Envoyé Spécial : Le Renouveau de l’Investigation par Elise Lucet
Merci. Mille fois merci à Elise Lucet et son équipe qui ont dépoussiéré totalement l’émission Envoyé Spécial. Terminés les reportages soporifiques style magazine. Place à l’information, l’enquête, l’investigation… le journalisme avec un immense J.
Pour la première, une cascade de scoops, une avalanche de scandales qui ferait passer une finale de coupe de monde de foot pour un énième épisode de Derrick.
La gestion de la SNCF et la sécurité voyageur
Les leçons du drame de Bretigny n’ont pas été tirées. La direction de la SNCF fait ainsi rouler des trains sur des voies « obsolètes » tellement dégradées que les trains doivent rouler au pas à 10Km/h. Dans le reportage, on y voit un agent retirer les tire-fonds à la main ou passer sa main dans une traverse, tellement celle-ci ne tient plus, et ce, sur plusieurs mètres. Inutile de dire que la sécurité ne tient qu’à un fil.
Les zones dangereuses citées sont notamment Achères, Saint Ouen, Juvisy en Ile de France mais aussi Valence.
Tout est fait pour retarder les travaux toujours coûteux et user le matériel jusqu’à la corde.
On assiste hébété à une non-réaction du directeur général de la sécurité de la SNCF qui ose relativiser les faits… tout en demandant aux journalistes d’Envoyé Spécial de signaler les zones à risque. Un culot monstrueux.
Pire des rames dénommée X73500 sillonnent les routes de France dans différentes régions. Problème : le système de sécurité donnant l’information de la position n’est pas compatible sur toutes les voies. Ainsi la rame se transforme en train fantôme invisible pour les autres trains comme pour la signalisation dont… les passages à niveaux !
Ce « déshuntage » demeure sans risque selon la SNCF. Sauf que ses propres agents disent le contraire et de nombreux drames ont été évités, hormis un seul. En septembre 2006, une jeune mère de famille trouve la mort en percutant de plein fouet une de ses rames au passage à niveau.
Les premiers experts de la SNCF osent sous-entendre un suicide, alors même que cette femme avait plein de projets d’avenir dont son bébé. S’y reprenant à deux fois, l’avocat de la SNCF a donc prétendu que la victime avait franchi de son plein gré les barrières !
Or selon les témoignages et les preuves, le passage à niveau ne s’est pas baissé. D’où le réquisitoire du procureur pour mise en danger de la vie d’autrui à l’encontre de la SNCF. Verdict le 20 octobre. La cause probable : ce fameux déshuntage.
Le pire dans cette affaire, c’est que la SNCF a la solution technique mais traîne les pieds, question de moyens et donc de coût.
Justement question argent, les journalistes relèvent ainsi que la SNCF a dépensé ses 5 dernières années pas moins de 210 millions d’euros par an en communication alors même qu’elle doit rembourser une dette de 50 milliards d’euros !!! Une gestion catastrophique où la communication prend le pas sur la sécurité des voyageurs… contrairement aux annonces : « La sécurité est notre affaire à tous »
Sarkozy le mégalo
La fameuse affaire Bygmalion avec le témoignage à charge de Franck Attal patron de Event & Cie sous-traitant de Bygmalion. Au menu, double facturation, fausses factures imposées par la direction de l’UMP poussée par le candidat Sarkozy souhaitant toujours plus de meeting pour grimper dans les sondages.
Des dépenses folles, près de 5 millions d’euros pour le meeting grandiose de Villepinte, et même des moyens dignes du cinéma. On apprend ainsi que l’équipe de campagne a déboursé près 86 000 euros pour une musique de fond pour les entrées en scène du politicien véreux. Celles-ci a été annoncée offerte par le petit Nicolas aux juges et déclarés seulement 43 000 euros à la commission de contrôle des dépenses électorales.
On y découvre finalement une équipe aux ordres, où personne n’a osé contredire le petit manitou. Rien n’était trop beau, trop cher pour gagner. La folie des grandeurs avec pas moins de 18 millions d’euros de fausses factures !
Zinedine Zidane et la mafia familiale
Que dire. Soyons direct. Durant sa période Juventus de Turin, le grand gentil Zidane a reconnu avoir eu des injections de « vitamines » et avoir pris plein de médicaments, comme tout le reste de l’équipe.
Plus grave, on découvre que la Juventus de Turin s’amusait à tester tous les produits non listés comme dopant et à leur trouver des applications dopantes pour ses joueurs : un vrai hopital diront les enquêteurs ! Et oui, la masse musculaire et l’endurance ne se faisaient pas uniquement en poussant de la fonte. Il fallait gagner à tout prix, après 10 ans de défaites ! Et ce dopage généralisé est valable pour toute l’italie et nous sommes à l’aube d’une certaine coupe du monde 98.
Justement, les journalistes d’Envoyé Spécial découvrent que d’un tiers des joueurs font le championnat d’Italie et que, comme par hasard, l’équipe de France a refusé une visite de contrôle anti-dopage durant son entrainement. Aimé Jacquet dans les archives de l’époque s’offusque du manque de confiance du ministère de l’époque.
On comprend vite que tout le monde est de mèche sauf la ministre de la Jeunesse et des Sports, Marie-Georges Buffet, et que cette coupe du monde 1998 a donc été gagnée avec des bleus dopés ! Le moral des français n’avait pas de prix.
Pire en 2006, le dopage continue. C’est l’année du fameux coup de boule de Zidane, et l’explication scientifique tombe : les produits dopants modifient le comportement des joueurs dont Zidane, qui ne peuvent péter les plombs en plein match.
Retraité, entraîneur du Real de Madrid, le club le plus riche du monde, c’est le clan familial qui protège les lourds secrets de Zidane.
Un Zizou qui ne refuse pas les millions des émirs lorsqu’il s’agit de la candidature du Quatar. Au menu : conditions impraticables, élection de la FIFA truquée, corruption à gogo et conditions de travail innommables pour des travailleurs étrangers exploités jusqu’à la mort pour construire les stades et les infrastructures.
Vive le sport, le dopage et l’argent.
Point commun aux 3 reportages
Qu’importe le moyen, qu’importe les risques, pourvu qu’on ait le résultat : l’argent et le pouvoir. Triste époque !
PS : Et curieusement, si l'affaire Sarkozy a été massivement reprise dans les médias, les scoops des reportages à la SNCF et sur le dopage de Zidane et des Bleus de 98 n'ont pas eu les mêmes honneurs. Censure ?
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