US Information Service. Hélas pour nos bons amis les Anglais, leur projet d’une Europe de la défense capote en 1954 en dépit du succès de la Communauté européenne du charbon et de l’acier…

Un an auparavant, le 5 mars 1953, Staline mourait vraisemblablement assassiné, le surlendemain de la fête de Pourim commémorant l’élimination légendaire du ministre perse Haman, réputé avoir été animé d’intentions malveillantes à l’égard du peule Hébreu. Staline lui, notamment à l’occasion de l’Affaire des Blouses blanches avait renoué avec sa politique de purges et, à ce titre, aurait, dit-on, envisagé la déportation des Juifs moscovites !? La Guerre froide n’en cesse pas pour autant. Au contraire. Le Père de l’Europe, Jean Monnet fondateur du Comité d’action pour les États-Unis d’Europe va recevoir comme tout le monde le soutien sonnant et trébuchant de la Fondation Ford ! Mais il est vrai par le truchement du Centre de recherches européen de Lausanne. Les intellectuels, faiseurs d’opinion et autorités morales - eu égard au prestige que leur taillent sur mesure les publicistes des médias – ne sont pas oubliés et arrosés via la Fondation Fairfield - un faux nez de la CIA - et le Congrès pour la liberté de la culture où se retrouvent quelques grandes figures de l’époque, les Denis de Rougemont, Manès Sperber, Arthur Koestler, Malraux et Raymond Aron…

Le retour de De Gaulle aux Affaires mettra un terme – tout relatif - à ces menées obscures. En dix ans, de 1949 à 1959, la Compagnie aura au final versé aux européanistes de toutes tendances la bagatelle d’une cinquantaine 50 millions de $, un dollar alors gagé sur l’or ! De là à dire que le projet européen a été porté à bout de bras, promu et encouragé par Londres et Washington, il n’y a qu’un pas que pour ma part je n’hésite pas à franchir…

Pensez-vous qu’au point où en sont les choses la France aurait intérêt actuellement à sortir de l’euro et/ou de l’Union européenne ?

JMV : La monnaie unique n’est pas seulement un outil économique, c’est surtout un outil politique. Mais comme tous les idéologues, les eurocrates – qui sont quelque part des « primaires » - croient que la réalité doit automatiquement se plier à leurs idées simplistes. Les démentis apportés par les événements les affligent beaucoup, mais comme tous les dogmatiques ils ne savent que persévérer dans l’erreur.

Les illettrés se bousculent pour passer leur bac, et bien puisque les règles régissant l’usage de la langue écrite semblent inassimilables, il suffit de préconiser de « déréguler » son apprentissage, de bannir l’illettrisme en bannissant une grammaire et une orthographe, discriminatoires, fauteuses d’inégalités…

L’€uro ça ne marche pas et ça n’a jamais marché. En moins de dix ans les prix ont flambés, la baguette, le moindre « quotidien » ont vu leur prix multiplié par 6 ou 7. Cela ressemble furieusement à de l’inflation, cette inflation que la Banque centrale européenne est justement supposée juguler. Il est par ailleurs tout à fait réjouissant d’entendre des souverainistes grand teint nous dire dans le même souffle que l’€uro est une réussite mais que nous devrions en sortir.

Cessons de dire des âneries. L’€uro fort a plombé nos économies, il a soutenu les déficits américains en pénalisant nos exportations face à un dollar faible. Indirectement nous avons ainsi contribué à financer les aventures néocoloniales des É-U, en Afghanistan, en Irak et ailleurs. Il est temps que cela cesse. Je ne préconise pas pour autant une sortie brutale de l’€uro. Monnaie unique elle pourrait se voir assigner le rôle de monnaie commune, un retour au Franc nous donnant la capacité de dévaluer si nécessaire, c’est-à-dire d’ajuster le cours de notre devise aux circonstances et à nos besoins. Sortir de l’€uro par le haut en tenant compte des nos intérêts bien compris et de ceux de nos voisins et partenaires, à commencer par l’Allemagne…

Il aussi s’agit de revenir à la maîtrise de nos affaires monétaires, ce qui suppose d’abroger d’urgence la loi Pompidou-Rothschild de 1973 laquelle nous interdit d’emprunter sur notre propre marché intérieur. Ce que font les Japonais plus chanceux malgré une dette publique se montant à deux fois leur Pib. Réviser notre dépendance à l’€uro suppose également de remettre les sacro-saints marchés à la place qui devrait être la leur, et cesser de se soumettre servilement à leur insupportable dictature… Car enfin sortir de l’€uro ne résoudra pas tout d’un coup de baguette magique car ce sont de nombreux éléments de la superstructure économique et financière qu’il s’agit de revoir et de modifier. Ce ne sont pas non plus avec des incantations « l’€uro, l’€uro » que nous rétablirons notre économie… le mal vient de plus loin, il faut entreprendre une cure de fond et pour ce faire, commencer par bazarder les idéologues de la concurrence « pure et parfaite » qui ont le toupet de nous interdire de battre monnaie !

La quasi faillite de la Grèce, de l’Irlande, du Portugal, de l’Espagne pourrait-elle se produire demain en France et à votre avis selon quel délai et sous quelle forme ?

JMV  : Lorsque vous dites la « quasi faillite » l’adverbe quasi est de trop. La faillite est consommée au moins pour les trois premiers dont les économies sont sous perfusion. L’Espagne ne vaut guère mieux mais son économie possède plus de ressources, son domaine patrimonial agricole, industriel et commercial offre certaines garanties tout comme celui de l’Italie actuellement durement touchée par les attaques des agences de notation… des agences dont il est évident que les évaluations sont entachées d’un doute légitime.

Notons à ce propos que ces « agences » ne servent pas de « voyant rouge » mais qu’elles sèment des paniques infondées sur les marchés. Qu’elles sonnent ainsi l’hallali pour les vautours de la finance. Soit un rôle davantage négatif qu’utile la clarification du jeu ! Là également la question se pose de savoir si ces « Agences » - dont les méthodes et les évaluations font l’objet de sévères critiques de la part de personnalités apparemment compétentes - ne seraient pas par hasard quelque peu instrumentées ? Servant tantôt à rassurer et à cautionner - leur mutisme dans les mois précédant la crise de septembre 2008 est à ce titre exemplaire – tantôt à jeter l’effroi sur les marchés en tant que de besoin ? Faire baisser ou faire monter les cours, c’est toujours faire travailler l’argent, pour ceux qui savent l’art et la manière ! En tout cas les « notations », moyen de pression ou de chantage, sont une arme redoutable dans la guerre économique que se livre les États entre eux au profit d’oligarchies parasites.

En ce qui concerne la France, une dévaluation de sa note lui pend au bout du nez. Et c’est un petit peu plus qu’une rumeur. Cela doit en vérité aider le Président Sarkozy à faire avaler aux Français d’amères mesures d’austérité rebaptisées « réforme budgétaire » ainsi que les prévisibles concessions accordées à Banque centrale européenne (et à Bruxelles) en faveur d’une gestion budgétaire sous tutelle communautaire. De ce point de vue la menace d’une dégradation de la note, tient le rôle du fouet dans la main du cocher : M. Naguy-Bocsa qui n’a en tête que son éventuelle réélection, devra quoiqu’il en soit, volens nolens, courir sur le fil du rasoir…

Autrement dit, s’aliéner son électorat et une partie significative de ses propres troupes en appliquant des politiques de redressement budgétaire par trop rigoureuses. Mesures exigées, faute de quoi le pays devrait supporter les conséquences d’une note abaissée… mais il est vrai que l’on finance, par un cercle ultra vicieux, de la dette par la dette ! Ou bien tenter de maintenir à force de contorsions une sorte de relatif statu quo jusqu’au 12 mai 2012 dans le fol espoir de se voir reconduit dans ses fonctions. Dans tous les cas, M. Nagy-Bocsa est, en vertu de cette double contrainte, condamné à faire le grand écart ! Et ce n’est pas la grossesse de son épouse qui le sauvera. Les grosses ficelles communicationnelles fonctionnent un temps, mais pas tout le temps.

Est-il encore possible de redresser la barre ou le train infernal va-t-il inévitablement vers un déraillement ?

JMV : On peut toujours rêver. La sortie de crise la plus probable pour l’Occident américano centré, est la guerre. Cela se situerait dans la logique des choses. La logique rarement se dément, comme toute loi naturelle. J’espère et souhaite que nos jeunes gens y échappent, et nous tous avec eux. Mais objectivement les conflits périphériques se rapprochent tendanciellement. Balkans, Liban, Palestine, Ukraine, Libye… un cercle de feu nous entoure ! Depuis 1989 et la chute du mur de Berlin, les conflits se sont multipliés à notre immédiate périphérie à peu près au même rythme que la fréquence et l’amplitude des crises financières augmentaient. Or tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se brise. Je parierais volontiers pour une confrontation Chine vs É-U…

Beaucoup en France en parlent ouvertement, et pas dans les cercles mal-pensant, pas chez les paranoïaques de la conspiration, mais parmi nos militaires et nos politiques, dans cette micro élite pensante qui n’est pas tout à fait morte, nombreux sont ceux qui envisagent sérieusement un possible affrontement avec Taïwan/Formose pour détonateur. Et bien ces personnalités que l’on ne voit qu très rarement dans les lucarnes, refusent d’entrée de jeu que la France puisse se trouver embarquée dans une cette terrible galère.

Bien sûr ces opinions n’atteignent jamais le grand public, mais elles existent et ne craignent plus de s’affirmer avec une force et vigueur. Je suis personnellement assez pessimiste : l’arbre est pourri jusqu’à la moelle ! Reste à savoir quand viendra l’ultime bourrasque qui le jettera par terre !?

Que pensez-vous de la mouvance souverainiste en France. Son combat est-il juste et a-t-il quelque chance de succès.

JMV : La France était forte lorsqu’elle s’adossait à son Pré-carré africain. Or aujourd’hui nous ne possédons plus aucune profondeur de champ stratégique, hors l’Europe. Vouloir nous replier superbement sur l’Hexagone sans posséder à l’instar des Allemands les vertus de discipline, de rigueur et de dureté au labeur qui font leur force, n’a pas de sens. Dites-moi, pourquoi fabriquer encore des TGV puisque les Chinois, au profit desquels nous avons effectué quasi gratis pro deo de massifs transferts de techniques ad hoc, les produiront à notre place ? « Ils » nous vendront la corde pour les pendre aurait dit Lénine ?

Et c’est bien ce que font les patron du CAC 40 qui ne pensent plus « production » mais presque exclusivement en terme de rendements financiers ne voyant guère plus loin que le bout de leurs bénéfices immédiats. Nous allons donc récolter ce que nous aurons si bien semé. Quant au repli souverainiste, il ne signifie pas grand chose, c’est une vision étriquée, à courte vue car la France ne pourra survivre et prospérer qu’au sein, dans et par, une Europe forte. Une Europe puissante, confédérant des Nations souveraines unies par une histoire et un destin partagés, puisant ses racines dans une Foi, des traditions et une culture commune. Renouons par conséquent - et selon d’autres voies évidemment - avec l’ancien rêve carolingien qui s’était réincarné il y deux siècles dans l’épopée napoléonienne. Il n’est pas d’autre issue, mais là nous parlons d’Europe réelle, pas d’une Union maëstrichtienne énervée, otage des minorités prédatrices qui l’ont conçue et fabriquée sous couvert de messianisme humanitarien.

Si vous deviez définir l’Europe que diriez-vous ?

JMV : L’Europe est notre destin. À nous de l’accomplir.

http://www.geopolintel.fr/article391.html


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1 réactions à cet article    


  • BA 16 septembre 2011 08:40

    Jeudi 15 septembre 2011 :

     

    Angela Merkel déclare qu’elle est contre les euro-obligations : "Les euro-obligations seraient une erreur absolue. Pour avoir des taux d’intérêt communs, il faut des niveaux de compétitivité similaires et des situations budgétaires similaires. On n’arrive pas à cela en mettant en commun des dettes."

     

    http://www.latribune.fr/depeches/reuters/les-euro-obligations-seraient-une-erreur-absolue-dit-merkel.html

     

    Le Premier ministre autrichien Werner Faymann déclare qu’il est contre les euro-obligations : "Austrian Chancellor Werner Faymann joined Germany and France in rejecting common euro-area bonds and said a centralized economic government for the region is unrealistic because it would require a treaty change."

     

    http://www.bloomberg.com/news/2011-08-23/austria-s-faymann-rejects-euro-bonds-echoing-merkel-criticism.html

     

    Le Premier ministre finlandais Jyrki Katainen déclare qu’il est contre les euro-obligations : "Jyrki Katainen a par ailleurs répété l’opposition de son pays, qui bénéfice d’une notation triple-A, à la création d’euro-obligations."

     

    http://fr.reuters.com/article/businessNews/idFRPAE77M0R420110823?pageNumber=1&virtualBrandChannel=0

     

    Le Premier ministre des Pays-Bas Mark Nutte déclare qu’il est contre les euro-obligations : "Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a déclaré mardi 16 août 2011 ne pas être en faveur de l’idée d’euro-obligations (« eurobonds ») ou d’un renforcement du fonds de sauvetage européen, et préfère des sanctions automatiques contre les mauvais élèves de la zone euro."

     

    Ces quatre exemples montrent une chose très importante : les Etats européens riches sont contre les euro-obligations, car les Etats européens riches ne veulent pas payer un taux d’intérêt supérieur au taux d’intérêt qu’ils paient aujourd’hui.

     

    Autrement dit : les Etats européens du Nord ne veulent pas payer pour sauver les Etats européens périphériques.

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