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Accueil du site > Tribune Libre > Epargne à la diète

Epargne à la diète

En lisant un article d'arrêt sur image sur la réception médiatique des partisans du retour au franc (http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=5946), j'apprends avec délice quelques détails flous du programme du fn, je me permets de vous en faire part de manière partiale en les commentant.

Par crainte de la solution chypriote qui a amputé l'épargne d'une partie de sa valeur, le parti d'extrême droite prône le retour au franc. Jusque là, tout va bien. Là où le bateau tangue, c'est quand on apprend d'une part que la parité avec l'euro serait maintenue (pourquoi alors quitter cette monnaie s'il faut la remplacer par ... la même) mais que la France aurait recours à une dévaluation compétitive de l'ordre de 20 à 25%.

Se pose alors une première question, comment maintenir une parité avec une monnaie devenue étrangère alors que la dévaluation va diminuer la valeur de la monnaie nationale ? Peut-être s'agit-il d'un point flou, peut-être le parti tribunicien a-t-il changé son fusil d'épaule ? En tout cas, une dévaluation compétitive, c'est précisément le fait de faire 'décrocher' une monnaie locale par rapport aux autres. Cette opération rend le coût du travail moins cher dans le pays qui dévalue et le rend plus compétitif pour exporter.

Le paradoxe de cette politique nationale est de faire bosser les nationaux pour ... les étrangers. Passons.

Une seconde question se pose. Si on dévalue la monnaie de 20%, la valeur des avoirs monétaires diminue de 20%. L'épargne est amputée de 20%. Alors, bien sûr, le chiffre sur le compte en banque demeure inchangé (voire est gratifié d'intérêts faméliques) mais la valeur qui correspond à ce chiffre, ce que ce chiffre permet d'acheter, baisse nettement. Via l'inflation. Car, si l'on procède à une dévaluation d'une monnaie, les prix augmentent mécaniquement (les importations deviennent plus chères). Par ailleurs, deux tiers de la dette française sont détenues par des étrangers. Ils sont libellés en euros. Le remboursement de cette partie de la dette deviendra, en francs dévalués, de plus en plus cher, ce qui, là aussi provoquera immanquablement de l'inflation.

Bref, à terme plus ou moins long, les épargnants sont ponctionnés de 20 à 25% de leur épargne par l'inflation, inflation induite par la dévaluation. Et c'est cette solution qui permet d'échapper aux mesures iniques de la troïka ? Pour éviter de taxer les dépôts de plus de 100 000 euros à 8%, on ampute l'épargne de tous de 20 à 25% ?

Autre chose, poire pour la soif, dirons-nous, si le francs ne vaut plus tripette, que feront les épargnants de ce pays devenu national ? Eh bien, ils iront mettre leurs sous ailleurs, n'importe où ailleurs, au Bahamas, en Belgique ou sur la lune s'il faut. Pensez : vous avez, mettons 20000€ de bas de laine qui vont devenir 15000€ (ou 16000€), vous allez attendre sagement en voyant fondre votre capital ?

Les épargnants vont être grégaires : la fuite des capitaux va provoquer un sous investissement dans tous les secteurs industriels, le sous investissement va diminuer une activité industrielle déjà atone. La diminution de l'activité industrielle va contracter la production, ce qui provoquera une ... gigantesque inflation.

Bref, je veux bien dire que l'euro est la cause de tous les maux. Pour moi, c'est plutôt le cadre politique dans lequel il est mis en oeuvre qui est calamiteux. Certains (Todd et Lordon) parlent d'une monnaie commune plutôt qu'une monnaie unique. La piste est intéressante mais elle présente les mêmes risques qu'une dévaluation unilatérale. Il est surtout impératif de changer le cadre économique : la concentration du capital et la diminution de la part relative des salaires dans l'économie amènent à une crise de surproduction (déjà là), laquelle ne peut se résoudre qu'en relançant les salaires et en modérant (ou en supprimant) les profits capitalistiques.

Et ne pas oublier que le pétrole est cher dans une monnaie dévaluée, ce pétrole qui est partout dans la production. Après tout, pourquoi pas ? On n'a pas de pétrole mais on a des idées ... et des vélos.


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7 réactions à cet article    


  • foufouille foufouille 8 juillet 2013 10:40

    quand nous sommes passés à l’euro, la dette et l’épargne sont elles restés en francs ?


    • Robert GIL ROBERT GIL 8 juillet 2013 10:46

      comme idée je vous en propose une qui resoudrait bien des problemes...

      voir : LE PRET SANS INTERET


      • mac 8 juillet 2013 13:04

        « ...Pour éviter de taxer les dépôts de plus de 100 000 euros à 8%, on ampute l’épargne de tous de 20 à 25% ? »


        VOUS RIGOLEZ OU QUOI ?

         Ce qu’il faut taxer ce sont les financiers qui ont prêté de l’argent de façon inconsidérée dans le but d’obtenir toujours plus de rentes et qui ont refilé le bébé aux états en 2008. Pour cela il faut restructurer sévèrement les dettes. Il n’ y a pas de raison que ce soit les déposants des banques qui fassent les frais de cette gabegie financière.
        Trouvez vous normal que si vous vendez votre modeste appartement de 100 000 euros ( à Paris pour ce prix là vous avez une chambre de bonne de 10m2) que vous avez payé au moins le double à la sueur de votre front en raison des taux d’intérêt de votre emprunt, vous vous fassiez taxer votre compte si le produit de la vente se trouve sur celui-ci juste au moment où la ponction (le vol ?) sera effectuée ?



        • philippe913 8 juillet 2013 14:23

          @mac :
          je vous paraphrase :

          "Ce qu’il faut taxer ce sont les état qui ont emprunté de l’argent de façon inconsidérée dans le but d’obtenir toujours plus de voix, et qui ont refilé le bébé aux générations futures."

          ça le fait aussi non ?


        • mac 8 juillet 2013 17:51

          Non ,  philippe913 


          Si les représentants des états ont emprunté ce n’est pas seulement pour obtenir plus de voix mais bel et bien pour enrichir ou soutenir leurs amis financiers. En France c’est 60 milliards par an qui vont à des gens qui s’enrichissent en dormant et il y a bien longtemps que l’on a payé plus d’intérêts cumulés que de capital emprunté.

          Autre exemple, celui de l’Irlande qui n’avait pratiquement aucune dette et qui s’est mise dans le trou pour sauver ses banques plutôt que préserver les intérêts de son peuple

          Vous voyez, le discours mainstream qui dit que l’on a vécu au dessus de nos moyens et que l’on va faire payer les générations futures et un peu simpliste pour ne pas dire malhonnête...
          Ca ne veut pas dire que je ne suis pas pour une certaine rigueur budgétaire et la réalisation de certaines économies vue l’ampleur du gâchis au sommet de l’état mais cette spirale de l’endettement fait plus d’un heureux et c’est sans doute pour cela que l’on a du mal à la stopper.






        • non667 8 juillet 2013 15:38

          le franc permet l’énorme avantage fondamental a l’état d’imprimer de la fausse monnaie à volonté ! au lieu de laisser ce privilège aux banques ,aux usa ,au fmi  !
          rappel : l’inflation pénalise aussi et surtout les prêteurs ( la preuve ? c’est eux qui lutte contre ! ) qui se voient rembourser en monnaie de singe qui depuis la démonétisation de l’or à cours obligatoire mondialement !


          • paul 9 juillet 2013 11:02

            La vidéo du débat Sapir - Mélenchon apporte, non pas des solutions prêtes à l’emploi, mais des pistes sérieuses pour envisager une sortie de l’euro en bon ordre .
            Tout est fait dans le débat public pour que l’on ne puisse y réfléchir avec logique et courage .
            - La fuite des capitaux à l’étranger, l’un des épouvantails : le contrôle des changes a déjà été utilisé, la dernière fois en 1968 .
            - La dette, 1800 Md qui ne pourra jamais être totalement remboursée : si elle est due en totalité, ce qui reste à prouver, 85 % sera libellé en franc ( voir à 37 ’ de la vidéo ) . Les prêteurs institutionnels perdront 25 %, mais tous les comptes sociaux retrouveront l’équilibre .
            Et fini d’être les otages des marchés financiers .
            Changer le cadre politique européen implique une prise de conscience profonde, faudra t-il une grave crise sociale et une révolution pour y arriver ?

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