EPAD chance !
La polémique sur les errements sexuels de Frédéric Mitterrand battait son plein que voilà un contre-feu qui s’allume opportunément pour étouffer une affaire insupportable et c’est Jean Sarkozy qui en fait les frais.
Décortiquons les faits. Alors que la position de Frédéric Mitterrand était insoutenable et aurait dû le conduire à la démission, de nombreuses voix interpelant même jusqu’à l’Élysée, il semblerait que la protectrice de monsieur Mitterrand ait trouvé une astuce qui met aujourd’hui son mari en délicatesse avec le peuple. En effet, si l’affaire Mitterrand avait continué, il ne fait nul doute que le président aurait dû céder, ce qui ne devait guère plaire aux soutiens manifestement inconditionnels qui ont été apportés au ministre de la culture. D’un autre côté, si on devait allumer un contre-feu pour étouffer cette affaire, il fallait qu’elle ne soit pas trop éloignée des protagonistes de la première sans quoi 2 polémiques distinctes seraient nées et auraient avancé en parallèle. Il fallait donc bien une polémique qui remonte jusqu’au président, ce qui fut fait en dévoilant la potentielle élection de Jean Sarkozy à la tête de l’EPAD. Ainsi, il y avait une chance qu’une polémique chasse l’autre, ce qui fut, hélas, le cas.
On remarquera dans cette affaire que la polémique sur la nomination de Jean Sarkozy, qui a beaucoup plus de succès que celle sur les errements de Mitterrand, car elle semble montrer une quasi-unanimité de la classe politique ce qui n’était manifestement pas le cas pour le tourisme sexuel, laisse pantois, car la gravité des faits est sans commune mesure dans les deux cas. Dans quel pays vivons-nous donc aujourd’hui ? Voilà donc le dernier avatar de la morale laïque républicaine, qui hurle à la fin des privilèges après les avoir soi-disant aboli une certaine nuit du 4 août mais qui, au final, semble s’accoutumer de la délinquance sexuelle la plus sordide et qui plus est une délinquance qui entache jusqu’à la réputation de l’ensemble de notre pays ? France, qu’as-tu fait de ton baptême ? Avait déjà dit Jean-Paul II...
Une fois n’est pas coutume, je vais donc m’employer à défendre ici ce pauvre Jean Sarkozy qui, de mon point de vue, n’est que la victime d’une machination machiavélique. Je vais essayer de le défendre bien mieux que les porte-flingues de son père qui ont été pour le moins indigents dans la récitation de la litanie qu’ils ont servie aux media. Voilà donc ma plaidoirie pour Jean Sarkozy.
La démocratie, c’est un fait, après avoir engendré des dirigeants parfois exceptionnels dans ses débuts, est aujourd’hui en décadence totale. Nous le voyons chaque jour dans la médiocrité des hommes politiques et dans leur incapacité à redresser un pays qui va à vau-l’eau. N’y aurait-il pas des personnes de qualité parmi nos compatriotes, à même de redresser le pays ? Oui, mais ils ne sont pas au gouvernement ni même au parlement ou au sénat. Les bons sont allés à la tête des grandes entreprises, ils ont des carrières internationales et se soucient, au final, peu de leur pays d’origine. La presse d’ailleurs, s’est fait l’écho des difficultés du chef de l’État à recruter du personnel compétent. Au final, il n’y a, au pouvoir, en France, quasiment pas de personnes de qualité et si on cherche plus profondément, on s’aperçoit qu’à part les personnes de formation juridique, il n’y a guère d’autres compétences. Il ne s’agit, bien entendu pas de critiquer les juristes mais de penser qu’une certaine diversité dans les arcanes du pouvoir pourrait constituer une richesse ce qui n’est manifestement pas le cas. Pour être plus clair, quoi que l’on puisse penser du personnage, un Michel Pébereau, polytechnicien, serait probablement plus efficace en ministre des finances qu’une Christine Lagarde, avocat d’affaire...
Le fait étant acquis que le personnel politique est en moyenne peu compétent pour gérer l’État, -c’est, comme nous venons de le voir, en quelque sorte, un résultat expérimental tant la situation de notre pays se dégrade depuis maintenant des décennies- se posent deux questions sur l’affaire Jean Sarkozy. La première est celle du népotisme et la deuxième est celle de la compétence.
Commençons par le népotisme. Compte tenu des cris d’orfraie que crée l’événement de la nomination de Jean Sarkozy à la tête de l’EPAD, on peut se demander pourquoi tant de voix alors qu’on n’a rien entendu, par exemple, quand Arnaud Lagardère ou Martin Bouyghes ont1 pris la suite de leurs pères respectifs. Pourquoi donc s’acharner contre Jean Sarkozy ? Par ailleurs, au-delà des noms célèbres cités ici, n’y a-t-il pas, dans la France entière, à côté de chez vous cher lecteur, des passe-droit et des petites combines de clocher ? Pourquoi alors tant de voix contre un phénomène qui a toujours existé et, qui plus est, à l’inverse des héritiers dont il est fait état plus haut, sera non pas le fait direct de l’héritage mais d’un vote de plusieurs personnes ? Pourquoi critiquer la famille Sarkozy et ne pas critiquer, par exemple, les flagorneurs qui l’entourent et n’osent s’opposer au diktat élyséen ? Qui est le monstre dans cette affaire ? Nicolas Sarkozy qui fait une demande à ses troupes ou les troupes elles-mêmes, troupes croupion formées d’eunuques ?
Passons à la deuxième question, celle de la compétence réelle de Jean Sarkozy. Il a 23 ans et est BAC+1. Marine Le Pen a déclaré qu’au même âge elle avait BAC+6 et était avocat et elle défendait par là-même le cas de Martine Aubry qui, elle aussi, a fait de brillantes études. Certes ! Mais la question se pose-t-elle en ces termes ? Pas vraiment de toute évidence. En effet, le président de l’EPAD aura à trancher, mais il tranchera sur des dossiers qui auront été préparés par de vrais et grands professionnels. Que demandera-t-on, au final, au président de l’EPAD ? Essentiellement du bon sens et, parfois, un certain sens politique. Un jeune homme de 23 ans en serait-il démuni à ce point de par son seul âge ? Le fait de faire de brillantes études garantirait-il un meilleur bon sens que de n’en avoir pas fait ? Soyons sérieux ! Depuis Descartes, on sait bien, au moins en France, que le bon sens est la chose du monde la mieux partagée... D’ailleurs, cher lecteur, je vous fais le pari suivant. Je vous parie que Jean Sarkozy, s’il arrive à la tête de l’EPAD, fera aussi bien que son prédécesseur. Martin Bouyghes ne fait-il pas aussi bien que son père, même en tant qu’héritier ? Et Arnaud Lagardère, pour qui c’est beaucoup plus difficile tant son père était brillant, ne se débrouille, au final, pas si mal...
En réalité, ce qui se cache derrière le mécontentement populaire dans cette affaire, ce sont deux choses. Une certaine honte collective de ne pas avoir été à la hauteur sur l’affaire Mitterrand et une iniquité durable et insupportable dans la société française et qui va en s’amplifiant. En effet, les postes les mieux rémunérés aujourd’hui sont ceux de la gouvernance, qu’elle soit celle de l’État ou celle de l’Entreprise. Nous venons de le voir, ces postes ne nécessitent, pour les tenir, que du bon sens et non des compétences extraordinaires. Ils sont donc extrêmement sur-rémunérés. Cela est effectivement intolérable. Mais pour le cas Jean Sarkozy, le poste n’est pas rémunéré. Alors, occupons-nous des vrais problèmes...
Quant à ceux qui ne supportent pas ce système, il leur reste encore leur bulletin de vote aux prochaines élections. Contrairement à ce que certains laissent entendre, Nicolas Sarkozy n’a pas encore transformé notre pays en monarchie héréditaire.
1Citation non exhaustive des héritiers des grandes fortunes françaises à laquelle on aurait pu ajouter une bonne touche dans le show business par exemple et bien d’autres secteurs.
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